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Portes Ouvertes des Artistes de Ménilmontant

Le 08/09/2018

Du 27 au 30 septembre, de 14h à 20h (nocturne jusqu'à 22h le 28), les Artistes de Ménilmontant organisent des Portes Ouvertes !

Je vous invite à venir découvrir les différentes activités qui y sont pratiquées, notamment le CERCE.

Le CERCE est un collectif regroupant 3 artistes art-thérapeutes, Véronique TAT (violoncelliste concertiste, enseignante et musicothérapeute) - Alessandra LANEVE (peintre, art-plastique, calligraphe japonaise, graphiste et art-thérapeute) - Patrick LAURIN (peintre, art-thérapeute, formateur et superviseur en art-thérapie) qui ont la gentillesse de m'accueillir pour débuter mon activité de psy en libéral dès le mois d'octobre.

La complémentarité entre la psychothérapie et l'art-thérapie n'est plus à démontrer... lorsqu'en plus cela se pratique dans un cadre doté d'une âme bienveillante !

 

Venez donc nombreux nous rencontrer et nous nous ferons un plaisir de vous présenter nos activités.

 

Po menilmontant

 

https://ateliersdemenilmontant.org/adm/portes_ouvertes/portes_ouvertes.htm

https://cerce-collectif.org/

 

 

La force d’un témoignage investi et authentique !

Le 05/08/2018

Article qui aurait également pu s’intituler : « Reconnaître le dysfonctionnement du lien mère-fille au travers d’un témoignage relatif à un TCA », dans la mesure où ce dysfonctionnement est clairement désigné au travers d’un geste spécifique, à 2 moments uniques de cette interview. Nous verrons quel est ce geste un peu plus loin.

Double objectif aussi pour cette analyse qui pointera les marqueurs gestuels témoins de la véracité d’un témoignage, ici un trouble du comportement alimentaire, et l’évocation inconsciente d’une information connexe non prévue, ici le lien mère-fille dans l’enfance.

Rappelons que dans le mensonge, il est fréquent que l’individu regarde significativement son interlocuteur pour constater si son histoire est crue par l’autre. Il emploie plus volontiers des pronoms impersonnels et se dissocie de l’évènement qui est généralement une histoire peu complexe illustrée par des mots à teinte négative.

En revanche, dans la vérité l’emploi du « je » est fréquent, la personne assume sa responsabilité dans l’événement et le regard se défocalise involontairement (défocalisation passive) et fréquemment.

Ely Killeuse est bloggeuse et témoigne, pour le Huffington Post, de sa relation avec ses parents lorsqu’elle était en proie à un trouble du comportement alimentaire.

A noter qu’il n’y a pas d’image inversée si je me réfère au t-shirt en début de séquence et à son livre qu’elle tient devant elle.

« Quand ma mère s’est aperçue que je me faisais vomir… »

Nous constatons immédiatement cette défocalisation passive du regard, véritable témoin de la véracité du discours. A l’évocation de sa mère, la bloggeuse se démange nettement la base du nez (N20 à 36 sec.), marqueur gestuel spécifique qui signifie que tout n’est pas dit.

L’évènement est décrit tout d’abord avec la main gauche (40 sec.) puis ce sont les deux mains qui sont employées (cognition incarnée) ; main gauche qui nous indique que le sujet la touche particulièrement.

Ely Killeuse montre une certaine rigidité (liée à elle, à son histoire) par le côté extérieur gauche de sa bouche qui s’étire (40 sec.). Cette gêne liée à l’image renvoyée aux autres et à soi est aussi visible par la lèvre inférieure qui s’étire vers le bas, laissant apparaître les dents (45 sec. avec la vitesse réduite à 25%). Cette gêne ressentie est un mélange de peur et de dégoût que nous pourrions réinterpréter comme une révulsion ressentie face à sa maladie.

« Ensuite, j’allais me faire vomir et vu que mes parents travaillaient tard, ils ne s’en rendaient pas compte. »

A nouveau, Ely Killeuse défocalise son regard, témoin de son sentiment de culpabilité. Les sourcils se lèvent pour souligner les propos (53 sec.). A la fin de l’évocation de son souvenir, sa bouche se ferme avec une tension visible dans la mâchoire, ce qui indique qu’elle ne souhaite pas en dire davantage.

Lorsqu’elle parle des vomissements répétitifs et des conséquences sur la santé, sa bouche se ferme pour en dévoiler peu sur ce sujet et sa langue sort très rapidement en son centre (1 min. 14 sec.). Est-ce une langue de vipère ou une langue de délectation ? J’opte pour le fait qu’elle savait ce qu’elle encourait mais qu’elle n’en avait pas pris conscience. Sa langue sortie vient donc nous dire « oui je le savais mais je l’ai fait quand même, parce qu’à ce moment-là, j’en avais besoin pour mon équilibre psychologique.» Et c’est ce qu’elle nous confirme juste après lorsqu’elle dit que « l’envie d’être mince était plus intéressante que de prendre soin de ma santé. »

« Ce qui m’a vraiment aidée, c’est quand ma mère m’a emmenée faire du shopping… »

Voici le second moment important de l’interview, lorsqu’elle évoque sans en avoir conscience sa relation dyadique mère-fille. Ce qui est intéressant, c’est à nouveau cette micro démangeaison faite avec son index gauche (l’index est le « je » personnel, celui qu’on tend lorsqu’on veut prendre la parole) à la base du nez (N20) et qui nous indique des propose cachés, des non-dits. Elle déglutit, sa mâchoire se crispe quand elle avoue qu’elle se faisait mal autant qu’aux autres, ses yeux sont humides et sa bouche se ferme pour ne plus trop en dire (1 min. 34 sec.).

« Mon père rentre tard, ma mère, elle, elle a l’avantage de travailler en poste… »

Ce coup-ci, c’est son majeur droit qui vient gratter la base de son nez alors que ses propos font référence à son père ET à sa mère. Ce geste m’interroge, effectué de la main droite il induit l’environnement, le monde extérieur tandis que le majeur fait référence à la libido, au couple…

Pour ma part, je comprends qu’il y a une tension à la base dans la relation dyadique mère-fille, comme je l’ai précédemment dit, et que cette tension a grandi du fait du TCA de Ely. Ce geste traduit inconsciemment un reproche adressé à sa mère, un manque qui a été ressenti avec force et qui a été à l’origine du TCA. Le manque, qui fut source d’une grande angoisse pour la bloggeuse, a été redirigé vers le corps, vers une action (décharge pulsionnelle de l’agir) pour satisfaire son homéostasie.

Quelques dizaines de secondes après (2 min. 24 sec.), Ely se démange une partie du corps qu’on ne voit pas du fait du cadrage de la caméra, lorsqu’elle dit qu’il est nécessaire d’aller consulter un médecin bienveillant. Elle marque ainsi son regret de ne pas en avoir trouvé un, ou de ne pas l’avoir fait.

« Malheureusement, dès l’enfance on instruit un rapport compliqué à l’alimentation… »

C’est par ailleurs un autre moment important de cet entretien parce qu’il témoigne d’un vrai rejet. Le regard se détourne franchement à sa droite, semblant vouloir éviter son propos. Elle place ainsi de facto l’alimentation, qu’elle aime et qu’elle vante, sur sa gauche (côté cœur bien sûr).

Les mains s’activent à nouveau, paumes dirigées vers elle et formant ainsi une bulle imaginaire protectrice. Ainsi, elle s’associe à son discours.

Dans cette analyse, nous avons vu que les marqueurs gestuels mis en avant, de façon inconsciente, par la bloggeuse traduisent un discours vrai, un témoignage de son expérience personnelle mais dévoilent également de façon insidieuse l’origine de son TCA.

Ces marqueurs sont perceptibles à l’œil nu pour autant que nous soyons entraînés à y faire attention. Ils sont importants parce que leur appréciation permettra un meilleur questionnement du thérapeute, notamment sur les non-dits du patient, mais également dans un cadre judiciaire.

Pour information à propos des TCA, Irène Chatoor et l’école de Washington ont établi la classification nosographique la plus reconnue en France et à l’étranger des TCA, qui permet un meilleur diagnostic :

  • Le trouble alimentaire de la régulation des états,
  • Le trouble alimentaire associé à un manque de réciprocité mère-nourrisson,
  • Les aversions sensorielles alimentaires,
  • Le trouble alimentaire associé à des conditions médicales concurrentes,
  • Le trouble alimentaire post-traumatique.

Pour une bonne prise en charge, le thérapeute se doit de :

  • Ne pas exclure la possibilité d’une cause organique,
  • Evaluer l’intensité du trouble relationnel et les répercussions sur l’enfant de la personnalité des parents,
  • Proposer une guidance maternelle et la requalification des compétences paternelles.

Pour la suite me concernant, je serai en formation sur la prise en charge du trauma psy en septembre et dès novembre j’aurais l’honneur de participer à une certification à l’entretien cognitif (une première en France), dispensée par le Pr. Jacques Py. L’entretien cognitif a été récemment utilisé en France pour une affaire pédo criminelle et a déjà démontré sa très grande utilité outre atlantique.

 

Ely killeuse

Lien vers la vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=AjqKlyPHfow

Liens vers les articles connexes :

http://elykilleuse.fr/

https://projet.chu-besancon.fr/pmb/PMB_Ecoles/opac_css/doc_num.php?explnum_id=171

https://www.cairn.info/revue-perspectives-psy-2007-4-p-354.htm

https://recherche.univ-paris-diderot.fr/actualites/les-troubles-du-comportement-alimentaire-lies-la-relation-parentale

http://www.lemangeur-ocha.com/wp-content/uploads/2012/04/AlimAdos-Meryem-Sellami3.pdf

newman et al 2003 – Lying words : Predicting deception from linguistic styles

http://psychotemoins.inist.fr/?Ameliorer-la-qualite-des-portraits

Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !

Le 05/07/2018

3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.

 

Redouane faid 1

« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »

Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !

Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.

Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.

La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.

 

Redouane faid 2

« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »

Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.

Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contre balancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.

 

Redouane faid 3

« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »

Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.

 

Criminel un jour, criminel toujours !

 

Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs

 

Affaire de 8 infanticides : Dominique Cottrez

Le 11/06/2018

Le fait divers criminel est toujours/souvent l’occasion d’un débat/intérêt passionné et fascinant. L’amour peut y côtoyer la mort et certains crimes peuvent rester incompris du grand public, à cause de la nature même du crime, du scénario joué ou encore de l’auteur(e) et des victimes.

C’est le cas de l’infanticide. C’est un crime à traiter à part des autres, qui eux, sont souvent la conséquence de frustration, de jalousie, de haine. Mais qu’en est-il lorsqu’il est la conséquence de l’amour sur fond de crypte ? Comment comprendre cet acte d’une mère à l’encontre de son nouveau-né ? Pour tenter de comprendre ce passage à l’acte, il faut faire preuve d’une profonde et réelle empathie cognitive (et non émotionnelle).

 

Rappel des faits

Les acquéreurs d’une maison découvrent, en réalisant des travaux dans leur nouveau jardin, deux sacs en plastiques contenants les cadavres de deux bébés. Cette maison appartenait au père de Dominique Cottrez, qui reconnaîtra être la mère des bébés, de même qu’elle reconnaîtra la présence de six autres corps dans son garage et sa chambre à coucher.

Aucun des corps ne porte de trace de violence. Dominique Cottrez (DC – je n’y peux rien…) explique au juge avoir été victime d’inceste pendant très longtemps (propos niés par la suite, cependant il ne faut pas oublier l’état de sidération que peut provoquer un traumatisme psychique, et donc la possibilité d’état de confusion dans lequel se trouve la victime, même des années après les faits) et avoir agi par crainte que les enfants ne soient de son propre père.

Après deux ans de détention provisoire, DC a été remise en liberté et placée sous contrôle judiciaire.

 

De l’économie psy

Chaque affaire d’infanticide ne doit pas faire appel à des statistiques, parce qu’elle est empreinte d’un contexte familial lourd et propre à chacun.

Ainsi, le profil de la mère infanticide (meurtre d’un bébé de moins de trois jours) concernerait des femmes jeunes, célibataires, sans antécédent psychiatrique et accouchant seules suite à un déni de grossesse. Le profil de la mère liberticide (meurtre d’un enfant âgé de un à onze ans) concernerait des femmes plus âgées, qui passent à l’acte dans un contexte pathologique dépressif sévère (Besnier, 2004).

Ces profils ne s’appliquent pas à DC. En premier lieu parce qu’il ne s’agit pas d’un déni de grossesse mais d’une dissimulation de grossesse. DC reconnaît et a conscience de ses grossesses mais elle est incapable d’en parler à quiconque. Dans le cas de DC, le passage à l’acte est un aveu de ne pas pouvoir établir de lien primaire, propre à la mère et à son nouveau-né. Elle aime trop ses enfants, même si cela semble paradoxal, pour les laisser exister/vivre en tant que conséquences de viols.

Au même titre qu’il existe des suicides altruistes, il existe (et c’est ici le cas) des meurtres altruistes. Ils sont la conséquence de carences affectives importantes et mortifères, d’un sentiment d’abandon profond et vraisemblablement de traumatismes qui datent de l’enfance et non traités. Traités suite à une résilience ou par une intervention extérieure. Il a été impossible à DC d’extérioriser/verbaliser ses épisodes traumatiques. La seule voie d’expression fut la somatisation dans le meurtre, somatisation paroxysmique des traumas subis.

Le refoulement peut avoir des effets délétères si l’évènement n’est pas pris en charge. Pour DC, accoucher et tuer ses enfants seraient comme taire ses mots/maux révélateurs du trauma. Elle est dans l’impossibilité de nommer ses enfants victimes parce qu’ils sont la représentation insupportable de la mauvaise mère, l’incarnation du mauvais sein, d’où une image de soi fortement dégradée, insupportable, confortée par un physique qui n’est plus une représentation féminine.

 

Le silence tue !

Garder les corps à proximité d’elle était comme se donner la possibilité de hurler ses mots/maux quand nécessaire, en posant simplement un regard sur les cadavres gardés à demeure et à l’insu (déni ?) de sa famille, son mari en particulier.

 

 

Dominique cottrez

 

Affaire Alexia DAVAL : Enquête Criminelle W9

Le 25/05/2018

 

Tout est la faute de la Femme !

Le 29/04/2018

« Le 23 mai 2014, Elliot Rodger poignarde successivement ses deux camarades de chambre ainsi qu'un de leurs amis alors qu'ils rentraient dans son appartement. Quelques heures plus tard, il se rend à un café Starbucks où il achète un café. Il retourne ensuite dans sa voiture et met en ligne, grâce à son ordinateur portable, un manifeste et une vidéo dans lesquels il expose ses motivations.

Armé de plusieurs pistolets, Elliot Rodger se rend alors à une maison de sororité à la porte de laquelle il frappe, avec l'intention de tuer les étudiantes à l'intérieur. Ne recevant pas de réponse, Rodger tire sur trois étudiantes qui passaient devant la maison, tuant deux d'entre elles et blessant la troisième. Rodger retourne dans sa voiture et se rend à un bâtiment inoccupé vers lequel il tire, pensant pouvoir y atteindre d'éventuels occupants. Le tueur continue de rouler jusqu'à un magasin, où il abat un homme. Elliot Rodger conduit à vive allure à travers la ville, parfois du mauvais côté de la route.

Il tire sur les passants et renverse volontairement piétons, skateboarders et cyclistes.

Il échange deux fois des coups de feu avec la police et est blessé à la hanche lors de la seconde altercation. Il renverse un cycliste et sa voiture finit par rentrer dans un véhicule stationné.

Un adjoint au shérif retire alors Rodger de la voiture pour le menotter et constate sa mort, le tireur s'étant suicidé d'un tir de fusil à pompe dans la tête. »

Lien vidéo Elliot Rodger : https://www.youtube.com/watch?v=G-gQ3aAdhIo

 

Mais quel est le lien entre les « incels » et Elliot Rodger et plus récemment Alek Minassian, l’auteur de l’attaque à la voiture bélier le 23 avril dernier ?

C’est le rapport conflictuel aux femmes et à la sexualité plus particulièrement. Je devrais même dire l’absence de sexualité parce que c’est bien son absence qui mène à la violence contre les femmes. Le ressentiment, la frustration, des mécanismes assez simples mais insidieux et ravageurs et toujours les mêmes victimes :

 

les femmes !

 

« Les incels sont la contraction de involuntary celibate, des hommes reprochant violemment aux femmes leur célibat de longue durée, jusqu’à leur vouer une haine féroce. (…) Curieusement, le terme qui les rassemble a été inventé dans les années 1990 par une femme, Alana, une canadienne. (…) En 1993, la jeune femme n’a jamais eu de relation sexuelle, ni de petit ami. (…) A la fin des années 1990, elle crée un site, « Alana’s Involuntary Celibacy Project », qu’elle voulait comme une plate-forme d’entraide ouverte à ceux dont la vie sexuelle a été marginalisée à cause de normes de genre trop rigides ou de difficultés relationnelle. Les années passent et plus à l’aise socialement, elle finit par céder son site à un inconnu… » (Emilie Brouze – 26 avril – L’Obs)

Lien vers l’interview d’Alana : https://www.theguardian.com/world/2018/apr/25/woman-who-invented-incel-movement-interview-toronto-attack

 

Ce qui n’était au départ qu’un blog qui rassemblait des témoignages de jeunes n’ayant que peu de connaissances des codes sociaux, qui n’ont pas la chance d’avoir un physique « agréable » ou en tous les cas « dans la norme », s’est mû en un groupe d’hommes plus radicaux. Chaque membre participant à la dynamique malsaine de désigner ceux qui « réussissent » comme leurs ennemis.

Flashback... L’adolescence est marquée par ce désir de faire partie d’un groupe dans lequel l’individu s’identifie et y voit comme une reconnaissance, une appartenance. Il s’identifie à ses membres. L’inclusion est la vie ; le rejet est la mort. L’adolescence est aussi la période des premiers amours. Si chacun arrive dans l’adolescence avec son vécu familial, cette période particulière nécessite de reconnaître puis de s’approprier les codes sociaux. A défaut de schémas précoces adaptés, ce n’est ni plus ni moins que le rejet qui guette l’individu et ce rejet pourra être vécu comme violent/traumatisant.

Amour propre, estime de soi, valorisation sont les enjeux de l’inclusion et cela peut vite dégénérer en frustration, auto-dévalorisation, ressentiment ou encore conduite addictive et appétence traumatophilique. Ainsi, l’absence de relation affective, sentimentale, amoureuse, sexuelle créée une vive tension psychologique qui ne fera que s’exacerber à moyen et long terme, si l’individu ne réinvesti pas sa libido dans une voie socialement acceptable, et s’il ne se remet pas en question, alors la tension deviendra mortifère.

A ce stade-là, il existe différentes solutions proposées par notre belle et (si juste) société de consommation ! Là où tout se vit dans l’instantanéité, dans la possession et dans l’individualité, les sites pornos connaissent un essor fulgurant, les applications de rencontre se portent très bien alors même que hommes et femmes ne recherchent évidemment pas la même chose en s’y inscrivant. Même au niveau du simple plan Q, la femme va vouloir une certaine « bienséance » faisant office de préliminaires alors que l’homme peut aborder le date beaucoup plus « simplement » et zapper cette phase de « reconnaissance ».

Dans le traitement/l’assimilation d’une simple déception amoureuse ou même face à l’absence d’un quelconque intérêt affectif/amical envers un(e) individu(e), la différence entre genre est flagrante. Si la jeune femme peut se replier sur elle-même, consulter sa mère ou ses amies, le jeune homme va être envahi par une certaine violence créée par la frustration.

Pour des personnes influençables et "pauvres intellectuellement", le passage à l’acte violent est une option malheureusement de plus en plus choisie. Il s’agira alors de trouver un bouc-émissaire, de se victimiser, de partir à la recherche d’autres qui vivent le même malaise ou encore de s’endoctriner (religion), tout cela pour trouver une justification à son mal-être, pour décharger cette tension psychologique devenue invivable et pour être reconnu !

Pourtant, s’ouvrir aux autres, s’intéresser à l’art, à la littérature, faire du sport, du théâtre ou toute autre activité provoquera nécessairement une remise en question et permettra d’être plus ouvert, plus curieux, plus empathique.

 

En conclusion les gars, soyez moins cons !

 

 

Tintin

 

 

 

Subversive pudeur !

Le 16/04/2018

La pudeur est un sentiment de réserve, de retenue, de honte et de délicatesse (source : wikipédia), un sentiment plein de sincérité. Elle se manifeste par une attitude spécifique observable par les mouvements du corps. Mais elle tranche également aujourd’hui avec les attitudes ostentatoires où nombreux sont ceux qui croient que parler haut et fort rend plus respectable, plus incroyable et confère une certaine légitimité.

La sincérité et la pudeur apparaissent particulièrement à l’évocation d’un thème très personnel. C’est encore plus vrai lorsque ledit thème a quelque chose de subversif, qu’il existe une tension, un clivage qui peut nous pousser à en ressentir une légère honte à l’évoquer.

C’est parce que j’aime cette pudeur que l’interview de Romain Duris, par Patrick Cohen, m’a plu et que je souhaitai en partager l’analyse avec vous. Le sujet évoqué est le recueil des dessins érotiques de l’acteur qui a fait l’objet d’une parution et d’une exposition fin 2017.

« Pulp » en est le titre, abordé bien sûr par le journaliste dans le sens le plus explicite de la nudité crue, voire du porno. Il n’a pas totalement tort puisque c’est bien le thème des dessins de Duris et c’est ce qui met l’acteur dans l’embarras.

Il s’agit donc de défendre ses productions artistiques dans un contexte social a minima pudibond qui prône une neutralité de toute chose, voire à une ségrégation du corps par des pseudo-neo-religieux…

Voyons quels sont les marqueurs gestuels de la pudeur ressentie et affichée.

 

« Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de révéler vos œuvres, alors que vous dessinez depuis toujours ? »

Sa main gauche vient poser index et majeur au travers de sa bouche, s’interdisant la parole pour l’instant. Vous pouvez même observer une tension dans les lèvres qui s’avancent rapidement sans jamais s’ouvrir (à 9 sec. mais presqu’imperceptible à vitesse normale). Romain Duris va devoir se justifier, ce qui ne manque pas de lui faire ressentir de la gêne. Sourcils relevés parce qu’il est dans la relation mais qui signifie également une prise de distance pudique, corroboré par la lèvre supérieure gauche ascendante qui marque une certaine rigidité liée à l’extérieur. Il se donne le temps de la réflexion. L’index et le majeur de la main gauche viennent gratouiller le menton pour traiter ce sujet qui est très personnel, nous l’avons vu. Le regard part vers le bas, comme très souvent lors de cette courte vidéo, Romain Duris va puiser dans ses souvenirs émotifs nécessaires à sa justification. Ce regard est aussi un retour sur soi, un peu comme une fugue dissociative. Enfin, la position du buste est très parlante, au centre et sur sa gauche, ce qui signifie que l’acteur est dans l’expression de la timidité.

 

« Ce métier, le cinéma, est arrivé par hasard… »

Là, le sujet du cinéma semble poser question à Romain Duris, pour quelle raison ? Je lui aurais bien posé la question. Sa main droite entre en action afin de contrôler son discours, elle vient gratter sa mâchoire inférieure, ce qui est un signe plutôt d’agressivité, et son épaule droite s’élève, ce qui marque un effort d’expression sur un sujet objet d’un certain malaise. Est-ce qu’il ne souhaitait pas aborder le sujet ? Est-ce qu’il se dit que son étiquette d’acteur va prendre le dessus dans cette interview au détriment de son recueil de dessins ?  

Quelques secondes plus tard (à 18 sec.), on peut voir (à vitesse diminuée de moitié) sa lèvre gauche inférieure descendre et laisser apparaître ses dents. C’est l’expression d’une émotion négative liée à soi. Ce marqueur gestuel réapparaît à la 30ème sec. lorsque Patrick Cohen évoque le casting sauvage pour le film de Cédric Klapish, « le péril jeune »… Il est vraiment temps pour lui de revenir à ses dessins.

 

« J’ai attendu si longtemps parce qu’il y a un moment pour tout. »

Le discours est toujours contrôlé avec une main droite active mais sa paume est dirigée vers lui, ce qui montre son implication. Ses gestes sont près du corps, fluides et tout en rondeurs. Il se livre enfin.

 

« Avoir du matériel, des dessins anciens, des dessins plus récents. »

Sa langue sort subrepticement au centre de la bouche pour y rentrer rapidement. Il se délecte de son œuvre mais sans le dire franchement, il réprime sa joie en quelque sorte mais son corps parle pour lui. D’ailleurs il conclut cette séquence de justification par une lèvre inférieure gauche descendante, traduisant ainsi son inconfort, tout comme ce pouce droit dont il va rogner l’ongle…

 

« J’ai pas toujours envie de montrer tout ce que je fais. (…) Jamais j’aurais eu le culot de me dire que mes dessins sont dignes d’être exposés. »

La main droite est toujours active, sa paume vers lui et haussement des sourcils sur « culot » histoire de rester dans l’ambivalence des émotions.

 

Il n’est jamais chose aisée pour un introverti de parler d’un sujet qui le passionne et qui plus est, subversif, dans les temps qui courent. La pudeur, qui devrait être une valeur à valoriser selon moi, vient tempérer la joie que voudrait exprimer la personne. C’est la marque d’une intelligence et d’une finesse émotionnelle.

 

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=d9TlkLirKX0

 

Pulp

Le gendre idéal : Jonathann Daval !

Le 03/02/2018

Comment le gendre idéal a-t-il pu berner tout le monde ?

 

La question aurait pu se poser autrement : comment Jonathann Daval a-t-il pu mentir à tout le monde ? Mais d’ailleurs, a-t-il vraiment menti ? A-t-il caché une partie de la vérité ? A-t-il joué une sombre et cynique comédie ?

 

Se pose alors la question de l’authenticité et des signes qui permettent de la reconnaître. Lorsqu’une personne montre une émotion qu’elle ressent réellement, on s’attend à voir des épaules hypotoniques ou hypertoniques comme dans la tristesse ou la colère. On s’attend à une augmentation des clignements des paupières, des mouvements de bouche mais également à des gestes effectués avec les mains plus ou moins proches du corps.

 

Dans le cas de JD, seul le visage (d’après les vidéos que j’ai visionnées) nous apporte des éléments de réponse. Et au final, et évidemment renforcé par ses aveux, il s’agit d’un « mensonge vigilant », c’est-à-dire que JD doit en dire le moins possible afin que le peu d’informations verbales et non verbales extériorisées ne puissent lui être retournées. Il est donc confronté à une double contrainte : laisser s’extérioriser sa tristesse mais en en montrant le moins possible.

 

Avant d’analyser la vidéo et de vérifier s’il y a une émotion sous-jacente, il est important de rappeler les éléments connus.

 

Quels sont les éléments contextuels ?

 

D’abord JD affiche un physique petit, fluet, quelques rides sur le front, des sourcils peu mobiles, une coiffure branchée. JD apparaît comme une personne timide voire introvertie, il est informaticien, il est supporté par le père de sa femme lors des différentes sorties filmées. Il est à mille lieux d’un physique à la Charlton Heston et apparaît même efféminé…

 

JD a rencontré sa femme au lycée et il dit qu’ « elle a changé sa vie (…), qu’elle est une complice délicieuse » (Ouest-France). Elle avait 29 ans, était employée de banque, joggeuse donc active et énergique.

 

L’enquête a révélé une relation conflictuelle depuis quelques temps, avec des disputes que les voisins qualifient de crises hystériques, puis des échanges de SMS qui révèlent des propos violents de la part d’Alexia et enfin, une difficulté à concevoir un enfant (ce qui ne manque pas de créer des tensions, voire de les exacerber si elles étaient déjà existantes).

 

Meurtrier et triste à la fois ?

 

A l’analyse de la vidéo, il n’est vraiment pas aisé de se rendre compte que JD est l’auteur de ce crime sordide, cependant, quelques items peuvent être sujets à caution.

 

JD est authentique parce qu’il ne feint pas la tristesse. Elle est lisible sur toutes les images quand son hémi visage gauche est plus crispé que le droit (4 min. 05), avec les bords extérieurs de la bouche tombants, le menton qui se « froisse », ce ne sont pas des mimiques que l’on peut feindre facilement. Ses larmes sont bien là aussi. Les épaules sont hypotoniques, aucune des deux épaules n’est plus haute que l’autre donc il n’y a pas d’enjeu personnel, pas d’envie de performer. Les clignements d’yeux sont biens présents et même très (trop ?) appuyés, le chagrin éprouvé nécessite même l’ouverture de la bouche pour une meilleure oxygénation, on voit JD souffler souvent pour évacuer cette profonde tristesse. Son regard défocalise souvent mais de manière passive (4 min. 17 ; 4 min. 40 ; 5 min. 32), ce qui va dans le sens d’une authenticité. Par contre, nous ne voyons jamais de mouvement ni des bras, ni des mains, aucune micro démangeaison… mais JD est une personnalité timide et introvertie, voyez sa bouche souvent fermée (4 min. 17), son regard se baisse pour rentrer dans sa bulle (4 min. 44) ce qui est cohérent avec sa gestuelle économe.

 

Cependant, quelques items viennent parasiter le message…

 

A 4 min. 41, la bouche de JD se ferme en « huître » signifiant que des propos sont retenus, ce qui semble anachronique, d’autant que la langue sort pour rentrer immédiatement (ROBL10) confirmant cette envie de ne pas dire.

 

A 5 min. 47, JD a une déglutition marquée alors que je n’en ai pas vu précédemment et à nouveau sa langue qui sort pour rentrer immédiatement (ROBL10).

 

Enfin, et c’est pour moi le moment « clé » de ces items, à 5 min. 48, JD a une moue d’agacement, de circonspection avec une mise à distance des autres (ROBDGEA + ROSDA pour nous synergologues) sur la phrase prononcée par sa belle-mère : « cette marche que nous souhaitons silencieuse… ».

 

Comment expliquer ce hiatus ?

 

Je me permets une ou deux remarques qui pourront jouer un rôle dans l’explication. Le couple formé par JD et AD ressemble fortement à celui des parents d’AD. La mère est sur le devant de la scène, c’est elle qui parle, elle occupe une fonction de conseillère municipale, c’est donc une femme de pouvoir, alors que le père ne parle pas, il est effacé et soutient physiquement son gendre.

 

Le couple JD / AD habite dans la maison des grands-parents d’AD, ce n’est pas un bien acquis en commun (et alors me direz-vous ? J’y viens…).

 

JD a connu sa femme très jeune, au lycée, il dit qu’elle a changé sa vie, il est ainsi entré dans un processus d’idéalisation de sa femme, objet de son surinvestissement émotionnel. Le but étant de réparer évidemment un ego en berne, non valorisé et une faible estime de soi.

Cette idéalisation permet d’éviter la dépression mais qu’en est-il lorsque l’objet idéalisé souhaite vous quitter ? Si cela se réalisait, JD se serait retrouvé sans maison, sans femme, sans enfant promis et surtout, seul face à son narcissisme blessé et donc anéanti dans le sens le plus complet.

Malheureusement statistiquement, les hommes ont une fâcheuse tendance à passer à l’acte contre celle qui les menace de partir.

 

L’idéalisation fixe le couple dans un système non viable à terme, qui ne peut qu’imploser dès lors qu’un élément perturbateur vient mettre son grain de sable dans la machine d’un équilibre précaire. En particulier ici, le désir d’avoir un enfant est une difficulté dont, on peut facilement l’imaginer, chacun peut reprocher le tort à l’autre (je vous rappelle que AD est plutôt affirmée alors que JD est efféminé) et là, à chacun sa méthode… c’est ce qu’attestent les crises d’hystérie relatées par les voisins.

 

A mon humble avis, et là où JD ne pourra pas faire croire à la thèse de l’accident (un étranglement ne prend rarement que quelques secondes…), c’est qu’il avait conscience de ses actes et que le déni affiché lors de la conférence de presse et lors de la marche blanche n’a pas tenu face à la cruelle et sordide réalité.

 

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Vw4Ep_YvIos

 

J daval