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Je suis un psychopathe endormi !
Le 29/09/2023
Le sociopathe se caractérise par l’inobservation des obligations sociales, l’indifférence pour autrui, une violence intuitive ou une froide insensibilité. Le comportement est peu modifiable par l’expérience, y compris suite à des sanctions. Les sujets de ce type sont souvent inaffectifs et peuvent être anormalement agressifs ou irréfléchis. Ils supportent mal les frustrations, accusent les autres ou fournissent des explications spécieuses pour les actes qui les mettent en conflit avec la société. La caractéristique essentielle est l’existence de conduites antisociales répétées, apparues avant l’âge de 15 ans et persistant à l’âge adulte, avec une incapacité à conserver une insertion professionnelle régulière, en dehors de tout contexte schizophrénique, maniaque ou déficitaire (retard mental).
Une méta-analyse de 16 études (entre 1985 et 2017) vise à vérifier qu’on retrouverait plus de gauchers chez les personnes atteintes de schizophrénie et de dépression. Il en est de même pour le faible poids et les complications à la naissance, un stress prénatal, ce qui suggère que la non-droitisation pourrait être liée à une perturbation du développement cérébral pré et périnatal.
Pour le sujet qui nous intéresse, même si l’origine des troubles mentaux n’est pas entièrement claire, les psychopathes devraient donc être majoritairement non-droitiers si leur problème venait principalement d’un trouble mental, selon les chercheurs. Dans le cas contraire, ils sont considérés comme neurologiquement sains et la perspective de stratégie adaptative est privilégiée.
Les chercheurs ont examiné l’association entre la psychopathie et le fait d’être droitier pour un total de 1818 participants. En fin de compte, il n’y avait pas de différence dans les taux de non-droitier entre les participants à haut et bas niveau de psychopathie, et entre les patients psychopathes et non psychopathes. En revanche, les auteurs ont noté une tendance pour les délinquants ayant un score plus élevé dans la dimension comportementale de la psychopathie à être davantage non-droitiers ; c’est l’inverse pour les délinquants ayant un score plus élevé dans la dimension interpersonnelle/affective de la psychopathie.
La dimension comportementale de la psychopathie peut être « conceptuellement plus proche du trouble de la personnalité antisociale », rapportent les chercheurs. La psychopathie a toujours été considérée comme un trouble mental, mais de plus en plus d'éléments indiquent qu'il pourrait s'agir d'une stratégie adaptative conçue par la sélection naturelle.
Pourquoi les sociopathes sont présents dans notre société alors que la sélection naturelle aurait dû les éliminer ?
Tout d’abord, la société sait faire avec ceux qui ne respectent pas les règles, les lois. Ils sont arrêtés, jugés voire emprisonnés selon le délit, le crime. 60% des prisonniers de sexe masculin montrent des signes de personnalités antisociale (Moran, 1999). Nos ancêtres ne plaisantaient pas, la mort, la torture, l’exil, le bannissement prévalaient et c’est toujours le cas chez d’autres animaux comme les lions et les loups.
Dans notre société, « punir » un antisocial, un psychopathe est un facteur favorisant la coopération au sein du groupe. C’est une réponse au service de la survie et de la reproduction par le biais de la coopération.
Ensuite, l’antisocial est un membre à part entière de la société, du groupe, il n’est pas vu comme un étranger. Comme il s’agit d’un membre intra groupe, il sera jugé comme tel.
Enfin, le sociopathe ne peut pas agir différemment, il ne changera pas quoiqu’on fasse ! Il y a 2 critères importants dans le passage à l’acte : la capacité à tromper autrui, ce qui demande maîtrise de soi et anticipation ; et l’impulsivité qui est une incapacité à planifier à long terme.
La sélection naturelle, au niveau du groupe, a autorisé l’expression du comportement antisocial à la condition que l’impulsivité restreigne la capacité à tricher. On peut penser aussi que ceux qui ne sont pas impulsifs vont demeurer toute leur vie non découverts (Mc Guire & Troisi, 1998) tant qu’ils ne cèdent pas à l’impulsivité.
Les antisociaux, les psychopathes ne sont pas prêts de ne plus exister dans notre société dans la mesure où les impulsifs sont arrêtés, jugés et emprisonnés, et que les non impulsifs en tirent parti et transmettent leurs gênes (parce qu’ils ne sont pas pris ou qu’ils ne commettent pas de délis). Pour nos ancêtres, être rejetés du groupe s’avérait être fatal, c’était la mort assurée puisque plus de moyen de subsistance. Donc certains ont appris à s’adapter en se contrôlant et ont transmis leur patrimoine génétique.
Que serait une société sans psychopathe ?
Ce serait une société extrêmement coopérative au point d’être exploitée jusqu’à la lie par une autre société qui n’aurait pas le même comportement coopératif. Alors que la présence d’un psychopathe pousse le groupe à s’adapter en trouvant des solutions pour s’en protéger. La sociopathie est un ensemble simple et assez bien défini de comportements caractérisés par une incapacité à participer honnêtement aux différentes interactions sociales.
Axelrod concluait que la réciprocité et ce qu’il a appelé la « gentillesse » étaient généralement des stratégies nécessaires et requises pour les acteurs sociaux. Pour rappel, le dilemme du prisonnier caractérise une situation dans laquelle des acteurs économiques concurrents, qui ne communiquent pas entre eux, prennent des décisions rationnelles basées sur la recherche de leur propre intérêt mais qui, ce faisant, desservent l’intérêt collectif.
En revanche, ce qu’Axelrod n’a pas souligné, c’est que la tricherie, la non-réciprocité est une stratégie gagnante pour les personnes qui ne s’engagent pas dans de longues interactions et qui privilégient la stratégie r. Une stratégie dont l’environnement est variable ou perturbé, une stratégie d’opportunisme.
Les tricheurs ne reculent jamais, minimisant ainsi leur risque immédiat de rencontrer le même partenaire deux fois de suite, ils changent de groupe régulièrement ce qui génère un coût pour lui puisqu’il est obligé de changer régulièrement d’environnement social pour pouvoir mentir et profiter d’un nouveau groupe. Plus un tricheur interagit avec le même groupe de congénères, plus il est susceptible d’être confondu par le groupe. De ce fait, ils ne sont pas détectables par des instruments (verbal, non verbal…) couramment disponibles à ses congénères.
Les tricheurs sont des bonimenteurs ou doués d’empathie cognitive, c’est-à-dire la capacité à comprendre les états mentaux de l’autre, sa façon de réfléchir, ses inflexions.
Les antisociaux, les psychopathes n’ont-ils pas d’empathie ?
Une caractéristique également fréquemment admise comme faisant partie du tableau clinique de base du psychopathe est le manque d’empathie. Ce concept est souvent utilisé de façon superficielle. L’empathie est à la compréhension et la connaissance ce que la sympathie est à la compassion et l’attention au bien-être de l’autre. La connaissance issue du processus empathique est intuitive et implicite.
Posons la question différemment : est-ce que les autistes ont de l’empathie ?
Dans une étude de 2022, les perceptions au sein d’un groupe de participants avec Trouble du Spectre Autistique ont été comparées à celles d’un groupe témoin reflétant la population générale. Cette approche inédite reposait sur un questionnaire photographique en ligne incluant divers organismes allant des plantes aux êtres humains. Des paires de photographies d’organismes étaient tirées au sort
et présentées aux participants qui devaient alors désigner celle pour laquelle ils pensaient être le mieux à même de comprendre les émotions.
À partir de ces nombreux « matchs » entre paires de photographies, il a été possible d’attribuer un score d’empathie à chaque espèce. Les résultats obtenus ont montré que si les perceptions au sein du groupe de participants avec TSA sont globalement similaires à celle de la population générale, le score de compréhension empathique qu’ils attribuent à l’être humain est étonnamment faible.
Ces résultats indiquent que les difficultés empathiques des personnes avec TSA seraient propres aux relations interhumaines. Celles-ci pourraient donc ne pas tant résulter de l’altération de la perception ou de la lecture d’expressions émotionnelles fondamentales, que de difficultés à leur donner du sens dans un contexte global. Percevoir une expression émotionnelle (reconnaître ou être affecté par un rire, un pleur ou un froncement de sourcils…) n’implique pas nécessairement une compréhension correcte de l’état mental qui en est la cause : hors contexte, ces signaux peuvent être déconcertants ou trompeurs (par exemple, des larmes de joie ou des rires nerveux).
Avec ou sans TSA, les perceptions empathiques des deux groupes de participants sont très similaires pour la majorité des espèces, à une exception près : les scores de compréhension empathique que les personnes avec TSA attribuent à notre espèce sont très faibles.
Les particularités empathiques des personnes avec TSA pourraient s’expliquer par le fait que si les autres espèces peuvent sembler moins expressives et plus difficiles à interpréter intuitivement, leur expression émotionnelle est en revanche plus déterministe, spontanée et stéréotypée. L’état mental d’un animal pourrait donc être perçu par les personnes avec TSA comme relativement transparent, pour peu d’être attentif à leurs signaux comportementaux et d’avoir appris à les interpréter.
Au contraire, dans bien des situations, les humains sont habitués à feindre, à détourner ou à contenir
leur expression émotionnelle, qu’il s’agisse de préserver leur intimité, de se conformer aux conventions sociales, par stratégie de bluff ou par comédie. Ils pourraient donc, d’une certaine façon, être considérés comme étant bien plus complexe à comprendre à que d’autres animaux. Suite à ces résultats, nous pouvons arguer que les antisociaux, les psychopathes sont bien pourvus d’empathie au moins cognitive.
L’empathie implicite, en tant que faculté intuitive de se représenter le vécu d’autrui (que ce soit au niveau émotionnel, sentimental ou cognitif), lorsqu’elle est défaillante, indique plutôt un diagnostic de psychose que de psychopathie. En revanche, nous pouvons parler d’un « trouble de la sympathie ». Le psychopathe n’a pas de difficulté à identifier le vécu d’autrui, il n’accorde aucune importance à ce vécu en termes de bien-être pour autrui. L’analyse d’autrui et de son vécu est strictement utilitaire et n’est pas source de préoccupation ou d’attention. Un psychopathe peut par exemple décrire la souffrance de ses victimes (il fait alors preuve d’empathie) et peut expliquer que cela lui importe peu (il n’éprouve pas de sympathie).
Le psychopathe présente un trouble de la sympathie, c’est-à-dire qu’il a la faculté de se représenter l’éprouvé émotionnel de l’autre sans en être affecté, grâce à une gestion « froide » de l’émotion. Cette logique a foncièrement une dimension adaptative dans des circonstances extrêmes. Considérer que la psychopathie présente une dimension adaptative implique qu’il soit cohérent de retrouver ce fonctionnement psychologique en dehors du parcours judiciaire. Cette dimension adaptative révélée par la « froideur émotionnelle » est évidente dans de nombreuses situations de notre société économique moderne. On peut également penser que, lors d’une invasion ennemie en temps de guerre, il est bien plus adapté de présenter des conduites de chosification de l’alter ego, une absence de sympathie tout en conservant une compréhension empathique de l’autre, que d’être foncièrement bienveillant et altruiste.
Les antisociaux, les psychopathes sont donc un mal nécessaire… peut-être en côtoyez-vous sans le savoir…
Sources :
https://doi.org/10.1177/14747049211040447
Psychiatrie, Guelfi, Boyer, Consoli, Olivier-Martin – puf Fondamental
Moran P (1999). The epidemiology of antisocial personality disorder. Social Psychiatrie and Psychiatric Epidemiology, 34 : 231 – 242
Mc Guire & Troisi (1998). Darwinian Psychiatry. Oxford University Press. New York, Oxford.
Is Psychopathy a Mental Disorder or an Adaptation ? Evidence From a Meta-Analysis of the Association Between Psychopathy and Handedness, Lesleigh E. Pullman, Nabhan Refaie, […], and DB Krupp
Troubles de personnalité & évolution. Dragoslav Miric, Mardaga, 2012.
The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Self-perceived empathic abilities of people with autism towards living beings mostly differs for
Humans
MacArthur, R. and Wilson, E. O. (1967). The Theory of Island Biogeography, Princeton University Press (2001 reprint), ISBN 0-691-08836-5
Miralles A., Grandgeorge M., Raymond M. - Scientific Reports volume 12, Article number: 6300 (15
April 2022)
Showtime – New Blood : Dexter
La jalousie vue par la psychologie évolutionniste
Le 11/08/2023
La jalousie est une forme d’adaptation, une solution développée au fil du temps en réponse à un problème récurrent qui menace la pérennité de l’espèce. Elle nous pousse à tenir éloigné nos rivaux à distance. Elle empêche notre partenaire de s’éloigner grâce à une vigilance constante ou à un maximum d’affection. Elle induit l’idée d’engagement à un partenaire hésitant (jalousie hors pathologie évidemment).
Mais il faut faire la distinction entre la jalousie sexuelle et sentimentale. Les hommes sont plus enclins à s’imaginer faire l’amour à plusieurs partenaires mais sans engagement, alors que les femmes s’engagent dans une relation physique généralement lorsqu’elles ressentent des sentiments.
C’est une lapalissade que de dire que les femmes ont besoin de 9 mois pour produire un enfant, alors que les hommes n’ont besoin que de quelques minutes pour produire ce même enfant. L’investissement parental est donc biaisé dès le départ. « Un gouffre sépare donc l’effort consenti par les hommes des neufs mois que consacrent les femmes à l’éclosion d’une nouvelle vie » (Buss).
La stratégie d’unions occasionnelles est donc plus profitable, a priori, aux hommes qu’aux femmes sur le long terme, dans le but de multiplier ses gènes. Tout au moins pour ceux qui séduisent le plus grand nombre de partenaires plutôt que ceux qui ont un nombre limité de partenaires.
Pour celles qui choisissent néanmoins d’avoir plusieurs partenaires, le bénéfice perçu doit être suffisamment important pour justifier la prise de risque et ses conséquences.
Un premier avantage est le gain de ressources fourni par ses partenaires occasionnels (diners, cadeaux, sorties, voyages…).
Un second avantage est un bénéfice génétique. Les femmes choisissent généralement pour amant des hommes plutôt symétriques et en bonne santé, gage de transmission de patrimoine génétique sain. Les femmes qui ont aussi des amants sont aussi celles qui sont susceptibles de produire des enfants avec une plus grande diversité génétique.
Un troisième avantage est ce que David Buss appelle l’« assurance partenaire ». C’est-à-dire la possibilité de se remettre avec quelqu’un rapidement en cas de défaillance du premier (maladie, décès, guerre, séparation…). Baher et Bellis (« Human sperm competition », 1995) ont montré que les femmes infidèles ont tendance à faire coïncider leurs aventures extra conjugales avec leur période d’ovulation, alors que les relations sexuelles avec leur mari le sont en dehors de cette période. Il a été également constaté que la rétention du sperme est plus importante avec l’amant que le mari.
Pour quelles raisons avoir une relation extra conjugale ?
Avant d’apporter une réponse Darwinienne, replaçons le couple à notre époque individualiste. Hommes et femmes vont voir ailleurs parce que les uns comme les autres ne trouvent pas leur compte dans leurs relations sexuelles. Ce peut être en termes de quantité, en termes de qualité, de désir ou encore dans l’éventail des positions et/ou des pratiques acceptées, toute paraphilie mise de côté. Lorsque l’un ou l’autre se trouve lésé ou non contenté, il peut gérer la frustration jusqu’à un certain seuil au-delà duquel il y a un risque potentiel. Il est donc important d’être à l’écoute de l’autre et de son plaisir.
Suite aux divers travaux de David Buss et ses collègues, les stratégies reproductrices reposent sur le court terme et sur le long terme. Pour le court terme, les hommes veulent une variété de matrices pour multiplier les possibilités de produire des enfants (en plus de la diversité recherchée des pratiques sexuelles). Pour les femmes, c’est la possibilité de multiplier la variété génétique (en plus de la diversité des pratiques sexuelles).
Les critères de préférence dans le choix d’un partenaire pour le long terme sont pour les femmes le statut social, la capacité de travail et les perspectives financières. Il est donc plus profitable pour une femme d’épouser un homme moins beau que la moyenne mais qui saura lui apporter une stabilité émotionnelle, financière et qui saura prendre soin de leur progéniture.
Pour les hommes, c’est l’attrait physique qui compte et ce sont des critères universels, nonobstant quelques variations culturelles pour des critères comme le poids, la couleur des cheveux et la taille (Ford et Beach, 1951, « patterns of sexual behaviour », New York).
Mais pour qu’une relation dure, il faut des signes d’engagement, accorder du temps et des efforts, de l’attention de la part des deux partenaires. Après la fiabilité (critère partagé par l’homme et la femme), c’est celui de la maturité émotive qui est attendu avec un bon caractère (Buss et col., n = 9474 issus de 37 cultures différentes, 1990, « international preferences in selecting mates : a study of 37 cultures », Journal of psychology, 21, 5-47).
Une femme peut également se servir d’une liaison pour rompre avec son mari. Grâce à une estime de soi reboostée, un gain de confiance, une sensation de pouvoir encore séduire et jouir. Ce sera le premier pas vers l’autonomie.
Pourquoi la femme n’épouse-t-elle pas l’homme qu’elle a eu pour amant ?
Parce que dans le long terme, il n’est pas pourvoyeur de ressources stables, son investissement parental serait moins optimal que celui de son mari. D’autant que la décision de se mettre en couple est toujours une incertitude et que certains hommes profitent de cette incertitude pour multiplier les conquêtes et potentiellement un nombre important de « matrices ».
Les personnes jalouses se montrent très sensibles aux changements comportementaux et physiques, tout autant qu’aux indices laissés involontairement ici et là. La jalousie se déclenche souvent par des circonstances qui signalent une menace bien réelle pesant sur le couple. Lorsqu’on se pose la question, c’est qu’il y a déjà des signes avant-coureurs. Ça ne veut pas dire que la tromperie a été réalisée, mais l’envie et le désir sont là.
Daly et Wilson (Université de McMaster – Ontario) définissent la jalousie comme un « état déclenché par la perception d’une menace pesant sur une relation ou une position importante et qui motive un comportement destiné à contrer cette menace. »
Une émotion peut être vue comme une adaptation qui sert à identifier une menace. Cette émotion attire notre attention sur l’origine de la menace et stocke l’information dans notre mémoire, ainsi que le comportement qui s’ensuit.
Shackelford, Buss et Bennett (1999, « sex differences in responses to a partner’s infidelity ») ont montré que les hommes se sentent plus en détresse psychologique face à une infidélité sexuelle, alors que les femmes le seront face à une infidélité affective. L’homme se montrera plus agressif pour stopper la tromperie (33 féminicides depuis le début de l’année, 208 000 victimes en 2021, 87% de femmes) et la croyance de tromperie, la femme sera plus dans le déni, dans le rendu coup pour coup, ou dans l’acceptation du fait du coût de l’investissement.
La jalousie est donc un moyen de défense contre la tromperie et l’abandon. Il y a toujours de fausses alertes mais statistiquement, l’histoire nous montre que les signes précurseurs étaient déjà présents. Si l’on se montre à l’écoute de l’autre intellectuellement, émotionnellement et sexuellement, il n’y a pas de raison pour que l’on aille voir ailleurs. Mais cela suppose de l’abnégation et des efforts.
Disparition de Karine Esquivillon : l'interview du mari décryptée
Le 30/07/2023
Les mains du mari de Karine Esquivillon sont jointes verticalement, sans tension dans les doigts dans un geste qui peut être symbolique, comme pour signifier qu’il prie pour que Karine revienne.
Mais… c’est un geste qu’on fait essentiellement pour indiquer que « moi je sais ». C’est un geste éminemment dominant.
« Tout ce qu’on veut savoir, c’est que tu vas bien (1 min. 16 sec.) - (…) que tu sois… euh… (1 min. 21 sec.) »
Lorsque le mari dit ces mots, nous observons un long clignement de paupières qui est cohérent au regard de la situation. Sa femme a disparu, il l’a recherche, il s’inquiète, il est triste et il veut la retrouver. Cependant, c’est un geste qu’on retrouve dans les stress post traumatique mais il peut être observé du point de vue de la victime : il est traumatisé par la disparition de sa femme… mais également du point du vue du meurtrier : tuer est un acte traumatisant pour celui qui n’est pas un criminel. Ainsi, le geste est cohérent parce qu’il traduit un stress post traumatique, cependant il est souhaitable de questionner dessus avec des questions cognitives. Ce long clignement de paupières est renforcé par une défocalisation active du regard, c’est-à-dire que son regard sort de l’objectif de la caméra pour regarder dans le vide quelques dixièmes de secondes. C’est une fuite du regard qu’on peut retrouver juste après.
« Quel que soit ton choix… (1 min. 26 sec.) – (…) qu’on puisse se libérer émotionnellement (1 min. 29 sec.) »
A nouveau cette fuite du regard qui nécessiterait un questionnement, d’autant que la seconde partie de la phrase est très… révélatrice.
« S’il s’est passé quelque chose, il faut qu’on arrive à trouver et savoir qui (1 min. 35 sec.) »
Le mari a la lèvre supérieure très tendue, contractée qui se relève comme des babines de chien. C’est une gestuelle typée négativement et encore une fois, on pourrait faire le parallèle avec sa position victimaire… mais si on conserve un regard objectif, on ne peut pas écarter la possibilité qu’il nourrissait des sentiments négatifs envers sa femme.
L’interview se termine sur une bouche dont les lèvres se rentrent parce qu’il en a assez dit et cerise sur le gâteau, à 1 minute 58 secondes, une langue (de vipère) qui sort et rentre très rapidement comme pour nous dire : « je vous ai bien mené en bateau ! »
Reste la question de l’intentionnalité.
« Lors de ses aveux aux gendarmes le 16 juin dernier, Michel Pialle, tireur sportif possédant plusieurs armes à feu, avait affirmé « avoir tué son épouse le 27 mars 2023 d'un coup de carabine 22 long rifle équipée d'un silencieux », selon le parquet de La Roche-sur-Yon. Il avait expliqué que le coup était « parti accidentellement » au moment où il prenait la carabine « en photo en vue de sa mise en vente sur internet », avait rapporté la procureure de la République, Emmanuelle Lepissier. Ayant « pris peur », il était « allé déposer le corps de son épouse dans un terrain privé », un petit bois où il avait fini par mener les enquêteurs à la toute fin de sa garde à vue. » - Le Progrès.
Qui abandonnerait son épouse dans un bois, sans l’enterrer, juste posée à même la terre, abandonnée ? L’attitude attendue ne serait pas d’appeler les pompiers ? Le SAMU ?
Lien vidéo :
Mort de Karine, les aveux du mari - YouTube
Le 23/07/2023
Un certain nombre de personnes m’ont souvent reproché d’être peu investi émotionnellement, d’être trop froid, de ne pas pouvoir « être lu », d’être trop distant. Alors au-delà du fait qu’il est difficile pour ces personnes d’échanger avec des arguments et de manière contradictoire, au-delà de ma particularité de « haut potentiel » teinté d’un trait autistique (C'est quoi un zèbre ? - Suivez le Zèbre (suivezlezebre.com), je me suis posé cette question :
Que signifie prendre de la distance par rapport aux évènements, à une situation ? Que ce soit dans un contexte familial ou professionnel en tant que psy par exemple.
Prendre de la distance c’est analyser froidement la situation, l’enchaînement des faits, des réactions, en mettant de côté les émotions. C’est imaginer toutes les options possibles sans se mettre de barrières. Barrières relatives à notre vécu, notre expérience qui nous a confrontés aux mêmes situations. C’est appliquer de la distanciation entre soi et la réalité afin d’aborder les choses avec objectivité, dénué d’affect, c’est considéré avec détachement pour apprécier de façon impartiale.
Sauf que nous n’avons vécu que NOS situations en relation avec NOTRE environnement direct, notre foyer, nos parents, nos amis… ce sont donc nos références, pas celles des autres. Notre expérience ne signifie rien chez l’autre qui a ses propres valeurs, qui a fait ses propres expériences. Ses réactions peuvent donc être totalement différentes des nôtres dans un même contexte, elles peuvent même être contradictoires avec les nôtres.
C’est ça qu’il faut garder à l’esprit, être ouvert et se dire que tout est possible, que la nature humaine peut être très créative en matière de fonctionnement et de réactions aux situations rencontrées.
Cette compétence de distanciation peut être consciente ou inconsciente mais elle est plus prégnante chez certains. C’est de l’empathie cognitive (Economie du sadisme ordinaire (ds2c.fr)), de la tempérance (Vers la tempérance... (ds2c.fr)), une lecture purement analytique et comportementaliste, dénué de jugement de valeur. C’est avoir la capacité de relativiser et de replacer toute chose dans son contexte. Mais c’est aussi vouloir se protéger de l’afflux d’informations, des émotions parce qu’on les perçoit plus finement que les autres. C’est rester dans un équilibre émotionnel qui donne la possibilité d’analyser la situation de façon plus distanciée et de pouvoir décider de façon plus efficiente.
Après tout ça, je suis un pur produit de John Broadus Watson, un neo behavioriste freudien !
Analyse Comportementale et FBI
Le 09/07/2023
L’analyse comportementale trouve tout son intérêt opérationnel lors d’enquêtes criminelles. La structure développée par DS2C est adaptable pour profiler les suspects mais également pour la victimologie.
Aux Etats-Unis, pour ce qui concerne le FBI et son unité de Sciences Comportementales, les enquêtes sur les meurtres en série posent de nombreux problèmes. Cela va de la pression extérieure exercée par le public, les médias et la justice à la frustration ressentie par les enquêteurs qui ne parviennent pas à identifier l'auteur de l'infraction.
Dans la majorité des meurtres en série, il n'y a pas de lien entre l'auteur et les victimes. Cela diffère de la plupart des enquêtes sur les crimes violents où il existe un lien familial ou social entre l'auteur et la victime. Cette absence de lien entre l'auteur et la victime empêche les enquêtes de routine, qui commencent par la victime et ses relations connues avec son conjoint, ses amis, ses connaissances.
Evaluation de la scène de crime
L’analyse commence par la scène de crime car l’interaction entre l’auteur de l’infraction et la victime peut mettre en évidence un certain nombre de facteurs :
• L’approche de la victime,
• La nature de l’interaction,
• La nature de l’interaction sexuelle,
• Le choix du ou des arme(s),
• La manière dont la mort est survenue,
• La méthode d’élimination du corps.
Tous ces facteurs contribuent à déterminer l’expérience et les compétences du criminel.
Victimologie
Outre l'interaction entre la victime et l'agresseur, les facteurs de risque des victimes constituent un autre élément clé de l'enquête sur les homicides en série. Les niveaux de risque des victimes peuvent être définis comme la mesure dans laquelle la personnalité, le comportement, le mode de vie, les habitudes, les attributs physiques, le lieu, les circonstances, le jugement, la conscience de la sécurité et/ou d'autres facteurs personnels ont affecté la probabilité d'une victimisation criminelle.
Les niveaux de risque des victimes sont déterminés à l'aide d'informations sur la victimologie, qui comprennent :
• Le genre,
• L’âge,
• Les loisirs,
• Le statut matrimonial,
• Les anciennes relations intimes,
• Les antécédents judiciaires,
• Les antécédents en matière de consommation de drogue, d’alcool,
• Le type de domicile,
• Les relations avec le voisinage,
• Le taux de criminalité dans la communauté.
Les victimes peuvent être classées selon un degré de risque allant de bas à haut.
Une victime à bas risque est une personne qui généralement a une probabilité marginale de victimisation, selon les différents facteurs cités ci-dessus.
Une victime à risque modéré est une personne qui généralement a une probabilité de victimisation due à son comportement atypique selon que le risque situationnel était élevé au moment du crime.
Une victime a risque élevé est une personne qui généralement a une forte probabilité de victimisation. La victimologie peut aider à identifier comment le criminel choisit ses victimes, et son choix se fait selon 3 critères :
• La disponibilité : le lien entre le criminel et sa victime,
• La vulnérabilité : les situations et les circonstances dans la vie de la victime permettent au criminel de la choisir,
• La désirabilité : l’attractivité de la victime potentielle (dans les meurtres sexuels) ou qu’elle réponde aux besoins du criminel.
L'utilisation de l'analyse de la scène de crime et des informations relatives à la victimologie permet de déterminer si le criminel ciblait des victimes particulières ou s'il trouvait des victimes d'opportunité dans une zone de chasse. Les zones de chasse sont décrites comme des zones géographiques que le criminel identifie, qu'il connait et qu'il utilise ensuite pour attaquer les victimes potentielles qui y pénètrent.
Motivation
La motivation est déterminée par l'examen d'une combinaison d'éléments, notamment l'interaction entre la victime et l'agresseur, le choix de la victime et les preuves médico-légales. Bien que les tueurs qui partagent les mêmes motivations puissent présenter un certain nombre de traits similaires, les facteurs spécifiques ou la combinaison de ces facteurs diffèrent d'un tueur à l'autre. La raison de ces différences réside dans le comportement unique du tueur individuel, du choix des victimes, des moyens utilisés pour tuer et des inclinations du tueur.
Pour analyser correctement la motivation, les enquêteurs doivent examiner tous ces facteurs.
Liens entre les meurtres
Le lien entre les différents meurtres est essentiel à l'identification d'un tueur en série. Il est primordial d'identifier le premier meurtre ou la première tentative de meurtre d'une série. Comme pour tout autre comportement humain, la première fois qu'un événement est exécuté, les risques d'erreurs sont plus élevés.
La connexion entre différents meurtres se fait suivant les facteurs suivants :
• Un mode opératoire cohérent,
• Un choix similaire des victimes,
• Une approche commune des victimes,
• Des interactions physiques et/ou sexuelles similaires,
• L’utilisation d’armes similaires,
• Une cause de la mort similaire,
• Des résultats médico-légaux similaires,
• La location géographique des meurtres,
• La temporalité des faits.
Investigations
La recherche d'un tueur en série exige des enquêteurs qu'ils considèrent l'enquête comme un résumé des éléments suivants :
• La zone géographique : la zone où opère le tueur en série est-elle un environnement rural, suburbain ou urbain ? Le choix des victimes par le tueur en série limite-t-il la localisation des victimes potentielles ? En outre, la région est-elle majoritairement habitée par un seul groupe racial ou est-elle racialement mixte ? Cela peut indiquer la race de l'auteur de l'infraction car cela peut montrer la capacité de l'auteur à se déplacer librement dans une communauté sans être remarqué.
• Le type de la victime : le délinquant cible-t-il des victimes spécifiques ou utilise-t-il une "zone de chasse" et cible-t-il toute victime potentielle qui entre dans cette zone ? Y a-t-il d'autres facteurs que l'auteur de l'infraction cible spécifiquement (par exemple les prostituées) ?
• Moyens d'accès aux victimes : comment l'auteur de l'infraction entre-t-il en contact avec les victimes ? Le meurtrier entre-t-il dans une résidence pour attaquer les victimes, ramasse-t-il une prostituée dans la rue, ou utilise-t-il d'autres circonstances ? Chacun de ces scénarios exige des meurtriers qu'ils aient des capacités et des expériences différentes.
• Utilisation d'armes ou manière de mourir : le choix d'une arme par le meurtrier met-il en évidence des expériences antérieures ? Le mode de mort met-il également en évidence des expériences antérieures ? Le meurtrier est-il compétent avec l'arme ou le mode de mise à mort ? Tous ces facteurs peuvent révéler si l'auteur de l'infraction possède certains antécédents.
• Interactions avec la victime : les interactions physiques ou sexuelles avec les victimes révèlent-elles une inclination ou une expérience antérieure ? Certains comportements distincts peuvent indiquer que l'auteur de l'infraction a commis d'autres types de crimes.
• Lieu/manière de procéder à l'élimination du corps : le choix d'un lieu particulier pour l'élimination du corps peut refléter la familiarité de l'auteur de l'infraction avec la région. La manière dont le corps est jeté/positionné peut également refléter la nature de la relation entre l'auteur de l'infraction et la victime.
Comme dans d'autres interactions humaines, il existe des éléments uniques attribuables à chaque individu. Chacun des comportements ultérieurs des délinquants lors d'interactions violentes peut présenter des caractéristiques uniques. Tous ces facteurs doivent être identifiés et pris en compte. L'idée est d'utiliser les éléments identifiés dans un meurtre en série particulier comme source de pools de suspects potentiels. En divisant ces éléments en listes, puis en recoupant les différentes listes, il est possible de mettre en évidence des suspects potentiels.
Les éléments ne constituent pas une liste de contrôle dans laquelle les enquêteurs se contentent d'insérer un ou deux facteurs dans un modèle et ce modèle révèle un seul et unique auteur de crime. Au contraire, ils permettent de mesurer certains comportements des criminels sur la base d'une confluence d'éléments qui aboutissent à un ou plusieurs groupes de suspects potentiels.
Malgré les faiblesses de la classification organisée/désorganisée des tueurs en série, elle est utilisée pour les profils des meurtriers. Cette dichotomie a été testée sur 39 aspects de meurtres en série dérivés de 100 meurtres commis par 100 tueurs en série américains.
Les résultats n'ont pas révélé de sous-ensembles distincts de caractéristiques d'infractions reflétant la dichotomie. Ils ont mis en évidence un sous-ensemble de caractéristiques organisées typiques de la plupart des meurtres en série. Les caractéristiques désorganisées sont beaucoup plus rares et ne forment pas un type distinct.
Références :
Canter, D. V., Alison, L. J., Alison, E., & Wentink, N. (2004). The Organized/Disorganized Typology of Serial Murder: Myth or Model? Psychology, Public Policy, and Law, 10(3), 293–320. https://doi.org/10.1037/1076-8971.10.3.293
SerialMurder-PathwaysForInvestigations.pdf
Pourquoi je me touche la barbe ?
Le 17/06/2023
Que se cache-t-il derrière la barbe ? Si je la caresse, la tire ou la gratte, qu’est-ce que ça veut bien dire ?
J’avais analysé les aspects sociaux et psycho évolutionnistes dans un précédent article consacré à cet attribut. En substance, pour ce qui est de son rôle social, la barbe est essentiellement un élément fort d’inclusion, c'est-à-dire du désir d’appartenance à un groupe, à une communauté (hippie, hipster, crossfit, religieuse…).
Si le groupe de référence auquel je souhaite appartenir et m’identifier se différencie des autres par le port de la barbe, je vais vouloir également la porter pour être reconnu et intégré à ce groupe dans lequel je me reconnais. Je vais personnifier ce groupe, j’en serai un digne représentant et mes valeurs seront alors visibles au premier coup d'œil.
Donc, si nous raisonnons par rapport à l’impact que nous souhaitons avoir auprès des autres, le port de la barbe est un indicateur fort et fiable d’appartenance.
Maintenant, la barbe cache une partie du visage et en particulier la bouche. La bouche est très importante pour communiquer des émotions, même si la personne ne parle pas. Elle s’étire, se crispe, ses lèvres rentrent dans la bouche, se mordillent, s’entrouvrent… Elle nous en dit long sur nos intentions.
Porter la barbe sert aussi à cacher des intentions que la personne n’assume pas réellement, ou qui ne veut pas les exprimer.
Par exemple, si une personne est timide mais physiquement athlétique, pour équilibrer son état d’esprit et ce que son corps renvoie comme image, la barbe peut être un bon moyen pour qu’elle se sente plus assurée.
A contrario, si une personne est a un caractère assertif mais physiquement frêle ou en surpoids, la barbe peut être un moyen pour se doter d’une image plus représentative de son caractère.
En psychologie évolutionniste, la barbe est un caractère sexuel secondaire qui joue un rôle majeur dans la compétition sexuelle (intra et inter).
“La sélection sexuelle est reconnue pour opérer principalement de deux façons. D’une part, avec la sélection intersexuelle, les femelles et les mâles cherchent le partenaire aux attributs les plus attirants. Cet attribut peut être physique (la queue du paon) ou comportemental (les danses nuptiales).
Et d’autre part, la sélection intrasexuelle qui favorise une compétition entre les individus de même sexe. Ce sont par exemple les mâles qui vont se battre entre eux pour l’obtention d’une femelle. C’est aussi les hiérarchies de dominance qui s’établissent chez plusieurs espèces et qui donnent un accès prioritaire aux individus du sexe opposé.”
Le port de la barbe est un outil d’aide pour améliorer, renforcer, la posture, l’assurance, le charisme.
Dans son livre "Evolution of human threat display organs" (1970), R. D. Guthrie a émis l'hypothèse que la barbe pouvait être utilisée pour intimider les rivaux masculins en augmentant la perception de la taille de la mâchoire et en renforçant les comportements agressifs. Des recherches ont révélé que les gens reconnaissent plus rapidement les expressions de colère sur un visage barbu que sur un visage rasé, mais qu'ils sont plus lents à reconnaître les expressions de bonheur ou de tristesse.
Les systèmes visuels humains ont évolué pour extraire des informations de l’environnement des informations pertinentes. En psycho évolutionniste, il est vital qu’un individu identifie très rapidement un ennemi potentiel. Logiquement, le visage, dans sa tâche de recherche visuelle au sein de la foule, est plus orienté à reconnaître la colère.
Dans 3 études (N = 419), des chercheurs ont testé si la pilosité faciale guidait l'attention dans la recherche visuelle et si elle influençait la vitesse de détection des expressions faciales de colère et de joie.
Dans la première étude, les participants étaient plus rapides à chercher, dans une foule rasée, à détecter des cibles barbues qu'à chercher dans une foule barbue et à détecter des cibles rasées.
Dans la seconde étude, les cibles étaient des visages en colère et des visages heureux présentés sur un fond neutre. La pilosité faciale des visages cibles a également été manipulée. Un effet de supériorité de la colère est apparu et a été renforcé par la présence d'une pilosité faciale, ce qui était dû à la détection plus lente de la joie sur les visages barbus.
Dans la troisième étude, les cibles étaient des visages heureux et en colère présentés sur des arrière-plans barbus ou rasés de près. La pilosité des visages de l'arrière-plan a également été systématiquement manipulée. Un effet significatif de supériorité de la colère a été révélé, bien qu'il n'ait pas été modéré par la pilosité faciale de la cible. Au contraire, l'effet de supériorité de la colère était plus important sur les visages rasés que sur les visages barbus.
L'ensemble des résultats suggère que la pilosité faciale influence la détection des expressions émotionnelles dans la recherche visuelle. Cependant, plutôt que de faciliter l'effet de supériorité de la colère en tant que système potentiel de détection des menaces, la pilosité faciale peut réduire la détection des visages heureux dans la foule.
La barbe joue un rôle important, mais nuancé, dans l'allocation de l'attention dédiée aux visages. Elle peut faciliter l'allocation de l'attention à une cible et ralentir la recherche visuelle lorsque les visages en arrière-plan sont barbus.
Les recherches actuelles présentent certaines limites importantes. Par exemple, un biais attentionnel peut se produire en faveur des stimuli émotionnels désagréables par rapport aux stimuli émotionnels agréables. La colère est une émotion à forte intensité négative qui vise à induire la soumission chez les autres, alors que le bonheur est une émotion à forte intensité positive, mais prosociale. Les effets de la barbe sur les taux de détection des expressions faciales menaçantes par rapport aux expressions prosociales peuvent refléter un biais attentionnel envers les stimuli désagréables.
Maintenant, abordons ce que la triturer veut dire, en tirer les poils, la caresser ou poser simplement sa main dessus.
Tout d’abord, la zone de contact est importante quant à la signification. Elle peut avoir un rapport avec un problème connu ou à résoudre (zone de la moustache), nous pouvons nous sentir concerné par les informations qui nous sont communiquées (zone de la joue, de la mâchoire), nous pouvons également nous sentir flattés (zone du menton) voir être tout à fait satisfait (zone sous la mâchoire).
Mais un geste d’auto-contact est avant tout un moyen pour rééquilibrer notre psyché, ce sont des gestes “contraphobiques”, ils nous aident à gérer notre stress.
Pour un profil psychologique du type “dominant” dont la préoccupation principale est le résultat, se gratter la barbe permettrait la réflexion pour une éventuelle riposte.
Pour un profil orienté vers la communication, ce geste permettrait de susciter l’imagination, la création.
Pour un profil plus analytique, ce serait un moyen de comprendre ce qui est dit.
Enfin, pour un profil plus relationnel, dont la préoccupation est l’équilibre avec les autres, ce serait un moyen de gérer le stress.
Le plus souvent, ce sont des micros-caresses que nous faisons sur la barbe (66%), puis loin derrière les micro-tractions (16%) et les micros-fixations (13%).
Concernant les micros-tractions, selon JP Brechon (synergologue) : “ce comportement serait un toc nommé la trichotillomanie et intéresse les profanes comme les scientifiques. Ce toc dont les causes sont peu connues viendrait de traumatismes provoquant des angoisses à répétitions mais la cause la plus certaine serait le stress d’où l’expression populaire (« avoir envie de s’arracher les cheveux ») mais l’angoisse et l’ennui peuvent également causer ce comportement. Ce n’est donc pas tout à fait un trouble obsessionnel compulsif mais plutôt un comportement procurant du plaisir, activant le circuit de la récompense dans le cortex préfrontal.”
Concernant les micros-fixations, “aucune référence scientifique nous permet d’expliquer, à ce stade, pourquoi les sujets fixent leurs mains sur leurs visages. Seules les associations d’items et le sens de l’observation nous permettent de déterminer que la plupart des sujets sont soit en attente de quelque chose lorsqu’ils sont émetteurs silencieux, soit ils lancent « un pavé dans la mare » afin de voir qu’elle sera la réaction de leur interlocuteur, soit ils réfléchissent à un sujet et attendent la fin de leur réflexion avant de parler.”
Enfin, la micro-caresse est le geste qui est le plus souvent effectué sur la barbe. Elle permettrait de se calmer, de se recentrer sur la conversation.
Vous ne regarderez plus un barbu de la même façon maintenant et tout un tas de questions émergeront !
Réf. :
Dixson, B.J.W., Spiers, T., Miller, P.A. et al. Facial hair may slow detection of happy facial expressions in the face in the crowd paradigm. Sci Rep 12, 5911 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-09397-1
Craig, B. M., Nelson, N. L., & Dixson, B. J. W. (2019). Sexual Selection, Agonistic Signaling, and the Effect of Beards on Recognition of Men’s Anger Displays. Psychological Science, 30(5), 728–738. https://doi.org/10.1177/0956797619834876
Le 30/05/2023
Baby Shower
En Amérique (du Sud et du Nord) et en Angleterre (ça arrive en France), il est commun que la future maman organise une « baby shower » autour du 7ème ou 8ème mois de grossesse pour célébrer la future naissance. C’est là une bien belle occasion d’offrir des cadeaux à la mère et au futur bébé.
La famille est donc ici réunie avec les amis, tous bien apprêtés et fins prêts pour la célébration. Le père est en veste bleue, la future maman est facilement reconnaissable avec son ventre bien rond et en background un homme en chemise rouge. Un ami de la famille je présume. A la gauche du mari, un homme avec une mallette (information capitale).
L’homme en chemise rouge met sa main droite devant sa bouche (40 sec) au moment où le mari, en veste bleue donc, dit qu’il a la preuve que ce n’est pas de 4 mois que sa femme est enceinte mais de 6 mois (on se trompe de 2 mois, ça peut arriver).
La main droite symbolise la relation que nous avons avec le monde extérieur et le geste de la porter devant sa bouche illustre l’idée qu’il vaut mieux se taire. L’homme s’empêche de parler, de réagir.
Le mari annonce à sa femme que se n’est pas possible qu’il soit le père, à cause de ces 2 mois d’erreur. Ce même homme en rouge se gratte la gorge (51 sec) lorsque la femme enceinte se lève pour dire à son mari de rester calme et tranquille. Son mari le lui confirme, qu’il est calme et tranquille.
Toujours de la main droite, le geste de la porter à sa gorge symbolise l’envie d’en parler mais que certaines difficultés, liées à l’environnement bien sûr et à la situation, limitent la communication. Peut-être serait-ce de bon ton de ne vraiment rien dire, isn’t it ?
L’homme en chemise rouge passe sa main sur son front et sa tête (1 min. 2 sec) quand l’avocat du mari montre l’ordinateur avec la vidéo de la femme enceinte et de son amant : l’homme en rouge. Le geste de la résignation, du dépit, du « comment vais-je m’en sortir ? ».
Il se pince enfin la gorge quand le mari évoque la vidéo de son meilleur ami et la trahison qui dure depuis des années. Clairement, il n’y a rien que l’« ami de longue date » ne puisse dire qui ne l’enfoncerait davantage !
Intéressant non ?
Lien vers la vidéo :
https://twitter.com/Youridefou/status/1662912254059192322?s=20
Savoir détecter le mensonge ou rechercher la vérité ?
Le 15/04/2023
Détecter le mensonge ? Une fumisterie !
Vous pouvez lire beaucoup de choses sur la possibilité de détecter les mensonges. Il y a de tout et surtout du n’importe quoi. Cela va de repérer un menteur en regardant sa bouche, le menteur à tendance à toucher son corps, faites attention à son regard, repérer un menteur à sa respiration… Toutes ces idées ne vous aideront pas à dépasser la limite du hasard (50%) pour savoir si celui ou celle qui vous fait face vous ment.
Lorsque nous sommes en situation d’interaction et que nous évoquons un souvenir, nous faisons appel à notre mémoire. La mémoire nécessite que nous ayons encodé un fait avec tout ce qu’il comporte en termes d’émotions, de couleurs, de symboles… Une fois l’encodage effectué, nous le stockons afin de pouvoir le récupérer si besoin. Notez que nous interprétons pas nécessairement un fait, un événement, une chose, de la même façon qu’une autre personne parce que nous avons chacun notre vécu et notre histoire. C’est cette dimension personnelle qui donnera sa spécificité à notre souvenir. A chaque fois que nous nous remémorons ce souvenir, et le temps s’y ajoutant, notre souvenir se déforme.
De plus, nous ne pouvons traiter en temps normal que 7 informations simultanées en moyenne. Plus les tâches se complexifient et que nous n’y sommes pas préparés, moins il sera aisé de les réaliser simultanément.
Mentir répond à 6 exigences selon Vrij :
- Il faut engager des ressources cognitives importantes puisqu’il est question de réfléchir, d’être attentif, de s’ajuster, de penser et encore d’analyser. Cela demande énormément d’énergie, d’attention et de concentration.
- Le menteur doit aussi savoir se contrôler pour ne point trop en dire et paraître crédible. Il part du postulat que sa culpabilité est visible.
- Mais il doit également surveiller le feedback que lui envoie celui à qui il ment, et donc observer et analyser la gestuelle de l’autre, les questions qu’il lui pose et évaluer en permanence si l’autre tombe dans le panneau ou pas.
- Mentir sur quelque chose veut aussi dire qu’il va falloir s’en souvenir, encoder le mensonge et le stocker pour pouvoir le rappeler si nécessaire.
- Le menteur va nécessairement utiliser la vérité pour la distordre, la modifier pour qu’elle lui soit profitable.
- Enfin, lorsque le mensonge est engageant, qu'il y a un risque de sanctions, arranger la vérité pour produire un mensonge va s’avérer être une tâche très complexe ("Paraverbal indicators of deception : a meta-analytic synthesis", Sporer & Schwandt, 2006, Applied Cognitive Psychology).
Nous mentons tous pour des objectifs bien différents, l’enfant pour dire qu’il n’a pas volé un jouet, l’adolescent lorsqu’il dit qu’il a fait ses devoirs, l’adulte pour jurer qu’il ne trompe pas sa femme ou qu’il n’entretient pas de relation inapropriée avec son assistant(e).
Mais nous pouvons avoir les mêmes motivations, le plaisir de duper l’autre, la culpabilité ou la peur d’être confondu. Ekman recense 9 motivations à mentir comme par exemple échapper à une sanction, obtenir une récompense, se prémunir d’une atteinte physique, exercer un pouvoir sur l’autre, obtenir une reconnaissance de l’autre…
Chaque état émotionnel a des conséquences sur le corps et sur la production des mots, la façon de les articuler, la tonalité…
Si j’ai plaisir à mentir, j’aurais certainement des marqueurs gestuels associés à la joie avec une élévation de la voix, une accélération de mon discours et je ferai davantage de gestes illustrant mon discours.
Si je ressent de la culpabilité, de la honte, je regarderai moins dans les yeux, je ferai moins de mouvements de la tête, moins de gestes illustrateurs. Mon discours sera aussi plus lent, je ferai plus de sourires d’embarra, je pourrais détourner le regard sur certains mots, ma voix sera plus basse et vous pourriez observer des expressions de tristesse.
Cependant, plus l’enjeu est important, les conséquences contraignantes et impactantes, s’il y a un risque important de sanctions, plus il y aura de risques d’être confondu.
Toutes les stratégies que vous entendez sur “comment détecter le mensonge” ne sont rien si vous n’avez pas en tête l’erreur d’Othello. Il s’agit d’un ensemble de biais qui annihilent votre objectivité et vous conduisent à interpréter des indices comme étant en lien direct avec le mensonge alors qu’ils sont générés pour d’autres raisons (Ekman, 1986 ; “le mensonge”, Elissalde, Tomas, Delmas, Raffin - Dunod). Vous êtes persuadés que l’autre est un menteur alors quoiqu’il dise, vous n’entendrez pas ses arguments et vous ne serez pas objectifs. Alors vous observerez une hausse de la tonalité de la voix, un discours plus rapide, une voix plus lourde, d'avantages d’erreurs de discours, l’usage d’un style indirect et des marqueurs gestuels de peur et pourtant, la personne - sous stress - dira la vérité !
Créer une surcharge cognitive !
Il n’y a pas 36 solutions pour être au-dessus du seuil du hasard pour identifier un mensonge.
Globalement, il est nécessaire de faire parler le menteur afin qu’il produise le plus de détails possible et provoquer une surcharge cognitive. Vous pouvez même lui demander de raconter à nouveau les faits mais en partant de la fin. Voyez s’il s’associe à son discours avec des gestes qui illustrent ses propos, s’il dit que l’agresseur se trouvait dans son dos, alors il pointera derrière lui ou se retournera, c'est ce que fait une personne qui dit la vérité. Ses gestes seront en adéquation avec ses mots. Vous pouvez également faire attention aux clignements de ses paupières. Le menteur qui se concentre et produit son mensonge arrête de cligner des yeux jusqu’à ce qu’il ait fini son propos. S’ensuit une décharge cognitive où vous verrez ses paupières battre plus qu’à son habitude ("Blinking during and after lying", Leal & Vrij,2008, Journal of Nonverbal behavior).
A vous d'observer !