Cet article porte sur « Leaving Neverland » que M6 diffusera le 21 mars prochain.
A l’origine, j’aurais dû livrer les résultats de mon analyse lors de l’émission sur C8 : « balance ton post », cependant pour des raisons de ligne éditoriale, il n’en a pas été ainsi. Je vous la partage, elle porte sur la structure du langage corporel des victimes présumées Wade Robson et James Safechuck.
Aujourd’hui, les 2 victimes présumées ont compris qu’elles avaient été abusées sexuellement et manipulées psychologiquement par celui qu’elles idolâtraient. C’est le même processus que nous retrouvons dans le syndrome post traumatique et qui explique pourquoi, au bout de plusieurs dizaines d’années, les victimes finissent par tout révéler.
Que ressentent Wade et James ? Leur témoignage peut-il être qualifié d’authentique alors que leurs détracteurs leur opposent l’appât du gain ?
Avant de répondre à cette question, je souhaite rappeler quels sont les marqueurs gestuels que nous retrouvons lorsqu’une victime témoigne.
Tout d’abord, il y a l’emploi du « je » qui confère une responsabilité à celui qui l’emploie, responsabilité dans le sens où le témoin s’associe pleinement au discours, ce qui n’est pas le cas lorsqu’un mensonge est dit. Wade et James l’emploient systématiquement.
Les clignements de paupières plus nombreux témoignent d’une émotion fortement ressentie et dans le cas présent, c’est de la tristesse. C’est le cas lorsque la « masturbation » est évoquée et le fait que cela doive rester un secret. Le clignement de paupières est même bien plus long qu’à la normale. C’est encore le cas lorsque Wade évoque les abus sexuels subis dès les premiers jours et c’est toujours le cas lorsque James témoigne avec la boîte à bijoux dans ses mains.
Les gestes projectifs sont également un élément important de la véracité d’un discours. Ce sont des gestes faits plutôt près du corps, plutôt arrondi, paumes des mains tournées vers soi et qui permettent de s’associer à son discours. Ces gestes projectifs sont nombreux dans les 2 témoignages, notamment lorsque James parle d’un matin où il se réveille et que MJ n’est pas à ses côtés.
Ce qu’on appelle les gestes de cognition incarnée ou située, sont des gestes qui reproduisent l’espace et l’emplacement d’objets, de personnes pour vous faire visualiser la scène. C’est exactement ce que fait Wade lorsqu’il évoque la scène avec MJ ou encore lorsque Wade parle des masturbations subies ou des caresses lors de leur routine sexuelle.
Et puis il y a les autres gestes… les nombreuses mises à distance lorsque Wade et James élèvent leur sourcil droit, les émotions composites comme la tristesse qui se lit dans les yeux de Wade à l’évocation des masturbations, alors que sa bouche trahit son mépris pour l’acte. Les genoux qui sont systématiquement mis en protection, une jambe sur l’autre pour les 2 victimes présumées. C’est aussi lorsque James évoque « a film park in someone tales» et qu’il nous en fait comprendre toute l’ironie par son index gauche qui vient faire un mouvement de rejet, en se déplaçant de la base du nez vers le haut. C’est aussi la vive colère qui se manifeste sur le visage de Wade lorsqu’il se rappelle la sensation de ses mains dans les cheveux de MJ ou encore quand Wade se mord l’intérieur de la lèvre gauche, signe d’une forte émotion négative ou enfin lorsque James refait ce geste de rejet avec son index sur son nez lorsqu’il termine par « I was 7 ».
Alors ceux qui ont l’habitude d’observer les gestes se disent que c’est quand même bizarre que, si souvent, Wade et James placent leur regard sur leur droite (les images ne sont pas inversées), en futur cognitif ou émotionnel ce qui voudrait dire qu’ils cherchent comment orienter leur discours, qu’ils cherchent leurs mots, voire qu’ils inventent en même temps qu’ils relatent.
Mais là, ils se trompent, leur regard fuit l’image qu’ils se représentaient de leur idole. Ils placent MJ à l’extérieur de leur bulle, ils le mettent à distance, ils le chassent.
Que ressentent Wade et James, les 2 victimes présumées de MJ ? Leur témoignage est-il authentique ?
Ils aiment et idolâtrent un artiste de génie mais qui par ses manipulations et ses abus leur a causé un traumatisme psychologique dont ils mesurent aujourd’hui les dégâts. Lorsqu’ils étaient enfants, ils n’avaient pas le discernement nécessaire pour s’opposer à leur Dieu, ils voulaient juste lui faire plaisir pour que Dieu les estime et les aime. Leur témoignage peut-il être qualifié d'authentique ? Il en contient tous les marqueurs gestuels. Et les familles ? A minima, elles sont coupables d’une naïveté criminelle… un adulte ne dort pas avec un enfant.