Pourquoi favoriser l'intention dans les actes ?

Le 17/04/2022 0

Vouloir c'est décider en raison, se mouvoir physiquement et consentir moralement.

L'intentionnalité c'est penser à une chose, à un objet, dans son entièreté et à l'ensemble des sensations/images qu'elle suscite en nous et surtout, tout en étant conscient de ce processus (phénoménologie selon Husserl).

Mettre de l’intention dans ses actes c’est s’investir dans ceux-ci, c’est être volontaire, c’est montrer aux autres qu’on se donne les moyens de faire, c’est être dans l’action, c’est être actif.

Décryptons ce mécanisme psychologique. Vous manifestez une volonté de réaliser un acte, une action, un mouvement. Le cerveau crée une intention préalable pour la traduire en intention motrice ensuite. Pour cela, il crée une copie neuronale de l’intention qu’on appelle une “copie d’efférence”. Sur cette base, il anticipe les résultats de l’action souhaitée avant même que les muscles ne se mettent en mouvement. C’est exactement ce que font les élites des groupes d’interventions de la gendarmerie, du raid, des pilotes d’avion ou de voiture. Ils mentalisent l’action avant la mise en place.

La “copie d'efférence” remplit trois rôles indissociables : d'abord, elle permet à l’agent d’une action de corriger son mouvement en cours s’il constate la moindre erreur. Ensuite, elle est la source du sentiment dit d’”agentivité” qu’éprouve l’agent d’être l’acteur des mouvements qui composent son action. Enfin, grâce à la copie d’efférence de son intention motrice d’agir, un agent, à la différence d’un observateur de l’action, peut prévoir les conséquences sensorielles de son acte (Pierre Jacob).

Lorsque l’acte est réalisé de façon involontaire, le cerveau n’anticipe pas les conséquences,  il a donc besoin d’un temps pour s’ajuster en live.

L’intention, la volonté est prépondérante dans la mesure où elle introduit un lien causal entre l’action et les conséquences. L’effet d’anticipation ainsi généré permet au cerveau de s’approprier ses actes. C’est le propre de l’agentivité. C’est ce qui permet d’être plus efficient, plus efficace, de sortir d’un mode attentiste/victimaire pour un mode plus actif où on se donne les moyens de nos ambitions. 

A contrario, tout comportement est automatique s’il est réalisé sans se baser sur l’expérience et sans conscience. Agir de façon automatique, sans réfléchir, c’est se priver d’esprit critique, apporter une vision différente qui se confronte à celle en cours avec une argumentation réfléchie, documentée, sourcée.

Agir de façon automatique, hors actions simples qui ne requiert pas de concentration ni d’attention particulière, c’est afficher sa volonté de ne pas s’investir dans l’action, dans l’activité. C’est éviter de se remettre en question, d’accepter une autre façon de faire peut être plus efficiente. C’est ce en quoi il faut lutter dans une équipe quelle qu’elle soit.

 

L’absence de volonté peut se rencontrer en dépression. 

L'aboulie se caractérise par un manque de volonté. Il faut distinguer le manque d'entrain occasionnel d'une personne qui est fatiguée ou surmenée et qui n'arrive pas à faire face à ses obligations de façon momentanée, de la pathologie qui s'étend dans le temps, entraîne un manque de volonté et une incapacité permanente à prendre des décisions et à se fixer des objectifs.

Le sujet est dans l’incapacité à faire et en a plus ou moins conscience mais ne peut rien y faire. Il a tendance à la procrastination, il n'arrive pas à se fixer des objectifs ou à prendre des décisions. Il est également difficile pour lui d'avoir une vie sociale et professionnelle équilibrée, car il n'arrive pas à se fixer d’horaire. La moindre action étant pour lui source de pénibilité, il mettra par exemple un temps fou à se préparer le matin et il arrivera systématiquement en retard. Il est souvent submergé de toutes sortes de pensées parasitaires et ne peut passer à l'action même lorsque cela est nécessaire. 

Pierre Janet définit l'aboulie comme « une altération de tous les phénomènes qui dépendent de la volonté : les résolutions, les actes volontaires, les efforts d'attention ».

L’absence de volonté se rencontre également dans la psychasthénie ou l’apragmatisme. Il s’agit d’une incapacité à effectuer complètement des actions nécessitant une certaine coordination, alors qu'elles peuvent être conçues et qu'aucune lésion neurologique n'est décelée. Ce trouble majeur de l'activité volontaire réalise une inertie dans les conduites sociales avec désintérêt pour les nécessités quotidiennes et potentiellement d’une désinsertion socioprofessionnelle. Il s'observe fréquemment dans les états schizophréniques (source : cilf.fr).

La psychasthénie est un trouble de la personnalité qui se traduit par une appréhension forte et une intense fatigue. Elle est parfois appelée névrose obsessionnelle et se caractérise par une baisse importante de la volonté, elle a des retentissements dans tous les domaines de la vie quotidienne. 

 

Depuis des années, je travaille à comprendre et à développer l’intentionnalité parce que je suis convaincu qu’être conscient de ses actes permet de favoriser l’atteinte de ses objectifs, de lutter contre l’obscurantisme, de développer la curiosité et l’esprit critique. 

Pourquoi certaines personnes sont plus volontaires et conscientes que d’autres ? Est-il possible d’en identifier la frontière ? Peut-on aider une personne à être dans cette dynamique afin qu’elle puisse se donner toutes les chances de réussir ? Dans un monde professionnel et personnel si changeants aujourd’hui, il est juste primordial de s’inscrire dans cette démarche agile !

 

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