Certaines réflexions que j’entends ou qu’on m’oppose trop régulièrement est que le cerveau des femmes n’est pas le même que celui des hommes. Et que comme ils sont “génétiquement” ou “naturellement” différents, tout peut être expliqué par cette évidence ! C’est bien pratique puisqu’on fait fi de la responsabilité individuelle et de la possibilité du choix. Cet argument fonctionne d’ailleurs assez bien pour n’importe quoi ! C’est la génétique donc c’est comme ça… Bien sûr, dans ces cas-là, la ou les personnes sont incapables d’argumenter leur position et elles sont aussi incapables d’entendre ma réflexion. Les échanges contradictoires sont très difficiles aujourd’hui, voire quasiment impossibles à avoir. La position est tenue par l’égo et la méconnaissance (prochain sujet d’article : l’égo !). Lorsqu’on n’est pas compétent sur un sujet, mieux vaut le dire, c’est toujours mieux que de s'arc bouter sur un argument lu à moitié dans la presse people ou entendu en vol lors d’une émission de vulgarisation.
Ma réflexion de psycho évolutionniste est celle-ci : l’outil cerveau est identique pour l’Humain mais l’évolution (Darwin) fait que l’outil a été ajusté selon les expériences, les environnements de chacun(e) - comprendre femme versus homme.
Le cerveau d’un homme est-il différent de celui d’une femme ?
S’il existe bel et bien des différences entre le cerveau d’un homme et celui d’une femme, la réponse est plus complexe que ça puisqu’un cerveau humain est un cerveau humain. De la même façon qu’un cerveau de fourmi mâle est le même que celui d’une femelle. C’est le même outil que l’évolution a façonné différemment selon plusieurs données, environnements, conditions.
Mais que ce soit par la taille, la constitution ou le volume de certaines régions cérébrales, en moyenne, le cerveau des hommes et des femmes n’est pas identique. Et ces différences s’expliquent en partie par des différences liées à l'éducation, certains stéréotypes et par la psycho évo Darwinienne (Franceschini et aI., 2014).
En fonction du sexe, en ayant développé des compétences différentes et étant soumis aux stéréotypes genrés, il est évident d’observer des différences de performances entre hommes et femmes. Mais il existe réellement des différences dans le développement, dans la structure et les résultats à certains tests comme la rotation mentale (Lenroot et al., 2007, Ruigrok et al., 2014, Parsons et al., 2004 ; Moè, 2009) entre le cerveau d’un homme et le cerveau d’une femme.
Durant l'adolescence, la croissance cérébrale diffère chez les garçons et les filles, ce qui aboutit à des connexions différentes selon les sexes. Les hommes sont davantage branchés d'avant en arrière, tandis que les femmes le sont plutôt de droite à gauche.
Une étude récente mettait en évidence que les femmes savent davantage faire preuve d'attention que les hommes, elles ont aussi une meilleure mémoire des mots et des visages, et manifestent une plus grande intelligence sociale et une plus grande empathie.
En revanche, elles se trouvent moins brillantes en ce qui concerne la capacité à traiter l'information visuelle par exemple.
Les chercheurs ont comparé les cerveaux et globalement, les hommes présentent beaucoup de substance blanche*, qui caractérise surtout les connexions entre les différentes régions de l'encéphale. À l'inverse, les femmes sont mieux pourvues en matière grise*, point de départ de la pensée.
Les branchements s'orientent différemment selon le genre. Pour les hommes, ils sont plus denses au sein d'un même hémisphère, donc pour des liaisons d'avant en arrière. Pour les femmes, les trajectoires perpendiculaires sont renforcées, car elles disposent de davantage de connexions entre chacun des hémisphères. Ces connexions dans le cerveau évoluent à l’adolescence.
Chez les hommes, l'information passe bien entre le cortex frontal, siège de la coordination de l'action, et le cervelet, à l'arrière de l'encéphale, qui gère les mouvements. À l'intérieur de cette structure, les scientifiques ont malgré tout observé de nombreuses connexions d'un hémisphère à l'autre. Ces données suggèrent donc une meilleure aptitude pour l'exécution des tâches motrices.
Les femmes montrent davantage de câblages entre l'hémisphère droit, qu'on schématise souvent comme étant lié à l'intuition, et l’hémisphère gauche associé à la logique. Elles seraient donc mieux équipées pour intégrer les données.
Les chercheurs ont également observé l'ampleur des différences en fonction de l'âge. Entre 8 et 13 ans, les cerveaux demeurent assez ressemblants selon les sexes. En revanche, ils sont les plus dissemblables entre 14 et 17 ans, en plein milieu de l'adolescence, avant que les différences ne s'atténuent un peu chez les jeunes adultes.
Réf. :
“Neuromythes : cerveau masculin versus cerveau féminin”, 08.03.2018, par Christophe Rodo, doctorant ATER Aix-Marseille Université
PNAS January 14, 2014 111 (2) 823-828 ; https://doi.org/10.1073/pnas.1316909110, Edited by Charles Gross, Princeton University, Princeton, NJ, and approved November 1, 2013 (received for review September 9, 2013)
Matière grise et matière blanche du cerveau: définitions | Psychomédia (psychomedia.qc.ca)
La substance blanche, support de l’intelligence ? | Cerveau & Psycho (cerveauetpsycho.fr)
*La matière grise du cerveau contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (neurones) alors que la matière blanche contient les fibres nerveuses (axones des cellules nerveuses) entourées d'une gaine de myéline protectrice (voyez l'illustration d'un neurone plus bas). La myéline, qui donne la couleur blanche, agit comme un isolant qui facilite la transmission des signaux transmis par les fibres nerveuses. La matière grise est distribuée dans le cortex (surface des hémisphères cérébraux et du cervelet), et plus profondément, dans les noyaux (ex. thalamus, hypothalamus), dans le tronc cérébral et la colonne vertébrale. Les structures de la matière grise traitent l'information provenant des organes sensoriels ou d'autres régions du cerveau constituées de matière grise. La matière blanche est composée de faisceaux de fibres qui connectent les différentes régions de matière grise et transmettent les communications entre les cellules nerveuses.
Quel est le rôle de la substance grise ? La substance grise assure la fonction de centre nerveux : réception des messages, analyse complexe des informations, élaboration des réponses. ... Comparée à la substance blanche, elle est ainsi en quelque sorte la partie « noble » du système nerveux.
La substance – ou matière – grise est le lieu des opérations mentales et du stockage des informations. C’est la couche externe du cerveau ou cortex ; elle est composée d’un grand nombre de corps cellulaires neuronaux – les régions des neurones qui intègrent des informations. Mais en dessous, il existe un socle de substance blanche qui remplit près de la moitié du cerveau humain – une proportion beaucoup plus élevée que dans le cerveau d’autres animaux.
Qu’est-ce que la substance blanche ? Ce sont des millions de câbles de communication, chacun contenant un fil unique, ou axone, entouré d’une substance grasse blanche, nommée myéline. Ces câbles blancs relient les neurones d’une région du cerveau à ceux d’une autre (voir l’encadré page 50). Pendant des décennies, les neuroscientifiques se sont peu intéressés à la substance blanche. Ils considéraient la myéline comme un simple isolant et les axones comme de banales voies de passage passives. Les théories de l’apprentissage, de la mémoire et des troubles psychiques reposaient sur des mécanismes moléculaires ayant lieu dans les corps cellulaires des neurones et dans les synapses – les points de contact entre neurones.
Mais le transport correct de l’information entre les aires cérébrales est nécessaire au bon fonctionnement du cerveau. Des personnes ayant des expériences « mentales » différentes ou présentant certains dysfonctionnements n’ont pas la même quantité de substance blanche. Et cette quantité change aussi par exemple au cours de l’apprentissage ou de la pratique d’un instrument, tel le piano. Bien que ce soient les neurones de la substance grise – ou plus précisément leurs corps cellulaires – qui intègrent et exécutent les activités mentales et physiques, l’intégrité de la substance blanche serait tout aussi importante pour maîtriser certaines capacités mentales et sociales, et expliquerait aussi pourquoi les personnes âgées ont des difficultés pour apprendre.