mensonge
Savoir détecter le mensonge ou rechercher la vérité ?
Le 15/04/2023
Détecter le mensonge ? Une fumisterie !
Vous pouvez lire beaucoup de choses sur la possibilité de détecter les mensonges. Il y a de tout et surtout du n’importe quoi. Cela va de repérer un menteur en regardant sa bouche, le menteur à tendance à toucher son corps, faites attention à son regard, repérer un menteur à sa respiration… Toutes ces idées ne vous aideront pas à dépasser la limite du hasard (50%) pour savoir si celui ou celle qui vous fait face vous ment.
Lorsque nous sommes en situation d’interaction et que nous évoquons un souvenir, nous faisons appel à notre mémoire. La mémoire nécessite que nous ayons encodé un fait avec tout ce qu’il comporte en termes d’émotions, de couleurs, de symboles… Une fois l’encodage effectué, nous le stockons afin de pouvoir le récupérer si besoin. Notez que nous interprétons pas nécessairement un fait, un événement, une chose, de la même façon qu’une autre personne parce que nous avons chacun notre vécu et notre histoire. C’est cette dimension personnelle qui donnera sa spécificité à notre souvenir. A chaque fois que nous nous remémorons ce souvenir, et le temps s’y ajoutant, notre souvenir se déforme.
De plus, nous ne pouvons traiter en temps normal que 7 informations simultanées en moyenne. Plus les tâches se complexifient et que nous n’y sommes pas préparés, moins il sera aisé de les réaliser simultanément.
Mentir répond à 6 exigences selon Vrij :
- Il faut engager des ressources cognitives importantes puisqu’il est question de réfléchir, d’être attentif, de s’ajuster, de penser et encore d’analyser. Cela demande énormément d’énergie, d’attention et de concentration.
- Le menteur doit aussi savoir se contrôler pour ne point trop en dire et paraître crédible. Il part du postulat que sa culpabilité est visible.
- Mais il doit également surveiller le feedback que lui envoie celui à qui il ment, et donc observer et analyser la gestuelle de l’autre, les questions qu’il lui pose et évaluer en permanence si l’autre tombe dans le panneau ou pas.
- Mentir sur quelque chose veut aussi dire qu’il va falloir s’en souvenir, encoder le mensonge et le stocker pour pouvoir le rappeler si nécessaire.
- Le menteur va nécessairement utiliser la vérité pour la distordre, la modifier pour qu’elle lui soit profitable.
- Enfin, lorsque le mensonge est engageant, qu'il y a un risque de sanctions, arranger la vérité pour produire un mensonge va s’avérer être une tâche très complexe ("Paraverbal indicators of deception : a meta-analytic synthesis", Sporer & Schwandt, 2006, Applied Cognitive Psychology).
Nous mentons tous pour des objectifs bien différents, l’enfant pour dire qu’il n’a pas volé un jouet, l’adolescent lorsqu’il dit qu’il a fait ses devoirs, l’adulte pour jurer qu’il ne trompe pas sa femme ou qu’il n’entretient pas de relation inapropriée avec son assistant(e).
Mais nous pouvons avoir les mêmes motivations, le plaisir de duper l’autre, la culpabilité ou la peur d’être confondu. Ekman recense 9 motivations à mentir comme par exemple échapper à une sanction, obtenir une récompense, se prémunir d’une atteinte physique, exercer un pouvoir sur l’autre, obtenir une reconnaissance de l’autre…
Chaque état émotionnel a des conséquences sur le corps et sur la production des mots, la façon de les articuler, la tonalité…
Si j’ai plaisir à mentir, j’aurais certainement des marqueurs gestuels associés à la joie avec une élévation de la voix, une accélération de mon discours et je ferai davantage de gestes illustrant mon discours.
Si je ressent de la culpabilité, de la honte, je regarderai moins dans les yeux, je ferai moins de mouvements de la tête, moins de gestes illustrateurs. Mon discours sera aussi plus lent, je ferai plus de sourires d’embarra, je pourrais détourner le regard sur certains mots, ma voix sera plus basse et vous pourriez observer des expressions de tristesse.
Cependant, plus l’enjeu est important, les conséquences contraignantes et impactantes, s’il y a un risque important de sanctions, plus il y aura de risques d’être confondu.
Toutes les stratégies que vous entendez sur “comment détecter le mensonge” ne sont rien si vous n’avez pas en tête l’erreur d’Othello. Il s’agit d’un ensemble de biais qui annihilent votre objectivité et vous conduisent à interpréter des indices comme étant en lien direct avec le mensonge alors qu’ils sont générés pour d’autres raisons (Ekman, 1986 ; “le mensonge”, Elissalde, Tomas, Delmas, Raffin - Dunod). Vous êtes persuadés que l’autre est un menteur alors quoiqu’il dise, vous n’entendrez pas ses arguments et vous ne serez pas objectifs. Alors vous observerez une hausse de la tonalité de la voix, un discours plus rapide, une voix plus lourde, d'avantages d’erreurs de discours, l’usage d’un style indirect et des marqueurs gestuels de peur et pourtant, la personne - sous stress - dira la vérité !
Créer une surcharge cognitive !
Il n’y a pas 36 solutions pour être au-dessus du seuil du hasard pour identifier un mensonge.
Globalement, il est nécessaire de faire parler le menteur afin qu’il produise le plus de détails possible et provoquer une surcharge cognitive. Vous pouvez même lui demander de raconter à nouveau les faits mais en partant de la fin. Voyez s’il s’associe à son discours avec des gestes qui illustrent ses propos, s’il dit que l’agresseur se trouvait dans son dos, alors il pointera derrière lui ou se retournera, c'est ce que fait une personne qui dit la vérité. Ses gestes seront en adéquation avec ses mots. Vous pouvez également faire attention aux clignements de ses paupières. Le menteur qui se concentre et produit son mensonge arrête de cligner des yeux jusqu’à ce qu’il ait fini son propos. S’ensuit une décharge cognitive où vous verrez ses paupières battre plus qu’à son habitude ("Blinking during and after lying", Leal & Vrij,2008, Journal of Nonverbal behavior).
A vous d'observer !
Un geste peut-il sous-tendre un passage à l'acte passé ou futur ?
Le 07/02/2021
Participer de façon anonyme à ce questionnaire rapide dont l'objectif est d'identifier s'il existe un lien entre le geste illustré sur l'image ci-dessous et un passage à l'acte ?
Pour cela, il vous suffit de cliquer ou copier/coller le lien ci-dessous :
https://forms.gle/GeuestVG5TsmcYrm9
Jeffrey Epstein : portrait d'un prédateur
Le 22/09/2020
Jeffrey Epstein est né le 20/01/1953 à Brooklyn, New-York et il a été retrouvé pendu dans sa cellule le 10/08/2019. Issu d’une famille juive de classe moyenne, son père était agent municipal des espaces verts. Je n’ai pas trouvé d’information relative à sa mère. Son enfance s’est déroulée à Sea Gate, le quartier de la classe ouvrière à Coney Island.
Après des études à l’Université Courant Institute of Mathematical Sciences de New York, dont il est ressorti sans diplôme, il est néanmoins devenu professeur à la Dalton School de Manhattan (1973-1975) après avoir menti sur l’obtention de son diplôme.
Il a fondé son entreprise de gestion d’actifs basé sur le modèle pyramidal de Ponsi. Après une longue enquête, il fut inculpé pour trafic sexuel en bande organisée de mineures.
Epstein avait mis en place une structure pyramidale d’abus sexuels sur mineures. Environs 80 jeunes filles victimes, entre 2001 et 2006, furent agressées sexuellement ou forcées à avoir des rapports sexuels avec des hommes influants selon plusieurs témoignages, dont celui de Virginia Roberts Giuffre, 17 ans à l’époque des faits.
Jeffrey Epstein était un self-made-man intelligent, vif d’esprit, sérieux mais un vrai manipulateur charismatique. C’était un introverti dénué d’empathie, incapable de gérer la colère et intolérant à l’angoisse. Il avait du mal à situer la frontière entre le bien et le mal. Sûr de lui, il savait aussi se faire craindre.
Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=I6cDF9nSYaU on peut voir Jeffrey Epstein se gratter la mâchoire inférieure avec sa main droite, après avoir jurer de dire la vérité. Avec ce geste effectué sur “yes I do”, il masque son agressivité.
Sur “is it true sir that…”, il affiche un mépris (à 20 sec.) avec son regard qui s’abaisse, le coin extérieur droit de sa bouche remonte alors que sa main droite vient gratter sa gorge côté droit. Ce geste traduit une envie de ne pas trop en dire.
Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=PeGMzQ1bRyo après avoir invoqué notamment le 5ème amendement (à 3 min. 28) pour ne pas répondre à la question “avez-vous été abusé sexuellement lorsque vous étiez enfant ?”, Jeffrey Epstein se pince les narines de la main droite et passe son index sous son nez. C’est certainement un moment important dans la mesure où l’on sait que bon nombre de pervers narcissiques ont eux-même été abusés durant leur enfance. Mais Jeffrey Epstein ne veut pas répondre.
Du point de vue de la dynamique psychologique, Jeffrey Epstein avait un profil typique du pervers narcissique, du prédateur sexuel.
Un individu qui n’a pas accès à la symbolisation ira chercher ceux qui sauront nourrir son narcissisme blessé. Que ce soit par la prédation, l’effraction ou l’intimidation.
Dans des conditions normales, la mère attentionnée vient rassurer son nourrisson des agressions extérieures qui le persécutent. Sa mère lui permet de distinguer le bon du mauvais. Le pervers est à l’origine un enfant insécure qui n’a pas la capacité à créer des représentations psychiques, à symboliser, à fantasmer.
Afin de gérer/diminuer son angoisse d’anéantissement, il va se doter de “prothèses fétichiques”. L’autre est utilisé comme un fétiche et participe à l’auto-érotisme du pervers. Il est donc le garant de l’intégrité narcissique du pervers à condition qu’il soit inanimé et immuable (“objet non objet”, Racamier).
Le prédateur sexuel a un manque de contrôle pulsionnel, une pauvreté du monde fantasmatique, il se croit omnipotent avec un fantasme de toute puissance et une recherche de contrôle sur l’autre (emprise). Il a également un sens du grandiose, absorbé par des désirs de pouvoir et de grandeur, il a un besoin excessif d’être admiré et il est certain que tout lui est dû. Peu, voire pas d’empathie, il fait preuve d’un comportement hautain, arrogant, noyé dans son égocentrisme.
Jeffrey Epstein s’est donc a priori pendu avec des draps dans sa cellule, l’os hyoïde brisé, ce qui est rare dans le suicide par pendaison, moins pour l’étranglement.
Ses dizaine de victimes (connues) doivent survivre et se reconstruire en faisant le deuil d'un procès qui aurait été le premier pas vers la résilience.
Redouane Faïd condamné à 28 ans de réclusion : retour sur mon analyse
Le 14/08/2020
Le vendredi 13 mars dernier, le braqueur multirécidiviste Redouane Faïd a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Pas de Calais. L’occasion pour moi aujourd’hui de revenir sur l’analyse que j’avais faite en 07/2018, dans laquelle je pointais quelques marqueurs gestuels révélants son caractère manipulateur.
Ce même mois de juillet, Redouane Faïd s’était évadé de façon spectaculaire de la prison de Réau (77) par hélicoptère. Il ne fut arrêté qu’en octobre suivant.
Rappel de mon analyse du 05/07/2018 :
Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !
3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.
« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »
Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !
Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.
Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.
La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.
« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »
Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.
Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contrebalancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.
« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »
Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.
Criminel un jour, criminel toujours !
Liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9doine_Fa%C3%AFd
https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs
http://www.ds2c.fr/blog/analyse-flash-redouane-faid-braqueur-un-jour-braqueur-toujours.html
Crédit photo : Redoine Faïd - Brightcove
Affaire Maël Combier : application au schéma intégratif de la motivation
Le 04/09/2019
Pour faire suite à mon schéma intégratif de la motivation, voici un cas appliqué à un comportement criminel : l’affaire Maël Combier.
Petit rappel emprunté à TéléStar :
« Ce 25 février 2011, Samira Ben Saad et Maël Combier vivent une relation passionnée. Ils se sont rencontrés en boîte de nuit l'été précédent. Elle vit à Crest, une petite ville du département de la Drôme, elle a 20 ans, pose pour des photos et rêve de devenir mannequin. Il en a 22, travaille à Valence pour une entreprise de travaux d'étanchéité, il aime le football et plaît beaucoup aux filles. Leurs disputes sont fréquentes et, inlassablement, leurs retrouvailles sont enflammées. Mais le jour où Samira apprend que celui qu'elle aime à la folie est déjà marié et bientôt père de famille, elle rentre dans une colère noire, le menace et lui promet l'enfer pour s'être moqué d'elle. Aussi, lorsque Maël lui propose de l'emmener en week-end romantique en Italie, la jeune femme se méfie. Mais elle espère tellement voir leur histoire prendre une nouvelle dimension qu'elle accepte de le suivre. Or Maël a bien autre chose en tête qu'une promesse d'avenir. Dans son blouson, il dissimule un revolver et, au détour d'un chemin boisé, il sort son arme et tire. »
Je reprends individuellement chaque item de mon schéma en l’illustrant des éléments de cette affaire. Pour une meilleure compréhension, Maël Combier sera l’Agent 1 et Samira Ben Saad sera l’Agent 2.
L’objectif de cet exercice est de comprendre comment une passion amoureuse en est arrivée à devenir une tragédie. L'utilisation du schéma intégratif de la motivation permet une première analyse pratique/pragmatique pour bien comprendre la situation.
Environnement
C’est un environnement construit, A1 et A2 sont actifs professionnellement et dans leur sphère privée.
Agent 1
Cognitif : une intelligence que je qualifierais de moyenne, par défaut et parce que rien dans les articles que j’ai pu lire ne me fait penser qu’il est un débile profond ou d’une intelligence supérieure. Il occupe un poste professionnel qui demande certaines qualifications et aptitudes intellectuelles.
Affectif : immature, séducteur, menteur, gestion des émotions difficile.
Biologique : néant selon les articles lus, ni sur le plan psychopathologique.
Agent 2
Cognitif : une intelligence que je qualifierais de moyenne basse au vue des interviews que j’ai pu regarder et de sa capacité de réfléxivité, de prise de distance par rapport à la situation.
Affectif : immature également, séductrice elle aussi, gestion des émotions difficile encore et un brin utopiste négative.
Biologique : néant selon les articles lus, ni sur le plan psychopathologique.
Les deux amants sont plutôt orientés vers une stratégie de vie de type « r » (J. P. Rushton), c’est-à-dire avec une stratégie de vie à court terme, aucune anticipation, l’effort est porté sur la reproduction (en terme évolutionniste), impulsivité, hypersexualité.
Intentionnalité
Agent 1 : il use de séduction et multiplie les partenaires tout en essayant, en parallèle, de maintenir un semblant d’équilibre familial qui lui donne bonne conscience et seul gage de stabilité.
Agent 2 : séductrice, elle souhaite trouver à tout prix celui qui la sortira de sa condition sociale qu’elle juge non valorisante (utopie négative) et qui lui fera accéder à son idéal du Moi.
Pensée anticipatrice
Agent 1 : il doit gérer la tension psychologique générée par une situation antagoniste ; d’un côté le désir de stabilité, de l’autre ses pulsions sexuelles. Il suit des buts exclusivement proximaux, assez facile à atteindre.
Agent 2 : elle voit l’Agent 1 comme son sauveur, comme son avenir qu’elle fantasme prometteur. Elle suit des buts distaux, plus difficiles à rendre concrets et donc atteignables.
Auto-Réactivité
Pour les deux Agents, nous voyons très bien, au-travers de leur passion, que l’autorégulation n’est pas leur point fort. La réflexivité est un mot, une compétence dont ils ignorent tout. Ils ont tous deux un fonctionnement auto centré à ceci près que l’Agent 1 est dans un mode « proactif » pour préserver à tout prix son équilibre. Alors que l’Agent 2 est dans un mode « inhibiteur ». Elle rêve de vivre avec l’Agent 1 et elle a très mal réagi lorsqu’elle a appris que l’Agent 1 était marié et allait devenir père. Elle a donc des valeurs intrinsèques fortes et reconnues socialement.
Conclusion
En termes de coping et de mécanismes de défense adaptative, l’Agent 1 est un sujet au fonctionnement mental dysfonctionnel. Lorsqu’il perçoit une menace, ses défenses immatures en font une évaluation erronée et la représentation mentale s’en trouve déformée. Ainsi, la réalité est altérée, mal évaluée et le coping est inapproprié. Parce que la détresse est surévaluée, la contrôlabilité perçue quant à elle est sous-évaluée. Les évènements ne manqueront pas de se répéter. Malheureusement, si des éléments extérieurs viennent à renforcer la menace – comme des proches qui menacent physiquement la personne ou encore être harcelé avec 150 appels téléphoniques par jour – il est fort probable qu’il y ait passage à l’acte pour tenter d’annuler, de déplacer ou d’amoindrir la menace.
Maël Combier a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle, par la Cour d’Assises de la Drôme, reconnu coupable de tentative d’assassinat avec préméditation sur la personne de Samira Ben Saad.
"Leaving Neverland" : témoignages authentiques ?
Le 15/03/2019
Cet article porte sur « Leaving Neverland » que M6 diffusera le 21 mars prochain.
A l’origine, j’aurais dû livrer les résultats de mon analyse lors de l’émission sur C8 : « balance ton post », cependant pour des raisons de ligne éditoriale, il n’en a pas été ainsi. Je vous la partage, elle porte sur la structure du langage corporel des victimes présumées Wade Robson et James Safechuck.
Aujourd’hui, les 2 victimes présumées ont compris qu’elles avaient été abusées sexuellement et manipulées psychologiquement par celui qu’elles idolâtraient. C’est le même processus que nous retrouvons dans le syndrome post traumatique et qui explique pourquoi, au bout de plusieurs dizaines d’années, les victimes finissent par tout révéler.
Que ressentent Wade et James ? Leur témoignage peut-il être qualifié d’authentique alors que leurs détracteurs leur opposent l’appât du gain ?
Avant de répondre à cette question, je souhaite rappeler quels sont les marqueurs gestuels que nous retrouvons lorsqu’une victime témoigne.
Tout d’abord, il y a l’emploi du « je » qui confère une responsabilité à celui qui l’emploie, responsabilité dans le sens où le témoin s’associe pleinement au discours, ce qui n’est pas le cas lorsqu’un mensonge est dit. Wade et James l’emploient systématiquement.
Les clignements de paupières plus nombreux témoignent d’une émotion fortement ressentie et dans le cas présent, c’est de la tristesse. C’est le cas lorsque la « masturbation » est évoquée et le fait que cela doive rester un secret. Le clignement de paupières est même bien plus long qu’à la normale. C’est encore le cas lorsque Wade évoque les abus sexuels subis dès les premiers jours et c’est toujours le cas lorsque James témoigne avec la boîte à bijoux dans ses mains.
Les gestes projectifs sont également un élément important de la véracité d’un discours. Ce sont des gestes faits plutôt près du corps, plutôt arrondi, paumes des mains tournées vers soi et qui permettent de s’associer à son discours. Ces gestes projectifs sont nombreux dans les 2 témoignages, notamment lorsque James parle d’un matin où il se réveille et que MJ n’est pas à ses côtés.
Ce qu’on appelle les gestes de cognition incarnée ou située, sont des gestes qui reproduisent l’espace et l’emplacement d’objets, de personnes pour vous faire visualiser la scène. C’est exactement ce que fait Wade lorsqu’il évoque la scène avec MJ ou encore lorsque Wade parle des masturbations subies ou des caresses lors de leur routine sexuelle.
Et puis il y a les autres gestes… les nombreuses mises à distance lorsque Wade et James élèvent leur sourcil droit, les émotions composites comme la tristesse qui se lit dans les yeux de Wade à l’évocation des masturbations, alors que sa bouche trahit son mépris pour l’acte. Les genoux qui sont systématiquement mis en protection, une jambe sur l’autre pour les 2 victimes présumées. C’est aussi lorsque James évoque « a film park in someone tales» et qu’il nous en fait comprendre toute l’ironie par son index gauche qui vient faire un mouvement de rejet, en se déplaçant de la base du nez vers le haut. C’est aussi la vive colère qui se manifeste sur le visage de Wade lorsqu’il se rappelle la sensation de ses mains dans les cheveux de MJ ou encore quand Wade se mord l’intérieur de la lèvre gauche, signe d’une forte émotion négative ou enfin lorsque James refait ce geste de rejet avec son index sur son nez lorsqu’il termine par « I was 7 ».
Alors ceux qui ont l’habitude d’observer les gestes se disent que c’est quand même bizarre que, si souvent, Wade et James placent leur regard sur leur droite (les images ne sont pas inversées), en futur cognitif ou émotionnel ce qui voudrait dire qu’ils cherchent comment orienter leur discours, qu’ils cherchent leurs mots, voire qu’ils inventent en même temps qu’ils relatent.
Mais là, ils se trompent, leur regard fuit l’image qu’ils se représentaient de leur idole. Ils placent MJ à l’extérieur de leur bulle, ils le mettent à distance, ils le chassent.
Que ressentent Wade et James, les 2 victimes présumées de MJ ? Leur témoignage est-il authentique ?
Ils aiment et idolâtrent un artiste de génie mais qui par ses manipulations et ses abus leur a causé un traumatisme psychologique dont ils mesurent aujourd’hui les dégâts. Lorsqu’ils étaient enfants, ils n’avaient pas le discernement nécessaire pour s’opposer à leur Dieu, ils voulaient juste lui faire plaisir pour que Dieu les estime et les aime. Leur témoignage peut-il être qualifié d'authentique ? Il en contient tous les marqueurs gestuels. Et les familles ? A minima, elles sont coupables d’une naïveté criminelle… un adulte ne dort pas avec un enfant.
Ancien combattant de l'EI : analyse comportementale !
Le 10/02/2019
Ils sont un nombre important de jeunes adultes et d’adultes à avoir souffert d’une non-reconnaissance de la société. Que ce soit pour des raisons de cellule familiale défectueuse ou d’une situation économique précaire, ils n’ont pas su investir leur déception/désillusion/rancune vers des voies socialement plus acceptables. Pourquoi ? Parce qu’ils tiennent les institutions pour responsables de leur situation et que, le cerveau étant un adepte de l’économie d’énergie psychique, la victimisation les renforce dans leur comportement.
Donc la voie la plus rapide à emprunter pour la reconnaissance de leurs pairs, et la plus rémunératrice dans un temps très court, c’est la délinquance. Et la voie la plus simple et aussi la plus rapide pour conforter leurs valeurs patriarcales, archaïques et machistes, c’est le salafisme.
Lorsque l’Etat Islamique entre en guerre, c’est alors la solution toute trouvée qui s’offre à eux. Mais aujourd’hui, ces guerriers opportunistes ont été faits prisonniers par les kurdes et ce n’est pas la même chanson, ce qui les poussent à vouloir demander, avec une espèce d’évidence, à retourner dans le pays (qu’ils ont combattu soit dit en passant).
Pour quelles raisons ? Ont-ils soudainement retrouvé le chemin des valeurs démocratiques et républicaines ? Envisagent-ils réellement que la femme est l’égale de l’homme ? Que la laïcité passe avant la religion ?
Dans ce témoignage, nous pouvons voir l’ancien combattant islamique assis naturellement sur sa chaise, bien appuyé contre le dossier. Nous n’observons aucune tension musculaire dans les épaules, il est donc apparemment détendu, sûr de lui et de son discours, de ses intentions. Ses mains sont confortablement posées sur ses cuisses, les doigts entrelacés toujours sans raideur. Notons que ses jambes sont largement écartées illustrant une posture archaïque du « dominant » et une estime de soi très affirmée. Comprenez « dominant » dans le sens animal du terme bien sûr !
A 28 sec., il parle de ses anciens amis mais les places à sa droite avec sa tête, donc en dehors de son cercle intime. Il parle de la religion qu’il place à sa gauche, c’est donc toujours un élément fondamental dans sa vie. L’injustice est également une valeur importante pour lui, ses pouces s’élèvent lorsqu’il l’évoque à 41 sec. avec un léger sourire ironique/sarcastique/cynique. Dans ces échanges, l’ancien combattant de Daech est dans le lien tout en gardant un certain sens critique, sa tête penche sur sa gauche mais il parle avec l’hémi visage droit, le menton bien relevé confirmant la haute estime qu’il se porte. C’est un homme fier.
Ça se gâte…
« Vous avez tué des gens pendant que vous étiez combattant ? » L’axe de tête de l’homme passe de gauche à droite, ce qui traduit un changement émotionnel… là, il y a matière à creuser la question ! Toujours avec sa tête, il confirme le « non » mais en débutant le mouvement par sa droite, c’est un « non » pour faire plaisir, empathique.
A nouveau, lorsque le journaliste lui demande : « comment on fait pour être combattant et ne jamais tirer sur des gens ? » Le regard se baisse sur sa gauche, se remémorant certains événements, puis « pourquoi tu veux tirer sur des gens ? (…) J’ai tué personne » avec un « non » empathique et sa main gauche qui recouvre sa main droite, signifiant que si le sujet l’implique bien personnellement, il ne doit pas céder à la spontanéité. C’est aussi une question à approfondir : quelle a été sa réelle implication en tant que combattant dans les rangs de Daech ?
Un peu de sincérité
Parce qu’il y en a à la question : « aujourd’hui, regrettez-vous d’avoir rejoint les rangs de Daech ? » le « oui » effectué avec le mouvement de tête est sincère, cependant les raisons de ce regret ne sont pas celles que l’on pourrait croire, c’est-à-dire la recherche d’un Etat où la religion est au-dessus de tout. D’autant qu’à 2 min. 44, sur comment va se sentir sa femme sans lui, c’est bien avec l’avant-bras gauche élevé qu’il assène : « elles sont faibles les femmes ! »
Par ce nouveau témoignage et de ce que j’en ai encore observé, lorsque certaines valeurs, certains comportements sont si profondément ancrés dans la personnalité, il est vain de vouloir changer les choses. Malgré la communication qui est faite, le corps ne ment jamais, il est alors temps que la justice passe.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=8dwxl7kiVlM
Emilie Konig "je resterai ferme sur ma foi jusqu'à mon dernier souffle"
Le 11/01/2018
Paris Match a publié un portrait d’Emilie König le 02/01 dernier, très bien fait, que je vous invite à lire histoire que vous ayez une idée assez précise de qui est la française partie faire le djihad :
Emilie König a été arrêtée en décembre dernier par la milice kurde YPG qui a diffusé une vidéo lundi :
https://www.youtube.com/watch?v=bCh5LyFIO5k
Mon analyse de sa gestuelle porte, non pas sur la véracité des tortures à l’encontre de la française convertie, mais sur la question de savoir s’il subsiste ce fanatisme religieux en elle. Lors de cette interview, Emilie König doit mettre sur le devant de la scène, en première ligne, le fait qu’elle n’est pas victime de torture, que tout va bien, une vie normale en somme comme toute jeune femme occidentale (qu’elle n’est plus).
Avec cet objectif en tête, EK doit poser un voile (très) épais sur ses convictions religieuses et là, il est (très) intéressant de voir comment le corps va gérer cette dichotomie.
Tout d’abord, il faut bien avoir en tête que le mensonge nécessite une forte concentration, une forte énergie cognitive pour garder le contrôle sur le message verbal relayé par le non verbal, afin que le tout forme un ensemble cohérent (d’autant qu’EK souhaite être jugée en France. Quels sont les atouts d’un système judiciaire tel que le système judiciaire français, face au système judiciaire turque, voire islamique ? C’est une vraie fausse question !).
Outre la concentration gourmande en énergie psychique que nécessite le mensonge, ce dernier est verbalisé avec une voix monocorde avec peu de variation de ton, d’intensité. Le regard est actif, peu dans l’émotionnel (donc dirigé sur les côtés ou vers le haut plutôt que vers le bas) hormis pour tous les souvenirs qui doivent représenter une part de vrai, pour venir enrichir le mensonge. Ce mélange aide à consommer un peu moins d’énergie et à une fonction de déresponsabilisation, « je ne mens pas tout à fait puisqu’il y a une partie de vrai dans ce que je vous raconte. »
A contrario, pour constater si la personne dit la vérité, il faut se poser la question de la fluidité du débit vocal, de la focalisation du regard qui doit à certains moments (inconscient) « être absent », un peu comme si la personne perdait contact avec son interlocuteur.
Enfin, il faut être attentif aux gestes visuo spaciaux qui ont la fonction de mimer et de faire revivre des scènes à la personne. Dans l’authenticité, le regard est actif, il est soutenu et conscient, la personne cligne plus des paupières que la norme (la moyenne est de 15 clignements par minute environs), les sourcils sont mobiles pour appuyer le discours.
Dans cette interview, ce qui est visible immédiatement, c’est que l’image n’est pas inversée, les inscriptions sur son pull sont bien lisibles. C’est aussi le contrôle qu’EK semble vouloir exercer sur son corps. Il est rigide, fixé dans une attitude qui se veut représenter la « détente et l’apaisement », en cela sa gestuelle est déjà un hiatus.
Sur les quelques minutes que représente la séquence, EK alterne le contrôle, la contradiction, le mépris et le désir de convaincre.
Au 1er visionnage, on peut se dire qu’EK semble détendue, autant qu’elle puisse l’être dans sa situation et elle tente de transmettre un message d’apaisement, de détachement voire de nonchalance. Je dirais qu’elle « fait comme si la situation était ordinaire ». Alors qu’elle est extraordinaire ! Son corps agit et réagit à la fois au message corporel de l’interviewer, miroir et réceptacle de son discours, mais aussi à ses propres pensées et valeurs morales bien ancrées dans son corps.
Ainsi, sa main droite est active alors que la gauche semble inerte, la position de son buste est rigide. Ces 2 éléments contribuent à illustrer le contrôle qu’elle souhaite exercer sur ses vrais desseins.
La contradiction entre ses valeurs morales, qu’elle a érigées en protection face à l’absence de son père, et les valeurs occidentales nécessaires à afficher se matérialise par le pouce droit levé lorsque sa main droite est tournée vers elle (à 2 sec.). « Il n’y a pas de différence entre nous et les filles du YPG », le geste de la main avec le poignet cassé et la paume dirigée vers elle signifie son intention de lier les 2 parties différentes entre elles.
C’est aussi le cas par la moue qu’elle fait très souvent avec la lèvre supérieure gauche levée - à 22 sec. sur « j’ai vu que les femmes du YPG ramenaient des bonbons… », à 50 sec. sur « mon arrestation », à 1 min. 18 lorsqu’elle évoque la communication avec sa mère, « je lui ai expliquée tout ça… » ; la langue qui sort au centre de la bouche pour rentrer sur le côté droit à 1 min. 16 sur « j’ai pris peur, j’ai téléphoné à ma mère, je lui ai expliquée tout ça… » ; et l’hémivisage qui, à 42 sec. sur « elles (les filles du YPG) nous apportent tout ce qu’on a besoin… », montre 2 émotions contraires. La partie supérieure du visage exprime la tristesse alors que la partie inférieure exprime la joie par un sourire social.
Ses tentatives de nous prendre à témoins, dans son désir de convaincre du fait qu’elle est bien traitée, sont mises en scène par un regard focalisé (consciemment) droit devant elle, en regardant l’objectif de la caméra à 35 sec. sur « on nous apporte du café… », à 1 min. 09 sur « j’ai entendu les femmes de Daech dirent qu’il y avait beaucoup d’injustice… qu’elles tapaient (les filles du YPG)… » et à 2 min. 08 lorsqu’elle énumère toutes les commodités apportées par les filles du YPG.
Toute cette stratégie s’avère vaine quand on voit/observe le mépris qui pointe insidieusement par les coins extérieurs de la bouche qui s’élèvent à 1 min. 03 juste avant qu’elle n’évoque les femmes de Daech, le menton qui s’élève à 2 min. 03 puis à 2 min. 29 lorsqu’elle évoque les commodités apportées par les filles du YPG et les médecins qui sont là pour les aider, et la moue de la lèvre supérieure gauche sur les mots « la croix rouge est présente… ». Lever le menton lorsqu’on évoque quelque chose c’est se positionner au-dessus et afficher son mépris sans le dire. Ayez en tête ce que représente l’image de la croix pour un musulman qui prône le djihad !
Alors non, EK ne semble pas si paisible que ça, non seulement à cause de sa situation de prisonnière mais encore moins par le fait qu’elle doive faire une croix (jeu de mot facile) sur les valeurs morales qu’elle idéalise, en particulier si elle veut être jugée en France pour pouvoir s’en sortir a minima. EK ment-elle quant à ses conditions de détention ? Pour avoir une idée franche, il aurait fallu procéder à un questionnement spécifique. En revanche ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a pas renoncé à ses valeurs morales prônant un Islam radical.
Décryptage de la prise de parole du djihadiste Hocine, arrêté à Raqqa
Le 07/11/2017
Décryptage comportemental, réalisé en binôme, de l’interview du djihadiste arrêté à Raqqa. Vous trouverez dans un premier temps l’analyse globale, puis l’analyse détaillée par séquence. L’interviewer écrit dans son article (LCI, le 30/10/17) que Hocine reconnaît avoir «commis une faute, celle d’être allé en Syrie. »
Conclusions globales de la séquence
Frantz BAGOË : Dans cette interview et face à une journaliste, le djihadiste français affiche une attitude de dominant qui regrette effectivement d’être venu à Raqqa, mais pas pour les raisons que l’on peut croire. Uniquement parce qu’il n’y a pas trouvé la charia telle qu’il l’avait fantasmée et qu’il adore encore.
Elodie MIELCZARECK : Personne dont la gestuelle de domination s’exprime tout au long de l’interview. Le fait que l’interviewer soit une femme biaise un peu la situation à analyser. Les items de dominance viennent parasiter l’échange : parties génitales exposées, gestes en hauteurs, intensité forte de la voix. Son rôle reste difficile à cerner. Cependant, on peut affirmer qu’il n’a sans doute pas été très actif (items plutôt authentique quand il évoque les « 4 vieux mis de côté »). Pour autant, son histoire du « bureau des mariages » est noyée dans un vocabulaire jargonnant et avec de multiples détours. De plus, quand il évoque son action principale, « noter, c’est tout », on observe une gesticulation / agitation des membres et de la voix + un corps qui part vers l’arrière et se désolidarise du propos. On peut en déduire que sans avoir participé aux combats, cette personne a eu un rôle plus important et beaucoup plus engageant que celui qu’elle dépeint. Contrairement à ce qu’elle affirme, l’idéologie islamiste est partagée. Il incarne un certain dégoût / mépris mêlé d’agressivité envers ceux qui ne respectent pas la charia. Il s’agit donc d’un individu « radicalisé ». La fin de l’interview converge vers des items d’authenticité et de sincérité : expressions de peur et d’angoisse (voire de désarroi) quand il évoque sa volonté de rentrer en France. Hypothèse : moins que l’idéologie peu satisfaisante (puisqu’il est pour la charia – contrairement à ce qu’il dira à la journaliste), ce sont sans doute les conditions de réalisation sur place qui l’ont déçues (rencontres, conditions de vie, etc.).
Résultats détaillés séquence par séquence
L’entrée dans la pièce : 1ère séquence
Elodie MIELCZAREK : gestuelle de domination sur la journaliste à 51 sec, avec une micro-traction quand il découvre la scène >>> volonté de performer, de se positionner au-dessus. Exposition des parties génitales tout du long de l’interview.
Frantz BAGOË : entièrement d’accord, il manifeste une volonté d’affirmation de soi, de rétablir son autorité qui est en jeu, notamment face à une journaliste femme. La double micro traction du t-shirt, alors qu’il n’y a aucune raison qu’il le fasse, en est une manifestation tout comme la position assise qu’il adopte, les jambes étant bien écartées et toujours face à la journaliste. C’est un moyen corporel de montrer qui est le mâle et que nous retrouvons fréquemment chez les singes. En Synergologie, nous avons inventé le terme d’EXPEGO pour cette expansion de l’ego.
Il est dans une logique dite « froide », ses propos sont appuyés par sa main droite et son axe de tête penche latéralement à droite, signe d’une volonté de contrôle de son discours (à 53 sec).
Le rôle et les responsabilités décrites : 2ème séquence
Elodie MIELCZARECK : sur son rôle, mi-vérité, pas beaucoup de clignements de paupières quand il évoque le « bureau de mariage » masque de rides sur le front, «là on leur propose des mariages », il noie son rôle en parlant du mot spécifique arabe (jargon) + endroit spécifique, pas de cognition incarnée, les deux mains s’agitent ensemble >>> gros doute.
« C’est de noter c’est tout » : corps qui part vers l’arrière, agitation du corps, accélération du débit vocal >>> il n’est pas à l’aise.
Interprétation : il n’était sans doute pas très actif, n’a pas forcément eu entraînement au combat mais son histoire de bureau des mariages ne tient pas la route. Il ne s’est pas contenté de noter…
Frantz BAGOË : oui, c’est un moment important dans l’interview lorsqu’il dit : « les sœurs qui ont perdu leur mari, on les met dans un endroit spécifique… », il aurait été judicieux de l’interroger dans le détail parce qu’il hoche sensiblement la tête sur le mot « spécifique ». A-t-il participé activement ? A-t-il vécu ça de loin ? Cependant, il semble qu’effectivement il n’ait pas été entraîné au combat, il est sincère.
Elodie MIELCZARECK : « 4 vieux mis de côté » logique chaude, main gauche active, plutôt vrai ?
Frantz BAGOË : je partage ton analyse, d’autant qu’il ne considère pas les jeunes djihadistes qu’il place à sa droite (1 min 14 sec). A ce stade, j’observe que le sourcil droit est continuellement relevé, traduisant une mise à distance des évènements. C’est-à-dire qu’il met toujours de la distance entre le monde extérieur et lui.
Sur l’idéologie islamiste et la charia : 3ème séquence
Elodie MIELCZARECK : sur sa radicalisation, gros items d’agressivité envers les « gens qui ont commis certains délits ». D’ailleurs les items d’agressivité pourraient être contre la charia. Mais le fait qu’ils disent « des gens qui » en épelant « commis certains délit » … « délit qui est contraire à la charia » montre que, contrairement à ce que dit la journaliste en off, il approuve cette loi islamique…
Frantz BAGOË : d’ailleurs lorsque les décapitations sont évoquées, il fait un geste d’arrêt de sa main droite, paume dirigée vers la journaliste, afin de préciser une inexactitude. Comme si ces actes barbares devaient trouver une justification quant à la qualité de leurs victimes.
Son regard semble ahurit voire même béat, comme les victimes de manipulateurs pervers (les gourous). Il n’a pas trouvé à Raqqa l’incarnation qu’il se faisait de la charia : « je suis venu de mon propre gré, sauf que j’ai rencontré des gens contraires » et c’est juste avant de dire cette dernière partie de phrase que son sourcil droit s’abaisse pour se positionner naturellement au même niveau que le gauche (1 min 55 sec). Il est là encore dans la sincérité, il voulait rejoindre un Etat qui appliquait la charia mais il a été déçu de ce qu’il a trouvé.
Elodie MIELCZARECK : « des gens contraires », « des émirs de l’Etat islamiques » : il est réellement déçu de qu’il a trouvé là-bas. Mais il approuve/approuvait l’idéologie islamiste. C’est plutôt les circonstances concrètes qui semblent l’avoir désappointé…
Items d’angoisse et de peur sincère : expressions de peur (rides sur le front) + yeux écarquillés + oui oui oui oui (on peut même parler de désarroi) >>> il veut vraiment rentrer en France !
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=jnP0wZN8saU
Lien vers le site d’Elodie MIELCZAREK : http://www.analysedulangage.com
A la recherche de l'authenticité, plutôt que du mensonge
Le 04/09/2016
L’action personnelle l’emportera toujours sur une action poussée par autrui, que le contexte soit celui de la réinsertion, la sortie d’une relation toxique, l’abandon d’une addiction ou d’une idéologie ou encore dans le cadre d’une thérapie comportementale et cognitive.
L’homme est heureux quand il décide de faire, d’autant plus qu’il a besoin de communiquer sur ce qu’il fait. Pour cela il recherche des personnes qui partagent certaines de ses valeurs et qui sont susceptibles de lui faire un retour positif, source de valorisation. C’est le processus d’inclusion de Will Schutz dans « L’élément humain », ce désir de faire partie d’un groupe pour y être reconnu en tant qu’individu.
Il est donc nécessaire de faire prendre conscience à la personne son intérêt à changer et à se mettre en action. Gustave Le Bon, dans « psychologie des foules », avançait que la foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. L’individu a besoin d’être valorisé et respecté mais il est important de recadrer cette valorisation dans un autre contexte plus positif, ouvert et constructif que celui qu’il a connu jusqu’à maintenant (cf. Paul Watzlawick).
Mais comment faire comprendre à une personne qu’elle a tout intérêt à changer de perspective ?
Selon le domaine d’activité, il sera nécessaire soit de réunir des personnes qui ont des connaissances spécifiques, comme des scientifiques, des sociologues, des psychologues et autres synergologues… soit de collecter préalablement des informations qui seront utile pour offrir d’autres champs de vision à la personne.
Ensuite, la recherche des signes non verbaux de l’authenticité est une posture primordiale et respectueuse versus la recherche du mensonge. C’est une posture parce qu’à trop vouloir rechercher les signes du mensonge, on en voit partout (!) et notre langage non verbal va trahir nos intentions, qui seront interprétées inconsciemment par le vis-à-vis comme une menace. La suggestion ne prendra pas.
Lorsqu’un signe non verbal laissera à penser qu’il y a un hiatus de communication, l’interrogatoire devra être suffisamment souple pour aller tirer le fil de la pelote et mettre à jour les non-dits.
Mais comment reconnaître l’authenticité ?
Gardons bien à l’esprit que lorsqu’une personne bouge (en situation de communication bien sûr), elle change d’état d’esprit. C’est à ce moment qu’elle est la plus lisible.
Une personne qui n’est pas authentique surjoue en termes de gestes, voire de paroles (Fabrice Luchini en est un bon exemple). Elle veut contrôler son corps et son discours. Son attention sera focalisée sur cet objectif de ne rien laisser paraître quoique ce soit de pensée personnelle.
Son regard sera ainsi quelques fois concentré sur un point inexistant, donnant à la personne l’impression qu’elle s’est réfugiée dans son monde. Or, c’est à la meilleure façon de tisser son histoire qu’elle réfléchit. Posez-lui des questions précises et vous observerez que son buste va passer de l’avant vers l’arrière, afin de prendre un temps de réflexion, puis revenir vers l’avant pour vous « servir la soupe ». Prenez de la hauteur à cet échange et vous remarquerez que la personne agit en rythme (cf. « corps de bois » d’Elodie Mielczarek) et que c’est ce rythme qui trahit son désir contrôle.
Des yeux pas très ouverts et peu de clignements de paupières sont également de très bons indices. La personne n’enregistre pas ce que vous lui dites, ça entre par une oreille et ressort par l’autre. Trouver un autre angle d’approche pour que son cerveau soit étonné, soit diverti, voire déboussolé. Faites preuve de créativité et n’hésitez pas à être paradoxal dans votre argumentation.
L’amplitude de la gestualité est aussi un bon paramètre et raccord avec l’exemple de Fabrice Luchini. Les gestes seront faits avec grande amplitude lorsque la personne se déconnecte de son discours, sans affect. En revanche, ils sont réalisés proche du corps lorsque la personne se projette et s’associe à son discours.
Ces clés devraient vous aider à discerner les différentes phases du changement d’état d’esprit de la personne et ainsi, vous pourrez orienter votre questionnement de façon à renforcer la suggestion et faire que la personne y adhère.
« Le point de départ de la suggestion est toujours l’illusion produite chez un individu au moyen de réminiscences, puis la contagion par voie d’affirmation de cette illusion primitive ». G. Le Bon
Les clignements de paupières, vecteurs d'EMOTIONS !
Le 26/06/2016
« Un regard est dans tout pays un langage » - G. Herbert
Par notre regard, dès les 1ères secondes, l’autre se fait déjà une idée de notre personnalité.
Mais ce n’est pas l’œil en tant que tel qui véhicule les émotions que nous souhaitons partager avec l’autre, c’est le clignement des paupières.
Mais qu’est-ce qu’une émotion ? C’est un état affectif intense, caractérisé par une brusque perturbation sur le plan physique et mental. Elle est toujours visible et précède une réponse comportementale. Une des réponses physique est donc le clignement des paupières ou nictation, qui s’établit à 15-20 battements par minute en moyenne. Il peut être spontané, réflexe ou volontaire (University College of London – Current Biology – 26/07/2005).
Spontané : selon A. Faucher (Directrice Universitaire de Sherbrooke, ophtalmologie, département de chirurgie), la fonction anatomique des paupières est double. Elles assurent la redistribution du film lacrymal et débarrasse l’oeil des toxiques.
Réflexe : toujours bilatéral, il s’agit de protéger l’œil.
Volontaire : plus long que le clignement réflexe, les causes sont variées selon les personnes.
Dans une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Osaka (Tamami Nakano – 2009), il a été démontré que cligner des yeux était un signal pour le cerveau de couper momentanément le flot d’infos lui arrivant afin de lui permettre de mieux gérer ce flux et de lui laisser le temps de s’adapter.
M. Roy et JP Mailhot (Université de Montréal) ont démontré que les clignements des paupières sont plus intenses, plus rapides et plus fréquents lorsque nous écoutons une musique désagréable, qu’avec une musique agréable (brams.org – « la musique suscite bel et bien des émotions » - 2009).
Fort de ces découvertes scientifiques et après avoir observé, analysé et visualisé une centaine de vidéos de personnes (connues et inconnues), qui manifestent une émotion positive ou négative, ancienne ou récente, il en ressort que le clignement des paupières est un élément prépondérant pour être certain qu’une personne ressent une émotion. La fréquence des clignements sera multipliée par 2, voire 2.5 !
Lorsqu’une personne ment, elle doit faire un effort cognitif énorme pour imaginer une histoire plausible. Au besoin, elle l’agrémente de parties véridiques pour l’étoffer et se donner une marge de sécurité au cas où elle serait questionnée.
Elle doit donc se concentrer pour voir dans votre regard si vous gobez son mensonge. Se faisant, elle se coupe de la relation et ne cligne plus des paupières jusqu’à la fin de son histoire. Une fois celle-ci terminée, le relâchement peut se faire et les clignements de paupières reprendre de plus belle.
Ainsi, la personne qui mime la sincérité ne nous écoute pas, elle cesse de cligner des paupières.
Ce qui est également très intéressant, c’est le temps de contact entre les regards de 2 deux personnes.
Un regard fuyant nous donnera l’impression que la personne est introvertie, mal à l’aise, peu sûre d’elle et véhicule une certaine fragilité.
Un regard insistant peut être perçu comme inquisiteur, intrusif et génère un malaise.
Mais pas seulement…
La performance (2010) de Marina Abramovic, The artist is present, illustre parfaitement les EMOTIONS que peuvent provoquer cet échange de regards sur plusieurs minutes.
Sur scène, l’artiste et une personne inconnue sont assises l’une en face de l’autre, immobiles et se regardent. Le flot d’émotions généré par ce face à face semble envahir non seulement les 2 protagonistes, mais également la salle entière. « Ces regards étaient d’une force captivante, les orbites semblaient abriter des montagnes russes de calme, d’émerveillement, de surprise, de compassion, d’attirance, de générosité, et mille autres émotions ».
http://www.slate.fr/story/106013/regard-yeux-lsd
En résumé, des clignements des paupières répétés nous indiquent que notre interlocuteur est bien dans l’échange. Si ces clignements se font plus nombreux, alors l’émotion est réelle.
Lorsqu’on me dit que « la Synergologie fait l’amalgame de croyance et de non verbal », j’ai un peu de mal à comprendre l’argument qui ne repose que sur un sentiment et une méconnaissance de la discipline.
J’espère très humblement que cet article, qui croise des références universitaires et une minuscule partie du travail fait sur le clignement des paupières, puisse pousser les sceptiques à chercher d’autres arguments.
Cahuzac "supermenteur" !
Le 12/02/2016
« Super menteur » ou comment être un monstre manipulateur.
A bien y réfléchir, il faut faire preuve d’un aplomb hallucinant, pathologique même, pour oser mentir au premier ministre ainsi qu’au chef de l’état.
De ce fait, ce n’est qu’une formalité de se lever dans l’hémicycle pour affirmer tout de go : « Non, je n’ai pas de compte en Suisse ».
Pourquoi un monstre de manipulation ? Parce que bien qu’il connaissait le risque encouru, il a cédé à la lâcheté égocentrique pour ne pas affronter les conséquences de ses actes.
Nous nous sommes tous interrogés sur ces signes qui trahissent le mensonge.
Comment a-t-il pu berner tout le monde ? Les médias ? La classe politique ?
A y regarder de plus près, trois items non verbaux flagrants mis bout à bout nous laissent une impression … bizarre.
1. La focalisation active du regard. Il fixe son interlocuteur de ses yeux très grands ouverts tel le serpent Kaa dans le livre de la jungle.
Il scrute le comportement induit par ses propos. Avez-vous bien gobé ce truc que je tente de vous faire avaler ?
2. Le peu de clignements de paupières, bien moins qu’à la normale qui est d’environ 15 à 20 clignements / minute.
Mais dans son cas, c’est un calculateur dans le contrôle et qui ne laisse pas paraître ses motions. Donc, il ne cligne pas beaucoup des paupières. Ceci étant, cela reste un indice à charge.
3. En revanche, ce que personne n’a observé, c’est la façon dont sa main droite tient le micro.
Observez bien : le pouce droit se trouve coincé entre l’index et le majeur.
Est-ce un geste que vous faites souvent ?
J’ai interrogé plusieurs personnes et pas une ne fait ce geste, qui est d'ailleurs très inconfortable.
Quelle est la signification des doigts ?
Le pouce symbolise le « Moi » dans l’environnement. Lorsqu’il est caché, cela traduit une introversion, un retour sur soi.
L’index est le doigt de l’affirmation (au sein d’un groupe), tandis que le majeur représente la créativité (en dehors de la dimension sexuelle).
Ainsi, Cahuzac coince inconsciemment son « Moi » entre l’affirmation de « soi » et sa « créativité » ! C’est-à-dire que l’épreuve qui le touche personnellement doit être mise sur la place publique, mais avec toute la créativité nécessaire à un mensonge de haut vol.
Etonnant non ?
Monica Gate : où quand Bill a-t-il menti ?
Le 20/08/2015
Je ne me souviens pas avoir décodé le langage corporel de Bill Clinton lorsqu’il fut face au Grand Jury, il y a près de 20 ans. L’anniversaire du Monica Gate me donne l’occasion de faire cet exercice amusant et de vous faire partager LE moment où l’on sait que l’ancien Président des Etats Unis a menti (mais un peu de patience).
Pour rappel, Monica Lewinsky eut une « sexual relationship with Bill Clinton from 1995 to 1997 ».
J’ai trouvé cette vidéo sur Youtube mais je n’analyserai que de la 2min. 57 à la 4min. : https://www.youtube.com/watch?v=HV7zqaKHY3Y
Pour information, j’ai regardé et analysé cette séquence à une vitesse de 0,25 via VLC.
2min. 57 : la 1ère chose qui me saute aux yeux, c’est l’hémi visage gauche de BC qui est significativement plus fermé, plus contracté que le droit. Ce qui illustre parfaitement cette dichotomie entre sa relation secrète et son statut de chef d’Etat mis à mal.
3min. 04 : son regard se perd de façon inconsciente, on dit qu’il est en défocalisation active… il n’est plus là mais dans son monde plus confortable certainement que la crue réalité.
3min. 05 : son regard est, comme très souvent dans cette séquence, en passé émotionnel. Encore une fois, il se remémore des souvenirs, des situations affectives (il y a de quoi…).
3min. 08 : l’axe de tête latéral droit et rotatif gauche nous indique qu’il est attentif et méfiant.
3min. 10 : le regard est à nouveau en passé émotionnel, le coin extérieur droit de sa bouche est tombant, descendant, l’air abattu. Il se redresse sur son siège et après avoir repris visuellement et momentanément contact avec son vis-à-vis, BC replonge dans son monde, son hémi visage gauche est à nouveau contracté.
3min. 13 : les mains jointes en prières, les poignets hauts, nous indique la nécessité de trouver une voix de sortie, un consensus… (et d’1 !) qui peut être empreint d’un non-dit. Mais sa tête vient se poser sur ses doigts qui vont devoir soutenir son désarroi, accablé qu’il est Mr BC (on le serait à moins).
Son œil droit est significativement plus petit que le gauche, ce qui traduit un fort stress causé par le monde extérieur, par la situation inextricable dans laquelle il s’est fourré (et de 2 !).
3min. 15 : toujours ce regard en passé émotionnel, les muscles du front en vague qui expriment la peur.
3min. 19 : les mains en couteaux fermés ascendants qui nous confirme un nouveau retour sur soi, exprimé différemment par le corps. BC souhaite retrouver un peu de confort tout en préservant son statut de chef d’Etat. Ce geste est également plein de non-dits (ce ne sont pas encore des mensonges).
3min. 23 : et le voici, le moment tant attendu du non-dit qui va passer du côté du mensonge. Suivez bien le regard en passé émotionnel de BC, sauf lorsqu’il dit qu’il n’a pas eu de relation sexuelle avec ML où son regard, ses yeux, sa détresse va venir accrocher subrepticement le regard de son vis-à-vis pour vérifier que ce dernier a bien avalé la couleuvre.
3min. 29 : son buste bascule vers l’avant pour retourner dans l’échange et ses mains sont paumes face à face, dirigées vers l’avant, signifiant ainsi qu’il faut avancer maintenant et passer à autre chose. Le regard repasse en passé émotionnel.
3min. 33 : même stratégie comportementale qu’à 3min. 23 ! Identique ! La bouche reste fermée dès sa phrase terminée, pour surtout ne pas trop en dire.
3min. 47 : les coins extérieurs droit et gauche de la bouche sont descendants, exprimant ainsi de l’amertume et de la tristesse.
3min. 56 : superbe image qui demande un œil affûté parce que le mouvement des yeux est si rapide qu’il passe inaperçu. A l’évocation du cigare, les sourcils de BC se froncent, les muscles qui entourent le nez se contractent et c’est un enchaînement de surprise, de peur puis de colère contenue à cause de ce détail sordide qui aurait dû rester confidentiel ! Les yeux partent à gauche, puis à droite, puis à gauche pour tenter de retrouver l’équilibre, une bouée de sauvetage dans cette mer agitée (et tout ça en moins d’1 seconde).
3min. 57 : le buste se replace, Clinton a retrouvé le plancher des vaches.
3min. 59 : mais sa bouche en huître nous indique que BC retient des propos.
4min. 01 : la séquence s’arrête là avec un mouvement de langue à l’intérieur de la bouche, sur la joue gauche, qui semble signifier un embarras, encore un non-dit dans un contexte pour le moins difficile.
Cette analyse récréative est terminée, en peu de secondes BC nous a montrés pas mal d’items corporels, du vrai miel pour nous synergologues. Vous saurez maintenant le moment précis où BC ment !
Tous les non-dits sont des mensonges !
Le 28/06/2015
Au même titre que « sois naturel ! », cette affirmation est une communication paradoxale parce que si je mens, alors les non-dits ne sont pas des mensonges.
Sous un autre angle, est-ce qu’on peut alors dire qu’ils sont synonymes ?
Que nous disent les définitions ?
Dire un mensonge c’est altérer sciemment la vérité. C’est une affirmation contraire à la vérité faite dans l’intention de tromper (réf. www.cnrtl.fr).
Le non-dit, bien que chargé de sens, n’est pas formulé explicitement et n’a pas nécessairement cette connotation négative qui est associée au mensonge (réf. www.larousse.fr).
Un mensonge n’est pas un non-dit !
En synergologie, certains items mis bout à bout nous amènent à suspecter que la personne semble mentir, et d’autres attestent de non-dits. C’est le questionnement que nous allons mener qui va confirmer ou infirmer notre hypothèse.
Prenons de façon isolée l’item du « faux non » - la tête commence le mouvement de négation par la droite – peut suggérer un mensonge mais également un non-dit. Le travail du synergologue va être de poser des questions afin d’établir si la personne ment ou si elle ne nous dit pas tout (avec production de nouveaux items non verbaux) et ainsi, recréer un espace de communication assertif, réflexif et empathique : un espace d’authenticité, un système « gagnant-gagnant » (métacommuniquons !).
Le synergologue repère l’incongruence et tente d’y remédier par le questionnement.
En synergologie, nous disons que nous avons observé (notion abordée plus bas) au travers de maintes vidéos que tel item associé à tel autre, associé à tel autre et à tel autre, semble exprimer un non-dit et que d’autres semblent se retrouver dans le mensonge. Mais ça ne fait pas de nous des détecteurs de mensonge et nous ne le revendiquons pas ainsi. En revanche, relever une incongruence entre le verbal et le non verbal – un hiatus de communication – fait bien de nous des détecteurs de non-dits.
Tenter de démontrer à la façon « positiviste scientifique d’Auguste Comte» (grosso modo : ça marche/ça marche pas) que le synergologue ne détecte pas plus de mensonges que le hasard ne peut pas s’appliquer ici, elle est même dépassée parce qu’elle ne tient pas compte ni du contexte, ni de la stratégie de questionnement (contrairement à la Systémique).
Enfin, revenons rapidement sur la notion de l’observation dans le cadre du décryptage de vidéos. Observer c’est considérer avec attention, avec application. « C’est examiner un objet de connaissance (scientifique) pour en tirer des conclusions (scientifiques) » (réf. www.cnrtl.fr).
L’observation permet de réaliser la vérification empirique des phénomènes, c’est-à-dire qui s’appuie sur l’expérience et non sur la théorie. Dès lors, on ne peut pas nous opposer de quelconque biais ou encore d’effet Barnum.
Le fond, la forme…
Lola, témoignage (mensonger) d'un viol l'été dernier
Le 01/01/2015
Voici un exercice que j’apprécie particulièrement, l’analyse de vidéos.
En naviguant sur le web à la recherche d’une vidéo intéressante à décrypter, je suis tombé sur le témoignage de Lola qui, en juin dernier, se disait avoir été victime d’un viol en pleine rue. Il s’est avéré, quelques jours plus tard, que ces propos étaient mensongers. A l’époque je n’avais pas prêté attention à ce fait divers et je peux comprendre qu’une analyse a posteriori peut vous sembler un peu facile… soit, cela étant, si vous me soumettez une vidéo d’un témoignage pour lequel toute la lumière n’a pas été encore faite, je l’analyserai avec plaisir et je le posterai sur mon site. Si la personne analysée s’avère être coupable, preuve aura été faite que nos analyses sont justes.
Voici donc la vidéo du témoignage de Lola, comparée à deux autres témoignages de victimes de viol. Les différences parlent d’elles-mêmes…
Lola :
Je rappelle et j’insiste, pour une meilleure compréhension, que la jeune fille aurait été violée fin juin dernier et que quelques jours après, elle avouait son mensonge.
L’analyse de la vidéo porte sur 38 secondes de la vidéo (entre la 27ème sec. et la 65ème sec.), les deux autres analyses portent uniquement sur 1 minute d’images.
Tout d’abord les axes de tête. Ici, la jeune femme parle en mettant en avant son hémi visage gauche et légèrement penché sur sa droite. Ceci induit une communication plutôt dans le contrôle, elle ne se laisse pas complètement aller.
0’29 La langue sort de la bouche à l’extérieur droit pour rentrer au centre, ce qui indique que les propos sont dits dans un contexte négatif. Rien de plus normal jusque-là.
0’32 La lèvre inférieure passe sous la lèvre supérieure, ce qui indique des propos retenus, que la jeune fille souhaite garder pour elle.
0’43 Son hémi visage gauche semble ouvert, détendu. L’œil gauche est plus grand que l’œil droit, le sourcil gauche est plus haut que le droit, il n’y a aucune contraction musculaire sur cet hémi visage. A contrario, l’hémi visage droit est plus contracté, il semble plus petit, ainsi que l’œil et le sourcil. Dans un contexte comme celui-ci, où la jeune fille a subi un acte terrible, il me semble que la gauche de son visage devrait être plus fermé, plus contracté avec l’extérieur de sa bouche tombant. C’est ce que l’on observe dans ce type de situation généralement, mais pas là.
0’44 Sa langue part vers le bas pour rentrer rapidement dans la bouche, ce qui confirme des propos retenus et que nous avons vu précédemment avec les lèvres.
0’58 La langue sort sur le côté droit de la bouche pour rentrer rapidement, c’est ce qu’on appelle une langue de « vipère » ou de « délectation »… ce qui est étonnant c’est que cette langue sort au moment où la jeune femme dit qu’elle témoigne pour « toutes celles qui ont subi ça ». Pour quelles raisons cet item est présent à ce moment-là ? Se délecte-t-elle de la situation qu’elle a mis en scène ou est-ce une « revanche » pour elle ? C’est une question qu’il aurait fallu lui poser manifestement.
Entre la 27ème seconde et la 65ème, je compte 22 clignements de paupières, ce qui fait 34 battements de paupières par minute. Dans le cadre de mon mémoire, j’ai mené une étude sur le nombre de clignements des paupières, pour laquelle j’ai visionné des centaines de vidéos. L’objectif de cette étude était de démontrer que la nictation est un élément prépondérant pour être certain qu’une personne revit une émotion positive ou négative et qu’elle ne feint pas. Sur ces vidéos, je devais dénombrer les clignements de paupières lorsque la personne racontait une émotion positive ancienne, une émotion positive récente mais également lorsqu’une personne évoquait une émotion négative ancienne et également récente (je précise qu’il s’agissait de personnes différentes sur chaque vidéo).
Il s’avère que lorsqu’une personne évoque une émotion négative récente, cette personne cligne environs 44 fois par minute. Dans le cadre du témoignage de cette jeune fille, le nombre de clignements de paupières est de 34… ce qui équivaut (selon mon étude) à une émotion négative ancienne.
Pour information, dans un environnement relativement neutre, dénué de toute charge émotionnelle, une personne cligne en moyenne 15 à 20 fois par minute. Autant dire que la nictation représente une activité importante quotidienne quant à la régulation de l’équilibre de notre état émotionnel.
Ce qui m’interroge également sur cette partie de vidéo, c’est que la jeune femme est très souvent en retour sur elle, son regard est dirigé vers le bas et plus focalisé sur ses pensées que sur les journalistes (mais là, rien de plus normal pour une personne qui a vécu un moment traumatisant), mais surtout son regard ne se dirige jamais vers le bas sur sa gauche. La direction du regard vers le bas à gauche nous indiquerait que certaines images lui reviennent en mémoire et qu’elle « revit » intérieurement la scène pour nous en faire part. Or là, la jeune fille regarde en bas mais face à elle ou vers la droite, ce qui nous amène à penser qu’elle cherche à construire son argumentation. Soit dans le but de répondre avec le plus de précision aux journalistes (mais là nous sommes dans le cognitif, la pensée raisonnée) ou dans les propos inventés.
En comparaison, le témoignage de la jeune femme ivoirienne, victime d’un viol :
Pour information, la jeune femme témoigne en 2001 d’un viol ayant été commis 10 ans avant. Autant dire que le souvenir est plutôt ancien, ce qui sous-entend que je devrais dénombrer au moins 34 clignements de paupières, or j’en dénombre pas moins de 72 pendant 1mn analysée… soit 2 fois plus que la vidéo précédente. De plus, les sourcils sont très mobiles ce qui traduit une envie de communiquer, de même que son visage qui d’ailleurs présente également l’hémi visage gauche et penché également sur la gauche, signe que la jeune femme est dans le lien, dans l’émotion.
Je n’observe aucun mouvement de langue mais plutôt une lèvre inférieure qui laisse entrevoir les dents du bas, ce qui traduit de la peur.
Dernière comparaison, une jeune femme de 20 ans raconte sur FaceBook le viol qu’elle a subi 6 ans auparavant (je vous invite à ne pas lire les commentaires qui proviennent de cerveaux passés à côté de l’évolution) :
La jeune femme incline la tête sur sa gauche, tout au moins au début de la vidéo, ensuite l’axe sera neutre. La personne est donc dans le lien, dans l’émotion, pas dans le contrôle. Je ne distingue pas d’hémi visage plus grand ou plus fermé l’un que l’autre, ce qui est cohérent avec l’ancienneté de l’acte.
A 8 sec. Voyez l’extérieur droit de la bouche qui remonte, il s’agit d’un rictus de mépris. Même chose à 15 sec. mais côté gauche, là c’est du dépit.
16 sec. La bouche fait une moue qui traduit une émotion gardée pour soi. La jeune femme laisse ensuite échapper un léger souffle à 20 sec. comme si elle voulait évacuer cette émotion justement.
51 sec. Même moue de mépris avec le regard dirigé vers le bas à gauche (tiens tiens…).
54 sec. La main gauche se met en travers du corps pour aller gratter la zone extérieure droite du cou. Le bras en travers du corps nous indique qu’elle veut se protéger et que cela la concerne personnellement (pour ne pas dire intimement) parce que c’est le bras gauche qui est en mouvement. La zone du cou concernée par la démangeaison nous indique qu’il s’agit de quelque chose qu’elle n’a pas encore digéré, qui lui reste en travers de la gorge (ça me semble plutôt cohérent avec ce qu’elle a vécu n’est-ce pas ?)
Pour conclure cette analyse, et même a posteriori, Lola a un discours verbal qui n’est pas en cohérence avec sa communication non verbale. Les signes présents dans les deux autres vidéos, et que nous devrions retrouver en partie dans son témoignage, ne sont malheureusement pas présents. Il y a quelques mois j’aurais conclu que si Lola semble évoquer un fait qui l’a fortement marquée, certains signes et absence de signes nous poussent à émettre des réserves sur celui qu’elle évoque. En revanche, il me semble effectivement que Lola a vécu un évènement négatif particulièrement marquant il y a plusieurs années... mais là, ce n'est plus mon domaine de compétence.
liens vers les vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=BCMdW1WZdbU
https://www.youtube.com/watch?v=jm1NqyJ6Xr8
https://www.youtube.com/watch?v=-EwZzQTAiAk
Si vous avez des suggestions de vidéos à analyser, n'hésitez pas. J'en profite également pour vous souhaitez mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année ! J'ai une pensée particulière pour ceux qui me suivent du Canada, d'Angleterre, de Belgique, d'Algérie, de Suisse, d'Espagne, de Russie ou encore de Roumanie ! Merci à vous tous de me suivre et de me lire.