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Le passage à l'acte criminel en 4 phases
Le 26/05/2024
Si l’on parvient à découvrir les conditions du passage à l’acte, il sera possible de recenser les syndromes de l’état dangereux, ces faisceaux de symptômes qui alertent le criminologue sur la probabilité d’un dénouement délictueux.
Le passage à l’acte n’a que l’apparence de la soudaineté. Le crime n’est qu’une longue patience, résultat d’une morne application quotidienne, souvent inconsciente, du criminel, et d’une conjonction de circonstances funestes. Selon Pinatel, « le crime est la réponse d’une personnalité à une situation ».
Égocentrisme, labilité, agressivité, indifférence affective, tels sont les quatre caractères fondamentaux de la personnalité qui sous-tendent le passage à l’acte.
Lorsqu’ils étudient les facteurs mésogènes, les criminologues font une distinction entre le « milieu du développement », qui influence la formation et l’évolution de la personnalité (la famille, les groupes sociaux, etc.), et le « milieu du fait », c’est-à-dire les situations dans lesquelles est placé le délinquant au moment de son crime. C’est ce milieu du fait qui joue un rôle plus ou moins important dans le déclenchement du passage à l’acte.
Le « milieu » désigne l’ensemble des facteurs extérieurs, matériels et moraux (environnement, climat, cadre), qui entourent et conditionnent un individu. Réciproquement l’individu agit sur son milieu. Par métonymie, le terme est employé comme équivalent de « monde » ou de « groupe social » (classe, famille, profession). Il signale alors la cohérence et la relative clôture d’un groupe, dont les éléments sont soumis à des influences et à des lois communes.
Le processus qui conduit à l’accomplissement de l’acte grave comporte quatre phases principales :
- la phase de 1’assentiment inefficace,
- la phase de 1’assentiment formulé,
- la phase de la crise,
- et le dénouement.
L’élément essentiel de ce processus est le « devenir » du sujet : ce que le criminel est devenu psychologiquement, généralement sans le savoir, devenir qui n’est perceptible que dans une étude portant sur une longue durée, car seule la durée permet de saisir l’évolution ou la stagnation.
L’étape initiale de l’assentiment inefficace est l’aboutissement d’un lent travail inconscient. Une occasion quelconque révèle au sujet « un état souterrain préexistant » : un rêve, la lecture d’un fait divers, une conversation, un film ou toute autre circonstance lui fait entrevoir par une sorte d’association d’idées ce que, sans le savoir encore clairement, il souhaitait vaguement depuis quelque temps, par exemple la disparition de son conjoint, dont il est las. Il accepte alors l’idée de cette disparition possible. Mais la mort de son conjoint est représentée dans son esprit comme un phénomène objectif dans lequel il ne prend personnellement aucune part. La mort n’est pas son œuvre ; il imagine qu’elle puisse résulter de la nature des choses, d’un accident de la route, d’une maladie, d’un cataclysme, d’un suicide... Mais il envisage cette possibilité sans déplaisir : acquiescement encore inefficace, puisque le sujet ne se représente pas encore en tant qu’auteur de ce drame.
Dans la plupart des cas, la velléité homicide très indirecte et très détournée s’arrête là, car l’équilibre est vite rétabli par une réaction morale. Mais quelquefois cela va plus loin. L’assentiment, d’inefficace, devient alors un acquiescement formulé. Tout en continuant à s’efforcer de penser que la disparition pourra s’accomplir sans son concours, le sujet commence à se mettre lui-même en scène en tant qu’adjuvant de l’œuvre destructrice. Mais la progression de cette idée passe par des hauts et des bas. Le travail de dévalorisation de la victime alterne avec l’examen des inconvénients du crime. A ce stade, « un rien peut faire accomplir un bond prodigieux en avant ou susciter une fuite éperdue ». Le crime peut même survenir prématurément au cours de cette période, alors que la préparation du criminel n’est pas complète ou qu’il n’a pas eu le temps ou la hardiesse « de se regarder lui-même ». Une ivresse, une discussion, un événement hors série, une occasion exceptionnelle offerte par le hasard précipitent les choses. C’est ici, note De Greeff, que pourront se situer des actes mal exécutés ou dont l’éclosion apparemment soudaine trompera la justice sur leur véritable signification (processus d’acte subit et irréfléchi). Mais, souvent, le dénouement est précédé d’une crise.
La crise est le signe que l’homme « marche à reculons » vers un acte aussi avilissant qu’un crime. Il ne s’y détermine qu’après une véritable « agonie morale ». Il faut qu’il se mette d’accord avec lui-même, qu’il légitime son acte. Plus il est « stabilisé dans des pratiques morales lui enjoignant la réprobation d’un tel acte, et plus il lui faudra de temps pour s’adapter à cette déchéance ». Quelques criminels cependant, pour surmonter cette pénible crise, s’imposent à eux-mêmes un processus avilissant « en se créant une personnalité pour qui le crime ne soit plus une chose grave et tabou ».
Après le dénouement, on constate généralement un changement d’attitude. Le délinquant, qui se trouvait auparavant dans un état d’émotivité anormale va manifester, selon les cas, un soulagement, des regrets, de la joie ou de l’indifférence. « Toute la personnalité du criminel se trouve condensée à ce moment-là. »
La réaction d’indifférence ou de désengagement, si bien décrite par De Greeff, se rencontre chez les criminels qui, ayant longuement vécu la préparation psychologique de leur acte, considèrent le résultat comme une conclusion logique de leur projet. Ils ont fait ce qu’ils voulaient accomplir et ils n’éprouvent pas le besoin de dramatiser davantage.
Sources :
Mathilde Barraband, « Milieu », dans Anthony Glinoer et Denis Saint-Amand (dir.), Le lexique socius, URL : http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/34-milieu
La théorie de la contrainte non choisie, où : pourquoi dire "non" ?
Le 09/05/2024
Il existe un lien de cause à effet entre ne pas savoir dire « non » et le harcèlement moral et affectif.
Ce lien, nous le subissons tous mais à divers degrés. C’est pour cela que certaines personnes sont plus affectées que d’autres.
Ce lien est subtil, implicite, ténu voire malsain. C’est ce que j’appelle la théorie de la contrainte non-choisie. C’est le fait d’imposer à l’autre une tâche, un service alors qu’il existe d’autres possibilités. C’est rendre l’autre redevable pour se déresponsabiliser et se placer en position de dominant, pour avoir un ascendant sur l'autre.
Par exemple, un petit groupe de personnes reviennent d’un café et l’une d’elles (personne A) demande à une autre (personne B) de lui déposer son téléphone et son gobelet de boisson à son bureau, le temps qu’elle se rende aux toilettes. Ça s’apparente à un service tout à fait banal, mais l’autre possibilité eut été que la personne A dépose elle-même ses affaires à son bureau pour aller ensuite aux toilettes, sans avoir à solliciter la personne B.
Si la personne B accepte de rendre ce service, elle accepte alors implicitement une relation de subordination qui se répètera forcément parce qu’elle sera vue comme serviable. Sauf que si ce type de services se multiplie, cela provoquera un stress chez la personne A qui pourrait devenir délétère à la longue.
Autre exemple avec les aventuriers de Koh-Lanta, lorsqu’au moment des nominations l’un des aventuriers dit à un autre : « j’ai éliminé 2 amis à moi alors que ça me déchirait le cœur. Là, je te demande simplement aujourd’hui de faire la même chose avec untel. »
Ce type de demande crée un lien de subordination insidieux qui vous place en position de devoir effectivement réaliser ce service pour l’autre. Mais comme vous pouvez vous en apercevoir, l’autre n’est pas démuni d’un intérêt personnel, d’une intention qui est manipulatrice pour autant qu’elle n’ait pas d’autre solution que de vous solliciter.
La racine du mot « contrainte » est CONSTRINGERE qui désigne ce qui est enserré par des liens, enchaîné, entravé, dominé. Une contrainte, ce sont des règles attribuées auxquelles le sujet doit se conformer, qui lui indiquent ce qu’il doit ou ne doit pas faire. « La notion de contrainte implicite met l’accent sur les inférences du sujet à partir d’une activité de compréhension des contraintes explicitent (cairn.info). »
Une contrainte choisie rend la personne qui l’accepte actrice de son choix, c’est intentionnel. L’inverse lui confère un rôle passif, de soumission car ce sera un choix non intentionnel.
C’est facilement compréhensible lorsque vous devez signer un contrat de travail ou un prêt financier.
Savoir dire « non » vous permet de ne pas accepter le stress inhérent et possiblement les conséquences qui peuvent en résulter. C’est vous protéger.
Comprendre et traiter l'inhibition
Le 07/04/2024
Comprendre l’inhibition et ses mécanismes
L'inhibition, en psychologie, fait référence à un processus mental qui consiste à supprimer ou à restreindre une pensée, un comportement ou une émotion. Cela peut se produire de différentes manières, telles que l'inhibition cognitive, émotionnelle ou comportementale. L'inhibition peut être à la fois bénéfique et nuisible, en fonction du contexte et de la manière dont elle est utilisée.
L'inhibition cognitive, par exemple, peut être utile pour se concentrer sur une tâche spécifique en ignorant les distractions. Cependant, une inhibition excessive peut également entraver la créativité et la flexibilité mentale. De même, l'inhibition émotionnelle peut être nécessaire pour contrôler ses réactions dans des situations sociales, mais elle peut également conduire à une suppression excessive des émotions, ce qui peut être préjudiciable à long terme.
En psychologie, l'étude de l'inhibition est importante pour comprendre comment les individus régulent leur comportement et leurs émotions. Les chercheurs s'intéressent également à la manière dont l'inhibition peut être perturbée dans des troubles tels que l'anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique.
Comment l'inhibition, en psychologie, peut-elle être perturbée par des troubles comme l'anxiété et la dépression ?
L'inhibition peut être perturbée par des troubles tels que l'anxiété et la dépression de plusieurs manières.
Dans le cas de l'anxiété, une inhibition excessive peut se produire en raison d'une hyperactivation du système de réponse au stress. Cela peut entraîner une inhibition cognitive, où les pensées négatives et les préoccupations anxieuses dominent l'esprit, entravant la capacité à se concentrer sur des tâches importantes.
De plus, l'anxiété peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions sont refoulées ou supprimées pour éviter les situations stressantes, ce qui peut conduire à une détresse émotionnelle accrue à long terme.
En ce qui concerne la dépression, l'inhibition peut être perturbée par une diminution de la motivation et de l'énergie, ce qui peut entraîner une inhibition comportementale. Les individus déprimés peuvent avoir du mal à initier des actions ou à s'engager dans des activités sociales, ce qui peut renforcer le sentiment de désespoir et d'isolement.
De plus, la dépression peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions positives sont supprimées ou atténuées, ce qui peut contribuer à un sentiment général de vide et de détachement.
En conclusion, l'inhibition est un processus complexe et multifacette qui joue un rôle crucial dans la régulation du comportement et des émotions. L'anxiété et la dépression peuvent perturber l'inhibition en modifiant la manière dont les individus régulent leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements.
Comprendre ces mécanismes peut être crucial pour développer des interventions efficaces pour traiter ces troubles et améliorer le bien-être mental des individus concernés.
Le 19/02/2024
Je publie à nouveau cet article de 2016 qui fait la part belle à la nécessité de parler, sans filtre ni jugement, à une personne hors de son cercle. Nous devrions tous nous accorder ce temps d'extériorisation.
Je vous laisse le lire et je me tiens à votre disposition si vous souhaitez un soutien psychologique.
Verbaliser, c’est guérir !
La définition de « verbaliser » est : dresser un procès-verbal. C’est aussi s’exprimer, se faire comprendre par le langage, formuler ses pensées par la parole, faire connaître ses sentiments et ses opinions (réf. Larousse).
Verbaliser, c’est donc exprimer une idée, un sentiment, une émotion. Au contraire, intérioriser équivaut à garder pour soi, sans partage, au risque de ne pas se faire comprendre.
La conséquence néfaste est le refoulement de cette émotion et la naissance d’un sentiment négatif qui, s’il n’est pas extériorisé, enflera comme une tumeur et générera une stratégie d’adaptation envers l’objet/la personne/la situation qui en est à l’origine.
Ce sentiment négatif ne disparaît jamais, il ne demande qu’à s’exprimer de n’importe quelle façon (sublimation, déplacement…).
L’émotion comme système d’échange
Faisons un focus rapide sur la perception et la régulation des émotions. Elles passent par 3 systèmes (réf. Neurofit.ch) :
- le système neurophysiologique (hormonal et neurovégétatif),
- le système moteur (corps, visage, voix),
- le système cognitif expérientiel (c’est la capacité à prendre conscience et à verbaliser le ressenti).
L’émotion est le liant entre les individus dont un des buts est l’inclusion (appartenir à un groupe).
L’individu dispose de 2 processus distincts pour appréhender la réalité (réf. Les motivations.net) :
- le système expérientiel qui est instinctif, associatif, orienté vers l’action immédiate mais avec un mode de pensée stéréotypé et émotionnel,
- le système rationnel, plus analytique et logique, dirigé par la raison. L’individu évalue, encode, décode, prévoie et ensuite agit.
Dans la communication interpersonnelle, ces 2 systèmes sont aisément identifiables lorsque la personne s’exprime davantage avec l’une ou l’autre de ses mains.
Par exemple, un homme politique comme François Bayrou va s’exprimer en majeur partie avec sa main droite. Un discours qui est donc analytique, ce qui est normal pour un bègue.
Alors que le témoignage d’une personne sur un évènement personnel verra une main gauche plus active que la droite (hémisphéréité).
Pourquoi devoir verbaliser ses émotions ?
Mais ne soyons pas clivant. Nous ne sommes ni tout l’un, ni tout l’autre, mais un savant mélange dont notre tempérament et notre caractère sont le reflet. Un cerveau droit (instinctif) qui communique avec un cerveau gauche (analytique) grâce à un corps calleux, véritable autoroute du partage de l’information.
Il faut bien avoir en tête que l’Etre Humain recherche la satisfaction de son plaisir personnel (pulsions) et l’évitement du déplaisir face au principe de réalité.
L’Etre Humain doit préserver son équilibre psychique et physiologique (homéostasie) grâce à différentes stratégies d’adaptation. S’il n’y a pas de passage à l’acte pour satisfaire son plaisir, une frustration va naître et se diffuser insidieusement dans le psychisme. Elle va investir chaque recoin de nos pensées, tapie, pour ne demander qu’à être satisfaite d’une manière ou d’une autre.
Le déséquilibre psychique (visible sur le corps par des micros démangeaisons au visage et sur les membres) intervient dès lors qu’un trop grand nombre d’envies ne sont pas réalisées, lorsque la coupe des frustrations déborde ou lorsqu’une situation est vécue comme un traumatisme.
Les occasions de refouler une idée, un sentiment ou une émotion sont nombreuses, que ce soit au travail, en société ou dans la sphère privée. Mais cela se fait toujours au détriment de soi.
Une des stratégies la plus efficace
Cela va permettre de se concentrer sur l’émotion ressentie, de la décrire, de lui donner corps grâce à la richesse du vocable employé (granularité). Mettre des mots sur ce qui est ressenti permet de se respecter et de gagner en estime de soi. Vous occuperez l’espace de communication (professionnel, familial, privé) avec plus d’efficience, vous enrichirez votre point de vue grâce aux différents angles d’analyse qui s’imposeront à vous et enfin, vous responsabiliserez l’autre en lui faisant prendre conscience de l’impact que la situation/parole a eu sur vous.
Objectif : être soi
S’exprimer, verbaliser, c’est être plus cohérent avec soi-même et envers les autres. C’est rendre la communication plus fluide, plus honnête mais surtout, c’est une contre-stratégie au refoulement qui est la porte d’entrée prépondérante de la dépression.
Vous enrichirez votre point de vue grâce aux différents angles d’analyses qui s’imposeront à vous et enfin, vous responsabiliserez l’autre en lui faisant prendre conscience de l’impact que la situation/parole a eu sur vous.
#soutienpsychologique
Narcisse ou Don Juan ? Perversion ou perversité ?
Le 30/12/2023
Nous sommes tous, à un moment donné, dans une dynamique de séduction avec l’autre et quelque soit l’environnement, le contexte et c’est normal, c’est bien, c’est la vie, c’est le jeu des relations sociales. Une fois cet apophtegme, ce précepte posé, il est important de ne pas sombrer dans l’excès.
Savoir analyser et reconnaître lorsqu’il y a un excès dans ce fonctionnement va vous permettre une meilleure maîtrise de la situation.
Voyons cela…
Une personnalité narcissique devient pathologique lorsque les traits du comportement altèrent le quotidien. Elle se classe en deux catégories :
- par excès d’amour de soi (mégalomanie),
- par insuffisance d’amour de soi.
Le narcissisme pathologique se caractérise par le besoin d’être admiré par les autres pour réparer une carence de son amour pour soi. Donc besoin de séduire l’autre mais ce qui ne veut pas forcément dire passage à l’acte, d’où la différence entre Narcisse et Don Juan.
Il y a donc une érotisation de l’autre d’un côté et une sexualisation de l’autre d’un autre côté. Narcisse est la duplication de l’image de soi dans l’autre pour se rassurer alors que Dom Juan accepte de passer par l’acte pseudo-sexuel pour satisfaire son besoin de maîtrise.
Cependant, ni l’un ni l’autre ne peuvent supporter l’idée que l’autre les asservisse à son propre narcissisme à elle. Ils veulent avoir la main sur l’autre, garder le contrôle.
A la suite de cette séduction narcissique, la personne “objet” peut être triple :
- la personne séduite n’a aucune “originalité” et peut se contenter d’une relation pseudo amoureuse. Elle ne tient pas plus que ça à cette relation et sait y mettre un terme le moment venu, laissant le séducteur libre de répéter son schéma avec une autre personne “objet”.
- la personne séduite est, elle aussi, une carencée narcissique. Lorsque la magie de la rencontre opère et qu’elle aura contenté les deux Narcisses alors chacun pourra reprendre son chemin. Mais chacun est aussi libre de conduire le même schéma parallèlement à la relation.
- enfin, il se peut que la personne séduite ait l’espoir d’une pleine relation et devienne ainsi exigeante d’un point de vue investissement personnel.
La personnalité pathologique narcissique se croit unique, spéciale, et a un besoin excessif d’être admirée et croit que tout lui est dû. Elle entretient des fantasmes irréalistes et idéalisés de pouvoir, de succès, d’amour ou de beauté.
Pour distinguer ces deux personnalités - lorsqu’elles sont à un niveau pathologique, j’insiste - et faire la différence entre la maladie (perversion) et le vice (perversité), il est nécessaire d’effectuer un examen complet de l’individu (anamnèse) et du mobile de son comportement. La recherche de cette différence est fondamentale en matière judiciaire parce qu’elle permet l’imputation des responsabilités. Seuls les professionnels de la santé mentale sont capables de le faire.
Mais brièvement, la perversité renvoie au plaisir de manipuler l’autre pour avoir une emprise. Il n’y a pas de satisfaction sexuelle dans la perversité.
La perversion, quant à elle, fait référence à une pathologie nommée paraphilie. Il s’agit d’une structure de la personnalité qui renvoie classiquement à des conduites sexuelles déviantes (je vous laisse le soin de rechercher ce qu’est une conduite sexuelle déviante).
Il est important pour tout à chacun d’avoir conscience du rôle qu’il joue dans sa relation avec l’autre et que l’autre joue avec soi. Analyser froidement la situation, en mettant de côté ses émotions, va permettre une meilleure authenticité et surtout de mener sa barque comme VOUS l’entendez.
A vous de jouer…
Interview des époux Jacob : décryptage
Le 02/12/2023
36 ans après les faits qui se sont déroulés le 16/10/1984, c’est la 1ère fois que les époux Jacob accordent une interview. Suspectés d’être les « corbeaux », ils furent mis en examen en 2017 pour enlèvement et séquestration suivie de mort et finalement la mise en examen fut annulée par la suite. « L’accusation s’interroge sur l’emploi du temps difficile à cerner des Jacob l’après-midi du drame. Avec, en filigrane, l’hypothèse d’une remise de l’enfant après son enlèvement devant chez lui à Lépanges-sur-Vologne. » (Le Parisien, Timothée Boutry, 21/06/2017).
Revenons sur cette interview donnée à BFM TV et analysons la séquence.
D’emblée, les époux font face aux journalistes avec l’intention d’être spontanés et sincères. La main gauche de Marcel Jacob saisit sa main droite, sans tension et les époux clignent normalement des yeux, ce qui permet de dire qu’ils sont dans l’échange et non enfermés dans leur bulle (en l’absence de clignements). Un nombre trop important de battements de paupières signifie que nous sommes une situation émotionnelle forte (positive ou négative).
« Est-ce que vous savez quelque chose sur la mort du petit Grégory ? » - 17 min 26
A cette question, les époux affichent un certain dégoût et se replongent dans les images de l’époque , leur regard s’abaisse et les commissures des lèvres sont tombantes. Jacqueline Jacob est dans la protection, elle se méfie, son bras droit vient ainsi toucher son épaule gauche formant un bouclier invisible. Et ce n’est pas pour rien puisque le journaliste leur assène : « vous êtes au cœur du dossier, si quelqu’un va devant une Cours d’assise, ce sera vous deux, vous le savez ? »
« Etes-vous prêts à collaborer avec la justice ? » - 18 min 10
« On n’a pas peur du tout, ils me l’ont prélevé déjà 2 fois mon ADN. J’ai rien à me reprocher, absolument rien » répond Marcel Jacob alors que sa femme touche la bague de son annulaire droit avec son index et son pouce gauche. Elle souhaite maintenir la cohésion et l’équilibre de son couple durant cette nouvelle charge. Rappelons qu’ils étaient tenus à résidence séparée. Jacquelin Jacob est touchée émotionnellement, ses battements de paupières s’intensifient jusqu’à s’arrêter durant une dizaine de secondes où elle n’est plus présente car concentrée à imaginer les conséquences.
« Vous êtes innocents ? » - 18 min 21
Le journaliste interroge en mettant ses doigts gauche en pince (index et pouce qui se touchent) – « 100% » lui répond Marcel Jacob en effectuant le même geste de façon inconsciente. C’est un geste très cohérent dans la mesure où il n’est pas réalisé intentionnellement, c’est instinctif à ce moment. Et Marcel Jacob de souligner sa réponse en un « là c’est sûr ! » avec la tête qui se baisse franchement pour surligner son propos.
« Comment ça s’est passé cette arrestation de 2017 ? » - 19 min 05
Encore une fois, Marcel Jacob va illustrer sa réponse « très compliqué » (ce moment vécu) en recontextualisant. C’est très important lorsqu’une personne, un témoin raconte la scène qu’il a vécu. Il s’associe et donne des détails de ce qu’il a dit ou fait. En l’occurrence, Marcel Jacob dit « on avait commandé des glaces (…), un peu avant 8h, on était encore au lit, j’ouvre la porte, une dame qui étant devant, SR de Dijon, à partir de 8h vous êtes en garde à vue pour l’affaire du petit Grégory. » Pendant cet échange, sa femme Jacqueline affiche une expression de doute (sur le motif de la garde à vue), elle est dubitative et elle lâche : « j’étais tétanisée. »
Elle préfère ne pas trop exprimée ce qu’elle a ressenti lors de la perquisition qui a suivi, elle indique que des albums photos ont été pris, alors sa bouche va se fermer et ses lèvres se pincer vers l’intérieur (bouche en huître). C’est une situation qui l’a marquée.
Lorsque les conditions de la garde à vue sont évoquées, c’est à nouveau son bras droit qui va venir en protection de son corps et saisir son épaule gauche.
« Il y a des lettres du corbeau qui vont servir à justifier cette mise en examen, notamment vous (il désigne Jacqueline). »
Le journaliste se veut plus incisif. Alors Jacqueline Jacob répond « j’ai jamais écrit » en faisant, de façon inconsciente, « non » de la tête. Elle ne cherche pas à voir si ce qu’elle dit est bien « avalé » par le journaliste, elle ne le fixe pas des yeux, elle ne recherche pas son approbation ni de le prendre à témoin. Juste elle répond « j’ai jamais écrit. »
La même négation franche sur la seconde vidéo, à 12 min 32 : Marcel et Jacqueline Jacob [interview] - YouTube. Je note à 12 min 37 la bouche se pince dans une tension qui peut aussi bien être le reflet d’une vérité cachée ou d’une réalité. Avoir la bouche pincée (qui est différente de la bouche en huître et ses lèvres rentrées avec l’intention de ne pas trop en dire), pourvu que ça soit fait juste après avoir prononcé une phrase, peut venir appuyer les propos. Il est nécessaire de préciser que plus un mensonge est ancien, plus il est simple d’en faire une vérité. Les connotations négatives, les émotions négatives font parties du passé. Il est ainsi plus simple de le traiter cognitivement. C’est quelque chose qu’il faut garder à l’esprit pour relativiser l’analyse. Ensuite, une personne peut être le scripteur d’une lettre de « corbeau » sans pour autant être l’auteur d’un meurtre. En tous les cas, cette tension dans les lèvres illustre que c’est une partie du dossier qui la stresse. Ajoutons à cela que le visage de Jacqueline Jacob est plein de tics liés à son âge…
Sur cette même vidéo, à 15 min 45 à propos de la stylométrie, Jacqueline Jacob réfute à nouveau être l’auteur des lettres en plaçant sa main droite paume face au journaliste, sans tension dans les doigts, en un geste qui se veut être un « stop », un « arrêt. » C’est un geste très instinctif qu’elle fait, ce n’est pas calculé, c’est sincère.
A 16 min 07, toujours sur cette accusation d’être le « corbeau », Jacqueline Jacob se gratte le haut de son muscle nasogénien gauche avec son index droit (le point qui se situe juste à côté de sa narine gauche, c’est une ride qui se creuse largement avec l’âge). C’est un geste qui signifie que quelque chose dans son image est dérangeant.
Les époux Jacob semblent être les victimes collatérales de cette affaire qui n’a toujours pas trouvé son dénouement. Jacqueline a-t-elle écrit une ou deux lettres ? Les époux ont-ils commandités l’enlèvement et le meurtre de l’enfant ? Il est difficile d’analyser le langage corporel lorsqu’il évoque des faits et des souvenirs qui remontent à quelques décennies. Ces faits et souvenirs sont retraités, réinventés par le cerveau et s’ils ne sont pas emprunts d’émotions, en faire émerger la vérité demanderait un réel et approfondi interrogatoire cognitif.
Source : Affaire Grégory : Les époux Jacob sortent du silence - YouTube
Le 29/10/2023
La question de la responsabilité du criminel est centrale dans l’action judiciaire. L’article 64 de l’ancien Code pénal dit : « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’accusé était en état de démence au moment de l’action ».
Les travaux de psychanalyse mettent l’accent sur les motivations inconscientes du crime et les processus psychiques qui le sous-tendent. Ils postulent qu’il existe un lien entre le crime et le développement de la vie psychique de l’individu (Freud, 1916, « quelques types de caractères dégagés par la psychanalyse » ; Bonaparte, 1927, « le cas de Mme Lefebvre » ; Lagache, 1947, « Contribution à la psychologie de la conduite criminelle. Commentaire psychanalytique d’une expertise d’homicide »).
D’un point de vue phénoménologie clinique, le passage à l’acte est un fait d’expérience et d’une défaillance de la relation sociale.
Qu’est-ce qui peut nous permettre de distinguer un délinquant/criminel d’un individu lambda ? Selon Pinatel (1975, « traité de criminologie ») il existe des traits récurrents de personnalité qui forment une base. L’égocentrisme, la labilité, l’agressivité et l’indifférence affective. Précision importante, il s’agit d’une différence de degré pour chacun de ces traits. Ils sont présents chez chacun d’entre nous mais plus ou moins prononcés.
Selon Freud, c’est bien la pulsion qui est à l’origine de la violence. C’est elle qui représente le trait d’union, le point de rencontre entre la psyché (l’inconscient, les idéalisations, les envies, les peurs…) et la transformation en acte physique (la force motrice). Il y a donc une translation entre ce que pense l’individu et ce qu’il matérialise physiquement. La pulsion se définit selon la poussée (son élément moteur), son but (là où elle doit se réaliser, se purger), son objet (le moyen de la purger) et sa source (organe du corps d’où provient l’excitation).
Ainsi, la pulsion purgée de façon inadéquate, incontrôlée est une preuve d’immaturité émotionnelle et d’un déficit d’introjection. C’est-à-dire que l’individu n’est tout simplement pas capable de gérer ses émotions – parce qu’il n’a pas appris à le faire du fait d’un environnement familial inadapté et insécurisant – ni capable de « retravailler » les faits, les vécus pour les légitimer, les conscientiser, les symboliser, les rendre plus acceptables et surtout, savoir s’adapter. La réalisation de la pulsion permet à l’individu de « remettre les compteurs à zéro », d’abaisser le niveau d’insatisfaction, de frustration à un niveau plus acceptable pour lui. Mais la réalisation de la pulsion par un acte est une façon de « dire » en actes ce qu’il ne peut « dire » à haute voix.
Les travaux de Balier (1988, Psychanalyse des comportements violents, 1996, Psychanalyse des comportements sexuels violents) demeurent incontournables. Son expérience clinique en milieu carcéral auprès des auteurs d’agirs criminels le conduit à élaborer une métapsychologie du fonctionnement psychique violent. Balier relève chez ces sujets une pauvreté dans le sens de l’agressivité et de la destruction. Sa théorisation de la violence s’appuie sur un moi facilement débordé par des pulsions agressives désintriquées qui vont se tourner vers l’utilisation et la possession de l’objet externe comme solution économique à ce débordement. Les processus de déliaison, responsables d’une « agressivité libre », créent une tension et appellent à la décharge. L’agressivité libre est le résultat de la désintrication des pulsions, « aucune tension ne peut être contenue (…), la moindre frustration déclenche une décharge de colère avec des gestes agressifs contre des objets, des personnes, ou soi-même. Dans ces conditions, l’acte se substitue entièrement à la pensée dont les contenus sont particulièrement pauvres (Manuel de psycho-criminologie clinique, S. Harrati, D. Vavassori, Dunod, 2022).
Il est donc important de considérer l’individu selon 3 axes : l’individu auteur, l’individu victime et le contexte situationnel.
Voici un exemple intéressant de profils de délinquants qui vient illustrer mon propos.
Selon la « mission d’analyse des profils et motivations des délinquants interpellés à l’occasion de l’épisode de violences urbaines (27/6 au 7/7/23 en France), voici le profil général des 395 individus définitivement condamnés au 31/7/23 :
91% sont des hommes dont 75% sont nés en France et issus de l’immigration (algérien, tunisien).
23 ans de moyenne d’âge pour les hommes, 24 ans pour les femmes.
Les 18-22 ans sont concernés pour 70% des atteintes aux biens publics et 63% des atteintes à l’ordre public.
87% sont célibataires, sans enfant à charge, hébergés à titre gratuit essentiellement chez leurs parents.
29% ne détiennent aucun diplôme, 38% sont titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat, 23% ont le baccalauréat, 4% ont bac+2, 0,5% ont un niveau supérieur à bac+2.
18% sont étudiants, 30% sont employés, 9% sont ouvriers, 14% sont chômeurs et 25% se déclarent inactifs.
57% n’ont aucun antécédent judiciaire.
Pour les individus non encore identifiés et ceux qui seront jugés ultérieurement, ce sont des délinquants plus chevronnés ayant commis des infractions plus graves.
Le 14/10/2023
« Le crime est un acte humain. Il engage la personnalité du coupable, il en révèle certaines intentions. Mais la collectivité ne peut rester indifférente, devant cet acte qui constitue, en même temps qu’un fait personnel, un fait social. Ce sont là des données évidentes du problème criminel, celles que les sociétés les plus primitives aussi bien que les plus évoluées perçoivent clairement » (E. Degreef, Introduction à la criminologie, 1946).
Mesurer la témébilité d’un individu, sa redoutabilité ou sa périculosité (danger représenté) c’est-à-dire la capacité d’un délinquant à tirer profit de l’expérience, notamment de sanctions pénales, c’est analyser sa capacité à s’adapter aux exigences de la vie sociale, ce qui induit la prise en compte de sa responsabilité.
Il s’agit donc de décrypter le fonctionnement historique de l’individu, son vécu, son passé qui l’a amené à devenir un être antisocial, à devenir un délinquant voire un criminel.
Mais cette analyse doit être portée par la société et non par la psychiatrie qui ne doit qu’accompagner si nécessaire. Pour De Greef, « il importe de se débarrasser de l’insoluble question de la responsabilité en n’en parlant plus et en supprimant l’expertise mentale qui, (…), oblige le médecin à prendre une décision dont les conséquences sont extrêmement graves et dont la brutalité contraste avec les difficultés et les hésitations du diagnostic. »
L’erreur est d’imaginer que la pathologie se traduit par un passage à l’acte alors qu’il est le résultat d’un choix délibéré commis par son auteur.
Cet acte repose, éventuellement, sur une réalité faussée, biaisée. Il n’en demeure pas moins que l’acte est commis et que les conséquences doivent être assumées par son auteur et non par la société civile. De Greef ajoute que « toute tare qu’elle soit héréditaire ou qu’elle soit accidentelle, reste soumise au jeu de la personnalité du coupable, et par l’intermédiaire de cette personnalité, reste capable d’être ou bien renforcée par l’ambiance ou inhibée par l’atmosphère dans laquelle il vit » (Pathologie et criminalité, 1937).
Dans la droite ligne de De Greef, l’individu est soumis à une pression sociétale ainsi qu’à une pression individuelle instinctive qui implique désir, peur et pulsion. La pression sociétale, de par ses lois, joue un rôle de cadrage afin de forcer l’individu à restreindre et à contraindre ses instincts. Le besoin d’identification finit de manipuler cette personnalité fragile et labile. Cette éternelle pulsion qui pousse à l’inclusion à n’importe quel prix force à adopter des valeurs qui, à la base, ne sont pas les autres. Le temps faisant son affaire, la personnalité manipulable en oubli ses propres valeurs au profit de celle du groupe, et tant pis si c’est au détriment des autres. Après tout, s’ils sont étrangers à nos valeurs, ils sont nos ennemis, et que faisons-nous à nos ennemis…
Nous pouvons donc considérer qu’un individu aux prises avec ses instincts puisse résister un temps, mais si cette lutte égocentrée devait s’éterniser ou s’accentuer du fait d’éléments extérieurs, la résistance serait sapée et les fonctions de défense voleraient en éclats avec pour conséquence le passage à l’acte. Pour Platon, le criminel est souvent un malade ; il doit être guéri ou éduqué si possible ; expulsé du pays ou supprimé s'il est incurable.
Le milieu est souvent criminogène mais en tout état de cause, les dégâts commis par un délinquant et un criminel doivent être réparés, qu'il soit responsable ou non.
La société civile se doit de lutter, de maintenir ou de placer ce type de personnes dans des endroits fermés qui ont pour fonction de contraindre l’individu. Cela ne veut pas dire que celui-ci ne doive pas bénéficier d’un accompagnement spécifique et pluridisciplinaire pour l’aider à lutter contre ses pulsions, voire à se réintégrer au terme de sa sentence. Au contraire, ainsi cloîtré, confiné, il sera engagé dans un processus réducteur et contraint qui évitera toute conséquence sur la société. Faire sa peine du début à la fin lui permettra de prendre conscience de ses actes. Il va s’en dire que dans un milieu fermé, il y a nécessité de le séparer de son groupe de référence afin qu’il ne retrouve pas à l’intérieur ceux pour qui il s’est battu à l’extérieur.
En France en 2023, il y a 79 maisons d’arrêts, 39 établissements pour peines, 54 centres pénitentiaires, 6 centres pénitentiaires pour mineurs (source : Statista). Les centres éducatifs fermés pour mineur n’en ont que le nom puisque c’est la parole du juge plus que les murs de l’établissements qui fonde la privation de liberté. Ces centres dépendent de la catégorie des établissements sociaux et médico-sociaux, et non celles des établissements pénitentiaires (source : rapport d’information du Sénat n°759 (2010-2011), Enfermer et éduquer : quel bilan pour les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs ?). Cette mission d’information a rédigé 25 propositions très intéressantes (ont-elles été suivies ?). Combien existe-t-il de casernes ou de bâtisses abandonnées à réhabiliter. Peut-être serait-ce une solution que d’employer ces détenus à reconstruire.
Chaque pays possède son droit pénal dont l'origine remonte à Mathusalem, se continuant avec des coutumes et des usages non écrits et en perpétuelle transformation en lien avec tous les soubresauts culturels du moment. « Il est raisonnable de supposer qu'au moment où les premières codifications eurent lieu, une évolution s'était déjà opérée et que ces premiers codes représentaient déjà une sélection de comportements possibles devant l’activité antisociale. » Expulser d’un groupe (ou d’un pays) une personne qui ne souhaite pas se soustraire à ses lois, qui ne souhaite pas s’intégrer en apportant une compétence ou qui ne souhaite pas acquérir une compétence, est ce que fait tout groupe animal depuis la nuit des temps. Il est primordial, et même vital pour le groupe, de ne pas laisser quelques étourdis fanatiques de politique sociale naïve interférer. Comme il est incompréhensible qu’un détenu ne fasse pas entièrement sa peine.
On ne sait pas encore lequel des termes : redoutabilité, témébilité ou périculosité l'emportera dans l'avenir. Ce sont les termes par lesquels, parlant d'un délinquant ou d’un criminel, on s'efforce de traduire le danger social qu'il représente. Ce sont aussi les termes par lesquels on veut exprimer la mesure dans laquelle la société pour avoir à s'occuper légitimement de lui et s’en préserver. Si la peine de mort, abolie le 9 octobre 1981, ne peut revenir dans le débat national – encore que pour certains crimes (attentats, actes de barbarie), cette sanction devrait être à nouveau réfléchie – il est important que les peines soient réellement effectuées et sans remise possible, dans des lieux fermés et accompagnés, cadrés, loin de leur groupe de référence.