tristesse

Mais d'où vient cette mélancolie ?

Le 13/06/2015

Mais d’où vient cette mélancolie ? Quel est son point de départ ?

Cette question m’a été posée plusieurs fois, suite à mon précédent article sur la différence entre la tristesse et la mélancolie.

Aucun élément de réponse sur internet (sauf erreur de ma part, si vous en avez, je suis preneur).

Et puis j’ai revu le film « Full Metal Jacket », de Stanley Kubrick (1987) avec Vincent D’Onofrio… là j’ai eu mon élément de réponse.

Tout le 1er tiers du film, Vincent D’Onofrio alias « grosse baleine » se fait littéralement pourrir par le sergent instructeur Hartman. « Grosse baleine » est empoté, peu habile avec son corps et semble différent émotionnellement des autres recrues. Il est sensible et les réflexions qui lui sont faites le touchent puissance 10. Alors petit à petit, il se renferme sur lui-même, dans son monde pour endurer les brimades sans le montrer aux autres.

A la fin de cette partie du film, « grosse baleine » se lève une nuit, prend un fusil d’assaut et tue le sergent instructeur Hartman avant de retourner l’arme contre lui, et finalement se tirer une balle dans la tête.

Lorsque nous sommes élevés avec des valeurs morales idéalistes et humanistes, que nous sommes de surcroît hyperesthésiques, ou hypersensibles, hyperémotifs et que dans notre petite enfance nous subissons un évènement qui, de notre hauteur candide, nous apparaît violent et humiliant alors notre socle vole en éclat… with the flick of the finger* !

 

La mélancolie, c’est la nostalgie du Paradis perdu.

 

Ainsi, certains ne regarderons plus le monde du même œil, ni la même candeur. Ils décideront d’analyser plus en détails les gens autour, voir ce qui les lie, comment ils interagissent et ça leur permet de se rassurer. Parce qu’ils savent dorénavant anticiper leurs réactions.

 

Gustave Flaubert a dit : "je suis doué d'une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire".

*Liam Gallagher avec Beady Eye « Flick of the finger »

"La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste"

Le 03/10/2014

Melancolie 02Melancolie 11Robert julius oppenheimer

Tristesse 4Tristesse 1

« La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste », disait Victor Hugo.

Devons-nous toujours associer mélancolie et tristesse ? J’ai l’impression, que l’amalgame est  souvent fait entre ces deux notions. Pourtant, l’un est sentiment tandis que l’autre est émotion, le premier est romantique alors que l’autre est  faiblesse. On perçoit une connotation positive dans cette citation de Victor Hugo où la mélancolie est associée au bonheur alors que la tristesse est renvoyée à elle-même. Pourquoi ce constat ?

Parce que la mélancolie fait référence à un univers romantique littéraire : Musset, Chateaubriand, Baudelaire, Sartre… qui a toujours du succès auprès des lecteurs.

Parce que le cerveau perçoit les changements physiques même les plus subreptices et que les tensions qu’il peut capter le renvoient à ses propres peurs.

Je m’attarde un instant sur ce 2nd point à titre d’explication.

Regardez ces quelques images et amusez-vous à tenter de les qualifier. Laquelle suscite le moins d’émotion négative ? Laquelle illustre la mélancolie, la tristesse ? Qu’ont-elles en commun ? Qu’est ce qui permet de les différencier ?

Elles ont toutes en commun ce regard particulier qui ne fixe rien en particulier. Même lorsque Lou Reed et Robert Oppenheimer semblent vous regarder, nous devinons une intensité, un regard si profond qu’il semble parler directement à notre cerveau émotionnel. Nous disons que ce regard est DEFOCALISE. La mélancolie ne repose sur rien de précis, c’est un sentiment vaporeux, diffus mais extrêmement profond et qui dure.

La tristesse a pour point de départ un évènement concret avec un facteur temps plus court. C’est une émotion, la mélancolie un sentiment.

Hormis ce regard pénétrant, cette défocalisation, nous pouvons observer un relâchement dans les muscles des visages qui expriment la mélancolie. Dans la tristesse, les traits sont plus tirés, il y a une tension musculaire visible (front, yeux, bouche…). C’est cette tension qui est interprétée comme négative et qui fait que nous avons plus de compassion pour la mélancolie que pour la tristesse. En langage synergologique, la mélancolie est hypotonique, la tristesse est hypertonique.

Enfin, si la tristesse est commune à chacun d’entre nous, ce n’est pas le cas de la mélancolie qui est « réservée » aux esprits critiques, qui savent prendre du recul par rapport aux évènements. Mais je ne m’aventurerai pas plus en amont et je vous laisse une citation d’Yves Hersant (reprise d’une interview : http://www.fabriquedesens.net/Anatomie-de-la-melancolie-Le) :

« L’un des problèmes de la mélancolie, que mettait en évidence, je crois, l’exposition de Jean Clair au Grand Palais, est de savoir où elle s’arrête. Est-ce que de proche en proche tout ne va pas être gagné par la mélancolie. L’idée de Burton est qu’il n’y a pratiquement pas de barrière à la mélancolie et que, c’est ce que disait le début du texte, et que vous venez de rappeler, les mélancoliques courent les rues, tout le monde risque d’être mélancolique. A ceci près que les sots, définitivement sots ne sont pas et ne seront jamais mélancoliques. Celui qui ne doute pas de soi, celui qui n’est pas travaillé par cette altérité, celui qui se raccroche à des attitudes dogmatiques, celui-là vivra dans l’ignorance de sa mélancolie, si elle existe et celui-là n’atteindra jamais le niveau culturel. »

A vos commentaires ou messages personnels…