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De l''intentionnalité, s'il vous plaît.

Le 07/03/2022

Lorsque j'ai modélisé mon process d'analyse comportementale il y a quelques années, je l'avais développé autour d'un axe pluridisciplinaire.

J'y abordais l'agentivité, les défenses archaïques, les théories qui portent l'auto réflexion et la construction de la pensée. 

Dans mon management au quotidien et l'animation de mon équipe, les deux valeurs totems que je porte sont l'esprit d'équipe qui doit prévaloir, et l'intentionnalité qui permet de travailler sur l'individu et ses motivations. Ces deux valeurs sont développées dans la contruction de la pensée de mon modèle mais je dois m'arrêter un instant sur cette notion d'intentionnalité qu'Husserl a porté avec la phénoménologie. C'est une pierre angulaire de l'Etre conscient et pour vous définir ce qu'est ce totem, je dois emprunter à Christine Leroy ("La phénoménologie", Ellipses).

"L'acte du sensible et celui du sens sont un seul et même acte, mais leur quiddité n'est pas la même."

Lorsque je perçois un objet, cet objet existe bien sur le plan physique et matériel, mais la sensation que j'en ai n'est pas l'objet lui-même. Ce que j'éprouve de ma sensation de l'objet n'est pas l'objet, c'est ma perception que j'ai de celui-ci en faisant appel à mes sens.

Lorsque nous "intelligeons" un objet, lorsque nous l'intégrons intellectuellement, psychologiquement, nous en saisissons la forme de tel sorte que nous pouvons toujours penser cet objet même en son absence. C'est l'aire transitionnelle de Donald Winnicott, c'est le "noème" de Husserl, qui est l'objet tel qu'on le pense et le phénomène, la forme de l'objet tel qu'il nous apparaît.

Le mot intentionnalité signifie que la conscience est toujours dirigée vers une chose (au sens psychologique, philosophique), elle donne accès à l'objet pour soi.

"En faisant varier, ne serait-ce qu'en imagination, les diverses manières qu'à l'objet de se donner sous la forme de phénomènes, c'est à dire en le considérant sous différentes perspectives, (...) on cherche le dévoilement progressif du processus intentionnel de la conscience" : c'est la variation déictique.

L'intentionnalité de la conscience semble atteindre sa forme la plus élaborée dans le concept de volonté par son faisceau spécifique d'intentionnalités fondé en raison et engageant corporellement autant que moralement. 

Vouloir c'est décider en raison, se mouvoir physiquement et consentir moralement.

L'intentionnalité c'est donc penser la chose, l'objet, dans son entièreté et l'ensemble des sensations/images qu'elle suscite en nous et surtout, c'est être conscient de ce processus.

 

Infographie analyse comportementale

 

 

How to become a murder ?

Le 14/02/2022

According to the theory of Donald Winnicott, our apprehension of life, our motivations, our actions are the consequence of our intra-family relationship. The relationship with the parents, the relationship with the mother and the father are the breeding ground for our ability to adapt, to create, to transform aggressiveness into a positive force.

The benevolence of the family structure and the social interactions are therefore important factors of the child.

Holding is also important but the mother must not substitute her own desire for that of her child.

It’s a physical and psychological protection against threats. A fusion mother, ambivalent, who conveys her fears, makes her baby feel her own shortcomings. Her baby will develop his mindset consequently. Parents have to be reliable and predictables to generate a positive experience which doesn’t distort reality.  

Douglas, Ressler and Burgess have interviewed a population of murderers. According to them, the social links has failed or has been selective. Parents have ignored, relativized or normalized certain behaviors. So, they enhanced these cognitive and emotional distortions of the child.

Child distress due to physical and/or psychological trauma was neglected. Nor was he accompanied or protected. As a result of the abusive events, the child may experience a high level of emotional arousal and when this sustained level interacts with obsessive thoughts, the child’s perceptions and therefore behaviors with others may be altered and inappropriate.

When the child has been neglected and/or psychologically/physically abused, when the parental bond and response is failing, the child may not have an adequate emotional response. Memories of frightening and traumatic experiences shape thought patterns and behavioral responses. 

Faced with the parent’s inability to become role models, the child finds himself incapable of projecting and identifying himself. This incapacity of the parents comes from an absent father or an addict to alcohol and/or drugs, it is due to behavior that is itself abusive, it is due to intra-family violence which the child witnesses, it is due to a home that is not secure for the child.

For these reasons, the child does not develop any affective bond with his/her parents - “caretakers” - who will themselves have no influence on the child or the adolescent.

Acting out stimulates and reinforces the cognitive and emotional patterns of the child, but it also helps to reduce internal tensions and this is true for all acting outs. The red line will always exist for these children, but the only thing that allows them not to cross this limit is the capacity for resilience. This is strongly correlated with the creation of attainable, rewarding goals, generating responsibilities. If so, the child will be a stick of dynamite just waiting for a trigger to explode.


 

Comment devient-on meurtrier ?

Le 12/02/2022

Selon la théorie de Donald Winnicott, notre appréhension de la vie, nos motivations, nos passages à l’acte sont la conséquence de notre relation intra familiale. Le rapport aux parents, la relation à la mère et au père sont le terreau de notre capacité à nous adapter, à créer, à transformer l’agressivité en force positive.

La qualité de la structure de la famille et les interactions sociales sont donc des facteurs importants dans le développement de l’enfant.

Le holding est le fait de porter son enfant, que ce soit par la mère ou le père. “L’important est qu’elle ne substitue pas son propre désir au besoin de l’enfant” (A. Lefèvre).

C’est une protection autant physique que psychique, contre toute sorte de menace.

Une mère fusionnelle, ambivalente, qui transmet ses propres peurs, fait ressentir à son bébé ses propres manques. Il va donc se construire en conséquence.

Les parents doivent être fiables, sécurisants, sachant poser des limites. Ils doivent être stables et prévisibles afin de produire une expérience positive mais qui ne dénature pas la réalité (principe de réalité). 

Dans la population de meurtriers, interrogés par Douglas, Ressler et Burgess, ce lien social a échoué ou a été sélectif (“Sexual homicide - patterns and motives”). Les parents - “caretakers” - ont ignoré, rationalisé, relativisé voire normalisé certains comportements déviants. Ainsi, ils ont soutenu et renforcé ces distorsions cognitives et émotionnelles de l’enfant.

La détresse de l’enfant due à un traumatisme physique et/ou psychologique a été négligée. Il n’a pas non plus été accompagné, ni protégé. Consécutivement aux événements abusifs, l’enfant peut éprouver un niveau d’excitation émotionnelle élevé et lorsque ce niveau soutenu interagit avec des pensées obsédantes, les perceptions et donc les comportements de l’enfant avec les autres peuvent être modifiés et inappropriés. 

Lorsque l’enfant a été négligé et/ou abusé psychologiquement/physiquement, lorsque le lien et la réponse parentale sont défaillants, l’enfant peut ne pas avoir de réponse émotionnelle adéquate. Les souvenirs d’expériences effrayantes et traumatisantes façonnent les schémas de pensées et les réponses comportementales. 

Devant l’incapacité des parents à devenir des modèles, l’enfant se retrouve incapable de se projeter et de s’identifier. Cette incapacité des parents vient d’un père absent ou addict à l’alcool et/ou à la drogue, c’est dû à des comportements eux-mêmes abusifs, c’est dû à une violence intra familiale dont l’enfant est témoin, c’est dû à un foyer qui n’est pas sécurisant pour l’enfant.

Pour ces raisons, l’enfant ne développe aucun lien affectif avec son/ses parents - “caretaker” - qui n’auront eux-mêmes aucune influence ni sur l’enfant, ni sur l’adolescent. 

Le passage à l’acte permet ainsi de stimuler et de renforcer les schémas cognitifs et émotionnels de l’enfant, mais il permet aussi de réduire les tensions internes et c’est vrai pour tous les passages à l’acte.

La ligne rouge sera toujours existante pour ces enfants traumatisés mais la seule chose qui leur permette de ne pas franchir cette limite (c’est-à-dire d’enfreindre les règles et les lois sociales), c’est la capacité de résilience. Celle-ci est fortement corrélée à la création de buts atteignables, valorisants, générant ainsi des responsabilités. Le cas échéant, l’enfant sera un bâton de dynamite qui n’attend qu’un élément déclencheur pour exploser.


Modelisation homicide caractere sexuel


 

Les clignements de paupières : un élément gestuel important

Le 01/02/2022

En 1965, Jeremiah Denton, officier dans la Navy, est capturé par les nord-vietnamiens. Un an plus tard, il est forcé de participer à une interview de propagande destinée à être diffusée aux Etats-Unis.

Lors de cette interview, il prétexte les lumières aveuglantes pour cligner des paupières de façon anormale. Lors de la diffusion, la Navy comprend rapidement que ses prisonniers détenus au Vietnam sont torturés. Jeremiah Denton, par ses clignements de paupières, avait transmis un message en morse : T.O.R.T.U.R.E. 

Le clignement des paupières est un élément essentiel pour confirmer qu'une personne ressent effectivement une émotion, positive ou négative. Son intensité sera plus grande encore si l'émotion est spontanée que celle liée à un souvenir.

Il a plusieurs fonctions :

Spontané, la fermeture est fugace et ne gène pas la vision. Elle assure la redistribution du film lacrymal et débarasse le film des impuretés.

- Réflexe, il s'agit de protéger l'oeil. On distingue le réflexe sensitif, à la percussion, optico-palpébral, auriculo-palpébral.

- Volontaire, plus long que le clignement réflexe, les causes sont variables selon les personnes et le contexte (A. Faucher - Univ. Sherbrooke).

Ce dernier est intéressant à observer. Dans un environnement relativement neutre, dénué de toute charge émotionnelle, il est admis qu'une personne cligne en moyenne 15 à 20 fois par minute (Univ. College of London - Current Biology, 2005).

Etre attentif à cet élément gestuel permet d'adapter notre communication pour apaiser l'interlocuteur, lui permettre de se recentrer pour retrouver ses moyens. Cela peut également nous permettre de postuler que notre interlocuteur masque ou modifie une partie de la véracité de son discours. Dans ce cas, il clignera moins parce que cela nécessite beaucoup de ressources cognitives. La personne sera donc concentrée à travestir son discours et l'absence, ou une baisse du nombre de clignements, l'isole du monde extérieur lui permettant ainsi de se focaliser sur son discours.

Lien : 

Jeremiah Denton — Wikipédia (wikipedia.org)

Le saviez-vous ? Un prisonnier a transmis un message codé en morse lors d’une interview (dailygeekshow.com)

Jeremiah denton

 

 

Margaux Pinot, Alain Schmitt : analyse des conférences de presse

Le 05/12/2021

Je souhaitais vivement analyser ce fait de violences conjugales qui a eu lieu le week end dernier, entre Margaux Pinot et Alain Schmitt, tous deux en couple et judokas.

Un fait d’une violence inouïe dont a fait preuve Alain Schmitt à l’encontre de Margaux Pinot. Les stigmates impressionnants sur le visage de Margaux Pinot et son ITT de 10 jours témoignent sans équivoque du déferlement de violence.

Cependant, Alain Schmitt a été relaxé au grand étonnement de tous. Chacun a donné une conférence de presse pour relater sa version des faits. Occasion qui m’est offerte pour observer et analyser les deux stratégies de communication et quels sont les gestes qui pourraient être non congruents avec le discours.

Alain Schmitt apparaît avec un hématome sous l'œil droit. Ce qui me questionne, c’est son discours dissocié avec l’emploi du pronom “on”, formulation très impersonnelle. Il s’extrait, en tant que personne, de l’action. Dans le cadre d’une stratégie où le partage en responsabilité est visé, il a raison mais risqué car pas très fin. Son sourcil gauche est fréquemment surélevé par rapport à celui de droite, ce qui va dans le sens de la dissociation. 

Egalement, il ne cligne que peu des paupières alors que nous pourrions nous attendre à un minimum d’émotion… de type tristesse, peur… mais comme nous le verrons plus loin, l’émotion ressentie est toute autre.

Puisqu’il n’est pas dans l’émotion, il est dans le contrôle pour en dire le moins possible bien sûr, juste ce qu’il faut pour ne pas trop s’incriminer. Le geste qui illustre fort bien cela, c’est sa main droite (l’analyse) qui vient se poser sur son poignet gauche (la spontanéité) pour rester dans le paraître.

Ses lèvres sont contractées, ce qui traduit une colère contenue. Certains gestes sont quand même cohérents, lorsqu’il dit “je suis redescendu dans la voiture” (57sec), sa main droite illustre bien cela. 

Certains éléments semblent anachroniques comme lorsqu’il évoque sa lettre de démission… que vient faire ce détail dans une description des faits qui devraient traduire de l’émotion ? Alain Schmitt fait également des défocalisations actives, c'est-à-dire que son regard vient fixer un point devant lui lorsqu’il relate une action. Mais cela est fait en toute conscience, ce qui l’extrait encore un peu plus de l’action dont il souhaite se soustraire (1 min 16 sec). Cette façon de fixer son interlocuteur avec les sourcils hauts illustre un désir de voir si l’autre est sensible à ses mots. “Tu me crois quand je dis ça”... c’est ce que veut dire cet item.

Le point très important dans ce témoignage, et que je retrouve dans celui de Margaux Pinot, est à 1 minute 33 secondes : “je me retrouve dans le lit”, avec sa main droite qui vient gratter le côté droit de son nez. C’est un item qui indique que ce qu’il dit à ce moment-là le dérange. Et c’est précisément à ce moment-là que tout dérape.  Qu’a-t-il fait pour que Margaux Pinot le rejette et lui fasse perdre son sang froid ? 

Alain Schmitt montre malgré lui qu’il est très sensible à l’humiliation, “je me suis senti humilié”, (3 minutes 05 sec) dit-il en se pinçant le nez avec sa main gauche. C’est lui dans sa chair, alors est-ce que cela lui a rappelé des souvenirs traumatisants subis à l’adolescence ?  

Je peux également le constater lorsqu’il dit : “elle m’a agrippé le col” en se mordant la lèvre inférieure (3 minutes 26 sec), un item de colère contenue ou encore à 6 minutes 14 et 6 minutes 30 lorsqu’il laisse apparaître - dans ce qu’on appelle dans notre jargon de synergologue - une lèvre de chien. La partie droite de la lèvre supérieure se réhausse, laissant apparaître les dents.

Enfin, Alain Schmitt termine cette conférence de presse par un “voilà” qui marque la fin d’une séquence qui aurait très bien pu être un discours de départ en retraite.

La stratégie de Margaux Pinot est toute autre. Elle fait montre de détails et de pronoms personnels, “je”, “il”. Elle cligne des paupières plus qu’à la normale, ce qui montre une forte émotion. Son regard se défocalise passivement dans son discours, c’est-à-dire que son regard se perd mais inconsciemment parce qu'elle se met dans sa bulle pour revoir la scène. Elle s’y associe. Elle s’y revoit.

Les commissures de sa bouche sont tombantes, illustrant de la tristesse sur le mot “alcoolisé”. Malheureusement, cet item induit aussi une récurrence. 

Chaque fait qu’elle relate est ponctué par sa langue qui sort rapidement, symbole qu’elle ne souhaite pas forcément évoquer cela publiquement. 

A 2 minutes 11 secondes, lorsque Margaux Pinot évoque les nombreux propos dévalorisant qu’elle subit, son buste (pour la seule fois de la vidéo) part en arrière. Elle veut fuir ces propos qu’elle a entendu trop souvent et qui, non seulement la blesse, mais lui fait perdre toute confiance en elle. 

A 2 minutes 34 secondes : “il s’est approché du lit, il a fait un geste et je l’ai repoussé”. Cette phrase aurait pu être anodine si le déferlement de violence n’avait pas suivi. Ce geste de rejet qu’elle a eu a été le déclencheur du passage à l’acte. Par ce geste, elle prend l’ascendant sur lui et il ne le supporte pas. 

Mais quel geste a fait Alain Schmitt que Margaux Pinot a repoussé ? Quelle était l’intention d’Alain Schmitt ? Vouloir coucher avec elle et il se serait fait repousser ? Pour une personne qui souhaite avoir l’ascendant sur l’autre, pour quelqu’un qui se considère être un “bonhomme”, un “mec” dans tout le symbolisme du mâle viril, c’est insultant de se faire repousser, c’est intolérable. Si l’envie de lui faire perdre ses gonds était là, voici un levier tout trouvé !

Le geste d’amour qu’il aurait pu avoir eut été de la laisser partir. Mais dans notre société aux comportements violents, que ce soit dans l’éducation, dans la vie sociale, professionnelle, dans l’attitude de certains politiciens, dans les mots employés au quotidien, comment cela pourrait en être autrement ?

Lorsqu’un parent traite son jeune enfant d’idiot, d’imbécile voire de con parce qu’il n’a pas fait quelque chose qui apparaît logique pour le parent, c’est déjà de la violence qui s’imprime dans l’inconscient. C’est déjà le dévaloriser. Le soumettre. Le placer en position d’infériorité. La question est de savoir comment l’enfant va traiter cette information pour faire qu’elle ne l’affecte pas…

 

Les liens vers les vidéos :

Alain Schmitt, conférence de presse : L'ancien judoka Alain Schmitt donne sa version des faits - YouTube

Margaux Pinot, conférence de presse : Violences conjugales: le témoignage de Margaux Pinot en intégralité - YouTube

 

Alain schmitt Margaux pinot

Une question d'ego

Le 05/11/2021

Est-ce que l’impossibilité d’avoir un débat contradictoire ne viendrait-il pas d’un problème d’ego ? Est-ce que dans notre société hyper connectée et fondée sur l’individualisme, sur une éducation plus permissive et la sacralisation de l’enfant roi, fait que nous n’envisageons pas/plus que l’autre ait possiblement raison ? Et qu’il faille donc écouter ses arguments (autres que ceux entendus dans les émissions de téléréalités et de pseudo divertissements Hanounesques) pour autant qu’il y en ait (des arguments) ? Mais avant tout, qu’est-ce que l’ego et pourquoi serait-il mal placé ?

L’ego, c’est la conscience que l’on a de soi, c’est ce qu’on pense être notre personnalité. En psycho, l’ego peut être vu comme notre “moi”, c’est-à-dire une instance qui écoute nos pulsions, nos désirs, nos envies mais qui est chargée également de les réprimer, de les restreindre, de les rediriger dans la mesure où elle est en relation avec le monde extérieur. Ce monde extérieur qui est régenté par des REGLES de fonctionnement.

Ainsi, le “moi” accepte les désirs (du “ça”, réservoir des pulsions) uniquement s’ils peuvent s’exprimer conformément aux principes de réalité. C’est le médiateur.

Cependant, il y a une différence entre ce que je crois savoir de moi et ce que je suis vraiment. Notre ego est notre conscience qu’on a de nous-même mais elle est limitée, imparfaite et soumise à des déterminismes, le moi s’éloigne largement de notre être réel. Il est à la fois conscient et inconscient et par ses filtres sociaux, il met en place des stratégies comportementales et des mécanismes de défense pour trouver sa place dans la société. 

“Le moi est donc limité à notre personnalité : il est notre posture sociale, ou encore le personnage que nous nous sommes construit sur la base de nos instincts, de notre éducation, de notre psychologie, de notre vécu, de nos relations, de notre histoire personnelle, etc... C’est une carapace qui fonde le « je » que nous croyons être, et qui certes nous permet de survivre dans notre environnement, face aux autres.”

S’il a peur, s’il se sent menacé, alors il se protège, il se replie et a tendance à exclure tout ce qui ne va pas dans son sens. Alors on s’énerve parce qu’on entend un mot qui réveille quelque chose en nous (alors qu’en vrai, l’intention de l’autre n’était pas de nous heurter). Donc, si notre éducation et nos expériences de vie ne nous ont pas inculqué l’ouverture d’esprit et envisager que l’autre peut avoir un avis différent du nôtre, il ne peut exister d’échange contradictoire. C’est ce qui fait que lorsqu’une personne n’est pas d’accord et qu’elle le verbalise, alors la houle se lève et la communication s’interrompt. Et si la communication se rompt, alors tout s’arrête, chacun repart dans son monde imperméable et pauvre. 

Quelles solutions ? La réflexivité (j’envisage que l’autre ait raison), la communication non-violente, l’assertivité, l’authenticité et l’empathie. Encore une fois, si nous ne sommes pas compétents dans un domaine, il vaut mieux faire profil bas et aller se renseigner a posteriori sur le sujet, ce qui nous donnera des arguments pour la prochaine fois. Si un mot ou une intonation semble nous énerver ou nous interroger, on peut aussi demander à l’autre de préciser sa pensée ou de lui dire que son ton semble être un tantinet dur. Il suffit de dire les choses...

“Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes qui, l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir”, disait Henri Poincaré.

Réf. : “La différence entre le moi et le soi”, (jepense.org) ; Freud

 

Ego

Le cerveau des hommes vs celui des femmes

Le 04/11/2021

Certaines réflexions que j’entends ou qu’on m’oppose trop régulièrement est que le cerveau des femmes n’est pas le même que celui des hommes. Et que comme ils sont “génétiquement” ou “naturellement” différents, tout peut être expliqué par cette évidence ! C’est bien pratique puisqu’on fait fi de la responsabilité individuelle et de la possibilité du choix. Cet argument fonctionne d’ailleurs assez bien pour n’importe quoi ! C’est la génétique donc c’est comme ça… Bien sûr, dans ces cas-là, la ou les personnes sont incapables d’argumenter leur position et elles sont aussi incapables d’entendre ma réflexion. Les échanges contradictoires sont très difficiles aujourd’hui, voire quasiment impossibles à avoir. La position est tenue par l’égo et la méconnaissance (prochain sujet d’article : l’égo !). Lorsqu’on n’est pas compétent sur un sujet, mieux vaut le dire, c’est toujours mieux que de s'arc bouter sur un argument lu à moitié dans la presse people ou entendu en vol lors d’une émission de vulgarisation.
 
Ma réflexion de psycho évolutionniste est celle-ci : l’outil cerveau est identique pour l’Humain  mais l’évolution (Darwin) fait que l’outil a été ajusté selon les expériences, les environnements de chacun(e) - comprendre femme versus homme. 
 
Le cerveau d’un homme est-il différent de celui d’une femme ? 
 
S’il existe bel et bien des différences entre le cerveau d’un homme et celui d’une femme, la réponse est plus complexe que ça puisqu’un cerveau humain est un cerveau humain. De la même façon qu’un cerveau de fourmi mâle est le même que celui d’une femelle. C’est le même outil que l’évolution a façonné différemment selon plusieurs données, environnements, conditions. 
 
Mais que ce soit par la taille, la constitution ou le volume de certaines régions cérébrales, en moyenne, le cerveau des hommes et des femmes n’est pas identique. Et ces différences s’expliquent en partie par des différences liées à l'éducation, certains stéréotypes et par la psycho évo Darwinienne (Franceschini et aI., 2014).
 
En fonction du sexe, en ayant développé des compétences différentes et étant soumis aux stéréotypes genrés, il est évident d’observer des différences de performances entre hommes et femmes. Mais il existe réellement des différences dans le développement, dans la structure et les résultats à certains tests comme la rotation mentale (Lenroot et al., 2007, Ruigrok et al., 2014, Parsons et al., 2004 ; Moè, 2009) entre le cerveau d’un homme et le cerveau d’une femme.
 
Durant l'adolescence, la croissance cérébrale diffère chez les garçons et les filles, ce qui aboutit à des connexions différentes selon les sexes. Les hommes sont davantage branchés d'avant en arrière, tandis que les femmes le sont plutôt de droite à gauche. 
Une étude récente mettait en évidence que les femmes savent davantage faire preuve d'attention que les hommes, elles ont aussi une meilleure mémoire des mots et des visages, et manifestent une plus grande intelligence sociale et une plus grande empathie. 
En revanche, elles se trouvent moins brillantes en ce qui concerne la capacité à traiter l'information visuelle par exemple.
 
Les chercheurs ont comparé les cerveaux et globalement, les hommes présentent beaucoup de substance blanche*, qui caractérise surtout les connexions entre les différentes régions de l'encéphale. À l'inverse, les femmes sont mieux pourvues en matière grise*, point de départ de la pensée.
 
Les branchements s'orientent différemment selon le genre. Pour les hommes, ils sont plus denses au sein d'un même hémisphère, donc pour des liaisons d'avant en arrière. Pour les femmes, les trajectoires perpendiculaires sont renforcées, car elles disposent de davantage de connexions entre chacun des hémisphères. Ces connexions dans le cerveau évoluent à l’adolescence.
 
Chez les hommes, l'information passe bien entre le cortex frontal, siège de la coordination de l'action, et le cervelet, à l'arrière de l'encéphale, qui gère les mouvements. À l'intérieur de cette structure, les scientifiques ont malgré tout observé de nombreuses connexions d'un hémisphère à l'autre. Ces données suggèrent donc une meilleure aptitude pour l'exécution des tâches motrices. 
 
Les femmes montrent davantage de câblages entre l'hémisphère droit, qu'on schématise souvent comme étant lié à l'intuition, et l’hémisphère gauche associé à la logique. Elles seraient donc mieux équipées pour intégrer les données. 
 
Les chercheurs ont également observé l'ampleur des différences en fonction de l'âge. Entre 8 et 13 ans, les cerveaux demeurent assez ressemblants selon les sexes. En revanche, ils sont les plus dissemblables entre 14 et 17 ans, en plein milieu de l'adolescence, avant que les différences ne s'atténuent un peu chez les jeunes adultes.
 
 
 
 Cerveaux hf
 

Réf. : 
“Neuromythes : cerveau masculin versus cerveau féminin”, 08.03.2018, par Christophe Rodo, doctorant ATER Aix-Marseille Université
PNAS January 14, 2014 111 (2) 823-828 ; https://doi.org/10.1073/pnas.1316909110, Edited by Charles Gross, Princeton University, Princeton, NJ, and approved November 1, 2013 (received for review September 9, 2013)
Matière grise et matière blanche du cerveau: définitions | Psychomédia (psychomedia.qc.ca) 
La substance blanche, support de l’intelligence ? | Cerveau & Psycho (cerveauetpsycho.fr)

 
*La matière grise du cerveau contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (neurones) alors que la matière blanche contient les fibres nerveuses (axones des cellules nerveuses) entourées d'une gaine de myéline protectrice (voyez l'illustration d'un neurone plus bas). La myéline, qui donne la couleur blanche, agit comme un isolant qui facilite la transmission des signaux transmis par les fibres nerveuses. La matière grise est distribuée dans le cortex (surface des hémisphères cérébraux et du cervelet), et plus profondément, dans les noyaux (ex. thalamus, hypothalamus), dans le tronc cérébral et la colonne vertébrale. Les structures de la matière grise traitent l'information provenant des organes sensoriels ou d'autres régions du cerveau constituées de matière grise. La matière blanche est composée de faisceaux de fibres qui connectent les différentes régions de matière grise et transmettent les communications entre les cellules nerveuses.
Quel est le rôle de la substance grise ? La substance grise assure la fonction de centre nerveux : réception des messages, analyse complexe des informations, élaboration des réponses. ... Comparée à la substance blanche, elle est ainsi en quelque sorte la partie « noble » du système nerveux.
La substance – ou matière – grise est le lieu des opérations mentales et du stockage des informations. C’est la couche externe du cerveau ou cortex ; elle est composée d’un grand nombre de corps cellulaires neuronaux – les régions des neurones qui intègrent des informations. Mais en dessous, il existe un socle de substance blanche qui remplit près de la moitié du cerveau humain – une proportion beaucoup plus élevée que dans le cerveau d’autres animaux.
Qu’est-ce que la substance blanche ? Ce sont des millions de câbles de communication, chacun contenant un fil unique, ou axone, entouré d’une substance grasse blanche, nommée myéline. Ces câbles blancs relient les neurones d’une région du cerveau à ceux d’une autre (voir l’encadré page 50). Pendant des décennies, les neuroscientifiques se sont peu intéressés à la substance blanche. Ils considéraient la myéline comme un simple isolant et les axones comme de banales voies de passage passives. Les théories de l’apprentissage, de la mémoire et des troubles psychiques reposaient sur des mécanismes moléculaires ayant lieu dans les corps cellulaires des neurones et dans les synapses – les points de contact entre neurones.
Mais le transport correct de l’information entre les aires cérébrales est nécessaire au bon fonctionnement du cerveau. Des personnes ayant des expériences « mentales » différentes ou présentant certains dysfonctionnements n’ont pas la même quantité de substance blanche. Et cette quantité change aussi par exemple au cours de l’apprentissage ou de la pratique d’un instrument, tel le piano. Bien que ce soient les neurones de la substance grise – ou plus précisément leurs corps cellulaires – qui intègrent et exécutent les activités mentales et physiques, l’intégrité de la substance blanche serait tout aussi importante pour maîtriser certaines capacités mentales et sociales, et expliquerait aussi pourquoi les personnes âgées ont des difficultés pour apprendre.

 

 

Inhibition Divine...

Le 19/10/2021

Dans les pays anglo-saxons, la part du religieux occupe une place importante que ce soit dans la sphère privée que dans la sphère professionnelle. Ainsi, les croyants passent un temps certain à penser à leur Dieu pendant qu’ils s’affairent.  

Est-ce que pour autant, cela influe sur leur créativité ?

Les recherches actuelles suggèrent qu’effectivement les croyants partent avec un désavantage - par rapport aux non-croyants - dans les tâches qui demandent de la créativité et que cela est nettement renforcé lorsque les croyants pensent activement à leur Dieu et s’en remettent à Lui. Se faisant, les croyants adoptent un état d’esprit passif qui inhibe leur capacité à trouver des solutions novatrices. 

Parce que les adeptes acceptent l’influence de leur Dieu, son omniscience, son omnipotence, cela induit qu’ils s’en remettent totalement à Lui. Les croyants, qui ont une foi profonde, partent donc du principe que leur Dieu seul détient le savoir, la connaissance et l’expertise.

Les croyants construisent socialement leurs rôles en fonction de la vision qu'ils ont quant aux responsabilités inhérentes du rôle de “suiveur” et sur la meilleure façon de les assumer efficacement. L'hypothèse sous-jacente est que les différences de rôles hiérarchiques sont légitimés et justifiées par des différences de connaissances, d'expertises et d'aptitudes. 

Les suggestions qu’ils pourraient faire sont donc auto censurées, même s’ils ont l’opportunité de les verbaliser. Pour eux, ce serait se montrer irrespectueux envers leur Dieu. 

Le fait de suivre passivement leur Dieu ne décourage pas seulement la pensée indépendante, elle donne également la priorité à une vision d’un monde global déjà établi et pétri de certitudes.

S’il y a des croyants passifs, il y a logiquement des croyants actifs.

Pour ces derniers, ils se voient actifs dans leur foi comme producteurs et partenaires dans le process de décision. S’ils acceptent l'influence de leur Dieu, ils soulignent également l'importance de s'exprimer, d'offrir des opinions et de contester de manière constructive les orientations de leur leader. 

 

Divine inhibition: Does thinking about God make monotheistic believers less creative? - ScienceDirect

In god we trust