Est-ce que l’impossibilité d’avoir un débat contradictoire ne viendrait-il pas d’un problème d’ego ? Est-ce que dans notre société hyper connectée et fondée sur l’individualisme, sur une éducation plus permissive et la sacralisation de l’enfant roi, fait que nous n’envisageons pas/plus que l’autre ait possiblement raison ? Et qu’il faille donc écouter ses arguments (autres que ceux entendus dans les émissions de téléréalités et de pseudo divertissements Hanounesques) pour autant qu’il y en ait (des arguments) ? Mais avant tout, qu’est-ce que l’ego et pourquoi serait-il mal placé ?
L’ego, c’est la conscience que l’on a de soi, c’est ce qu’on pense être notre personnalité. En psycho, l’ego peut être vu comme notre “moi”, c’est-à-dire une instance qui écoute nos pulsions, nos désirs, nos envies mais qui est chargée également de les réprimer, de les restreindre, de les rediriger dans la mesure où elle est en relation avec le monde extérieur. Ce monde extérieur qui est régenté par des REGLES de fonctionnement.
Ainsi, le “moi” accepte les désirs (du “ça”, réservoir des pulsions) uniquement s’ils peuvent s’exprimer conformément aux principes de réalité. C’est le médiateur.
Cependant, il y a une différence entre ce que je crois savoir de moi et ce que je suis vraiment. Notre ego est notre conscience qu’on a de nous-même mais elle est limitée, imparfaite et soumise à des déterminismes, le moi s’éloigne largement de notre être réel. Il est à la fois conscient et inconscient et par ses filtres sociaux, il met en place des stratégies comportementales et des mécanismes de défense pour trouver sa place dans la société.
“Le moi est donc limité à notre personnalité : il est notre posture sociale, ou encore le personnage que nous nous sommes construit sur la base de nos instincts, de notre éducation, de notre psychologie, de notre vécu, de nos relations, de notre histoire personnelle, etc... C’est une carapace qui fonde le « je » que nous croyons être, et qui certes nous permet de survivre dans notre environnement, face aux autres.”
S’il a peur, s’il se sent menacé, alors il se protège, il se replie et a tendance à exclure tout ce qui ne va pas dans son sens. Alors on s’énerve parce qu’on entend un mot qui réveille quelque chose en nous (alors qu’en vrai, l’intention de l’autre n’était pas de nous heurter). Donc, si notre éducation et nos expériences de vie ne nous ont pas inculqué l’ouverture d’esprit et envisager que l’autre peut avoir un avis différent du nôtre, il ne peut exister d’échange contradictoire. C’est ce qui fait que lorsqu’une personne n’est pas d’accord et qu’elle le verbalise, alors la houle se lève et la communication s’interrompt. Et si la communication se rompt, alors tout s’arrête, chacun repart dans son monde imperméable et pauvre.
Quelles solutions ? La réflexivité (j’envisage que l’autre ait raison), la communication non-violente, l’assertivité, l’authenticité et l’empathie. Encore une fois, si nous ne sommes pas compétents dans un domaine, il vaut mieux faire profil bas et aller se renseigner a posteriori sur le sujet, ce qui nous donnera des arguments pour la prochaine fois. Si un mot ou une intonation semble nous énerver ou nous interroger, on peut aussi demander à l’autre de préciser sa pensée ou de lui dire que son ton semble être un tantinet dur. Il suffit de dire les choses...
“Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes qui, l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir”, disait Henri Poincaré.
Réf. : “La différence entre le moi et le soi”, (jepense.org) ; Freud