Ce billet est ma réponse à l'article de M Glady paru dans HARVARD BUSINESS REVIEW, en date du 24/06/2015, sous le titre « Pourquoi les hauts potentiels ont parfois du mal à s’intégrer ».
L'article de M Glady tend à stigmatiser une certaine partie des Hauts Potentiels au travers de comportements qui peuvent être appliqués aux « normaux-pensants » et qui ne reflètent en rien les particularités des HP.
L'article débute avec 3 adjectifs qualificatifs – Bien formés, travailleurs, intelligents - qui semblent s’appliquer à l’ensemble des Hauts Potentiels, ce qui dans la réalité n’est évidemment pas le cas. Un nombre non négligeable de HP ne suivent pas une scolarité sans heurts, bien au contraire, puisque
70 % des HP sont en échec scolaire et seuls 30% poursuivent des études supérieures (http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/70-des-surdoues-sont-en-echec-scolaire-554/)
Revenons aux 3 erreurs que commettraient les HP, compliquant ainsi leur intégration dans leur environnement professionnel.
NE PAS COMMUNIQUER ASSEZ AVEC SON MANAGER DIRECT
Cette erreur s’applique à l’ensemble des nouveaux embauchés, elle n’est pas propre aux HP.
M Glady déclare que le HP est habitué à travailler seul depuis toute sa scolarité. Cependant, il ne faut pas faire l’amalgame avec les bons élèves « normaux-pensants » qui se fondent particulièrement bien dans le moule scolaire conventionnel. Les HP – enfin ceux qui ne s’en sortent pas trop mal – ont une vie sociale comme les « normaux-pensants ». Le HP est un monstre d’adaptation sociale. Pour ne pas se cloîtrer dans sa chambre à se morfondre sur l’incapacité des hommes à apprendre des erreurs du passé, le HP s’adapte aux personnes et à leurs comportements.
Remarquez que je dis bien que ce sont TOUJOURS les HP qui s’adaptent aux autres et non l’inverse.
Ainsi, dans un travail d’équipe, le HP saura identifier inconsciemment les stratégies de communication de chaque personne. Il pourra alors s’intégrer sans aucun mal à l’entreprise, même si les autres collaborateurs auront bien perçu cette espèce de singularité.
« Soyez plus proactif dans la communication » assène M Glady. Mais les HP sont généralement beaucoup plus fins en communication que les « normaux-pensants ». Ils perçoivent notamment les signes de la communication non verbale et savent les interpréter.
SE CONCENTRER SUR LE FOND, SANS TENIR COMPTE DE LA FORME
Les HP peuvent trouver la solution sans pouvoir expliquer le cheminement qui leur a permis d’y accéder. C’est une des particularités des HP mais comme M Glady l’indique, les HP ne sont pas arrivés à un cursus scolaire si brillant sans avoir appris à mettre les formes, ni sans avoir appris à développer leur démonstration.
M Glady laisse penser que le problème de communication vient uniquement des HP, alors que certains managers ont la crainte d’être jugé, dévalorisé par leur collaborateur HP. Les managers, au même titre que les autres personnes, perçoivent intuitivement qu’il y a une « différence ». Ils ressentent donc une sorte de peur primale émanant du HP qui peut être ainsi vu comme une menace.
Gardez bien à l’esprit que la seule volonté du HP, c’est de communiquer.
L’ABUS DE CERTITUDE
Eh bien c’est tout à fait l’inverse… l’HP est dans le doute permanent. Vous ne trouverez AUCUN HP ayant développé un complexe de supériorité ! Il est bien trop conscient de ses faiblesses.
En revanche, si le HP est convaincu de ses connaissances, c’est qu’il est habité par une envie débordante, envahissante de CURIOSITE. Et malgré ce que l'auteur pense, je le répète, le seul souhait du HP est de pouvoir partager ses centres d’intérêts. Là est toute la difficulté pour lui…
A la lecture de l'article, nonobstant le CV de M Glady pour lequel je suis admiratif et plein de respect, je constate qu'il juge et stigmatise les HP sans en connaître véritablement ce qui fait leur spécificité.
L'auteur laisse entendre que c’est encore une fois aux HP à s’adapter, mais c’est ce qu’ils font quotidiennement depuis leurs premiers contacts avec l’école (et quelle dépense d’énergie), pourquoi ne le feraient-ils pas lors de leur prise de poste ?
Le seul conseil que je puisse donner aux managers afin qu’ils adoptent le bon comportement face à un collaborateur HP, c’est qu’ils le valorisent (le HP est un être HYPER émotif) et qu’ils lui parlent !
lien vers l'article : http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2015/06/7382-pourquoi-les-hauts-potentiels-ont-parfois-du-mal-sintegrer/