Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=joKHG9FdeY4
Emma Murphy décide de témoigner face caméra de son calvaire. Celui d’une jeune femme qui subit la violence quotidienne de son mari, qui petit à petit à installer une relation sous emprise, de la manipulation psychologique et des conséquences directes et visibles sur son visage.
La jeune femme a donc fait le choix de réagir en quittant cet homme violent. C’est un pas énorme qu’elle a initié par elle-même, après avoir pris conscience du danger que représente la situation pour elle, mais aussi pour ses enfants.
Quels sont les items marquants de son authenticité ?
La tristesse transpire évidemment sur toute la longueur de la séquence. Elle se traduit dès la 30ème seconde par les bords extérieurs droit et gauche de la bouche qui sont descendants. Ses paupières se ferment plus longuement que la normale (33 sec.) lorsqu’elle dit « devoir le faire pour sensibiliser les femmes ». Ce sont les prémices à la venue des larmes qu’elle va tenter de faire refluer pour rester digne.
Ensuite, elle évoque ses 2 enfants en créant un lien cognitif avec nous. Elle nous regarde avec son œil gauche, l’hémi visage gauche tourné vers nous (37 sec.). Ses paupières sont maintenant très gonflées, ses yeux rougis (entre 38 et 45 sec.) et son sourire évoque son malaise, la honte de devoir s’exposer ainsi, si fragile et si faible. Ce sourire social est là pour compenser l’émotion qui la submerge.
Puis, son hémi visage droit se contracte, s’affaisse : « c’était l’amour de ma vie. Nous avions des hauts et des bas ». Elle va mettre en place une boucle de réactions physique de défense, qui a pour objectif de retarder le flot de larmes. Ce serait le bout du bout de devoir lâcher prise ici, devant la caméra. Voici la boucle : le regard s’élève très haut puis son visage se fend d’un sourire de façade (49 sec, 56 sec et 59 sec.).
La seconde manifestation de sa grande tristesse/détresse est les clignements dissymétriques des paupières (58sec, 59sec, 1min 01, 1min 05, 1min 13, 1min 15, 1min 22 et 1min 26). La 1ère larme surgit côté droit (1min 03) sur « malheureusement, l’année dernière » et c’est sa main droite qui vient l’essuyer. Ce geste est très important car effectué avec la main droite, il signifie qu’elle ne se sent pas responsable de la situation. Quand on connaît le contexte, il serait déplacé de dire que c’est cohérent.
Tout aussi intéressant à 1min 23 : « avec le stress, j’ai accouché prématurément » et en disant cela, elle essuie une larme qui coule sur sa joue gauche mais avec son pouce droit. C’est une stratégie inconsciente de protection face à l’agression extérieure, c’est un arc réflexe. A 1min 42, elle effectue le même geste mais inversement, lorsqu’elle évoque qu’« il l’a refait le week end de la fête des pères ».
Pour encaisser, elle a besoin de quelques secondes, seule dans sa bulle (1min 58), son regard part en passé émotionnel (dirigé vers le bas) et son visage s’abaisse simultanément.
Elle établit à nouveau un lien cognitif avec nous (3min 03), son hémi visage gauche dirigé vers nous : « je réalise aujourd’hui qu’un homme n’a pas le droit de lever la main sur sa femme (…) et être forcé de considérer ça comme acceptable, c’est encore pire ». Elle souhaite nous interpeller sur cette évidence qui ne l’est, malheureusement, pas pour tous (!) et nous faire partager son émotion.
Le mépris apparaît (extérieurs droit et gauche de la bouche descendants) après un geste de la main droite (micro démangeaison sur le cou) qui signifie qu’elle ne souhaite pas évoquer la torture mentale qu’elle subit.
Bien au-dessus de la tristesse, du mépris et du dépit, c’est l’humiliation qui provoque le plus de neuro réactions du cerveau (http://neuromonaco.com/lettres/lettre116.htm#humiliation). Nos neurones miroirs décryptent inconsciemment toutes ces manifestations non verbales et plus que de l’empathie, c’est bien de la sympathie que cela génère en retour. Le message est bien passé.