Le port de masques faciaux a été l'un des moyens essentiels pour prévenir la transmission du COVID. Il est évident que ça a affecté nos interactions sociales que ce soit dans le cercle privé, public et professionnel. Tout comme il a affecté les enfants qui ont eu du mal à lire les émotions sur le visage de leurs parents.
Nos visages fournissent des informations clés de notre identité, des informations socialement importantes comme la fiabilité, l'attractivité, l'âge et le sexe, des informations qui soutiennent la compréhension du discours, ainsi que des informations détaillées qui permettent de lire l'état émotionnel de l'autre via l'analyse de l'expression. La qualification des émotions par la lecture des expressions faciales est prépondérante pour pouvoir ajuster sa communication. C’est particulièrement vrai en entretien de recrutement en face à face, pire en visio, tout comme c’était le cas en réunion d’équipe où chacun doit redoubler d’attention et de concentration afin de ne pas faire de mauvaises interprétations.
Des chercheurs de l’Université de Bamberg (Allemagne) ont mené une expérience pour tester l'impact des masques faciaux sur la lisibilité des émotions. Les participants (N=41, calculé par un test de puissance a priori ; échantillon aléatoire ; personnes en bonne santé d'âges différents, 18-87 ans) ont évalué les expressions émotionnelles affichées par 12 visages différents. Chaque visage a été présenté au hasard avec six expressions différentes (en colère, dégoûté, craintif, heureux, neutre et triste) tout en étant entièrement visible ou partiellement couvert par un masque facial. Les résultats ont fait ressortir une précision moindre et une confiance moindre dans sa propre évaluation des émotions affichées.
La lecture émotionnelle était rendue très compliquée à cause de la présence du masque. Les chercheurs ont en outre identifié des schémas de confusion spécifiques, principalement dans le cas de l’expression du dégoût, de la colère, de la tristesse à l’exception des visages craintifs ou neutres.
Déjà que nous ne sommes pas forcément très bons pour qualifier correctement les émotions…
“En ce qui concerne l'analyse de l'expression, différentes études ont montré que nous sommes loin d'être parfaits dans l'évaluation de l'état émotionnel de notre vis-à-vis. C'est particulièrement le cas lorsque nous nous appuyons uniquement sur des informations faciales pures sans connaître le contexte d'une scène. Un autre facteur qui diminue notre performance à lire correctement les émotions des visages est la vue statique sur les visages sans aucune information sur la progression dynamique de l'expression vue ou une occlusion partielle du visage.”
Mais alors quelles actions compensatoires peuvent maintenir l'interaction sociale efficace (par exemple, le langage corporel, les gestes et la communication verbale), même lorsque les informations visuelles pertinentes sont considérablement réduites ?
C’est oublier un peu vite que nous disposons d’autres options tout à fait efficaces, comme observer le langage corporel… la personne a-t-elle recours inconsciemment à des micro démangeaisons, sur quelle zone ? La posture, les épaules sont-elles voûtées, tombantes, l’une plus haute que l’autre ? Le ton de la voix, l’inclinaison de la tête, vers la droite qui trahirait une certaine rigidité dans l’écoute, vers la gauche qui indiquerait une certaine confiance ? La gestuelle des mains qui accompagne le discours est-elle ample, contenue au niveau du tronc, inexistante, rigide, souple ? Est-ce que les mains tiennent un stylo, sont-elles posées sur la table, se raccrochent-elles à la table ?
Tous ces marqueurs gestuels (mi)-conscients permettent de qualifier l’état émotionnel de la personne. Votre expérience et la connaissance du contexte viendront valider votre analyse.
Frontiers | Wearing Face Masks Strongly Confuses Counterparts in Reading Emotions (frontiersin.org)
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Do Masks Impair Children's Social and Emotional Development? | Psychology Today