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Le corps parle... confirme... affirme... : Richard Malka
Le 19/02/2021
Richard Malka est avocat, enseignant à Paris Nanterre, spécialiste des questions de liberté d’expression et de laïcité. Il était l’invité d’Eli Chouraqui le 19/02 (aujourd’hui en fait…) sur i24 News dans son émission “Eli sans interdit.”
Richard Malka aborde la question de la situation aux USA, au sujet justement de la liberté d’expression et certains items non verbaux étaient tellement congruents avec son discours que je ne pouvais que partager mon analyse avec vous.
Voici la vidéo que j'ai enregistrée : richard-malka.avi (9.13 Mo)
Ce qui frappe, lorsque l’avocat parle, c’est qu’il le fait avec la tête qui penche à droite… et qu’en plus il regarde avec son œil droit… alors qu’est ce que tout ça veut bien dire ? Finalement, c’est une posture que vous-même pouvez voir pour autant que vous vouliez le voir. Avec un peu de concentration, tout le monde y arrive.
Richard Malka semble d’une nature assez vigilante, alors il ne peut que classer les informations qui lui arrivent de l’autre et ainsi montrer de la rigidité. C’est ce que traduisent ces axes de tête.
“Ils veulent nous imposer ça”, dit-il à la 14ème seconde de la vidéo avec son index droit pointé face à lui, désignant le “ça” qui part de sa gauche vers sa droite.
En faisant cela, il place à l’extérieur de son monde et de ses valeurs ces USA qui veulent imposer au monde leur vision de la culture alors que la leur est en train d’exploser.
“C’est le pays de la liberté d’expression qui est en train d’y renoncer,” poursuit-il.
Juste après avoir prononcé le mot “renoncer”, à la 21ème seconde, Richard Malka pointe sa langue de vipère, satisfait de sa pique. Il insiste sur son point de vue, pour que chacun puisse l’intégrer et y réfléchir. D’ailleurs, son regard vient prendre à témoin le téléspectateur.
Enfin, un dernier geste vient réaffirmer sa position et confirmer son total désaccord avec cette culture américaine que certains importent, copient, singent, c’est à la 25ème seconde lorsque son index droit vient effectuer quelques va et vient sous son nez.
Preuve en est, le corps parle bien à notre insu !
Crédit photo : JF Paga
Un geste peut-il sous-tendre un passage à l'acte passé ou futur ?
Le 07/02/2021
Participer de façon anonyme à ce questionnaire rapide dont l'objectif est d'identifier s'il existe un lien entre le geste illustré sur l'image ci-dessous et un passage à l'acte ?
Pour cela, il vous suffit de cliquer ou copier/coller le lien ci-dessous :
https://forms.gle/GeuestVG5TsmcYrm9
Le 17/01/2021
La tempérance.
Peu en parle mais grande est cette vertue. C’est l’aptitude à contenir les émotions excessives.
Dans le prolongement de Darwin, pour être efficace il est nécessaire d’adapter son comportement au contexte, et non le contraire. Mais ça ne se fait pas aisément, c’est selon la capacité de chaque personne.
L’intelligence émotionnelle, entre autres formes d’intelligences (8 selon Gardner), permet de développer cette capacité d’adaptation.
Solvay (1990) la définit comme suit :
- La connaissance des émotions. Elle se développe grâce à la granularité. Bien identifier ses émotions aide à les maîtriser et à comprendre les répercussions de ses propres décisions.
- La maîtrise de ses émotions permet d’abaisser sa charge émotionnelle à un niveau acceptable pour faire face aux évènements.
- L’automotivation parce que savoir canaliser ses émotions permet de mieux se concentrer.
- La perception des émotions des autres, c’est l’empathie, qu’elle soit cognitive ou émotionnelle.
- La maîtrise des relations humaines c’est cette capacité de savoir entretenir de bonnes relations, c’est savoir gérer les émotions des autres.
Lorsque vous ressentez de la colère suite à un événement, à une dispute ou une critique, vous pouvez l’apaiser en rompant le contact, en sortant, en vous extrayant de la situation.
Ensuite vous pouvez vous distraire mais je vous recommande d’aller marcher quelques minutes. L’action permet de relativiser, de trouver des solutions et de faire redescendre l’émotion à un niveau satisfaisant.
Tout en marchant, prenez le temps de bien respirer. Inspirez sur 4 temps, expirez sur 6 temps. Votre rythme cardiaque va retrouver très rapidement son niveau habituel.
Enfin, une étude de Dolf Zillman a montré que coucher sur papier les pensées hostiles au moment où elles apparaissent permet de les capter, de les identifier, de les contester et de les évaluer.
Références :
“L’intelligence émotionnelle (intégrale)”, Daniel Goleman, éd. J’ai Lu
“Mental Control of Angry Aggression”, Dolf Zillman, in Daniel Wegner et James Pennebaker, Handbook of Mental Control, op; cit.
Maintenir sa dignité, si possible...
Le 13/01/2021
Julia Minkowski, avocate pénaliste, s’est exprimée lors de l’émission “C à Vous” sur l’affaire qui avait provoquée le retrait de la scène politique de son compagnon Benjamin Grivaux.
Ce qui est terrible de mon point de vue, c’est qu’elle sort un livre sur la condition des femmes avocates et que sa participation à l’émission est suspendue à l’obligation de répondre à quelques questions qui relèvent de la sphère privée.
Voyons comment Julia Minkowski a tout fait pour masquer son dépit et rester digne :
A 11 sec. de la vidéo (lien ci-dessous), nous observons une certaine tension dans les lèvres de l’avocate, ce qui montre de la rigidité. Son port de tête témoigne d’une écoute attentive à l’argumentation et dans ces conditions, il est primordial de rester concentré. Nous ne savons pas comment les propos seront repris, déformés, décontextualisés.
“Je comprends tout à fait que des questions puissent se poser”, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille gauche, avec sa main droite, tout en baissant son regard vers sa gauche. De ce simple geste lourd de sens, non seulement Julia Minkowski se donne du temps pour se recentrer, mais elle se protège également en plaçant son bras en travers de son buste tout en se replongeant malgré elle dans la situation passée.
“Au-delà de ma propre épreuve”, fit-elle à 1 minute passée, début de phrase qui transpire la tristesse et le dépit. Pour preuve, cette lèvre inférieure côté gauche qui semble s’affaisser en laissant apparaître ses dents inférieures. Pas si simple de gérer cette histoire de façon banale, comme tout couple traversant ce genre de mauvaise passe.
Elle tente ensuite de donner plus de hauteur à son témoignage, un autre angle de vue, à la sauce américaine. Cette tentative se ponctue d’une belle langue de vipère à 1 minute 18 sec. Peine perdue puisqu’elle aura le droit à une dernière question, non sans avoir été rappelée à l’ordre sur le principe de sa participation à l’émission. Intervention d’E. Lemoine qui se fait recadrante, tellement mal approprié.
L’agacement de Julia Minkowski se traduit aussi par ce regard vers la caméra qui tente de prendre à témoin le téléspectateur à 1 minute 23 sec. Mi sourire également 20 sec. plus tard avec cette bouche qui remonte sur sa gauche, émotion travestie bien sûr.
Finalement, déshonneur et humiliation publique exprimés d’une main gauche très moïque à 2 minutes de la vidéo.
Comment rester digne lorsque nous sommes dépassés par la violence de la surexposition médiatique ? Tant que nous aurons une télévision, un média et des téléspectateurs pour ce genre d’interview, l’intelligence collective n’en sortira pas grandie.
Julia Minkowski, à Paris, le 6 janvier. Photo Samuel Kirzenbaum pour Libération
Le 26/12/2020
Observer un groupe d’individus c’est prendre de la hauteur sur la situation, sur les interactions mais sans faire de focus sur une seule personne.
Axer son observation sur une personne serait une erreur car l’acte intentionnel n’est qu’une partie du comportement, ce n’est pas la cause.
Il est donc nécessaire d’analyser l’environnement (symbolique, imposé, choisi de Bandura), le contexte pour apprendre à prévoir les comportements sur la base des informations qui fournissent le contexte et non à partir de l’intention inférée des individus.
C’est ce que fait d’ailleurs, de façon inconsciente, chaque membre d’un même groupe d’individus. Il analyse l’interaction (théorie triarchique de Sternberg) au regard des règles sociales induites de ce même groupe de façon à prévoir à très court terme de l’interaction le prochain mouvement, la prochaine parole, geste, réaction… Chacun vient donc avec sa propre histoire et en tant qu’analyste du comportement, il est primordial de l’avoir à l’esprit.
Une interaction ne se résume pas à un échange d’actions et de réactions entre deux ou plusieurs personnes, c’est aussi un moment d’échange de règles sociales et chacun vient avec les règles qu’il a apprises, avec toutes les différences que cela induit également (culturelles, statut socio-économique, familiales…). Ce moment d’échange revêt un aspect subliminal et “seule l’information de faits nouveaux fait l’objet d’un processus autoréflexif” (apprentissage vicariant).
Références : Goffman, Birdwhistell, Hymes, Bandura, Winkin
Violences policières ou débat tronqué ?
Le 22/11/2020
La cristallisation médiatique d’une part, et d’une partie de la population d’autre part sur les violences policières, n’est-elle pas une forme de fascination ?
Comment expliquer une contestation si significative, une remise en question des méthodes employées par la police pour rétablir l’ordre social ? Pourquoi une telle ambiguïté entre le “je t’aime moi non plus” alors que les forces de l’ordre ont œuvré non sans mal pour déjouer les attentats de Paris ? Pourquoi certains individus en viennent-ils à scander, lors de manifestations sur les Champs Elysées : “suicidez-vous !” ? Entre amour et haine, soutien aux forces de l’ordre et contestation, pourquoi une telle fascination ? Pourquoi une telle passion ? Cela ne dépend-il pas d’un certain point de vue ?
C’est le même processus psychologique qui se produit lorsqu’un accident de la route survient et que les automobilistes ralentissent par curiosité. Lorsqu’un fait saillant survient mais qu’il ne concerne en réalité que peu de personnes, d’autres individus viennent forcément se greffer pour observer voire y participer d’une quelconque façon que ce soit. Bien évidemment, que ce soit avec leur téléphone ou avec leur voix, ces mêmes individus vont rapporter leur propre vision de l’évènement à leurs proches, à leurs amis, à leur groupe social, et la diffuser sur les réseaux sociaux avec les conséquences qui peuvent être désastreuses. Leur réalité est-elle d’ailleurs partagée par d’autres qui ont également assisté à la scène ?
Les contes de Perrault exploitent ce processus psychologique de fascination, de même que les séries à succès The Walking Dead, Viking, The Punisher et autres… C’est cette notion de plaisir/déplaisir , identification/différenciation qui entre en jeu simultanément dans votre psychisme qui est exploitée. Ces contes et ces séries sont produits par l’inconscient collectif et contiennent des images très fortes en sensations comme peuvent l’être les images volées d’une manifestation. Les contes évoquent des histoires qui peuvent arriver à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ils n’indiquent aucune date, il n’y a pas de repère temporel et les protagonistes n’ont pas de nom.
Face à l’horreur, nous ressentons de l’empathie ou de l’antipathie (théorie de l’esprit) cependant, nous sommes extérieurs à la situation, ce qui contribue à emprunter une voie de décharge pour les angoisses générées. Parler de la situation, de ce qu’on a vu, de ce qu’on a ressenti, échanger des images nous permet de nous rassurer. Pour certains, il y a là un feedback possible de leur groupe social qui va exciter leur point de vue, leurs valeurs et les renforcer. Ces mêmes personnes peuvent ensuite vouloir rechercher des sensations identiques en participant à nouveau à ce même type d’évènements. En échangeant encore et encore sur les faits, nous renforçons notre sentiment d’appartenance à notre communauté, notre inclusion, nous nous rassurons sur notre normalité et peut être convertissons-nous des esprits dont l’adhésion est encore trop hésitante.
Regarder des faits violents et trouver des coupables, sans se remettre en question nous aide à comprendre et à maîtriser nos angoisses.
Cependant, ce qui est gênant dans ces images diffusées sans recontextualisation, c’est le point de vue qui se veut être celui de l’observateur. Il est généralement à charge. Force est de constater que même ceux qui devraient se positionner en tant qu’observateur sont surtout à l'affût d’un dérapage parce que cela va générer un certain public, une audience, de la publicité, des milliers d’euros à la clé… c’est le nerf de la guerre ! Pour d’autres, cela renforcera leur rôle social, leur ego, leur narcissisme.
Ainsi, ces observateurs vont traiter l’image avec un angle de vue biaisé.
Comme l’a démontré Yannick Bressan (“La particule fondamentale de l'Être", 2019, MJW-Fédition) les personnes qui vont visionner ces images vont en avoir une certaine perception qui correspond ou pas à leurs valeurs (empathie ou antipathie). Des images mentales vont être introjectées, c’est-à-dire que la perception de la situation va “créer une représentation mentale de la réalité à laquelle (l’individu) a immédiatement accès par ses sens et qui est ponctuée par son éducation, ses souvenirs et affects. Ce processus transforme une réalité objective en une réalité subjective”.
Ces images mentales peuvent également induire une dissonance cognitive, d’autant plus si la source de ces images a été manipulée, tronquée, scénarisée. Il s’agira alors d’une réalité fantasmée induite et prosélyte. Cette nouvelle réalité émergente va ainsi remplacer, se substituer à la réalité de l’individu. Celui-ci va l’intégrer si profondément que son attitude et ses valeurs actualisées en seront modifiées, qu’il adhère ou qu’il n’adhère pas à la situation perçue, pour retrouver enfin son homéostasie.
Selon le rapport de 2019 de l’IGPN, il y a eu +23% d’enquêtes judiciaires entre 2018 et 2019, +38 000 plaintes uniquement liées aux violences volontaires. Le Parquet de Paris ayant demandé à l’IGPN d’enquêter pour toutes plaintes relatives à l’usage de la force, quelque soit la gravité des faits (je n’ai pas réussi à obtenir le nombre de plaintes déposées par les policiers à l’encontre de citoyens, cependant elles existent).
En 2018, il y a eu 10 790 policiers et gendarmes blessés en mission (+15%), selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, 25 morts soit 10 de plus qu’en 2017, 54 suicides dans la Police Nationale en 2019, 33 militaires en 2018 (source : Sicop et Sirpa).
N’est-il pas possible d’adopter un point de vue de réel observateur afin de relayer les violences de l’une et l’autre des parties, pour que la réponse judiciaire soit transparente et le débat dépassionné ?
Affaire DAVAL : rappel de mon analyse comportementale
Le 20/11/2020
Je pense qu'il est intéressant de reposter mon article qui date de l'époque des faits. Article dans lequel j'analysais la gestuelle de l'accusé en mettant en exergue certains items non verbaux. Mon analyse était complétée par des éléments psychologiques qui aujourd'hui trouvent un fort écho par les révélations de l'accusé.
Je poste également les derniers échanges entre JD et sa belle-mère, Isabelle Fouillot, fait rarissime dans un procès. JD confirme la détresse psychologique dans laquelle il était, la force de caractère d'Alexia, la situation conflictuelle autour d'un couple en perdition, un enfant désiré par l'une et non par l'autre et malheureusement, la cocotte minute qui explose.
Le gendre idéal : Jonathann Daval !
Le 03/02/2018
Comment le gendre idéal a-t-il pu berner tout le monde ?
La question aurait pu se poser autrement : comment Jonathann Daval a-t-il pu mentir à tout le monde ? Mais d’ailleurs, a-t-il vraiment menti ? A-t-il caché une partie de la vérité ? A-t-il joué une sombre et cynique comédie ?
Se pose alors la question de l’authenticité et des signes qui permettent de la reconnaître. Lorsqu’une personne montre une émotion qu’elle ressent réellement, on s’attend à voir des épaules hypotoniques ou hypertoniques comme dans la tristesse ou la colère. On s’attend à une augmentation des clignements des paupières, des mouvements de bouche mais également à des gestes effectués avec les mains plus ou moins proches du corps.
Dans le cas de JD, seul le visage (d’après les vidéos que j’ai visionnées) nous apporte des éléments de réponse. Et au final, et évidemment renforcé par ses aveux, il s’agit d’un « mensonge vigilant », c’est-à-dire que JD doit en dire le moins possible afin que le peu d’informations verbales et non verbales extériorisées ne puissent lui être retournées. Il est donc confronté à une double contrainte : laisser s’extérioriser sa tristesse mais en en montrant le moins possible.
Avant d’analyser la vidéo et de vérifier s’il y a une émotion sous-jacente, il est important de rappeler les éléments connus.
Quels sont les éléments contextuels ?
D’abord JD affiche un physique petit, fluet, quelques rides sur le front, des sourcils peu mobiles, une coiffure branchée. JD apparaît comme une personne timide voire introvertie, il est informaticien, il est supporté par le père de sa femme lors des différentes sorties filmées. Il est à mille lieux d’un physique à la Charlton Heston et apparaît même efféminé…
JD a rencontré sa femme au lycée et il dit qu’ « elle a changé sa vie (…), qu’elle est une complice délicieuse » (Ouest-France). Elle avait 29 ans, était employée de banque, joggeuse donc active et énergique.
L’enquête a révélé une relation conflictuelle depuis quelques temps, avec des disputes que les voisins qualifient de crises hystériques, puis des échanges de SMS qui révèlent des propos violents de la part d’Alexia et enfin, une difficulté à concevoir un enfant (ce qui ne manque pas de créer des tensions, voire de les exacerber si elles étaient déjà existantes).
Meurtrier et triste à la fois ?
A l’analyse de la vidéo, il n’est vraiment pas aisé de se rendre compte que JD est l’auteur de ce crime sordide, cependant, quelques items peuvent être sujets à caution.
JD est authentique parce qu’il ne feint pas la tristesse. Elle est lisible sur toutes les images quand son hémi visage gauche est plus crispé que le droit (4 min. 05), avec les bords extérieurs de la bouche tombants, le menton qui se « froisse », ce ne sont pas des mimiques que l’on peut feindre facilement. Ses larmes sont bien là aussi. Les épaules sont hypotoniques, aucune des deux épaules n’est plus haute que l’autre donc il n’y a pas d’enjeu personnel, pas d’envie de performer. Les clignements d’yeux sont biens présents et même très (trop ?) appuyés, le chagrin éprouvé nécessite même l’ouverture de la bouche pour une meilleure oxygénation, on voit JD souffler souvent pour évacuer cette profonde tristesse. Son regard défocalise souvent mais de manière passive (4 min. 17 ; 4 min. 40 ; 5 min. 32), ce qui va dans le sens d’une authenticité. Par contre, nous ne voyons jamais de mouvement ni des bras, ni des mains, aucune micro démangeaison… mais JD est une personnalité timide et introvertie, voyez sa bouche souvent fermée (4 min. 17), son regard se baisse pour rentrer dans sa bulle (4 min. 44) ce qui est cohérent avec sa gestuelle économe.
Cependant, quelques items viennent parasiter le message…
A 4 min. 41, la bouche de JD se ferme en « huître » signifiant que des propos sont retenus, ce qui semble anachronique, d’autant que la langue sort pour rentrer immédiatement confirmant cette envie de ne pas dire.
A 5 min. 47, JD a une déglutition marquée alors que je n’en ai pas vu précédemment et à nouveau sa langue qui sort pour rentrer immédiatement.
Enfin, et c’est pour moi le moment « clé » de ces items, à 5 min. 48, JD a une moue d’agacement, de circonspection avec une mise à distance des autres sur la phrase prononcée par sa belle-mère : « cette marche que nous souhaitons silencieuse… ».
Comment expliquer ce hiatus ?
Je me permets une ou deux remarques qui pourront jouer un rôle dans l’explication. Le couple formé par JD et AD ressemble fortement à celui des parents d’AD. La mère est sur le devant de la scène, c’est elle qui parle, elle occupe une fonction de conseillère municipale, c’est donc une femme de pouvoir, alors que le père ne parle pas, il est effacé et soutient physiquement son gendre.
Le couple JD / AD habite dans la maison des grands-parents d’AD, ce n’est pas un bien acquis en commun (et alors me direz-vous ? J’y viens…).
JD a connu sa femme très jeune, au lycée, il dit qu’elle a changé sa vie, il est ainsi entré dans un processus d’idéalisation de sa femme, objet de son surinvestissement émotionnel. Le but étant de réparer évidemment un ego en berne, non valorisé et une faible estime de soi.
Cette idéalisation permet d’éviter la dépression mais qu’en est-il lorsque l’objet idéalisé souhaite vous quitter ? Si cela se réalisait, JD se serait retrouvé sans maison, sans femme, sans enfant promis et surtout, seul face à son narcissisme blessé et donc anéanti dans le sens le plus complet.
Malheureusement statistiquement, les hommes ont une fâcheuse tendance à passer à l’acte contre celle qui les menace de partir.
L’idéalisation fixe le couple dans un système non viable à terme, qui ne peut qu’imploser dès lors qu’un élément perturbateur vient mettre son grain de sable dans la machine d’un équilibre précaire. En particulier ici, le désir d’avoir un enfant est une difficulté dont, on peut facilement l’imaginer, chacun peut reprocher le tort à l’autre (je vous rappelle que AD est plutôt affirmée alors que JD est efféminé) et là, à chacun sa méthode… c’est ce qu’attestent les crises d’hystérie relatées par les voisins.
A mon humble avis, et là où JD ne pourra pas faire croire à la thèse de l’accident (un étranglement ne prend rarement que quelques secondes…), c’est qu’il avait conscience de ses actes et que le déni affiché lors de la conférence de presse et lors de la marche blanche n’a pas tenu face à la cruelle et sordide réalité.
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Lien vers l'article du Figaro : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/tu-ne-l-entendras-plus-tu-as-gagne-elle-s-est-tue-a-jamais-le-dialogue-surrealiste-entre-jonathann-daval-et-la-mere-d-alexia-20201120?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign
«Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu» : les mots de la mère d'Alexia à Jonathann Daval
SUIVI D'AUDIENCE - Le président de la cour d'assises a laissé Isabelle Fouillot s'adresser directement à l'accusé.
Par Aude Bariéty
Le Figaro retranscrit le dialogue qui a eu lieu ce vendredi 20 novembre devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, qui juge Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse. Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, a longuement questionné son gendre. Un moment rarissime, les parties civiles ne s'adressant normalement pas directement à l'accusé lors d'une audience.
Isabelle Fouillot : Tu as regardé les images [de la confrontation, NDLR] ?
Jonathann Daval : Pas tout le temps.
Isabelle Fouillot : Pourquoi tu ne les as pas regardées ?
Jonathann Daval : Ça fait très mal.
Isabelle Fouillot :Tu as dit que tu as tout perdu, c'est quoi «tout perdu» ?
Jonathann Daval : Alexia, vous, mes parents, ma vie…
Isabelle Fouillot : T'avais peur qu'Alexia te quitte ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Alors pourquoi t'es pas venu nous voir nous dire «Ça va pas» ? On aurait pu faire quelque chose, on n'était au courant de rien.
Jonathann Daval : J'en ai parlé à personne. On ne pouvait pas parler de nos problèmes de couple.
Isabelle Fouillot : On était là pour vous deux de toute façon, j'arrive pas à comprendre encore aujourd'hui. On a encore que des bribes de vérité, s'il te plaît aujourd'hui lâche toi, s'il te plaît, tu sais que c'est la dernière fois que je te vois, qu'on se parle tous les deux. Écris-le moi si tu veux, mais j'ai besoin de savoir, tu peux comprendre ça, j'ai besoin d'avoir la vérité.
Jonathann Daval : C'est une dispute, la dispute de trop, les mots de trop… Les reproches, tout ce qui est accumulé…
Isabelle Fouillot : Alexia te demandait de revenir vers elle, c'était des appels au secours qu'elle te lançait.
Jonathann Daval : J'ai pas compris tous ses messages.
Isabelle Fouillot : On a l'impression que tu veux tout mettre sur Alexia!
Jonathann Daval : Non j'ai eu mes torts aussi.
Isabelle Fouillot : Dis nous la vérité !
Jonathann Daval : Eviter les conflits, éviter les disputes…
Isabelle Fouillot : Elle te demandait juste de parler !
Jonathann Daval : Il y avait des reproches, plein de choses.
Isabelle Fouillot : Tu te rends compte que tu nous as pris Alexia, que nous on t'a donné notre amour, on t'a toujours aimé et tu nous as tout pris, tu nous as accusés de meurtre. Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ?
Jonathann Daval : Je voulais fuir la situation, encore fuir.
Isabelle Fouillot : Tu te fichais d'Alexia ?
Jonathann Daval : Non on s'aimait, je l'aimais...
Isabelle Fouillot : Ne me dis pas que tu l'as tuée pour quelques mots, c'est pas possible ?
Jonathann Daval : Elle m'a retenu, j'ai pas pu partir, j'ai pas pu m'enfuir, j'ai perdu pied.
Isabelle Fouillot : Un être raisonné aurait repris ses esprits après un premier coup…
Jonathann Daval : Tout est ressorti, ces années de colère, tout ce que j'ai emmagasiné...
Isabelle Fouillot : C'était quoi la finalité de la tuer ?
Jonathann Daval : Qu'elle se taise.
Isabelle Fouillot : T'es heureux maintenant qu'elle se soit tue ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Tu ne l'entendras plus, tu as gagné. Elle s'est tue à jamais. Il y a une petite fille dans la famille maintenant, qui ne connaîtra jamais sa tata. Quel gâchis...
Jonathann Daval : J'ai tout détruit.
Isabelle Fouillot : Je voudrais la raison!
Jonathann Daval : C'est une dispute Isabelle, il faut le croire.
Isabelle Fouillot : Pourquoi vous avez pas divorcé?
Jonathann Daval : C'était pas concevable, on n'en a jamais parlé.
Isabelle Fouillot : Est ce que t'as quelque chose à me dire?
Jonathann Daval : Je suis désolé pour tout.
Isabelle Fouillot : C'est bien peu, Jonathann, j'en attendais plus... Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu.
J'ai le pouvoir sur ma vie ! Ou pas... ?
Le 07/11/2020
Les Théories de l’Action Raisonnée et du Comportement Planifié (Fishbein et Ajzen 1975 ; Ajzen 1991) sont des théories dominantes dans l’étude de la relation entre les attitudes et les comportements sociaux. Elles permettent à la fois d’expliquer, de prédire et de modifier les comportements des individus.
La TAR postule que le comportement dépend de l’intention qui elle même dépend de l’attitude envers le comportement et de la norme subjective. Cette dernière représente la pression sociale perçue par l’individu à effectuer ou non le comportement.
La TCP y ajoute un élément : le control comportemental perçu. Celui-ci n’est pas sans rappeler le “locus of control” de Julian Rotter (1954) et le “sentiment d’efficacité personnel” d’Albert Bandura.
L’intention, c’est l’évaluation d’un individu qui considère les implications que pourrait avoir son action avant d’adopter ou non un comportement (théorie de l’attente-valeur de Martin Fishbein, 1970). L’intentionnalité, point de départ de l’agir, rejoint l’agentivité issue de la théorie sociale cognitive de Bandura.
Avec l’intentionnalité et la norme subjective, nous retrouvons les espaces intime et social de l’individu et par extension, l’endogroupe et l’exogroupe lorsqu’elles s’appliquent à un groupe restreint de personnes partageant les mêmes valeurs. Cette notion est importante pour l’analyse de la communication non verbale (Synergologie, P. Turchet).
Dans la TCP, la réalisation ou non du comportement dépend également de facteurs non motivationnels l’opportunité ou les ressources à disposition.
Dans le prolongement de ces quelques lignes sur la prédictivité des comportements, l’application de ces théories sur des évènements qui nous touchent tous est très intéressante.
C’est le cas pour la COVID-19 avec cet article que je vous invite à lire : aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle.
Lien internet : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7270071/
Cit. : Naviaux, A. F., Janne, P., & Gourdin, M. (2020). Aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus (Covid-19) : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle [Medico-psychological aspects relating to the coronavirus epidemic (Covid-19): The contribution of the theory of signal detection and the concept of place of control]. Annales medico-psychologiques, 178(3), 223–225. https://doi.org/10.1016/j.amp.2020.03.001