Emmanuel Macron : Manager de la République

Le 28/03/2023 0

"Discret depuis le début de l'examen puis de l'adoption de la réforme des retraites par le Parlement, Emmanuel Macron s'est exprimé mercredi (22 mars) à 13 heures à la télévision. En pleine crise politique alors que l'opinion manifeste son mécontentement dans la France entière, le gouvernement d'Élisabeth Borne a évité la censure de neuf voix lundi 20 mars, à l'Assemblée nationale, après avoir fait usage de l'article 49-3 de la Constitution." - Le Point, Théo Sauvignet.

C'est dans ce contexte que j'ai souhaité analyser la communication non verbale d'Emmanuel Macron, sous le prisme de la posture. Il est un Président de la République dont le comportement tranche véritablement avec les précédents. 

Emmanuel Macron est-il Président avec toute la symbolique que cela suppose ou agit-il plutôt comme un Manager ?   

“C’est la première fois que vous vous exprimez depuis le recours au 49.3”

Le Président de la République est dans l’analyse, sa main gauche qui exprime normalement la spontanéité est retenue par sa main droite qui met à distance parce que l'instant nécessite beaucoup de ressources cognitives. 

Comme on pouvait s’y attendre, les journalistes entrent dans le vif du sujet dès le début… Ainsi, sa langue sort très rapidement vers le bas pour y rentrer ensuite, il n’en pense pas moins mais il ne le dira pas, puis sa bouche se ferme en huître retenant ses non-dits. Emmanuel Macron est concentré, ses fentes palpébrales sont hautes, kl connaît son texte, il l'incarne.

Sur cette première minute trente cinq, il est intéressant de remarquer le sens donné aux mains du Président lorsqu’il évoque l’ordre chronologique. Elles passent de la gauche vers la droite, comme on écrit naturellement de la gauche vers la droite. Logique, encore faut-il l’avoir en tête. Ce n'est pas un geste réalisé pour imposer ou qui symboliserait une autre valeur que celle du temps.

A 2 minutes et 10 secondes, Julian Brugier souhaite faire réagir Emmanuel Macron sur les propos qu’il a tenu concernant la légitimité de la foule. Le visage du Président se fait alors dissymétrique, son hémi visage droit est ouvert, non contracté, son sourcil est tout à fait horizontal, l'œil bien ouvert, un simple rictus à la commissure des lèvres. 

Son hémi visage gauche est lui contracté, le sourcil baissé à cause du front plissé (de contrariété, de colère ?), l'œil est plus petit avec la fente palpébrale très haute et ce même rictus qui va dans le sens de l’agacement.

“Merci de me permettre de clarifier cela” (2 min. 21)

Emmanuel Macron l’assène avec les paumes de ses mains jointes à l’horizontal, dans un mouvement de haut en bas. Il se met à la hauteur des autres avec une nécessité de trancher, de décider. 

“Ce ne sont pas des propos qui sont à même d’apaiser” - “pardon, mais ce sont des propos qui clarifient”

Et effectivement, le Président confirme son statut et renforce sa position en frappant la table de la paume de sa main droite. Il est temps de siffler la fin de la récréation et de reposer le cadre.

Émotion de colère et de surprise lorsqu’Emmanuel Macron dit, menton et bouche bas, qu’il n’a pas plaisir à faire cette réforme et qu’il aurait pu faire comme ses prédécesseurs, c'est-à-dire de balayer la poussière sous le tapis. 

“Dans les années 2030 il y aura 20 millions de retraités” assène Emmanuel Macron avec une langue de vipère comme confirmation de l’évidence. C’est une démonstration qu’il souhaite faire, c’est mettre le doigt sur un constat que tout le monde devrait avoir (4 min. 53).

Son bras gauche qui prend appui sur la table n’est pas là pour contribuer à la gestion de son stress, mais il est là pour “agrandir” le Président comme le font tous les animaux face à un danger. Et ce danger, la foule des manifestants, est incarné par Julian Brugier.

“Et il y a les blocages” (11 min. 06)

Les deux mains du Président viennent, paumes face à face, frapper la table dans un geste à nouveau tranchant, encore une fois pour faire montre de l’autorité à rétablir. 

Ce faisant, sa montre cogne aussi la table produisant un bruit désagréable qui surprend son émetteur et le perturbe, le déconcentre dans sa démonstration. Alors pour ne pas que cela se renouvelle, il décide de la retirer en toute discrétion afin de rester dans sa dynamique d’échange (pas plus de polémique).

“On vous entend sur les intentions…” - “ce ne sont pas des intentions, ce sont des engagements” (20 min. 44)

Ses bras sont largement déployés pour occuper l’espace, pour prendre de l’envergure face à un journaliste qui vient de minimiser sa démonstration. Le Président se fait plus grand pour impressionner, il regarde son interlocuteur droit dans les yeux avec en plus une bouche en huître pour bien signifier qu’il vaut mieux qu’il se taise pour ne pas se faire plus autoritaire encore. 

“Pourquoi ces réussites ?” (27 min. 57)

Emmanuel Macron toise gentiment Julian Brugier avec un sourire de satisfaction, voire cynique, son bras gauche se soulève subrepticement pour inconsciemment souligner, pour mettre en exergue et renforcer ce constat de réussite.

Lors de cette interview, c’est donc un Président de la République qui incarnait l’autorité que nous avons vu, une des facettes de son statut, comme le fait un manager avec son équipe lorsqu’il y a nécessité de décider.

Lien vers la vidéo : Retraites : l'interview exclusive d'Emmanuel Macron sur TF1 - REPLAY - YouTube

Emmanuel macron

 

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