psychologie
Comment expliquer... (en partie) ?
Le 21/12/2024
Comment expliquer (en partie) qu’un homme marié depuis de longues années ait besoin de sédater sa femme pour avoir des relations sexuelles avec elle ? Pire, comment expliquer que cet homme ait besoin d’inviter d’autres hommes à violer sa propre femme et qu’il y ait des hommes pour accepter ?
Comment expliquer (en partie) qu’un adolescent ait besoin d’oublier ses propres valeurs, que son ou ses parents lui ont inculqué, pour participer à une rixe de bandes rivales et de tuer un autre adolescent ?
Comment expliquer (en partie) l’émergence d’une tendance sexuée sur les réseaux sociaux alors qu’elle semble ne rien apporter à celles qui y participent ?
L’habituation !
La relation de cause à effet dans le phénomène d'habituation peut être expliquée à travers le fonctionnement de notre système nerveux et psychologique.
Stimulation initiale (la cause)
Lorsqu'un individu est exposé à un stimulus nouveau ou excitant (comme un nouveau défi, une récompense ou une expérience), son système nerveux réagit fortement. Cette excitation est due à la libération accrue de neurotransmetteurs comme la dopamine, qui jouent un rôle clé dans la sensation de plaisir et de motivation.
Adaptation progressive
Avec des expositions répétées au même stimulus, le cerveau s'adapte. Les neurones deviennent moins sensibles à ce stimulus particulier, ce qui entraîne une diminution de la réponse psychologique. C'est le phénomène d'habituation.
Le système nerveux ajuste sa réponse pour éviter une surcharge, ce qui permet de conserver de l'énergie et de se concentrer sur des stimuli nouveaux ou plus pertinents. Malheureusement la sensation de plaisir ou de satisfaction ressentie face au stimulus diminue, même si le stimulus reste identique.
Baisse d'excitation psychologique (l'effet)
Cette adaptation conduit à une baisse progressive de l'excitation psychologique. Par exemple : une personne qui pratique un sport extrême peut ressentir moins d'adrénaline après plusieurs expériences similaires.
Ou encore, un consommateur de contenu peut trouver un type de divertissement moins intéressant avec le temps.
Recherche d'un stimulus plus intense (besoin de faire plus)
Pour retrouver le même niveau d'excitation ou de satisfaction, l'individu cherche des stimuli plus puissants ou plus extrêmes. Cela peut se traduire par une augmentation de l'intensité du stimulus (plus de risques, plus de défis). Un changement de type de stimulation pour redécouvrir la nouveauté.
Par exemple, l'addiction au plaisir. Dans des comportements liés à la dopamine (jeu vidéo, substances, achats compulsifs, consommation des réseaux sociaux, etc.), l'habituation entraîne une tolérance. L'individu a besoin d'augmenter la "dose" pour retrouver l'excitation initiale, ce qui peut entraîner une escalade ou une dépendance.
Avec un zest de fantasme
Ajouter le critère de laisser libre cours à ses fantasmes enrichit l’explication du phénomène d’habituation, car les fantasmes jouent un rôle important dans la stimulation psychologique et la quête d’excitation.
Les fantasmes comme amplificateurs initiaux
Les fantasmes, en tant que constructions mentales, augmentent l’intensité d’un stimulus. Lorsqu’un individu laisse libre cours à ses fantasmes, il amplifie son excitation psychologique en combinant la réalité et son imagination. L’anticipation créée par les fantasmes intensifie l’expérience du stimulus et ça rend le stimulus encore plus captivant, mais aussi plus rapidement sujet à l’habituation.
Avec le temps, même les fantasmes les plus intenses peuvent perdre leur capacité à stimuler, car l’esprit s’adapte également à ses propres créations. Ce phénomène repose sur une désensibilisation psychologique et donc les scénarios fantasmés deviennent "prévisibles". S’ensuit une escalade mentale pour compenser, l’individu imagine des fantasmes plus complexes, plus extrêmes ou plus éloignés de la réalité pour retrouver le même niveau d’excitation. L’individu peut chercher à concrétiser ses fantasmes pour compenser la perte d’excitation mentale.
Dans ce cas, le lien entre imagination et réalité devient flou, et le besoin de combiner fantasmes et expériences réelles se renforce.
En conclusion
L'habituation suit une relation de cause à effet claire : exposition répétée → diminution de la sensibilité → recherche d'un stimulus plus intense pour compenser.
Ce phénomène reflète une stratégie adaptative du cerveau, mais peut parfois mener à des comportements excessifs, insatisfaisants, délictuels, criminels, dangereux...
Le triptyque de DS2C
Le 20/10/2024
DS2C s’est bâti sur un triptyque psychologique, véritable socle, véritable base pour analyser et décrypter les comportements humains. Charles Darwin, Frantz Brentano et Sigmund Freud sont cette base cruciale. Ils me permettent d’appréhender l’ensemble du fonctionnement humain et du passage à l’acte et de comprendre ce qu’il se trame dans l’esprit d’une personne qui fait ce qu’elle fait, quelles sont ses motivations.
Voyons comment la théorie de l'évolution de Darwin influence la psychologie descriptive et génétique de Brentano, et comment ces idées se connectent à la psychanalyse de Freud.
La théorie de l'évolution de Darwin
Charles Darwin, avec sa publication de "L'Origine des espèces" en 1859, a révolutionné notre compréhension de la biologie et de l'évolution. Sa théorie de la sélection naturelle propose que les espèces évoluent au fil du temps par le biais de mécanismes adaptatifs. Les individus qui possèdent des traits favorables à leur survie et reproduction sont plus susceptibles de transmettre ces traits à leur descendance. Cette théorie a non seulement transformé la biologie, mais a également eu des répercussions profondes sur la psychologie.
L'impact de Darwin sur la psychologie
La théorie de Darwin a encouragé les psychologues à envisager l'esprit humain comme un produit de l'évolution. Des concepts tels que l'instinct, le comportement adaptatif et la fonction des émotions ont été intégrés dans les études psychologiques. La psychologie évolutive, qui émerge plus tard, se base sur l'idée que de nombreux aspects du comportement humain peuvent être compris à travers le prisme de l'évolution.
Frantz Brentano et la psychologie descriptive
Frantz Brentano, philosophe et psychologue autrichien, a développé une approche unique de la psychologie. Dans son œuvre majeure, "Psychologie from an Empirical Standpoint", Brentano propose une psychologie descriptive qui se concentre sur l'expérience subjective. Il insiste sur l'importance de l'intentionnalité, l'idée que les états mentaux sont toujours dirigés vers quelque chose. Cette approche se distingue par sa volonté de décrire les phénomènes psychologiques sans recourir à des explications biologiques ou physiologiques.
Brentano a également introduit la notion de psychologie génétique, qui examine le développement des états mentaux au fil du temps. Il s'intéresse à la manière dont les expériences individuelles et les processus psychologiques évoluent, ce qui établit un lien avec la théorie de l'évolution de Darwin. En effet, tout comme les espèces évoluent, les états mentaux et les comportements humains se développent et s'adaptent en réponse à l'environnement.
La psychanalyse de Freud
Sigmund Freud, souvent considéré comme le père de la psychanalyse, a également été influencé par les idées évolutionnistes. Dans ses théories, Freud propose que les comportements humains sont souvent motivés par des pulsions inconscientes, notamment des désirs sexuels et agressifs. Il introduit des concepts tels que le ça, le moi et le surmoi, qui décrivent les différentes instances de la psyché humaine.
Freud a intégré des idées darwiniennes dans sa conception de la sexualité et des instincts. Il a suggéré que les pulsions humaines, tout comme les traits évolutifs, sont le résultat de processus adaptatifs qui ont été façonnés par l'évolution. La lutte pour la survie, l'angoisse et les conflits internes sont des thèmes récurrents dans son œuvre, soulignant l'importance de l'évolution dans la compréhension de la psyché humaine.
Liens entre les théories
Les liens entre la théorie de l'évolution de Darwin, la psychologie de Brentano et la psychanalyse de Freud se manifestent dans plusieurs domaines clés :
1. **L'évolution et la psychologie** : Les trois penseurs reconnaissent que les comportements et les états mentaux humains sont influencés par des facteurs évolutifs. Darwin établit le cadre de l'évolution, Brentano décrit les processus mentaux, et Freud explore les motivations inconscientes.
2. **L'intentionnalité et les pulsions** : Brentano met en avant l'idée que les états mentaux sont intentionnels, tandis que Freud souligne que ces états sont souvent motivés par des pulsions inconscientes. Cette intersection offre une compréhension plus nuancée de la psyché humaine.
3. **Le développement et l'adaptation** : La psychologie génétique de Brentano et les théories de Freud sur le développement psychologique mettent en lumière comment les individus s'adaptent à leur environnement, un concept central dans la théorie de l'évolution.
En conclusion
Les contributions de Darwin, Brentano et Freud ont façonné notre compréhension de la psychologie moderne. En reliant la théorie de l'évolution aux processus psychologiques, ces penseurs ont ouvert la voie à une exploration plus profonde de la nature humaine. Leur héritage continue d'influencer les recherches contemporaines en psychologie, soulignant l'importance des facteurs biologiques et évolutifs dans la compréhension de l'esprit humain.
DS2C reste à votre disposition pour une MasterClass sur l’analyse comportementale (2h), mais DS2C c’est aussi décrypter et analyser le fonctionnement, le passage à l’acte et la communication non-verbale d’un individu.
Pour toute information, contactez moi par mail : frantz.bagoe@gmail.com ou par téléphone au 06 13 68 38 65.
La peur de l'abandon : explications !
Le 05/10/2024
La peur de l’abandon est un thème central dans le champ de la psychanalyse, car elle touche au cœur des dynamiques inconscientes qui structurent la relation à l'autre et au soi. En psychanalyse, cette peur est souvent analysée en relation avec les premières expériences de séparation, notamment celles vécues avec les figures parentales, et elle se manifeste dans des angoisses profondes liées à la perte d’amour ou de sécurité. Explore la peur de l’abandon à travers plusieurs concepts psychanalytiques centraux, en se basant sur les travaux de Freud, Melanie Klein, Winnicott et Bowlby.
La peur de l'abandon et la psychanalyse freudienne
Freud (1915) a exploré les racines des angoisses fondamentales dans ses travaux sur l'inconscient, en particulier dans ses théories du développement infantile. Dans "Inhibition, Symptôme et Angoisse", Freud introduit la notion d’angoisse primaire, qu'il relie à l’expérience de séparation d’avec la mère. Cette angoisse originelle constitue une base pour comprendre la peur de l’abandon. Freud théorise que le premier lien entre l'enfant et sa mère est essentiel, car c'est la mère qui satisfait les besoins primaires de l’enfant. Lorsqu’il y a une séparation, l'enfant peut ressentir une profonde détresse. La rupture de ce lien est alors vécue comme un abandon, une perte d’objet (la mère en tant qu'objet d'attachement). Freud a également souligné l'importance de la "perte de l'objet d'amour" qui, dans son modèle pulsionnel, est un thème récurrent dans le développement de la névrose. L’enfant, privé de cet amour, peut développer une angoisse qui se manifeste plus tard sous diverses formes. L’idée centrale est que la peur de l’abandon est intimement liée à la perte de l’objet d'amour.
L’angoisse de persécution et l'angoisse dépressive
Melanie Klein (1935) a étendu la compréhension des processus inconscients chez l'enfant, notamment à travers l'idée de positions psychiques. Pour Klein, la peur de l'abandon est liée à deux formes d'angoisse : l'angoisse persécutrice et l'angoisse dépressive, qui caractérisent respectivement la "position paranoïde-schizoïde" et la "position dépressive" chez l'enfant. Dans la position paranoïde-schizoïde, l'enfant projette ses sentiments agressifs et destructeurs sur l'objet (la mère), ce qui crée une angoisse persécutrice. L'enfant craint que l'objet ne revienne pour le persécuter ou le détruire. Par extension, cette peur peut se transformer en une peur d’être abandonné par cet objet si investi, car l’enfant craint que sa propre agressivité ne l’ait détruit. Dans la position dépressive, l’enfant commence à percevoir l’objet comme étant entier, à la fois bon et mauvais. L’angoisse de persécution se transforme alors en angoisse dépressive : l'enfant craint d’avoir endommagé l'objet d’amour à cause de ses impulsions destructrices. Cette culpabilité conduit à une peur plus subtile de l’abandon, car l’enfant ressent une angoisse liée à la perte de l'objet entier (la mère) qu'il aime et déteste à la fois. Cette compréhension kleinienne nous permet de voir comment la peur de l’abandon est non seulement liée à la séparation physique, mais aussi à une séparation psychique interne due à l’agressivité et à la culpabilité.
L’objet transitionnel
Winnicott (1953), en s’intéressant à l’individuation et au développement émotionnel de l’enfant, a proposé la théorie des objets transitionnels et de l’espace transitionnel. Selon lui, la peur de l’abandon est fortement liée à l'expérience de séparation progressive entre l'enfant et sa mère. Winnicott souligne que l’enfant, dans les premiers mois de sa vie, ne distingue pas clairement entre lui-même et le monde extérieur. Il vit dans une sorte de fusion avec sa mère. La tâche développementale majeure est alors de permettre à l'enfant de se séparer progressivement de la mère, tout en maintenant un sentiment de sécurité interne. C’est là que l’objet transitionnel (comme un doudou, une peluche) joue un rôle crucial, car il permet à l'enfant de tolérer la séparation sans vivre une angoisse trop écrasante. Cet objet devient un substitut temporaire de la mère, facilitant ainsi l’autonomisation progressive. Dans cette perspective, la peur de l’abandon peut surgir lorsque ce processus de séparation ne se passe pas en douceur, soit parce que la mère est trop absente ou, au contraire, trop présente, empêchant ainsi l'enfant de développer un sens solide de soi. Si l’enfant ne peut pas internaliser un "objet bon" suffisamment sécurisant, il est condamné à vivre des angoisses d'abandon récurrentes, cherchant constamment un objet externe pour apaiser son anxiété.
L’attachement
La théorie de l’attachement développée par John Bowlby (1969, 1973) offre une autre perspective psychanalytique sur la peur de l’abandon. Bowlby, bien qu’influencé par Freud et Klein, a développé une approche fondée sur l’observation des interactions réelles entre les enfants et leurs figures d’attachement, principalement la mère. Pour Bowlby, les premières expériences d’attachement sont cruciales pour le développement de la personnalité et influencent la capacité à former des relations sécurisantes à l’âge adulte. Un attachement sécurisant, où l’enfant sait que sa figure d’attachement reviendra toujours, permet à l’enfant de développer une confiance fondamentale. En revanche, un attachement insécurisant, où la présence de la mère est imprévisible ou incohérente, entraîne chez l’enfant une peur constante d’être abandonné. Bowlby a identifié plusieurs styles d’attachement, dont l’attachement anxieux-ambivalent, où l’enfant développe une peur chronique de l’abandon à cause d’une figure d’attachement imprévisible. À l’âge adulte, cette peur se manifeste souvent par des comportements de dépendance, un besoin excessif de réassurance et une peur constante de perdre les relations importantes.
Le narcissisme et la peur de l’abandon
La psychanalyse a également exploré la peur de l’abandon dans le cadre des troubles narcissiques. Dans ses travaux sur le narcissisme, Freud (1914) a proposé que l’amour-propre ou narcissisme est une forme d’attachement à soi-même qui est une réponse au risque d’abandon. L’enfant, dans ses premiers mois, est centré sur lui-même. C’est ce que Freud appelle le narcissisme primaire. À mesure que l’enfant se développe, il commence à déplacer une partie de cet amour-propre vers des objets externes, principalement ses parents. Si ce déplacement est entravé, par exemple par une figure d’attachement trop instable ou absente, l’enfant peut retourner à un état de narcissisme primaire comme défense contre la peur de l’abandon. Dans les cas de narcissisme pathologique, la peur de l’abandon est particulièrement aiguë. Le narcissique cherche désespérément à être aimé et admiré par les autres pour combler un vide interne. Cependant, ce besoin compulsif d'attention masque une fragilité sous-jacente : la personne narcissique craint constamment d’être rejetée ou abandonnée. L’amour des autres est essentiel pour maintenir une image idéalisée de soi, et toute menace d'abandon est vécue comme une blessure narcissique.
Le manque fondamental
Jacques Lacan a abordé la question du manque et du désir comme centrales à l’expérience humaine. Pour Lacan (1959), le désir humain est toujours marqué par une quête de complétude, une complétude qui reste à jamais hors de portée. Le désir est lié à ce qu'il appelle "l’Autre" (l’Autre symbolique), une figure qui incarne le manque fondamental autour duquel se structure la subjectivité. Dans cette optique, la peur de l’abandon peut être vue comme une manifestation du désir insatiable de combler ce manque originel. L’être humain, selon Lacan, est fondamentalement marqué par une absence – une séparation primordiale qui survient dès l’entrée dans le langage. La peur de l’abandon est ainsi enracinée dans une quête illusoire d’unité avec l’Autre, une unité qui, en réalité, est impossible à réaliser. Toute relation, en ce sens, porte en elle la possibilité de l'abandon, car elle est fondée sur un manque impossible à combler.
Personnellement, je n’ai plus de doudou depuis longtemps et pour remédier à cet état de manque, cette peur d’être abandonné, j’aime poser ma tête sur le ventre de ma femme : c’est rassurant et plus profond, plus satisfaisant qu’un hug.
"Mais pourquoi je n'arrive pas à m'endormir ?"
Le 04/08/2024
« Mais pourquoi je n’arrive pas à m’endormir ? »
C’est une question récurrente que beaucoup de personnes se posent. Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi certaines personnes n’arrivent pas à s’endormir le soir. Je ne vais pas aborder à nouveau ces facteurs dans cet article, et encore moins l’aspect environnement, les écrans etc… je les ai précédemment développés dans un précédent article.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’il existe une relation symbolique entre le sommeil et la mort. Cette perspective trouve ses racines dans diverses traditions culturelles, littéraires et psychanalytiques.
Symbolisme du sommeil et de la mort
Dans de nombreuses cultures, le sommeil est souvent décrit comme une forme de « petite mort. » Cette analogie repose sur l’idée que le sommeil implique une perte de conscience temporaire, semblable à la perte de conscience permanente que représente la mort.
Hypnos et Thanatos : une association traditionnelle renouvelée à la Renaissance | Cairn.info
Peurs inconscientes
Selon la psychanalyse, le sommeil pourrait être associé à des peurs inconscientes de la mort. Pour certaines personnes, l’idée de s’abandonner au sommeil peut raviver des angoisses profondes liées à la mortalité, à la perte de contrôle ou à l’inconnu.
Freud et le principe de la mort
Sigmund Freud a exploré l’idée que certains individus peuvent avoir des résistances inconscientes au sommeil en raison de la peur de la mort. Dans ses théories sur l’inconscient, il décrit des pulsions de vie et de mort qui peuvent influencer de manière subtile et complexe. Freud a proposé l’existence de deux forces fondamentales dans la psyché humaine : Eros (la pulsion de vie) et Thanatos (la pulsion de mort). Selon cette théorie, certains comportements, y compris les troubles du sommeil, pourraient être des manifestations de ces forces en conflit. La résistance à l’endormissement pourrait être vue comme une lutte contre la pulsion de mort, une tentative de la psyché de se protéger contre l’angoisse existentielle liée à la fin de la conscience.
Expériences traumatiques
Les personnes ayant vécu des expériences traumatisantes, notamment des expériences de mort imminente ou la perte de proches, peuvent développer des associations négatives avec le sommeil. La peur de revivre des souvenirs traumatiques ou d’être vulnérable pendant le sommeil peut rendre l’endormissement difficile. Le sommeil, en devenant un moment où ces souvenirs traumatiques peuvent refaire surface, devient une source de stress et d’angoisse plutôt qu’un refuge réparateur.
Théories existentielles
D’un point de vue existentiel, l’angoisse liée à la condition humaine et à la conscience de la mortalité peut se manifester sous forme d’insomnie. Les réflexions sur la vie, la mort, et le sens de l’existence peuvent devenir plus prononcés la nuit, quand l’esprit n’est pas distrait par les activités diurnes.
Ces perspectives soulignent que, pour certaines personnes, les difficultés d’endormissement peuvent être profondément enracinées dans des symbolismes psychologiques et des peurs existentielles liées à la mort. Ces enjeux peuvent être explorés et traités à travers des approches thérapeutiques comme la psychanalyse ou la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Une exploration plus approfondie de ces aspects symboliques et inconscients peut être nécessaire pour comprendre et traiter les problèmes de sommeil de manière holistique.
L’importance de l’étayage parental à travers la vie d’Armin Meiwes
Le 21/07/2024
Armin Meiwes : une vie marquée par l’horreur
Enfance et relations familiales
Surnommé « le cannibale de Rotenburg », Armin Meiwes est né le 1er décembre 1961 à Kassel, en Allemagne. Sa jeunesse a été marquée par une relation difficile avec ses parents. Son père, un policier autoritaire, était souvent absent et a fini par quitter la famille lorsque Armin avait huit ans. Cette séparation a eu un impact profond pour lui, le laissant avec un sentiment d’abandon. Sa mère décrite comme possessive et dominante, a élevé Armin dans un environnement strict, le contrôlant étroitement. Isolé, Armin développait un monde imaginaire où il se réfugiait pour échapper à la solitude et à la rigueur de sa vie domestique.
Scolarité et adolescence
Armin Meiwes était un élève moyen, mais il n’avait pas beaucoup d’amis. Ses camarades de classe le décrivaient comme un garçon timide et introverti. A l’adolescence, il commença a fantasmer sur le cannibalisme, utilisant ces pensées pour combler son besoin d’intimité et de contrôle, conséquences directes de son éducation perturbée.
Les circonstances du crime
Les fantasmes d’Armin Meiwes se sont intensifiés avec le temps, jusqu’à ce qu’il passe à l’acte en 2001. Il publia une annonce sur un forum en ligne dédié aux fétiches extrêmes, recherchant un volontaire pour être tué et consommé. A la surprise générale, un homme du nom de Bernd Jürgen Brandes répondit favorablement.
Le 9 mars 2001, Brandes se rendit au domicile de Meiwes à Rotenburg. Les deux hommes eurent des relations sexuelles avant que Meiwes ne coupe le pénis de Brandes, un acte que ce dernier avait souhaité. Brandes saigna abondamment mais, sous l’effet de puissants sédatifs, il continua à coopérer jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Meiwes, selon ses propres aveux, attendit plusieurs heures avant de le tuer en lui tranchant la gorge. Il enregistra la totalité de l’acte sur vidéo, un élément clé lors de son procès.
Conséquences légales et psychologiques
Armin Meiwes fut arrêté en décembre 2002 après que la police eut découvert la vidéo du meurtre. Son procès, qui débuta en décembre 2003, attira une attention internationale en raison de la nature macabre du crime. Meiwes fut d’abord condamné à huit ans et demi de prison pour homicide involontaire, la cour considérant que Brandes avait consenti à sa propre mort. Cependant, après un appel, il fut rejugé en 2006 et condamné à la perpétuité pour meurtre et perturbation de la paix des morts.
Le cas d’Armin Meiwes soulève des questions profondes sur les limites du consentement et les aspects psychologiques de comportements extrêmes. Son enfance marquée par l’isolement et une relation dysfonctionnelle avec ses parents, combinée à des fantasmes déviants, ont abouti à un crime qui restera dans les anales de la criminologie moderne.
Pourquoi, selon Bowlby, l’étayage maternel est-il si important pour le petit enfant ?
Selon John Bowlby, l’étayage maternel, ou l’attachement à la figure maternelle, est crucial pour le développement psychologique et émotionnel du petit enfant pour plusieurs raisons fondamentales :
- Sécurité émotionnelle : la présence constante et rassurante de la mère ou de la figure d’attachement principale fournit à l’enfant un sentiment de sécurité. Ce sentiment de sécurité est essentiel pour que l’enfant puisse explorer son environnement en toute confiance, sachant qu’il peut revenir à une base sûre en cas de besoin.
- Développement de la confiance : l’attachement sécurisant permet à l’enfant de développer une confiance en lui-même et en ses capacités. La mère, en répondant de manière prévisible et sensible aux besoins de l’enfant, aide celui-ci à comprendre qu’il est digne d’amour et de soin, ce qui favorise une estime de soi positive.
- Régulation des émotions : les interactions avec la figure d’attachement aident l’enfant à apprendre à réguler ses émotions. Par exemple, lorsque l’enfant est stressé ou effrayé, la présence et les réponses apaisantes de la mère aident à calmer l’enfant, lui enseignant progressivement comment gérer ses propres émotions.
- Modèles de relations futures : l’attachement initial sert de modèle pour toutes les relations futures de l’enfant. Un attachement sécurisant favorise des relations interpersonnelles saines et stables à l’âge adulte, tandis qu’un attachement insécurisant peut mener à des difficultés relationnelles.
- Base de développement cognitif : un environnement sécurisant permet à l’enfant de se concentrer sur l’apprentissage et l’exploration plutôt que sur la survie ou la recherche de réconfort. Cela encourage le développement cognitif et la curiosité, facilitant l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances.
- Prévention des troubles psychologiques : un attachement sécurisant est associé à une moindre prévalence de troubles psychologiques. Les enfants qui ont bénéficié d’un bon étayage maternel sont moins susceptibles de développer des troubles de l’anxiété, de la dépression, ou des problèmes de comportement.
En résumé, l’étayage maternel est fondamental car il forme la base sur laquelle l’enfant peut construire sa compréhension du monde, développer des compétences émotionnelles et sociales, et établir des relations saines et stables tout au long de sa vie.
Entre rêve et ennui
Le 10/07/2024
Selon Freud, le processus de création d'un rêve comporte trois phases : la condensation, le déplacement et la figuration symbolique. En combinant ces trois phases, Freud croyait que les rêves étaient une voie royale vers l'inconscient et pouvaient révéler des désirs refoulés et des conflits internes.
- La condensation se réfère au fait que plusieurs idées, émotions ou désirs peuvent être combinés en une seule image ou scène dans un rêve. Cela peut rendre la signification du rêve plus complexe et difficile à interpréter.
- Le déplacement se produit lorsque l'énergie émotionnelle associée à un désir ou à une pensée est déplacée vers un autre objet ou personne dans le rêve. Cela peut conduire à des associations inattendues et à des symboles qui ne sont pas directement liés à la source originale du désir.
- La figuration symbolique se réfère à la représentation symbolique des désirs inconscients dans le rêve. Les symboles utilisés peuvent être personnels et avoir une signification spécifique pour le rêveur, ce qui rend l'interprétation des rêves souvent subjective.
Pourquoi est-ce si important de rêver (et d’essayer de s’en souvenir) ?
- Exutoire pour les désirs inconscients : Les rêves sont une voie royale vers l'inconscient. Ils permettent d'exprimer des désirs refoulés qui ne peuvent pas être réalisés dans la vie éveillée. Les rêves servent de soupape de sécurité, permettant à ces désirs de se manifester sous une forme symbolique, réduisant ainsi la tension psychique.
- Processus de régulation émotionnelle : Les rêves aident à réguler les émotions en permettant aux individus de traiter des expériences et des sentiments complexes. Ils peuvent aider à digérer des événements stressants ou traumatiques, contribuant ainsi à une meilleure santé mentale.
- Résolution de problèmes : Les rêves peuvent jouer un rôle dans la résolution de problèmes en offrant des perspectives nouvelles ou inattendues. Pendant le rêve, l'esprit peut faire des connexions libres, ce qui peut mener à des solutions créatives que l'individu n'aurait pas envisagées dans l'état de veille.
- Consolidation de la mémoire : La recherche contemporaine montre que les rêves participent à la consolidation de la mémoire. Pendant le sommeil paradoxal, le cerveau traite et organise les informations de la journée, intégrant les souvenirs à long terme.
- Auto-réflexion et développement personnel : Les rêves permettent une forme d'introspection et de compréhension de soi. En interprétant ses rêves, un individu peut mieux comprendre ses motivations, ses peurs et ses désirs, facilitant ainsi la croissance personnelle.
- Maintien de l'équilibre psychologique : Freud croyait que les rêves maintiennent l'équilibre psychologique en offrant un espace où les conflits internes peuvent être mis en scène et travaillés de manière symbolique. Cette fonction cathartique aide à préserver la santé mentale.
- Expression créative : Les rêves peuvent être une source d'inspiration créative. De nombreux artistes, écrivains et scientifiques ont puisé dans leurs rêves pour obtenir des idées innovantes et des œuvres d'art.
En résumé, rêver est une activité essentielle qui joue plusieurs rôles importants dans la vie psychique d'un individu, allant de la régulation émotionnelle et la consolidation de la mémoire à l'expression des désirs inconscients et la résolution créative de problèmes.
Est-ce que s'ennuyer n'est pas similaire à rêver ?
L'ennui et le rêve sont deux états de conscience distincts, mais ils partagent certaines similitudes en termes de processus cognitifs impliqués.
Quelles sont les différences entre ces deux états ?
- Etat de conscience :
- Rêve : Les rêves se produisent principalement pendant le sommeil paradoxal (REM), un état de conscience altéré où l'esprit est actif mais le corps est paralysé.
- Ennui : L'ennui se produit lorsque l'individu est éveillé et conscient, mais éprouve un manque de stimulation ou d'intérêt pour son environnement ou ses activités.
- Nature des Expériences :
- Rêve : Les rêves sont des expériences mentales souvent vives et complexes, impliquant des scénarios imaginaires, des symboles et des émotions intenses.
- Ennui : L'ennui est une expérience de vide ou de désintérêt, où l'esprit peut vagabonder, mais sans la structure narrative ou émotionnelle intense des rêves.
- Objectifs et Fonctions :
- Rêve : Les rêves ont des fonctions spécifiques comme la consolidation de la mémoire, la régulation émotionnelle et l'expression des désirs inconscients.
- Ennui : L'ennui pousse l'individu à rechercher des stimuli ou des activités plus intéressantes et peut encourager la réflexion et la créativité comme moyen de sortir de cet état.
Quelles sont les similitudes entre ces deux états ?
- Vagabondage de l'Esprit :
Dans les deux états, l'esprit peut errer librement, explorant des pensées et des idées sans contrainte. Cela peut mener à des associations libres et des idées créatives, bien que les rêves tendent à être plus structurés et narratifs.
- Processus Cognitifs :
Les deux impliquent des processus cognitifs similaires tels que l'imagination, la mémoire et l'association d'idées. Le vagabondage mental pendant l'ennui peut parfois conduire à des états de rêve éveillé ou de rêverie diurne, où les pensées deviennent plus fluides et moins structurées.
- Réflexion et Introspection :
L'ennui, tout comme le rêve, peut fournir un espace pour l'introspection et la réflexion personnelle. En l'absence de stimulation externe, l'esprit peut se tourner vers l'intérieur, permettant une exploration des pensées et des sentiments.
Conclusion
Bien que l'ennui et le rêve soient des états de conscience distincts, ils partagent certaines similitudes dans les processus cognitifs impliqués, comme le vagabondage de l'esprit et l'utilisation de l'imagination et de la mémoire. Cependant, les fonctions spécifiques et les contextes dans lesquels ils se produisent sont différents. Les rêves ont des fonctions psychologiques et biologiques spécifiques liées au sommeil, tandis que l'ennui agit comme un signal pour chercher des stimulations nouvelles et peut inciter à la créativité et à la réflexion.
Le passage à l'acte criminel en 4 phases
Le 26/05/2024
Si l’on parvient à découvrir les conditions du passage à l’acte, il sera possible de recenser les syndromes de l’état dangereux, ces faisceaux de symptômes qui alertent le criminologue sur la probabilité d’un dénouement délictueux.
Le passage à l’acte n’a que l’apparence de la soudaineté. Le crime n’est qu’une longue patience, résultat d’une morne application quotidienne, souvent inconsciente, du criminel, et d’une conjonction de circonstances funestes. Selon Pinatel, « le crime est la réponse d’une personnalité à une situation ».
Égocentrisme, labilité, agressivité, indifférence affective, tels sont les quatre caractères fondamentaux de la personnalité qui sous-tendent le passage à l’acte.
Lorsqu’ils étudient les facteurs mésogènes, les criminologues font une distinction entre le « milieu du développement », qui influence la formation et l’évolution de la personnalité (la famille, les groupes sociaux, etc.), et le « milieu du fait », c’est-à-dire les situations dans lesquelles est placé le délinquant au moment de son crime. C’est ce milieu du fait qui joue un rôle plus ou moins important dans le déclenchement du passage à l’acte.
Le « milieu » désigne l’ensemble des facteurs extérieurs, matériels et moraux (environnement, climat, cadre), qui entourent et conditionnent un individu. Réciproquement l’individu agit sur son milieu. Par métonymie, le terme est employé comme équivalent de « monde » ou de « groupe social » (classe, famille, profession). Il signale alors la cohérence et la relative clôture d’un groupe, dont les éléments sont soumis à des influences et à des lois communes.
Le processus qui conduit à l’accomplissement de l’acte grave comporte quatre phases principales :
- la phase de 1’assentiment inefficace,
- la phase de 1’assentiment formulé,
- la phase de la crise,
- et le dénouement.
L’élément essentiel de ce processus est le « devenir » du sujet : ce que le criminel est devenu psychologiquement, généralement sans le savoir, devenir qui n’est perceptible que dans une étude portant sur une longue durée, car seule la durée permet de saisir l’évolution ou la stagnation.
L’étape initiale de l’assentiment inefficace est l’aboutissement d’un lent travail inconscient. Une occasion quelconque révèle au sujet « un état souterrain préexistant » : un rêve, la lecture d’un fait divers, une conversation, un film ou toute autre circonstance lui fait entrevoir par une sorte d’association d’idées ce que, sans le savoir encore clairement, il souhaitait vaguement depuis quelque temps, par exemple la disparition de son conjoint, dont il est las. Il accepte alors l’idée de cette disparition possible. Mais la mort de son conjoint est représentée dans son esprit comme un phénomène objectif dans lequel il ne prend personnellement aucune part. La mort n’est pas son œuvre ; il imagine qu’elle puisse résulter de la nature des choses, d’un accident de la route, d’une maladie, d’un cataclysme, d’un suicide... Mais il envisage cette possibilité sans déplaisir : acquiescement encore inefficace, puisque le sujet ne se représente pas encore en tant qu’auteur de ce drame.
Dans la plupart des cas, la velléité homicide très indirecte et très détournée s’arrête là, car l’équilibre est vite rétabli par une réaction morale. Mais quelquefois cela va plus loin. L’assentiment, d’inefficace, devient alors un acquiescement formulé. Tout en continuant à s’efforcer de penser que la disparition pourra s’accomplir sans son concours, le sujet commence à se mettre lui-même en scène en tant qu’adjuvant de l’œuvre destructrice. Mais la progression de cette idée passe par des hauts et des bas. Le travail de dévalorisation de la victime alterne avec l’examen des inconvénients du crime. A ce stade, « un rien peut faire accomplir un bond prodigieux en avant ou susciter une fuite éperdue ». Le crime peut même survenir prématurément au cours de cette période, alors que la préparation du criminel n’est pas complète ou qu’il n’a pas eu le temps ou la hardiesse « de se regarder lui-même ». Une ivresse, une discussion, un événement hors série, une occasion exceptionnelle offerte par le hasard précipitent les choses. C’est ici, note De Greeff, que pourront se situer des actes mal exécutés ou dont l’éclosion apparemment soudaine trompera la justice sur leur véritable signification (processus d’acte subit et irréfléchi). Mais, souvent, le dénouement est précédé d’une crise.
La crise est le signe que l’homme « marche à reculons » vers un acte aussi avilissant qu’un crime. Il ne s’y détermine qu’après une véritable « agonie morale ». Il faut qu’il se mette d’accord avec lui-même, qu’il légitime son acte. Plus il est « stabilisé dans des pratiques morales lui enjoignant la réprobation d’un tel acte, et plus il lui faudra de temps pour s’adapter à cette déchéance ». Quelques criminels cependant, pour surmonter cette pénible crise, s’imposent à eux-mêmes un processus avilissant « en se créant une personnalité pour qui le crime ne soit plus une chose grave et tabou ».
Après le dénouement, on constate généralement un changement d’attitude. Le délinquant, qui se trouvait auparavant dans un état d’émotivité anormale va manifester, selon les cas, un soulagement, des regrets, de la joie ou de l’indifférence. « Toute la personnalité du criminel se trouve condensée à ce moment-là. »
La réaction d’indifférence ou de désengagement, si bien décrite par De Greeff, se rencontre chez les criminels qui, ayant longuement vécu la préparation psychologique de leur acte, considèrent le résultat comme une conclusion logique de leur projet. Ils ont fait ce qu’ils voulaient accomplir et ils n’éprouvent pas le besoin de dramatiser davantage.
Sources :
Mathilde Barraband, « Milieu », dans Anthony Glinoer et Denis Saint-Amand (dir.), Le lexique socius, URL : http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/34-milieu
La théorie de la contrainte non choisie, où : pourquoi dire "non" ?
Le 09/05/2024
Il existe un lien de cause à effet entre ne pas savoir dire « non » et le harcèlement moral et affectif.
Ce lien, nous le subissons tous mais à divers degrés. C’est pour cela que certaines personnes sont plus affectées que d’autres.
Ce lien est subtil, implicite, ténu voire malsain. C’est ce que j’appelle la théorie de la contrainte non-choisie. C’est le fait d’imposer à l’autre une tâche, un service alors qu’il existe d’autres possibilités. C’est rendre l’autre redevable pour se déresponsabiliser et se placer en position de dominant, pour avoir un ascendant sur l'autre.
Par exemple, un petit groupe de personnes reviennent d’un café et l’une d’elles (personne A) demande à une autre (personne B) de lui déposer son téléphone et son gobelet de boisson à son bureau, le temps qu’elle se rende aux toilettes. Ça s’apparente à un service tout à fait banal, mais l’autre possibilité eut été que la personne A dépose elle-même ses affaires à son bureau pour aller ensuite aux toilettes, sans avoir à solliciter la personne B.
Si la personne B accepte de rendre ce service, elle accepte alors implicitement une relation de subordination qui se répètera forcément parce qu’elle sera vue comme serviable. Sauf que si ce type de services se multiplie, cela provoquera un stress chez la personne A qui pourrait devenir délétère à la longue.
Autre exemple avec les aventuriers de Koh-Lanta, lorsqu’au moment des nominations l’un des aventuriers dit à un autre : « j’ai éliminé 2 amis à moi alors que ça me déchirait le cœur. Là, je te demande simplement aujourd’hui de faire la même chose avec untel. »
Ce type de demande crée un lien de subordination insidieux qui vous place en position de devoir effectivement réaliser ce service pour l’autre. Mais comme vous pouvez vous en apercevoir, l’autre n’est pas démuni d’un intérêt personnel, d’une intention qui est manipulatrice pour autant qu’elle n’ait pas d’autre solution que de vous solliciter.
La racine du mot « contrainte » est CONSTRINGERE qui désigne ce qui est enserré par des liens, enchaîné, entravé, dominé. Une contrainte, ce sont des règles attribuées auxquelles le sujet doit se conformer, qui lui indiquent ce qu’il doit ou ne doit pas faire. « La notion de contrainte implicite met l’accent sur les inférences du sujet à partir d’une activité de compréhension des contraintes explicitent (cairn.info). »
Une contrainte choisie rend la personne qui l’accepte actrice de son choix, c’est intentionnel. L’inverse lui confère un rôle passif, de soumission car ce sera un choix non intentionnel.
C’est facilement compréhensible lorsque vous devez signer un contrat de travail ou un prêt financier.
Savoir dire « non » vous permet de ne pas accepter le stress inhérent et possiblement les conséquences qui peuvent en résulter. C’est vous protéger.
Comprendre et traiter l'inhibition
Le 07/04/2024
Comprendre l’inhibition et ses mécanismes
L'inhibition, en psychologie, fait référence à un processus mental qui consiste à supprimer ou à restreindre une pensée, un comportement ou une émotion. Cela peut se produire de différentes manières, telles que l'inhibition cognitive, émotionnelle ou comportementale. L'inhibition peut être à la fois bénéfique et nuisible, en fonction du contexte et de la manière dont elle est utilisée.
L'inhibition cognitive, par exemple, peut être utile pour se concentrer sur une tâche spécifique en ignorant les distractions. Cependant, une inhibition excessive peut également entraver la créativité et la flexibilité mentale. De même, l'inhibition émotionnelle peut être nécessaire pour contrôler ses réactions dans des situations sociales, mais elle peut également conduire à une suppression excessive des émotions, ce qui peut être préjudiciable à long terme.
En psychologie, l'étude de l'inhibition est importante pour comprendre comment les individus régulent leur comportement et leurs émotions. Les chercheurs s'intéressent également à la manière dont l'inhibition peut être perturbée dans des troubles tels que l'anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique.
Comment l'inhibition, en psychologie, peut-elle être perturbée par des troubles comme l'anxiété et la dépression ?
L'inhibition peut être perturbée par des troubles tels que l'anxiété et la dépression de plusieurs manières.
Dans le cas de l'anxiété, une inhibition excessive peut se produire en raison d'une hyperactivation du système de réponse au stress. Cela peut entraîner une inhibition cognitive, où les pensées négatives et les préoccupations anxieuses dominent l'esprit, entravant la capacité à se concentrer sur des tâches importantes.
De plus, l'anxiété peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions sont refoulées ou supprimées pour éviter les situations stressantes, ce qui peut conduire à une détresse émotionnelle accrue à long terme.
En ce qui concerne la dépression, l'inhibition peut être perturbée par une diminution de la motivation et de l'énergie, ce qui peut entraîner une inhibition comportementale. Les individus déprimés peuvent avoir du mal à initier des actions ou à s'engager dans des activités sociales, ce qui peut renforcer le sentiment de désespoir et d'isolement.
De plus, la dépression peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions positives sont supprimées ou atténuées, ce qui peut contribuer à un sentiment général de vide et de détachement.
En conclusion, l'inhibition est un processus complexe et multifacette qui joue un rôle crucial dans la régulation du comportement et des émotions. L'anxiété et la dépression peuvent perturber l'inhibition en modifiant la manière dont les individus régulent leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements.
Comprendre ces mécanismes peut être crucial pour développer des interventions efficaces pour traiter ces troubles et améliorer le bien-être mental des individus concernés.
Narcisse ou Don Juan ? Perversion ou perversité ?
Le 30/12/2023
Nous sommes tous, à un moment donné, dans une dynamique de séduction avec l’autre et quelque soit l’environnement, le contexte et c’est normal, c’est bien, c’est la vie, c’est le jeu des relations sociales. Une fois cet apophtegme, ce précepte posé, il est important de ne pas sombrer dans l’excès.
Savoir analyser et reconnaître lorsqu’il y a un excès dans ce fonctionnement va vous permettre une meilleure maîtrise de la situation.
Voyons cela…
Une personnalité narcissique devient pathologique lorsque les traits du comportement altèrent le quotidien. Elle se classe en deux catégories :
- par excès d’amour de soi (mégalomanie),
- par insuffisance d’amour de soi.
Le narcissisme pathologique se caractérise par le besoin d’être admiré par les autres pour réparer une carence de son amour pour soi. Donc besoin de séduire l’autre mais ce qui ne veut pas forcément dire passage à l’acte, d’où la différence entre Narcisse et Don Juan.
Il y a donc une érotisation de l’autre d’un côté et une sexualisation de l’autre d’un autre côté. Narcisse est la duplication de l’image de soi dans l’autre pour se rassurer alors que Dom Juan accepte de passer par l’acte pseudo-sexuel pour satisfaire son besoin de maîtrise.
Cependant, ni l’un ni l’autre ne peuvent supporter l’idée que l’autre les asservisse à son propre narcissisme à elle. Ils veulent avoir la main sur l’autre, garder le contrôle.
A la suite de cette séduction narcissique, la personne “objet” peut être triple :
- la personne séduite n’a aucune “originalité” et peut se contenter d’une relation pseudo amoureuse. Elle ne tient pas plus que ça à cette relation et sait y mettre un terme le moment venu, laissant le séducteur libre de répéter son schéma avec une autre personne “objet”.
- la personne séduite est, elle aussi, une carencée narcissique. Lorsque la magie de la rencontre opère et qu’elle aura contenté les deux Narcisses alors chacun pourra reprendre son chemin. Mais chacun est aussi libre de conduire le même schéma parallèlement à la relation.
- enfin, il se peut que la personne séduite ait l’espoir d’une pleine relation et devienne ainsi exigeante d’un point de vue investissement personnel.
La personnalité pathologique narcissique se croit unique, spéciale, et a un besoin excessif d’être admirée et croit que tout lui est dû. Elle entretient des fantasmes irréalistes et idéalisés de pouvoir, de succès, d’amour ou de beauté.
Pour distinguer ces deux personnalités - lorsqu’elles sont à un niveau pathologique, j’insiste - et faire la différence entre la maladie (perversion) et le vice (perversité), il est nécessaire d’effectuer un examen complet de l’individu (anamnèse) et du mobile de son comportement. La recherche de cette différence est fondamentale en matière judiciaire parce qu’elle permet l’imputation des responsabilités. Seuls les professionnels de la santé mentale sont capables de le faire.
Mais brièvement, la perversité renvoie au plaisir de manipuler l’autre pour avoir une emprise. Il n’y a pas de satisfaction sexuelle dans la perversité.
La perversion, quant à elle, fait référence à une pathologie nommée paraphilie. Il s’agit d’une structure de la personnalité qui renvoie classiquement à des conduites sexuelles déviantes (je vous laisse le soin de rechercher ce qu’est une conduite sexuelle déviante).
Il est important pour tout à chacun d’avoir conscience du rôle qu’il joue dans sa relation avec l’autre et que l’autre joue avec soi. Analyser froidement la situation, en mettant de côté ses émotions, va permettre une meilleure authenticité et surtout de mener sa barque comme VOUS l’entendez.
A vous de jouer…
Je passe PAR l'acte !
Le 29/10/2023
La question de la responsabilité du criminel est centrale dans l’action judiciaire. L’article 64 de l’ancien Code pénal dit : « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’accusé était en état de démence au moment de l’action ».
Les travaux de psychanalyse mettent l’accent sur les motivations inconscientes du crime et les processus psychiques qui le sous-tendent. Ils postulent qu’il existe un lien entre le crime et le développement de la vie psychique de l’individu (Freud, 1916, « quelques types de caractères dégagés par la psychanalyse » ; Bonaparte, 1927, « le cas de Mme Lefebvre » ; Lagache, 1947, « Contribution à la psychologie de la conduite criminelle. Commentaire psychanalytique d’une expertise d’homicide »).
D’un point de vue phénoménologie clinique, le passage à l’acte est un fait d’expérience et d’une défaillance de la relation sociale.
Qu’est-ce qui peut nous permettre de distinguer un délinquant/criminel d’un individu lambda ? Selon Pinatel (1975, « traité de criminologie ») il existe des traits récurrents de personnalité qui forment une base. L’égocentrisme, la labilité, l’agressivité et l’indifférence affective. Précision importante, il s’agit d’une différence de degré pour chacun de ces traits. Ils sont présents chez chacun d’entre nous mais plus ou moins prononcés.
Selon Freud, c’est bien la pulsion qui est à l’origine de la violence. C’est elle qui représente le trait d’union, le point de rencontre entre la psyché (l’inconscient, les idéalisations, les envies, les peurs…) et la transformation en acte physique (la force motrice). Il y a donc une translation entre ce que pense l’individu et ce qu’il matérialise physiquement. La pulsion se définit selon la poussée (son élément moteur), son but (là où elle doit se réaliser, se purger), son objet (le moyen de la purger) et sa source (organe du corps d’où provient l’excitation).
Ainsi, la pulsion purgée de façon inadéquate, incontrôlée est une preuve d’immaturité émotionnelle et d’un déficit d’introjection. C’est-à-dire que l’individu n’est tout simplement pas capable de gérer ses émotions – parce qu’il n’a pas appris à le faire du fait d’un environnement familial inadapté et insécurisant – ni capable de « retravailler » les faits, les vécus pour les légitimer, les conscientiser, les symboliser, les rendre plus acceptables et surtout, savoir s’adapter. La réalisation de la pulsion permet à l’individu de « remettre les compteurs à zéro », d’abaisser le niveau d’insatisfaction, de frustration à un niveau plus acceptable pour lui. Mais la réalisation de la pulsion par un acte est une façon de « dire » en actes ce qu’il ne peut « dire » à haute voix.
Les travaux de Balier (1988, Psychanalyse des comportements violents, 1996, Psychanalyse des comportements sexuels violents) demeurent incontournables. Son expérience clinique en milieu carcéral auprès des auteurs d’agirs criminels le conduit à élaborer une métapsychologie du fonctionnement psychique violent. Balier relève chez ces sujets une pauvreté dans le sens de l’agressivité et de la destruction. Sa théorisation de la violence s’appuie sur un moi facilement débordé par des pulsions agressives désintriquées qui vont se tourner vers l’utilisation et la possession de l’objet externe comme solution économique à ce débordement. Les processus de déliaison, responsables d’une « agressivité libre », créent une tension et appellent à la décharge. L’agressivité libre est le résultat de la désintrication des pulsions, « aucune tension ne peut être contenue (…), la moindre frustration déclenche une décharge de colère avec des gestes agressifs contre des objets, des personnes, ou soi-même. Dans ces conditions, l’acte se substitue entièrement à la pensée dont les contenus sont particulièrement pauvres (Manuel de psycho-criminologie clinique, S. Harrati, D. Vavassori, Dunod, 2022).
Il est donc important de considérer l’individu selon 3 axes : l’individu auteur, l’individu victime et le contexte situationnel.
Voici un exemple intéressant de profils de délinquants qui vient illustrer mon propos.
Selon la « mission d’analyse des profils et motivations des délinquants interpellés à l’occasion de l’épisode de violences urbaines (27/6 au 7/7/23 en France), voici le profil général des 395 individus définitivement condamnés au 31/7/23 :
91% sont des hommes dont 75% sont nés en France et issus de l’immigration (algérien, tunisien).
23 ans de moyenne d’âge pour les hommes, 24 ans pour les femmes.
Les 18-22 ans sont concernés pour 70% des atteintes aux biens publics et 63% des atteintes à l’ordre public.
87% sont célibataires, sans enfant à charge, hébergés à titre gratuit essentiellement chez leurs parents.
29% ne détiennent aucun diplôme, 38% sont titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat, 23% ont le baccalauréat, 4% ont bac+2, 0,5% ont un niveau supérieur à bac+2.
18% sont étudiants, 30% sont employés, 9% sont ouvriers, 14% sont chômeurs et 25% se déclarent inactifs.
57% n’ont aucun antécédent judiciaire.
Pour les individus non encore identifiés et ceux qui seront jugés ultérieurement, ce sont des délinquants plus chevronnés ayant commis des infractions plus graves.
Le crime est un acte humain
Le 14/10/2023
« Le crime est un acte humain. Il engage la personnalité du coupable, il en révèle certaines intentions. Mais la collectivité ne peut rester indifférente, devant cet acte qui constitue, en même temps qu’un fait personnel, un fait social. Ce sont là des données évidentes du problème criminel, celles que les sociétés les plus primitives aussi bien que les plus évoluées perçoivent clairement » (E. Degreef, Introduction à la criminologie, 1946).
Mesurer la témébilité d’un individu, sa redoutabilité ou sa périculosité (danger représenté) c’est-à-dire la capacité d’un délinquant à tirer profit de l’expérience, notamment de sanctions pénales, c’est analyser sa capacité à s’adapter aux exigences de la vie sociale, ce qui induit la prise en compte de sa responsabilité.
Il s’agit donc de décrypter le fonctionnement historique de l’individu, son vécu, son passé qui l’a amené à devenir un être antisocial, à devenir un délinquant voire un criminel.
Mais cette analyse doit être portée par la société et non par la psychiatrie qui ne doit qu’accompagner si nécessaire. Pour De Greef, « il importe de se débarrasser de l’insoluble question de la responsabilité en n’en parlant plus et en supprimant l’expertise mentale qui, (…), oblige le médecin à prendre une décision dont les conséquences sont extrêmement graves et dont la brutalité contraste avec les difficultés et les hésitations du diagnostic. »
L’erreur est d’imaginer que la pathologie se traduit par un passage à l’acte alors qu’il est le résultat d’un choix délibéré commis par son auteur.
Cet acte repose, éventuellement, sur une réalité faussée, biaisée. Il n’en demeure pas moins que l’acte est commis et que les conséquences doivent être assumées par son auteur et non par la société civile. De Greef ajoute que « toute tare qu’elle soit héréditaire ou qu’elle soit accidentelle, reste soumise au jeu de la personnalité du coupable, et par l’intermédiaire de cette personnalité, reste capable d’être ou bien renforcée par l’ambiance ou inhibée par l’atmosphère dans laquelle il vit » (Pathologie et criminalité, 1937).
Dans la droite ligne de De Greef, l’individu est soumis à une pression sociétale ainsi qu’à une pression individuelle instinctive qui implique désir, peur et pulsion. La pression sociétale, de par ses lois, joue un rôle de cadrage afin de forcer l’individu à restreindre et à contraindre ses instincts. Le besoin d’identification finit de manipuler cette personnalité fragile et labile. Cette éternelle pulsion qui pousse à l’inclusion à n’importe quel prix force à adopter des valeurs qui, à la base, ne sont pas les autres. Le temps faisant son affaire, la personnalité manipulable en oubli ses propres valeurs au profit de celle du groupe, et tant pis si c’est au détriment des autres. Après tout, s’ils sont étrangers à nos valeurs, ils sont nos ennemis, et que faisons-nous à nos ennemis…
Nous pouvons donc considérer qu’un individu aux prises avec ses instincts puisse résister un temps, mais si cette lutte égocentrée devait s’éterniser ou s’accentuer du fait d’éléments extérieurs, la résistance serait sapée et les fonctions de défense voleraient en éclats avec pour conséquence le passage à l’acte. Pour Platon, le criminel est souvent un malade ; il doit être guéri ou éduqué si possible ; expulsé du pays ou supprimé s'il est incurable.
Le milieu est souvent criminogène mais en tout état de cause, les dégâts commis par un délinquant et un criminel doivent être réparés, qu'il soit responsable ou non.
La société civile se doit de lutter, de maintenir ou de placer ce type de personnes dans des endroits fermés qui ont pour fonction de contraindre l’individu. Cela ne veut pas dire que celui-ci ne doive pas bénéficier d’un accompagnement spécifique et pluridisciplinaire pour l’aider à lutter contre ses pulsions, voire à se réintégrer au terme de sa sentence. Au contraire, ainsi cloîtré, confiné, il sera engagé dans un processus réducteur et contraint qui évitera toute conséquence sur la société. Faire sa peine du début à la fin lui permettra de prendre conscience de ses actes. Il va s’en dire que dans un milieu fermé, il y a nécessité de le séparer de son groupe de référence afin qu’il ne retrouve pas à l’intérieur ceux pour qui il s’est battu à l’extérieur.
En France en 2023, il y a 79 maisons d’arrêts, 39 établissements pour peines, 54 centres pénitentiaires, 6 centres pénitentiaires pour mineurs (source : Statista). Les centres éducatifs fermés pour mineur n’en ont que le nom puisque c’est la parole du juge plus que les murs de l’établissements qui fonde la privation de liberté. Ces centres dépendent de la catégorie des établissements sociaux et médico-sociaux, et non celles des établissements pénitentiaires (source : rapport d’information du Sénat n°759 (2010-2011), Enfermer et éduquer : quel bilan pour les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs ?). Cette mission d’information a rédigé 25 propositions très intéressantes (ont-elles été suivies ?). Combien existe-t-il de casernes ou de bâtisses abandonnées à réhabiliter. Peut-être serait-ce une solution que d’employer ces détenus à reconstruire.
Chaque pays possède son droit pénal dont l'origine remonte à Mathusalem, se continuant avec des coutumes et des usages non écrits et en perpétuelle transformation en lien avec tous les soubresauts culturels du moment. « Il est raisonnable de supposer qu'au moment où les premières codifications eurent lieu, une évolution s'était déjà opérée et que ces premiers codes représentaient déjà une sélection de comportements possibles devant l’activité antisociale. » Expulser d’un groupe (ou d’un pays) une personne qui ne souhaite pas se soustraire à ses lois, qui ne souhaite pas s’intégrer en apportant une compétence ou qui ne souhaite pas acquérir une compétence, est ce que fait tout groupe animal depuis la nuit des temps. Il est primordial, et même vital pour le groupe, de ne pas laisser quelques étourdis fanatiques de politique sociale naïve interférer. Comme il est incompréhensible qu’un détenu ne fasse pas entièrement sa peine.
On ne sait pas encore lequel des termes : redoutabilité, témébilité ou périculosité l'emportera dans l'avenir. Ce sont les termes par lesquels, parlant d'un délinquant ou d’un criminel, on s'efforce de traduire le danger social qu'il représente. Ce sont aussi les termes par lesquels on veut exprimer la mesure dans laquelle la société pour avoir à s'occuper légitimement de lui et s’en préserver. Si la peine de mort, abolie le 9 octobre 1981, ne peut revenir dans le débat national – encore que pour certains crimes (attentats, actes de barbarie), cette sanction devrait être à nouveau réfléchie – il est important que les peines soient réellement effectuées et sans remise possible, dans des lieux fermés et accompagnés, cadrés, loin de leur groupe de référence.
Je suis un psychopathe endormi !
Le 29/09/2023
Le sociopathe se caractérise par l’inobservation des obligations sociales, l’indifférence pour autrui, une violence intuitive ou une froide insensibilité. Le comportement est peu modifiable par l’expérience, y compris suite à des sanctions. Les sujets de ce type sont souvent inaffectifs et peuvent être anormalement agressifs ou irréfléchis. Ils supportent mal les frustrations, accusent les autres ou fournissent des explications spécieuses pour les actes qui les mettent en conflit avec la société. La caractéristique essentielle est l’existence de conduites antisociales répétées, apparues avant l’âge de 15 ans et persistant à l’âge adulte, avec une incapacité à conserver une insertion professionnelle régulière, en dehors de tout contexte schizophrénique, maniaque ou déficitaire (retard mental).
Une méta-analyse de 16 études (entre 1985 et 2017) vise à vérifier qu’on retrouverait plus de gauchers chez les personnes atteintes de schizophrénie et de dépression. Il en est de même pour le faible poids et les complications à la naissance, un stress prénatal, ce qui suggère que la non-droitisation pourrait être liée à une perturbation du développement cérébral pré et périnatal.
Pour le sujet qui nous intéresse, même si l’origine des troubles mentaux n’est pas entièrement claire, les psychopathes devraient donc être majoritairement non-droitiers si leur problème venait principalement d’un trouble mental, selon les chercheurs. Dans le cas contraire, ils sont considérés comme neurologiquement sains et la perspective de stratégie adaptative est privilégiée.
Les chercheurs ont examiné l’association entre la psychopathie et le fait d’être droitier pour un total de 1818 participants. En fin de compte, il n’y avait pas de différence dans les taux de non-droitier entre les participants à haut et bas niveau de psychopathie, et entre les patients psychopathes et non psychopathes. En revanche, les auteurs ont noté une tendance pour les délinquants ayant un score plus élevé dans la dimension comportementale de la psychopathie à être davantage non-droitiers ; c’est l’inverse pour les délinquants ayant un score plus élevé dans la dimension interpersonnelle/affective de la psychopathie.
La dimension comportementale de la psychopathie peut être « conceptuellement plus proche du trouble de la personnalité antisociale », rapportent les chercheurs. La psychopathie a toujours été considérée comme un trouble mental, mais de plus en plus d'éléments indiquent qu'il pourrait s'agir d'une stratégie adaptative conçue par la sélection naturelle.
Pourquoi les sociopathes sont présents dans notre société alors que la sélection naturelle aurait dû les éliminer ?
Tout d’abord, la société sait faire avec ceux qui ne respectent pas les règles, les lois. Ils sont arrêtés, jugés voire emprisonnés selon le délit, le crime. 60% des prisonniers de sexe masculin montrent des signes de personnalités antisociale (Moran, 1999). Nos ancêtres ne plaisantaient pas, la mort, la torture, l’exil, le bannissement prévalaient et c’est toujours le cas chez d’autres animaux comme les lions et les loups.
Dans notre société, « punir » un antisocial, un psychopathe est un facteur favorisant la coopération au sein du groupe. C’est une réponse au service de la survie et de la reproduction par le biais de la coopération.
Ensuite, l’antisocial est un membre à part entière de la société, du groupe, il n’est pas vu comme un étranger. Comme il s’agit d’un membre intra groupe, il sera jugé comme tel.
Enfin, le sociopathe ne peut pas agir différemment, il ne changera pas quoiqu’on fasse ! Il y a 2 critères importants dans le passage à l’acte : la capacité à tromper autrui, ce qui demande maîtrise de soi et anticipation ; et l’impulsivité qui est une incapacité à planifier à long terme.
La sélection naturelle, au niveau du groupe, a autorisé l’expression du comportement antisocial à la condition que l’impulsivité restreigne la capacité à tricher. On peut penser aussi que ceux qui ne sont pas impulsifs vont demeurer toute leur vie non découverts (Mc Guire & Troisi, 1998) tant qu’ils ne cèdent pas à l’impulsivité.
Les antisociaux, les psychopathes ne sont pas prêts de ne plus exister dans notre société dans la mesure où les impulsifs sont arrêtés, jugés et emprisonnés, et que les non impulsifs en tirent parti et transmettent leurs gênes (parce qu’ils ne sont pas pris ou qu’ils ne commettent pas de délis). Pour nos ancêtres, être rejetés du groupe s’avérait être fatal, c’était la mort assurée puisque plus de moyen de subsistance. Donc certains ont appris à s’adapter en se contrôlant et ont transmis leur patrimoine génétique.
Que serait une société sans psychopathe ?
Ce serait une société extrêmement coopérative au point d’être exploitée jusqu’à la lie par une autre société qui n’aurait pas le même comportement coopératif. Alors que la présence d’un psychopathe pousse le groupe à s’adapter en trouvant des solutions pour s’en protéger. La sociopathie est un ensemble simple et assez bien défini de comportements caractérisés par une incapacité à participer honnêtement aux différentes interactions sociales.
Axelrod concluait que la réciprocité et ce qu’il a appelé la « gentillesse » étaient généralement des stratégies nécessaires et requises pour les acteurs sociaux. Pour rappel, le dilemme du prisonnier caractérise une situation dans laquelle des acteurs économiques concurrents, qui ne communiquent pas entre eux, prennent des décisions rationnelles basées sur la recherche de leur propre intérêt mais qui, ce faisant, desservent l’intérêt collectif.
En revanche, ce qu’Axelrod n’a pas souligné, c’est que la tricherie, la non-réciprocité est une stratégie gagnante pour les personnes qui ne s’engagent pas dans de longues interactions et qui privilégient la stratégie r. Une stratégie dont l’environnement est variable ou perturbé, une stratégie d’opportunisme.
Les tricheurs ne reculent jamais, minimisant ainsi leur risque immédiat de rencontrer le même partenaire deux fois de suite, ils changent de groupe régulièrement ce qui génère un coût pour lui puisqu’il est obligé de changer régulièrement d’environnement social pour pouvoir mentir et profiter d’un nouveau groupe. Plus un tricheur interagit avec le même groupe de congénères, plus il est susceptible d’être confondu par le groupe. De ce fait, ils ne sont pas détectables par des instruments (verbal, non verbal…) couramment disponibles à ses congénères.
Les tricheurs sont des bonimenteurs ou doués d’empathie cognitive, c’est-à-dire la capacité à comprendre les états mentaux de l’autre, sa façon de réfléchir, ses inflexions.
Les antisociaux, les psychopathes n’ont-ils pas d’empathie ?
Une caractéristique également fréquemment admise comme faisant partie du tableau clinique de base du psychopathe est le manque d’empathie. Ce concept est souvent utilisé de façon superficielle. L’empathie est à la compréhension et la connaissance ce que la sympathie est à la compassion et l’attention au bien-être de l’autre. La connaissance issue du processus empathique est intuitive et implicite.
Posons la question différemment : est-ce que les autistes ont de l’empathie ?
Dans une étude de 2022, les perceptions au sein d’un groupe de participants avec Trouble du Spectre Autistique ont été comparées à celles d’un groupe témoin reflétant la population générale. Cette approche inédite reposait sur un questionnaire photographique en ligne incluant divers organismes allant des plantes aux êtres humains. Des paires de photographies d’organismes étaient tirées au sort
et présentées aux participants qui devaient alors désigner celle pour laquelle ils pensaient être le mieux à même de comprendre les émotions.
À partir de ces nombreux « matchs » entre paires de photographies, il a été possible d’attribuer un score d’empathie à chaque espèce. Les résultats obtenus ont montré que si les perceptions au sein du groupe de participants avec TSA sont globalement similaires à celle de la population générale, le score de compréhension empathique qu’ils attribuent à l’être humain est étonnamment faible.
Ces résultats indiquent que les difficultés empathiques des personnes avec TSA seraient propres aux relations interhumaines. Celles-ci pourraient donc ne pas tant résulter de l’altération de la perception ou de la lecture d’expressions émotionnelles fondamentales, que de difficultés à leur donner du sens dans un contexte global. Percevoir une expression émotionnelle (reconnaître ou être affecté par un rire, un pleur ou un froncement de sourcils…) n’implique pas nécessairement une compréhension correcte de l’état mental qui en est la cause : hors contexte, ces signaux peuvent être déconcertants ou trompeurs (par exemple, des larmes de joie ou des rires nerveux).
Avec ou sans TSA, les perceptions empathiques des deux groupes de participants sont très similaires pour la majorité des espèces, à une exception près : les scores de compréhension empathique que les personnes avec TSA attribuent à notre espèce sont très faibles.
Les particularités empathiques des personnes avec TSA pourraient s’expliquer par le fait que si les autres espèces peuvent sembler moins expressives et plus difficiles à interpréter intuitivement, leur expression émotionnelle est en revanche plus déterministe, spontanée et stéréotypée. L’état mental d’un animal pourrait donc être perçu par les personnes avec TSA comme relativement transparent, pour peu d’être attentif à leurs signaux comportementaux et d’avoir appris à les interpréter.
Au contraire, dans bien des situations, les humains sont habitués à feindre, à détourner ou à contenir
leur expression émotionnelle, qu’il s’agisse de préserver leur intimité, de se conformer aux conventions sociales, par stratégie de bluff ou par comédie. Ils pourraient donc, d’une certaine façon, être considérés comme étant bien plus complexe à comprendre à que d’autres animaux. Suite à ces résultats, nous pouvons arguer que les antisociaux, les psychopathes sont bien pourvus d’empathie au moins cognitive.
L’empathie implicite, en tant que faculté intuitive de se représenter le vécu d’autrui (que ce soit au niveau émotionnel, sentimental ou cognitif), lorsqu’elle est défaillante, indique plutôt un diagnostic de psychose que de psychopathie. En revanche, nous pouvons parler d’un « trouble de la sympathie ». Le psychopathe n’a pas de difficulté à identifier le vécu d’autrui, il n’accorde aucune importance à ce vécu en termes de bien-être pour autrui. L’analyse d’autrui et de son vécu est strictement utilitaire et n’est pas source de préoccupation ou d’attention. Un psychopathe peut par exemple décrire la souffrance de ses victimes (il fait alors preuve d’empathie) et peut expliquer que cela lui importe peu (il n’éprouve pas de sympathie).
Le psychopathe présente un trouble de la sympathie, c’est-à-dire qu’il a la faculté de se représenter l’éprouvé émotionnel de l’autre sans en être affecté, grâce à une gestion « froide » de l’émotion. Cette logique a foncièrement une dimension adaptative dans des circonstances extrêmes. Considérer que la psychopathie présente une dimension adaptative implique qu’il soit cohérent de retrouver ce fonctionnement psychologique en dehors du parcours judiciaire. Cette dimension adaptative révélée par la « froideur émotionnelle » est évidente dans de nombreuses situations de notre société économique moderne. On peut également penser que, lors d’une invasion ennemie en temps de guerre, il est bien plus adapté de présenter des conduites de chosification de l’alter ego, une absence de sympathie tout en conservant une compréhension empathique de l’autre, que d’être foncièrement bienveillant et altruiste.
Les antisociaux, les psychopathes sont donc un mal nécessaire… peut-être en côtoyez-vous sans le savoir…
Sources :
https://doi.org/10.1177/14747049211040447
Psychiatrie, Guelfi, Boyer, Consoli, Olivier-Martin – puf Fondamental
Moran P (1999). The epidemiology of antisocial personality disorder. Social Psychiatrie and Psychiatric Epidemiology, 34 : 231 – 242
Mc Guire & Troisi (1998). Darwinian Psychiatry. Oxford University Press. New York, Oxford.
Is Psychopathy a Mental Disorder or an Adaptation ? Evidence From a Meta-Analysis of the Association Between Psychopathy and Handedness, Lesleigh E. Pullman, Nabhan Refaie, […], and DB Krupp
Troubles de personnalité & évolution. Dragoslav Miric, Mardaga, 2012.
The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Self-perceived empathic abilities of people with autism towards living beings mostly differs for
Humans
MacArthur, R. and Wilson, E. O. (1967). The Theory of Island Biogeography, Princeton University Press (2001 reprint), ISBN 0-691-08836-5
Miralles A., Grandgeorge M., Raymond M. - Scientific Reports volume 12, Article number: 6300 (15
April 2022)
Showtime – New Blood : Dexter
La jalousie vue par la psychologie évolutionniste
Le 11/08/2023
La jalousie est une forme d’adaptation, une solution développée au fil du temps en réponse à un problème récurrent qui menace la pérennité de l’espèce. Elle nous pousse à tenir éloigné nos rivaux à distance. Elle empêche notre partenaire de s’éloigner grâce à une vigilance constante ou à un maximum d’affection. Elle induit l’idée d’engagement à un partenaire hésitant (jalousie hors pathologie évidemment).
Mais il faut faire la distinction entre la jalousie sexuelle et sentimentale. Les hommes sont plus enclins à s’imaginer faire l’amour à plusieurs partenaires mais sans engagement, alors que les femmes s’engagent dans une relation physique généralement lorsqu’elles ressentent des sentiments.
C’est une lapalissade que de dire que les femmes ont besoin de 9 mois pour produire un enfant, alors que les hommes n’ont besoin que de quelques minutes pour produire ce même enfant. L’investissement parental est donc biaisé dès le départ. « Un gouffre sépare donc l’effort consenti par les hommes des neufs mois que consacrent les femmes à l’éclosion d’une nouvelle vie » (Buss).
La stratégie d’unions occasionnelles est donc plus profitable, a priori, aux hommes qu’aux femmes sur le long terme, dans le but de multiplier ses gènes. Tout au moins pour ceux qui séduisent le plus grand nombre de partenaires plutôt que ceux qui ont un nombre limité de partenaires.
Pour celles qui choisissent néanmoins d’avoir plusieurs partenaires, le bénéfice perçu doit être suffisamment important pour justifier la prise de risque et ses conséquences.
Un premier avantage est le gain de ressources fourni par ses partenaires occasionnels (diners, cadeaux, sorties, voyages…).
Un second avantage est un bénéfice génétique. Les femmes choisissent généralement pour amant des hommes plutôt symétriques et en bonne santé, gage de transmission de patrimoine génétique sain. Les femmes qui ont aussi des amants sont aussi celles qui sont susceptibles de produire des enfants avec une plus grande diversité génétique.
Un troisième avantage est ce que David Buss appelle l’« assurance partenaire ». C’est-à-dire la possibilité de se remettre avec quelqu’un rapidement en cas de défaillance du premier (maladie, décès, guerre, séparation…). Baher et Bellis (« Human sperm competition », 1995) ont montré que les femmes infidèles ont tendance à faire coïncider leurs aventures extra conjugales avec leur période d’ovulation, alors que les relations sexuelles avec leur mari le sont en dehors de cette période. Il a été également constaté que la rétention du sperme est plus importante avec l’amant que le mari.
Pour quelles raisons avoir une relation extra conjugale ?
Avant d’apporter une réponse Darwinienne, replaçons le couple à notre époque individualiste. Hommes et femmes vont voir ailleurs parce que les uns comme les autres ne trouvent pas leur compte dans leurs relations sexuelles. Ce peut être en termes de quantité, en termes de qualité, de désir ou encore dans l’éventail des positions et/ou des pratiques acceptées, toute paraphilie mise de côté. Lorsque l’un ou l’autre se trouve lésé ou non contenté, il peut gérer la frustration jusqu’à un certain seuil au-delà duquel il y a un risque potentiel. Il est donc important d’être à l’écoute de l’autre et de son plaisir.
Suite aux divers travaux de David Buss et ses collègues, les stratégies reproductrices reposent sur le court terme et sur le long terme. Pour le court terme, les hommes veulent une variété de matrices pour multiplier les possibilités de produire des enfants (en plus de la diversité recherchée des pratiques sexuelles). Pour les femmes, c’est la possibilité de multiplier la variété génétique (en plus de la diversité des pratiques sexuelles).
Les critères de préférence dans le choix d’un partenaire pour le long terme sont pour les femmes le statut social, la capacité de travail et les perspectives financières. Il est donc plus profitable pour une femme d’épouser un homme moins beau que la moyenne mais qui saura lui apporter une stabilité émotionnelle, financière et qui saura prendre soin de leur progéniture.
Pour les hommes, c’est l’attrait physique qui compte et ce sont des critères universels, nonobstant quelques variations culturelles pour des critères comme le poids, la couleur des cheveux et la taille (Ford et Beach, 1951, « patterns of sexual behaviour », New York).
Mais pour qu’une relation dure, il faut des signes d’engagement, accorder du temps et des efforts, de l’attention de la part des deux partenaires. Après la fiabilité (critère partagé par l’homme et la femme), c’est celui de la maturité émotive qui est attendu avec un bon caractère (Buss et col., n = 9474 issus de 37 cultures différentes, 1990, « international preferences in selecting mates : a study of 37 cultures », Journal of psychology, 21, 5-47).
Une femme peut également se servir d’une liaison pour rompre avec son mari. Grâce à une estime de soi reboostée, un gain de confiance, une sensation de pouvoir encore séduire et jouir. Ce sera le premier pas vers l’autonomie.
Pourquoi la femme n’épouse-t-elle pas l’homme qu’elle a eu pour amant ?
Parce que dans le long terme, il n’est pas pourvoyeur de ressources stables, son investissement parental serait moins optimal que celui de son mari. D’autant que la décision de se mettre en couple est toujours une incertitude et que certains hommes profitent de cette incertitude pour multiplier les conquêtes et potentiellement un nombre important de « matrices ».
Les personnes jalouses se montrent très sensibles aux changements comportementaux et physiques, tout autant qu’aux indices laissés involontairement ici et là. La jalousie se déclenche souvent par des circonstances qui signalent une menace bien réelle pesant sur le couple. Lorsqu’on se pose la question, c’est qu’il y a déjà des signes avant-coureurs. Ça ne veut pas dire que la tromperie a été réalisée, mais l’envie et le désir sont là.
Daly et Wilson (Université de McMaster – Ontario) définissent la jalousie comme un « état déclenché par la perception d’une menace pesant sur une relation ou une position importante et qui motive un comportement destiné à contrer cette menace. »
Une émotion peut être vue comme une adaptation qui sert à identifier une menace. Cette émotion attire notre attention sur l’origine de la menace et stocke l’information dans notre mémoire, ainsi que le comportement qui s’ensuit.
Shackelford, Buss et Bennett (1999, « sex differences in responses to a partner’s infidelity ») ont montré que les hommes se sentent plus en détresse psychologique face à une infidélité sexuelle, alors que les femmes le seront face à une infidélité affective. L’homme se montrera plus agressif pour stopper la tromperie (33 féminicides depuis le début de l’année, 208 000 victimes en 2021, 87% de femmes) et la croyance de tromperie, la femme sera plus dans le déni, dans le rendu coup pour coup, ou dans l’acceptation du fait du coût de l’investissement.
La jalousie est donc un moyen de défense contre la tromperie et l’abandon. Il y a toujours de fausses alertes mais statistiquement, l’histoire nous montre que les signes précurseurs étaient déjà présents. Si l’on se montre à l’écoute de l’autre intellectuellement, émotionnellement et sexuellement, il n’y a pas de raison pour que l’on aille voir ailleurs. Mais cela suppose de l’abnégation et des efforts.
Une distance analytique
Le 23/07/2023
Un certain nombre de personnes m’ont souvent reproché d’être peu investi émotionnellement, d’être trop froid, de ne pas pouvoir « être lu », d’être trop distant. Alors au-delà du fait qu’il est difficile pour ces personnes d’échanger avec des arguments et de manière contradictoire, au-delà de ma particularité de « haut potentiel » teinté d’un trait autistique (C'est quoi un zèbre ? - Suivez le Zèbre (suivezlezebre.com), je me suis posé cette question :
Que signifie prendre de la distance par rapport aux évènements, à une situation ? Que ce soit dans un contexte familial ou professionnel en tant que psy par exemple.
Prendre de la distance c’est analyser froidement la situation, l’enchaînement des faits, des réactions, en mettant de côté les émotions. C’est imaginer toutes les options possibles sans se mettre de barrières. Barrières relatives à notre vécu, notre expérience qui nous a confrontés aux mêmes situations. C’est appliquer de la distanciation entre soi et la réalité afin d’aborder les choses avec objectivité, dénué d’affect, c’est considéré avec détachement pour apprécier de façon impartiale.
Sauf que nous n’avons vécu que NOS situations en relation avec NOTRE environnement direct, notre foyer, nos parents, nos amis… ce sont donc nos références, pas celles des autres. Notre expérience ne signifie rien chez l’autre qui a ses propres valeurs, qui a fait ses propres expériences. Ses réactions peuvent donc être totalement différentes des nôtres dans un même contexte, elles peuvent même être contradictoires avec les nôtres.
C’est ça qu’il faut garder à l’esprit, être ouvert et se dire que tout est possible, que la nature humaine peut être très créative en matière de fonctionnement et de réactions aux situations rencontrées.
Cette compétence de distanciation peut être consciente ou inconsciente mais elle est plus prégnante chez certains. C’est de l’empathie cognitive (Economie du sadisme ordinaire (ds2c.fr)), de la tempérance (Vers la tempérance... (ds2c.fr)), une lecture purement analytique et comportementaliste, dénué de jugement de valeur. C’est avoir la capacité de relativiser et de replacer toute chose dans son contexte. Mais c’est aussi vouloir se protéger de l’afflux d’informations, des émotions parce qu’on les perçoit plus finement que les autres. C’est rester dans un équilibre émotionnel qui donne la possibilité d’analyser la situation de façon plus distanciée et de pouvoir décider de façon plus efficiente.
Après tout ça, je suis un pur produit de John Broadus Watson, un neo behavioriste freudien !
Pourquoi je me touche la barbe ?
Le 17/06/2023
Que se cache-t-il derrière la barbe ? Si je la caresse, la tire ou la gratte, qu’est-ce que ça veut bien dire ?
J’avais analysé les aspects sociaux et psycho évolutionnistes dans un précédent article consacré à cet attribut. En substance, pour ce qui est de son rôle social, la barbe est essentiellement un élément fort d’inclusion, c'est-à-dire du désir d’appartenance à un groupe, à une communauté (hippie, hipster, crossfit, religieuse…).
Si le groupe de référence auquel je souhaite appartenir et m’identifier se différencie des autres par le port de la barbe, je vais vouloir également la porter pour être reconnu et intégré à ce groupe dans lequel je me reconnais. Je vais personnifier ce groupe, j’en serai un digne représentant et mes valeurs seront alors visibles au premier coup d'œil.
Donc, si nous raisonnons par rapport à l’impact que nous souhaitons avoir auprès des autres, le port de la barbe est un indicateur fort et fiable d’appartenance.
Maintenant, la barbe cache une partie du visage et en particulier la bouche. La bouche est très importante pour communiquer des émotions, même si la personne ne parle pas. Elle s’étire, se crispe, ses lèvres rentrent dans la bouche, se mordillent, s’entrouvrent… Elle nous en dit long sur nos intentions.
Porter la barbe sert aussi à cacher des intentions que la personne n’assume pas réellement, ou qui ne veut pas les exprimer.
Par exemple, si une personne est timide mais physiquement athlétique, pour équilibrer son état d’esprit et ce que son corps renvoie comme image, la barbe peut être un bon moyen pour qu’elle se sente plus assurée.
A contrario, si une personne est a un caractère assertif mais physiquement frêle ou en surpoids, la barbe peut être un moyen pour se doter d’une image plus représentative de son caractère.
En psychologie évolutionniste, la barbe est un caractère sexuel secondaire qui joue un rôle majeur dans la compétition sexuelle (intra et inter).
“La sélection sexuelle est reconnue pour opérer principalement de deux façons. D’une part, avec la sélection intersexuelle, les femelles et les mâles cherchent le partenaire aux attributs les plus attirants. Cet attribut peut être physique (la queue du paon) ou comportemental (les danses nuptiales).
Et d’autre part, la sélection intrasexuelle qui favorise une compétition entre les individus de même sexe. Ce sont par exemple les mâles qui vont se battre entre eux pour l’obtention d’une femelle. C’est aussi les hiérarchies de dominance qui s’établissent chez plusieurs espèces et qui donnent un accès prioritaire aux individus du sexe opposé.”
Le port de la barbe est un outil d’aide pour améliorer, renforcer, la posture, l’assurance, le charisme.
Dans son livre "Evolution of human threat display organs" (1970), R. D. Guthrie a émis l'hypothèse que la barbe pouvait être utilisée pour intimider les rivaux masculins en augmentant la perception de la taille de la mâchoire et en renforçant les comportements agressifs. Des recherches ont révélé que les gens reconnaissent plus rapidement les expressions de colère sur un visage barbu que sur un visage rasé, mais qu'ils sont plus lents à reconnaître les expressions de bonheur ou de tristesse.
Les systèmes visuels humains ont évolué pour extraire des informations de l’environnement des informations pertinentes. En psycho évolutionniste, il est vital qu’un individu identifie très rapidement un ennemi potentiel. Logiquement, le visage, dans sa tâche de recherche visuelle au sein de la foule, est plus orienté à reconnaître la colère.
Dans 3 études (N = 419), des chercheurs ont testé si la pilosité faciale guidait l'attention dans la recherche visuelle et si elle influençait la vitesse de détection des expressions faciales de colère et de joie.
Dans la première étude, les participants étaient plus rapides à chercher, dans une foule rasée, à détecter des cibles barbues qu'à chercher dans une foule barbue et à détecter des cibles rasées.
Dans la seconde étude, les cibles étaient des visages en colère et des visages heureux présentés sur un fond neutre. La pilosité faciale des visages cibles a également été manipulée. Un effet de supériorité de la colère est apparu et a été renforcé par la présence d'une pilosité faciale, ce qui était dû à la détection plus lente de la joie sur les visages barbus.
Dans la troisième étude, les cibles étaient des visages heureux et en colère présentés sur des arrière-plans barbus ou rasés de près. La pilosité des visages de l'arrière-plan a également été systématiquement manipulée. Un effet significatif de supériorité de la colère a été révélé, bien qu'il n'ait pas été modéré par la pilosité faciale de la cible. Au contraire, l'effet de supériorité de la colère était plus important sur les visages rasés que sur les visages barbus.
L'ensemble des résultats suggère que la pilosité faciale influence la détection des expressions émotionnelles dans la recherche visuelle. Cependant, plutôt que de faciliter l'effet de supériorité de la colère en tant que système potentiel de détection des menaces, la pilosité faciale peut réduire la détection des visages heureux dans la foule.
La barbe joue un rôle important, mais nuancé, dans l'allocation de l'attention dédiée aux visages. Elle peut faciliter l'allocation de l'attention à une cible et ralentir la recherche visuelle lorsque les visages en arrière-plan sont barbus.
Les recherches actuelles présentent certaines limites importantes. Par exemple, un biais attentionnel peut se produire en faveur des stimuli émotionnels désagréables par rapport aux stimuli émotionnels agréables. La colère est une émotion à forte intensité négative qui vise à induire la soumission chez les autres, alors que le bonheur est une émotion à forte intensité positive, mais prosociale. Les effets de la barbe sur les taux de détection des expressions faciales menaçantes par rapport aux expressions prosociales peuvent refléter un biais attentionnel envers les stimuli désagréables.
Maintenant, abordons ce que la triturer veut dire, en tirer les poils, la caresser ou poser simplement sa main dessus.
Tout d’abord, la zone de contact est importante quant à la signification. Elle peut avoir un rapport avec un problème connu ou à résoudre (zone de la moustache), nous pouvons nous sentir concerné par les informations qui nous sont communiquées (zone de la joue, de la mâchoire), nous pouvons également nous sentir flattés (zone du menton) voir être tout à fait satisfait (zone sous la mâchoire).
Mais un geste d’auto-contact est avant tout un moyen pour rééquilibrer notre psyché, ce sont des gestes “contraphobiques”, ils nous aident à gérer notre stress.
Pour un profil psychologique du type “dominant” dont la préoccupation principale est le résultat, se gratter la barbe permettrait la réflexion pour une éventuelle riposte.
Pour un profil orienté vers la communication, ce geste permettrait de susciter l’imagination, la création.
Pour un profil plus analytique, ce serait un moyen de comprendre ce qui est dit.
Enfin, pour un profil plus relationnel, dont la préoccupation est l’équilibre avec les autres, ce serait un moyen de gérer le stress.
Le plus souvent, ce sont des micros-caresses que nous faisons sur la barbe (66%), puis loin derrière les micro-tractions (16%) et les micros-fixations (13%).
Concernant les micros-tractions, selon JP Brechon (synergologue) : “ce comportement serait un toc nommé la trichotillomanie et intéresse les profanes comme les scientifiques. Ce toc dont les causes sont peu connues viendrait de traumatismes provoquant des angoisses à répétitions mais la cause la plus certaine serait le stress d’où l’expression populaire (« avoir envie de s’arracher les cheveux ») mais l’angoisse et l’ennui peuvent également causer ce comportement. Ce n’est donc pas tout à fait un trouble obsessionnel compulsif mais plutôt un comportement procurant du plaisir, activant le circuit de la récompense dans le cortex préfrontal.”
Concernant les micros-fixations, “aucune référence scientifique nous permet d’expliquer, à ce stade, pourquoi les sujets fixent leurs mains sur leurs visages. Seules les associations d’items et le sens de l’observation nous permettent de déterminer que la plupart des sujets sont soit en attente de quelque chose lorsqu’ils sont émetteurs silencieux, soit ils lancent « un pavé dans la mare » afin de voir qu’elle sera la réaction de leur interlocuteur, soit ils réfléchissent à un sujet et attendent la fin de leur réflexion avant de parler.”
Enfin, la micro-caresse est le geste qui est le plus souvent effectué sur la barbe. Elle permettrait de se calmer, de se recentrer sur la conversation.
Vous ne regarderez plus un barbu de la même façon maintenant et tout un tas de questions émergeront !
Réf. :
Dixson, B.J.W., Spiers, T., Miller, P.A. et al. Facial hair may slow detection of happy facial expressions in the face in the crowd paradigm. Sci Rep 12, 5911 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-09397-1
Craig, B. M., Nelson, N. L., & Dixson, B. J. W. (2019). Sexual Selection, Agonistic Signaling, and the Effect of Beards on Recognition of Men’s Anger Displays. Psychological Science, 30(5), 728–738. https://doi.org/10.1177/0956797619834876
La mimésis vocale comme stratégie comportementale
Le 01/03/2023
Définir ce qu’est une stratégie comportementale
Les stratégies comportementales (…) regroupent l’ensemble des comportements observables utilisés par l’espèce pour s’adapter aux conditions d’un environnement afin d’assurer sa survie et sa reproduction. Cette définition réfère à celle des principes d’adaptation et d’évolution tels qu’observés, documentés et décrits par Darwin et se rattache également à la biologie comportementale.
Les stratégies comportementales humaines deviennent psychosociales lorsqu’elles sont plus spécifiques à leur induction par la société. L’espèce humaine est adaptée à son environnement social et y développe des comportements pour s’y adapter et y survivre en interaction avec les autres individus et en fonction des concepts et mécanismes en place dans cet environnement.
Lorsque nous sommes confrontés à des demandes intenses, tant sur le plan physique que psychologique, nous devons y répondre par des stratégies comportementales et cognitives qui nous impliquent, en nous confrontant à la situation ou en la fuyant. Ces stratégies répondent donc à un besoin et ont des objectifs différents selon la nécessité et les individus.
L’objectif peut être l’inclusion dans un groupe, la recherche de reconnaissance, le besoin d’opulence, la séduction… et les moyens mis en œuvre peuvent être cognitifs ou gestuels.
Plus globalement, dans toute interaction avec un ou des autres individus, il y a un dialogue vocal qui se crée dans notre tête qui va nous permettre d’intégrer les informations liées à l’environnement et à la personne, de les interpréter et de réaliser le passage à l’acte.
Ce dialogue vocal est appelé la mimésis vocale, elle fait partie intégrante du discours et concerne chacun d’entre nous. Nous entendons tous des voix dans notre tête et ce n’est pas pathologique pour autant que nous ne perdions pas pieds avec la réalité. « Dans le concert des voix orchestrées dans le langage (Perrin 2006) d’où émane le sens, les voix que tout énoncé rencontre inévitablement dans son processus de production ne sont pas que des métaphores des discours autres, ces voix ont également une consistance matérielle » (Barkat-Defradas, Dufour, 2007). C’est ce que Demers (2003) appelle la « voix sociale. » Elle a comme caractéristiques la voix physiologique en tant que tel, mais aussi la hauteur de voix, la modulation, l’intensité, le timbre et chacun de ces éléments apportent des informations quant au genre, à l’appartenance sociale, à la culture, l’origine géographique… la voix constitue notre identité sociale et identifie notre endogroupe.
Quel rapport avec une quelconque stratégie ?
Avec un dialogue vocal, être conscient de cette mimésis vocale intérieure nous permet de moduler notre voix, notre façon de parler, notre façon d’être tel que nous voulons être perçus, reconnus.
Une mère interagit avec son bébé, ses enfants, en adoptant une voix enfantine, maternelle. Un parent va recadrer son enfant en prenant une voix affirmée, sèche, lorsqu’on veut amadouer l’autre... Ainsi, nous adoptons certains éléments phoniques marqués à des fins de soumission, de dominance ou de marquage identitaire.
Quelques exemples de stratégies comportementales vocales ?
L’imitation est un bon exemple de mimésis vocale dans la mesure où l’imitateur intègre toutes les caractéristiques de la personne qu’il souhaite imiter. Il se crée alors un dialogue intérieur en amont de l’imitation proprement dite. Dans cette production parodique, il est facile de discerner les deux voix différentes.
L’échoïsation ou convergence vocale qui correspond à l’alignement progressif des éléments vocaux au cours d’une conversation (théorie d’accommodation communicative, Giles & Coupland 1991). « Dans une étude s’intéressant à ce phénomène au niveau segmental (consonnes et voyelles) et supra-segmental (prosodie et intonation), Pardo (2006) observe que la similarité phonétique augmente au fur et à mesure du déroulement des interactions. » Cet effet s’observe également dans un groupe ou, plus ou moins consciemment, une et/ou plusieurs personnes vont adapter leur façon de parler en fonction de celle du groupe dominant à des fins d’inclusion (Labov, 1966). « La parole du locuteur socialement inférieur va s’adapter à celle du locuteur socialement supérieur » (Gregory et al. 2001 : 39). J’ai, à titre personnel, très souvent constaté ce phénomène à l’école (collège, lycée), où certaines personnes désireuses d’appartenir à un clan plus affirmé, se sont mises à parler de la même façon, c’est-à-dire avec un accent de banlieue qu’ils n’avaient évidemment pas à l’origine.
« En 1992, Smith a mis en évidence que les femmes japonaises en position d’autorité troquent leur voix naturelle pour une voix sociale claquée sur le modèle masculin. »
Quelles en sont les limites ?
L’effet négatif est la limitation de la créativité, de l’innovation et de la diversité. Cette stratégie peut renforcer les écarts (rétroaction positive en cybernétique).
Sources :
IRASD / SSARI « Institut de recherche en architecture de société durable / Sustainable Society Architecture Research Institute (wordpress.com)
Smith, J. S. – 1992, « women in charge: politeness and directives in the speech of Japanese women”, Language and Society, vol. 21, 59-82.
M. Barkat-Defradas, F. Dufour – 2007, “la mimésis vocale : un phénomène dialogique ? », Cahiers de praxématique [En ligne], 49, document 2 – DOI : 10.4000/praxématique.934
Pourquoi le passage à l'acte délictueux ?
Le 21/02/2023
"L'avenir n'est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire." Henri Bergson, philosophe français (1859-1941).
Les statistiques de l’insécurité et de la délinquance en France pour 2022 (vs 2021) viennent d’être publiées, et elles ne sont pas bonnes (source : Insécurité et délinquance : les premiers chiffres 2022 | vie-publique.fr) :
- Coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus : +15%
- Vols sans violence contre des personnes : +14%
- Usage de stupéfiants : +13%
- Violences sexuelles : +11%
J’ai précédemment abordé l’importance de l’environnement et de l’éducation parentale. La préoccupation parentale n’est jamais mise sur le devant de la scène depuis Dolto et son “enfant est un sujet à part entière.” Malheureusement, les parents post 1968 ont gardé ce qui les arrangeait dans la théorie novatrice de Dolto. Ils ont omis la partie “l’enfant est un être en construction, mais qui ne peut pas se développer sans l’éducation des adultes - donc sans leur autorité” mais ont gardé la partie “enfant roi.”
Ce qui vaut pour les parents post 1968 vaut également pour les familles qui ont un fonctionnement de type clanique. “Le projet parental a une importance majeure pour la construction du destin d’un enfant. Il passe par une attention prêtée aux devoirs et aux résultats scolaires même si les parents n’ont pas pu faire d’étude (Rapport Dr M. Berger, 2021).” Ce défaut éducatif va avoir des conséquences importantes sur le développement psychologique de l’enfant. Absence d’empathie, construction d’un monde où il se voit omnipotent, pauvreté imaginaire, insensibilité, impulsivité, absence de sens critique.
Dans l’analyse comportementale, cet aspect environnemental est très important à analyser parce que c’est dans la petite enfance que se construit le faux-self (faux-soi). Selon D. Winnicott, le vrai self désigne l’image que le sujet se fait de lui-même et qui correspond effectivement à ce qu’il est et perçoit à travers une réaction adaptée.
Le faux-self désigne une instance psychologique et comportementale qui se sont constituées pour s’adapter à une situation plus ou moins contraignante. L’image de soi est alors défensive et fonction des réactions inadaptées de l’environnement.
Observer un groupe d’individus c’est prendre de la hauteur sur la situation, sur les interactions mais sans faire de focus sur une seule personne.
Axer son observation sur une personne serait une erreur car l’acte intentionnel n’est qu’une partie du comportement, ce n’est pas la cause. Il est donc nécessaire d’analyser l’environnement, le contexte pour apprendre à prévoir les comportements sur la base des informations que fournit le contexte et non pas seulement à partir de l’intention inférée des individus. C’est ce que fait d’ailleurs, de façon inconsciente, chaque membre d’un même groupe d’individus. Il analyse l’interaction au regard des règles sociales induites de ce même groupe de façon à prévoir à très court terme le prochain mouvement, la prochaine parole, le prochain geste, la prochaine réaction…
Une interaction ne se résume pas à un échange d’actions et de réactions entre deux ou plusieurs personnes, c’est aussi un moment d’échange de règles sociales et chacun vient avec les règles qu’il a apprises, avec toutes les différences que cela induit également (culturelles, statut socio-économique, familiales…). Ce moment d’échange revêt un aspect subliminal et seule l’information de faits nouveaux fait l’objet d’un processus autoréflexif.
Si nous identifions les conditions du passage à l’acte en général et criminel en particulier, il est alors possible de recenser les faisceaux d’éléments qui doivent nous alerter sur la probabilité d’un passage à l’acte délictueux.
Le passage à l’acte est la partie visible de l'iceberg de par sa soudaineté. C'est un long cheminement quotidien, souvent inconscient du criminel, et d’une conjonction de circonstances qui, mises bout à bout, aboutissent à un acte délictuel. « Le crime est la réponse d’une personnalité à une situation ». Égocentrisme, labilité, agressivité, indifférence affective, tels sont les quatre caractères fondamentaux de la personnalité qui sous-tendent le passage à l’acte (Pinatel).
Les criminologues font une distinction entre le « milieu du développement », qui influence la formation et l’évolution de la personnalité (la famille, les groupes sociaux, etc.) et le « milieu du fait », c’est-à-dire les situations dans lesquelles est placé le délinquant au moment de son crime. Ce "milieu du fait " est un facteur important dans le déclenchement du passage à l’acte.
Le processus qui conduit à l’accomplissement de l’acte comporte 4 phases (De Greef):
- la phase de l’assentiment inefficace,
- la phase de l’assentiment formulé,
- la phase de la crise,
- la phase du dénouement.
"L’étape initiale de l’assentiment inefficace est l’aboutissement d’un lent travail inconscient. Une occasion quelconque révèle au sujet « un état souterrain préexistant » : un rêve, la lecture d’un fait divers, une conversation, un film ou toute autre circonstance lui fait entrevoir par une sorte d’association d’idées ce que, sans le savoir encore clairement, il souhaitait vaguement depuis quelque temps, par exemple la disparition de son conjoint, dont il est las. Il accepte alors l’idée de cette disparition possible. Mais la mort de son conjoint est représentée dans son esprit comme un phénomène objectif dans lequel il ne prend personnellement aucune part. (...) Il imagine qu’elle puisse résulter de la nature des choses, d’un accident de la route, d’une maladie, d’un cataclysme, d’un suicide... Mais il envisage cette possibilité sans déplaisir : acquiescement encore inefficace, puisque le sujet ne se représente pas encore en tant qu’auteur de ce drame. Dans la plupart des cas, la velléité homicide très indirecte et très détournée s’arrête là, car l’équilibre est vite rétabli par une réaction morale. Mais quelquefois cela va plus loin.
L’assentiment devient ensuite un acquiescement formulé. Tout en continuant à s’efforcer de penser que la disparition pourra s’accomplir sans son concours, le sujet commence à se mettre lui-même en scène en tant qu’adjuvant de l’œuvre destructrice. Mais la progression de cette idée passe par des hauts et des bas. Le travail de dévalorisation de la victime alterne avec l’examen des inconvénients du crime. A ce stade, « un rien peut faire accomplir un bond prodigieux en avant ou susciter une fuite éperdue ». Le crime peut même survenir prématurément au cours de cette période, alors que la préparation du criminel n’est pas complète ou qu’il n’a pas eu le temps ou la hardiesse « de se regarder lui-même ». Une ivresse, une discussion, un événement hors série, une occasion exceptionnelle offerte par le hasard précipitent les choses. C’est ici que pourront se situer des actes mal exécutés ou dont l’éclosion apparemment soudaine trompera la justice sur leur véritable signification (De Greef). Mais, souvent, le dénouement est précédé d’une crise.
La crise est le signe que l’homme « marche à reculons » vers un acte aussi avilissant qu’un crime. Il ne s’y détermine qu’après une véritable agonie morale. Il faut qu’il se mette d’accord avec lui-même, qu’il légitime son acte. Plus il est « stabilisé dans des pratiques morales lui enjoignant la réprobation d’un tel acte, et plus il lui faudra de temps pour s’adapter à cette déchéance ». Quelques criminels cependant, pour surmonter cette pénible crise, s’imposent à eux-mêmes un processus avilissant « en se créant une personnalité pour que le crime ne soit plus une chose grave et tabou ».
Après le dénouement, on constate généralement un changement d’attitude. Le délinquant, qui se trouvait auparavant dans un état d’émotivité anormale, va manifester, selon les cas, un soulagement, des regrets, de la joie ou de l’indifférence. « Toute la personnalité du criminel se trouve condensée à ce moment-là. »
La réaction d’indifférence ou de désengagement se rencontre chez les criminels qui, ayant longuement vécu la préparation psychologique de leur acte, considèrent le résultat comme une conclusion logique de leur projet. Ils ont fait ce qu’ils voulaient accomplir et ils n’éprouvent pas le besoin de dramatiser davantage.
Pour aller plus loin : https://www.lesswrong.com/posts/CYN7swrefEss4e3Qe/childhoods-of-exceptional-people
Angelo Hesnard, Psychologie du Crime, La bibliothèque des introuvables, 2003.
Crédit photo : Depositphoto
Qui est l'auteur de violences conjugales ?
Le 14/01/2023
Immature, égocentré, paranoïaque, mégalomaniaque, instable, agressif, dysharmonie du caractère, jaloux, peur de l’abandon, conduites addictives, enfance dans un foyer insécure, tel est le profil de l’auteur de violences conjugales.
“Vendredi, aux alentours de 18 heures, la gérante d’un bar a été tuée de trois coups de feu, à deux pas des Champs-Elysées. Samedi, le site du « Parisien » a confirmé que son compagnon avait été arrêté par la brigade anticriminalité (BAC). Les officiers de la BAC étaient en effet en patrouille avenue de la Grande-Armée, à Paris, lorsqu’ils ont vu un homme sortir du bar-restaurant L’aiglon avec une arme à feu. La femme de 41 ans assassinée quelques secondes avant était en fait la compagne de l’homme. Selon le site du « Parisien », l’homme de 45 ans était sous l’effet de l’alcool lorsqu’il a été arrêté, et il répétait sans arrêt qu’il avait tué sa femme. « La gérante a été prise pour cible alors qu'elle se trouvait derrière le comptoir de son établissement. L'auteur présumé des faits n'a pas opposé de résistance au moment de son interpellation », a confirmé Christophe Crépin, porte-parole du syndicat de police Unsa.
La gérante de ce bar était une femme sympathique, toujours disponible et qui bossait dur », a témoigné auprès du « Parisien » une commerçante de l'avenue de la Grande-Armée. La victime était une mère de famille : elle avait quatre enfants, dont plusieurs en bas âge. La fleuriste a par ailleurs affirmé que la gérante du bar était « en instance de séparation et que son divorce s’annonçait difficile ». D’après le quotidien, le compagnon de la victime était connu des services de police pour « violences conjugales ». (source : Laura Boudoux, www.elle.fr)
Statistiques des féminicides en France en 2022 (source : www.feminicides.fr)
- par (ex)compagnons : 110 (+16 tiers dont 10 enfants)
* 94 tuées chez elles, 15 ailleurs, 1 non connue
* 58 en contexte de séparation et/ou de violences connues (peu renseigné)
* 69 étaient mères (dont 6 tuées avec leurs enfants) + 2 enceintes (5 mois et 8 mois)
- pas toujours renseigné
* 143 orphelins dont 38 témoins (34 présence, 4 découverte).
* 31 suicides du tueur + 12 tentatives + 2 en fuite
- par compagne : 0 (0 suicide, 0 tentative)
- par non conjugaux : 12 (dont 4 relations avec le tueur non renseignées, dont 0 personne trans, dont 1 féminicide prostitutionnel)
Selon une étude menée sur 558 articles, se rapportant à 337 crimes, ont été collectés et analysés, il ressort que 263 ont été commis par des hommes (78%) et 74 par des femmes. Ces crimes ont fait 458 victimes, dont 295 femmes, 149 hommes, 14 enfants. (source : “Psychosociologie du crime passionnel”, Houel, Mercader, Sobota, puf 2008)
Le rapport Coutanceau (source : VIOLENCES CONJUGALES (haut-conseil-egalite.gouv.fr) annonce qu’une femme tous les quatre jours et un homme tous les seize jours, en France, meurent victimes de leur conjoint et/ou à la suite de violences conjugales. Ce même rapport précise que la moitié de ces femmes subissent déjà des violences, qu’un décès sur dix résulte de coups portés sans intention de donner la mort, mais que là encore la violence préexistait dans deux cas sur trois.
A l’inverse, un homme meurt tous les seize jours et, dans la moitié des ces cas, la femme auteur de l’acte subissait des violences de sa part.
“Les modèles sociétaux, politiques, régissant les relations entre hommes et femmes sont intimement mêlés au sexual. Dans notre développement en tant qu’individu, nous sommes obligés de composer avec trois éléments à la fois :
- une différence des sexes réelle, à laquelle, dans les années les plus fondamentales de la construction de notre psyché, nous ne comprenons pas grand-chose, que nous interprétons en fonction de perceptions incomplètes et colorées par les mouvements affectifs qui nous traversent,
- l’interprétation politique de cette différence, inscrite dans les institutions, les discours et les pratiques de l’univers social où nous baignons et qui l’investit affectivement et sexuellement,
- et enfin la place que nos parents, dès leur enfance, nous ont préparée dans leur monde inconscient, sur la base de la façon dont eux-mêmes ont été exposés à la différence anatomique et à la distinction politique.
Le point nodal de ces processus est donc la famille : c’est là que nous intériorisons et actualisons les normes sociales qui régissent notre vie intime.”
Les psychiatres experts concluent assez systématiquement à la pathologie du narcissisme, sans démence au moment des faits. De façon générale, la comparaison entre le criminel passionnel et le tueur sexuel s’arrête sur la problématique de l’objet ; le ou la criminel(le) passionnel(le) a un objet, est en relation avec lui, avec celui qui est tué ; le pervers n’a pas cette reconnaissance de l’altérité, son acte étant tout entier négation de l’autre.
On retrouve très fréquemment une association d’emprise, d’autoritarisme rigide souvent, et de négligence, d’abandon, voire de maltraitances graves, qui peut effectivement conduire l’enfant ou l’adolescente à craindre pour sa vie physique et entraver gravement sa vie psychique. Ce sont des familles où l’on ne se parle pas.
Les capacités de symbolisation sont marquées par la socialisation sexuée du côté des hommes et mise à mal par la nécessité dans laquelle ils sont d’obéir aux canons de la virilité. Impossible accès à la culture, autoritarisme, vécu de danger qu’entraîne l’exposition aux violences paternelles subies notamment par la mère (mais aussi par l’enfant), la place donnée au travail qui vient comme colmater le déficit d’expression des affects, la relégation des femmes à la sphère domestique.
Avoir une femme, au sens le plus cru de l’appropriation, est le seul accès à une identité virile, et plus profondément à un sentiment d’existence : posséder “sa” femme est une question de vie ou de mort. Côté homme, c’est l’attachement extrême aux valeurs traditionnelles comme un mouvement défensif lié à l’angoisse de castration. La virilité mascarade peut se dévoyer en machisme, c’est à dire la terreur d’être assimilé à une femme, puisque le féminin ne peut être entendu que comme l’équivalent de “châtré”.
L’abandon associé à l’impensable de la séparation constitue le noyau central du processus à l'œuvre dans cette criminalité passionnelle. La perspective d’une rupture est synonyme d’anéantissement. Ce qui est menaçant, c’est l’objet prenant existence, du fait même du risque de le perdre.
Les 4 phases de la tendance
Le 24/12/2022
Franz BRENTANO, philosophe et psychologue autrichien (fin XIXème, début XXème), est connu pour avoir développé le concept d’intentionnalité. Parmi ses élèves, nous retrouvons notamment Husserl, le père de la phénoménologie, rien de moins… Brentano avait mis au cœur de son programme philosophique une théorie des quatre phases de l’histoire de la philosophie.
“Cette théorie prend son point de départ dans l’observation de certaines régularités dans le cours de l’histoire de la philosophie et elle repose sur l’hypothèse que l’on peut identifier, au sein de chacune des trois grandes périodes de son histoire, c’est-à-dire l’Antiquité, le Moyen Age et la Modernité, quatre phases ou moments, la première étant ascendante, et les trois trois dernières marquant son déclin” (D. Fisette).
Ce qui est intéressant avec cette théorie est qu’elle peut également expliquer et mettre en lumière l’évolution d’une tendance. Qu’elle soit vestimentaire, capillaire, verbale ou comportementale, les quatre phases expliquent le chemin parcouru de l’ascension jusqu’à son remplacement par une autre tendance. Je dis “tendance”, mais ces phases fonctionnent avec à peu près tout, y compris les stratégies comportementales basées sur les émotions et sur les comportements qu’il est de bon ton d’adopter lorsque tel sujet est abordé (social, politique, religieux, économique, humanitaire…).
L’ascendance
Au départ, l’intérêt pour une coupe de cheveux, une façon de marcher, de parler et de s’habiller naît au sein d’un groupe identitaire.
Ce fut le cas pour la grosse moustache chez les homosexuels des 80’s, des blousons anglais “harrington” avec polo Fred Perry chez les skinheads, la démarche des rappeurs et le pan de pantalon remonté sur le mollet, la coupe de cheveux de Presnel Kimpembé… et je ne parle pas des tics de langage (“wesh”, “du coup”...) mais c’est encore plus prégnant avec la mode du tatouage.
Chacun de ces tics, chacune de ces tendances est née au sein d’une tribu, d’un groupe spécifique, identitaire puis ont été repris et démocratisés chez les tout-venants.
L’affaiblissement
L’intérêt pour le tic, la tendance, s’affaiblit au sein du groupe identitaire qui va se mettre à la recherche inconsciemment d’un autre signe distinctif. Lorsque le groupe voit que ses signes distinctifs sont un peu trop généralisés, la nécessité de se réaffirmer et de se reconnaître revient.
Évidemment, le précédent tic a été remarqué par le plus grand nombre, démocratisé, d’où une perte de rigueur et de précision quant à sa réelle définition, sa mise en pratique, sa spécificité. Il a perdu de sa substantifique moelle, comme un mot qui sonne creux, vide de sens.
Le tic est tombé dans le tout-venant par l’intermédiaire des réseaux sociaux, les influenceurs (le paroxysme du vide, je ris pardon, peu sont divertissants mais ceux-là s'inscrivent justement dans une démarche de création) et autres manifestations propres à chaque groupe.
La construction de dogmes
C’est à dire une proposition théorique établie comme une vérité indiscutable, autoritaire et normative, par l’autorité qui régit une certaine communauté ou groupe. Le tout-venant s’accapare ces tendances, ces tics et leurs inventent une nouvelle légitimité et paternité. Il spolie en quelque sorte le groupe initial. Chacun peut revendiquer d’être à l’origine du tic, de la tendance.
La dégénérescence
C'est-à-dire la perte des qualités intrinsèques et naturelles des caractéristiques initiales. L’intérêt tombe en désuétude pour le tout-venant qui cherche une autre façon d’exister, de se démarquer, de combler les vides de sa propre existence en reprenant à son compte d’autres expressions, d’autres coupes de cheveux qu’un authentique créatif aura lui, fait naître.
Voilà les quatre phases qui fonctionnent avec TOUTES les tendances dans la plus stricte tradition mercantile, c’est du business pour ceux qui surfent sur la vague ; c’est du social pour ceux qui s’y reconnaissent réellement. Le truc encore plus sophistiqué, mais les marques de cosmétique, de prêt à porter (entre autres) l’ont déjà bien compris, c’est de créer une pseudo-valeur identitaire autour de leur propre marque ou d’une tendance.
Si vous avez un ardent désir de vous reconnaître une identité, c’est légitime, essayez déjà de connaître vos valeurs propres. Il y a un effort d’introspection à faire.
Ensuite il est possible de rechercher quel groupe a en commun vos valeurs. Mon opinion est que trop souvent les individus cèdent à la facilité et ne cherchent pas à se connaître. Ils épousent donc un tic qui semble plaire au plus grand nombre et qu’en soi, ce doit être bon pour eux, pour leur ego… ce sont en réalité de faux-semblants ou biais de conformité.
Mais ce n'est que mon opinion ;-)