communication non verbale
Interview des époux Jacob : décryptage
Le 02/12/2023
36 ans après les faits qui se sont déroulés le 16/10/1984, c’est la 1ère fois que les époux Jacob accordent une interview. Suspectés d’être les « corbeaux », ils furent mis en examen en 2017 pour enlèvement et séquestration suivie de mort et finalement la mise en examen fut annulée par la suite. « L’accusation s’interroge sur l’emploi du temps difficile à cerner des Jacob l’après-midi du drame. Avec, en filigrane, l’hypothèse d’une remise de l’enfant après son enlèvement devant chez lui à Lépanges-sur-Vologne. » (Le Parisien, Timothée Boutry, 21/06/2017).
Revenons sur cette interview donnée à BFM TV et analysons la séquence.
D’emblée, les époux font face aux journalistes avec l’intention d’être spontanés et sincères. La main gauche de Marcel Jacob saisit sa main droite, sans tension et les époux clignent normalement des yeux, ce qui permet de dire qu’ils sont dans l’échange et non enfermés dans leur bulle (en l’absence de clignements). Un nombre trop important de battements de paupières signifie que nous sommes une situation émotionnelle forte (positive ou négative).
« Est-ce que vous savez quelque chose sur la mort du petit Grégory ? » - 17 min 26
A cette question, les époux affichent un certain dégoût et se replongent dans les images de l’époque , leur regard s’abaisse et les commissures des lèvres sont tombantes. Jacqueline Jacob est dans la protection, elle se méfie, son bras droit vient ainsi toucher son épaule gauche formant un bouclier invisible. Et ce n’est pas pour rien puisque le journaliste leur assène : « vous êtes au cœur du dossier, si quelqu’un va devant une Cours d’assise, ce sera vous deux, vous le savez ? »
« Etes-vous prêts à collaborer avec la justice ? » - 18 min 10
« On n’a pas peur du tout, ils me l’ont prélevé déjà 2 fois mon ADN. J’ai rien à me reprocher, absolument rien » répond Marcel Jacob alors que sa femme touche la bague de son annulaire droit avec son index et son pouce gauche. Elle souhaite maintenir la cohésion et l’équilibre de son couple durant cette nouvelle charge. Rappelons qu’ils étaient tenus à résidence séparée. Jacquelin Jacob est touchée émotionnellement, ses battements de paupières s’intensifient jusqu’à s’arrêter durant une dizaine de secondes où elle n’est plus présente car concentrée à imaginer les conséquences.
« Vous êtes innocents ? » - 18 min 21
Le journaliste interroge en mettant ses doigts gauche en pince (index et pouce qui se touchent) – « 100% » lui répond Marcel Jacob en effectuant le même geste de façon inconsciente. C’est un geste très cohérent dans la mesure où il n’est pas réalisé intentionnellement, c’est instinctif à ce moment. Et Marcel Jacob de souligner sa réponse en un « là c’est sûr ! » avec la tête qui se baisse franchement pour surligner son propos.
« Comment ça s’est passé cette arrestation de 2017 ? » - 19 min 05
Encore une fois, Marcel Jacob va illustrer sa réponse « très compliqué » (ce moment vécu) en recontextualisant. C’est très important lorsqu’une personne, un témoin raconte la scène qu’il a vécu. Il s’associe et donne des détails de ce qu’il a dit ou fait. En l’occurrence, Marcel Jacob dit « on avait commandé des glaces (…), un peu avant 8h, on était encore au lit, j’ouvre la porte, une dame qui étant devant, SR de Dijon, à partir de 8h vous êtes en garde à vue pour l’affaire du petit Grégory. » Pendant cet échange, sa femme Jacqueline affiche une expression de doute (sur le motif de la garde à vue), elle est dubitative et elle lâche : « j’étais tétanisée. »
Elle préfère ne pas trop exprimée ce qu’elle a ressenti lors de la perquisition qui a suivi, elle indique que des albums photos ont été pris, alors sa bouche va se fermer et ses lèvres se pincer vers l’intérieur (bouche en huître). C’est une situation qui l’a marquée.
Lorsque les conditions de la garde à vue sont évoquées, c’est à nouveau son bras droit qui va venir en protection de son corps et saisir son épaule gauche.
« Il y a des lettres du corbeau qui vont servir à justifier cette mise en examen, notamment vous (il désigne Jacqueline). »
Le journaliste se veut plus incisif. Alors Jacqueline Jacob répond « j’ai jamais écrit » en faisant, de façon inconsciente, « non » de la tête. Elle ne cherche pas à voir si ce qu’elle dit est bien « avalé » par le journaliste, elle ne le fixe pas des yeux, elle ne recherche pas son approbation ni de le prendre à témoin. Juste elle répond « j’ai jamais écrit. »
La même négation franche sur la seconde vidéo, à 12 min 32 : Marcel et Jacqueline Jacob [interview] - YouTube. Je note à 12 min 37 la bouche se pince dans une tension qui peut aussi bien être le reflet d’une vérité cachée ou d’une réalité. Avoir la bouche pincée (qui est différente de la bouche en huître et ses lèvres rentrées avec l’intention de ne pas trop en dire), pourvu que ça soit fait juste après avoir prononcé une phrase, peut venir appuyer les propos. Il est nécessaire de préciser que plus un mensonge est ancien, plus il est simple d’en faire une vérité. Les connotations négatives, les émotions négatives font parties du passé. Il est ainsi plus simple de le traiter cognitivement. C’est quelque chose qu’il faut garder à l’esprit pour relativiser l’analyse. Ensuite, une personne peut être le scripteur d’une lettre de « corbeau » sans pour autant être l’auteur d’un meurtre. En tous les cas, cette tension dans les lèvres illustre que c’est une partie du dossier qui la stresse. Ajoutons à cela que le visage de Jacqueline Jacob est plein de tics liés à son âge…
Sur cette même vidéo, à 15 min 45 à propos de la stylométrie, Jacqueline Jacob réfute à nouveau être l’auteur des lettres en plaçant sa main droite paume face au journaliste, sans tension dans les doigts, en un geste qui se veut être un « stop », un « arrêt. » C’est un geste très instinctif qu’elle fait, ce n’est pas calculé, c’est sincère.
A 16 min 07, toujours sur cette accusation d’être le « corbeau », Jacqueline Jacob se gratte le haut de son muscle nasogénien gauche avec son index droit (le point qui se situe juste à côté de sa narine gauche, c’est une ride qui se creuse largement avec l’âge). C’est un geste qui signifie que quelque chose dans son image est dérangeant.
Les époux Jacob semblent être les victimes collatérales de cette affaire qui n’a toujours pas trouvé son dénouement. Jacqueline a-t-elle écrit une ou deux lettres ? Les époux ont-ils commandités l’enlèvement et le meurtre de l’enfant ? Il est difficile d’analyser le langage corporel lorsqu’il évoque des faits et des souvenirs qui remontent à quelques décennies. Ces faits et souvenirs sont retraités, réinventés par le cerveau et s’ils ne sont pas emprunts d’émotions, en faire émerger la vérité demanderait un réel et approfondi interrogatoire cognitif.
Source : Affaire Grégory : Les époux Jacob sortent du silence - YouTube
Pourquoi je me touche la barbe ?
Le 17/06/2023
Que se cache-t-il derrière la barbe ? Si je la caresse, la tire ou la gratte, qu’est-ce que ça veut bien dire ?
J’avais analysé les aspects sociaux et psycho évolutionnistes dans un précédent article consacré à cet attribut. En substance, pour ce qui est de son rôle social, la barbe est essentiellement un élément fort d’inclusion, c'est-à-dire du désir d’appartenance à un groupe, à une communauté (hippie, hipster, crossfit, religieuse…).
Si le groupe de référence auquel je souhaite appartenir et m’identifier se différencie des autres par le port de la barbe, je vais vouloir également la porter pour être reconnu et intégré à ce groupe dans lequel je me reconnais. Je vais personnifier ce groupe, j’en serai un digne représentant et mes valeurs seront alors visibles au premier coup d'œil.
Donc, si nous raisonnons par rapport à l’impact que nous souhaitons avoir auprès des autres, le port de la barbe est un indicateur fort et fiable d’appartenance.
Maintenant, la barbe cache une partie du visage et en particulier la bouche. La bouche est très importante pour communiquer des émotions, même si la personne ne parle pas. Elle s’étire, se crispe, ses lèvres rentrent dans la bouche, se mordillent, s’entrouvrent… Elle nous en dit long sur nos intentions.
Porter la barbe sert aussi à cacher des intentions que la personne n’assume pas réellement, ou qui ne veut pas les exprimer.
Par exemple, si une personne est timide mais physiquement athlétique, pour équilibrer son état d’esprit et ce que son corps renvoie comme image, la barbe peut être un bon moyen pour qu’elle se sente plus assurée.
A contrario, si une personne est a un caractère assertif mais physiquement frêle ou en surpoids, la barbe peut être un moyen pour se doter d’une image plus représentative de son caractère.
En psychologie évolutionniste, la barbe est un caractère sexuel secondaire qui joue un rôle majeur dans la compétition sexuelle (intra et inter).
“La sélection sexuelle est reconnue pour opérer principalement de deux façons. D’une part, avec la sélection intersexuelle, les femelles et les mâles cherchent le partenaire aux attributs les plus attirants. Cet attribut peut être physique (la queue du paon) ou comportemental (les danses nuptiales).
Et d’autre part, la sélection intrasexuelle qui favorise une compétition entre les individus de même sexe. Ce sont par exemple les mâles qui vont se battre entre eux pour l’obtention d’une femelle. C’est aussi les hiérarchies de dominance qui s’établissent chez plusieurs espèces et qui donnent un accès prioritaire aux individus du sexe opposé.”
Le port de la barbe est un outil d’aide pour améliorer, renforcer, la posture, l’assurance, le charisme.
Dans son livre "Evolution of human threat display organs" (1970), R. D. Guthrie a émis l'hypothèse que la barbe pouvait être utilisée pour intimider les rivaux masculins en augmentant la perception de la taille de la mâchoire et en renforçant les comportements agressifs. Des recherches ont révélé que les gens reconnaissent plus rapidement les expressions de colère sur un visage barbu que sur un visage rasé, mais qu'ils sont plus lents à reconnaître les expressions de bonheur ou de tristesse.
Les systèmes visuels humains ont évolué pour extraire des informations de l’environnement des informations pertinentes. En psycho évolutionniste, il est vital qu’un individu identifie très rapidement un ennemi potentiel. Logiquement, le visage, dans sa tâche de recherche visuelle au sein de la foule, est plus orienté à reconnaître la colère.
Dans 3 études (N = 419), des chercheurs ont testé si la pilosité faciale guidait l'attention dans la recherche visuelle et si elle influençait la vitesse de détection des expressions faciales de colère et de joie.
Dans la première étude, les participants étaient plus rapides à chercher, dans une foule rasée, à détecter des cibles barbues qu'à chercher dans une foule barbue et à détecter des cibles rasées.
Dans la seconde étude, les cibles étaient des visages en colère et des visages heureux présentés sur un fond neutre. La pilosité faciale des visages cibles a également été manipulée. Un effet de supériorité de la colère est apparu et a été renforcé par la présence d'une pilosité faciale, ce qui était dû à la détection plus lente de la joie sur les visages barbus.
Dans la troisième étude, les cibles étaient des visages heureux et en colère présentés sur des arrière-plans barbus ou rasés de près. La pilosité des visages de l'arrière-plan a également été systématiquement manipulée. Un effet significatif de supériorité de la colère a été révélé, bien qu'il n'ait pas été modéré par la pilosité faciale de la cible. Au contraire, l'effet de supériorité de la colère était plus important sur les visages rasés que sur les visages barbus.
L'ensemble des résultats suggère que la pilosité faciale influence la détection des expressions émotionnelles dans la recherche visuelle. Cependant, plutôt que de faciliter l'effet de supériorité de la colère en tant que système potentiel de détection des menaces, la pilosité faciale peut réduire la détection des visages heureux dans la foule.
La barbe joue un rôle important, mais nuancé, dans l'allocation de l'attention dédiée aux visages. Elle peut faciliter l'allocation de l'attention à une cible et ralentir la recherche visuelle lorsque les visages en arrière-plan sont barbus.
Les recherches actuelles présentent certaines limites importantes. Par exemple, un biais attentionnel peut se produire en faveur des stimuli émotionnels désagréables par rapport aux stimuli émotionnels agréables. La colère est une émotion à forte intensité négative qui vise à induire la soumission chez les autres, alors que le bonheur est une émotion à forte intensité positive, mais prosociale. Les effets de la barbe sur les taux de détection des expressions faciales menaçantes par rapport aux expressions prosociales peuvent refléter un biais attentionnel envers les stimuli désagréables.
Maintenant, abordons ce que la triturer veut dire, en tirer les poils, la caresser ou poser simplement sa main dessus.
Tout d’abord, la zone de contact est importante quant à la signification. Elle peut avoir un rapport avec un problème connu ou à résoudre (zone de la moustache), nous pouvons nous sentir concerné par les informations qui nous sont communiquées (zone de la joue, de la mâchoire), nous pouvons également nous sentir flattés (zone du menton) voir être tout à fait satisfait (zone sous la mâchoire).
Mais un geste d’auto-contact est avant tout un moyen pour rééquilibrer notre psyché, ce sont des gestes “contraphobiques”, ils nous aident à gérer notre stress.
Pour un profil psychologique du type “dominant” dont la préoccupation principale est le résultat, se gratter la barbe permettrait la réflexion pour une éventuelle riposte.
Pour un profil orienté vers la communication, ce geste permettrait de susciter l’imagination, la création.
Pour un profil plus analytique, ce serait un moyen de comprendre ce qui est dit.
Enfin, pour un profil plus relationnel, dont la préoccupation est l’équilibre avec les autres, ce serait un moyen de gérer le stress.
Le plus souvent, ce sont des micros-caresses que nous faisons sur la barbe (66%), puis loin derrière les micro-tractions (16%) et les micros-fixations (13%).
Concernant les micros-tractions, selon JP Brechon (synergologue) : “ce comportement serait un toc nommé la trichotillomanie et intéresse les profanes comme les scientifiques. Ce toc dont les causes sont peu connues viendrait de traumatismes provoquant des angoisses à répétitions mais la cause la plus certaine serait le stress d’où l’expression populaire (« avoir envie de s’arracher les cheveux ») mais l’angoisse et l’ennui peuvent également causer ce comportement. Ce n’est donc pas tout à fait un trouble obsessionnel compulsif mais plutôt un comportement procurant du plaisir, activant le circuit de la récompense dans le cortex préfrontal.”
Concernant les micros-fixations, “aucune référence scientifique nous permet d’expliquer, à ce stade, pourquoi les sujets fixent leurs mains sur leurs visages. Seules les associations d’items et le sens de l’observation nous permettent de déterminer que la plupart des sujets sont soit en attente de quelque chose lorsqu’ils sont émetteurs silencieux, soit ils lancent « un pavé dans la mare » afin de voir qu’elle sera la réaction de leur interlocuteur, soit ils réfléchissent à un sujet et attendent la fin de leur réflexion avant de parler.”
Enfin, la micro-caresse est le geste qui est le plus souvent effectué sur la barbe. Elle permettrait de se calmer, de se recentrer sur la conversation.
Vous ne regarderez plus un barbu de la même façon maintenant et tout un tas de questions émergeront !
Réf. :
Dixson, B.J.W., Spiers, T., Miller, P.A. et al. Facial hair may slow detection of happy facial expressions in the face in the crowd paradigm. Sci Rep 12, 5911 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-09397-1
Craig, B. M., Nelson, N. L., & Dixson, B. J. W. (2019). Sexual Selection, Agonistic Signaling, and the Effect of Beards on Recognition of Men’s Anger Displays. Psychological Science, 30(5), 728–738. https://doi.org/10.1177/0956797619834876
Baby shower
Le 30/05/2023
Baby Shower
En Amérique (du Sud et du Nord) et en Angleterre (ça arrive en France), il est commun que la future maman organise une « baby shower » autour du 7ème ou 8ème mois de grossesse pour célébrer la future naissance. C’est là une bien belle occasion d’offrir des cadeaux à la mère et au futur bébé.
La famille est donc ici réunie avec les amis, tous bien apprêtés et fins prêts pour la célébration. Le père est en veste bleue, la future maman est facilement reconnaissable avec son ventre bien rond et en background un homme en chemise rouge. Un ami de la famille je présume. A la gauche du mari, un homme avec une mallette (information capitale).
L’homme en chemise rouge met sa main droite devant sa bouche (40 sec) au moment où le mari, en veste bleue donc, dit qu’il a la preuve que ce n’est pas de 4 mois que sa femme est enceinte mais de 6 mois (on se trompe de 2 mois, ça peut arriver).
La main droite symbolise la relation que nous avons avec le monde extérieur et le geste de la porter devant sa bouche illustre l’idée qu’il vaut mieux se taire. L’homme s’empêche de parler, de réagir.
Le mari annonce à sa femme que se n’est pas possible qu’il soit le père, à cause de ces 2 mois d’erreur. Ce même homme en rouge se gratte la gorge (51 sec) lorsque la femme enceinte se lève pour dire à son mari de rester calme et tranquille. Son mari le lui confirme, qu’il est calme et tranquille.
Toujours de la main droite, le geste de la porter à sa gorge symbolise l’envie d’en parler mais que certaines difficultés, liées à l’environnement bien sûr et à la situation, limitent la communication. Peut-être serait-ce de bon ton de ne vraiment rien dire, isn’t it ?
L’homme en chemise rouge passe sa main sur son front et sa tête (1 min. 2 sec) quand l’avocat du mari montre l’ordinateur avec la vidéo de la femme enceinte et de son amant : l’homme en rouge. Le geste de la résignation, du dépit, du « comment vais-je m’en sortir ? ».
Il se pince enfin la gorge quand le mari évoque la vidéo de son meilleur ami et la trahison qui dure depuis des années. Clairement, il n’y a rien que l’« ami de longue date » ne puisse dire qui ne l’enfoncerait davantage !
Intéressant non ?
Lien vers la vidéo :
https://twitter.com/Youridefou/status/1662912254059192322?s=20
Le port du masque et la lecture des émotions
Le 11/08/2022
Le port de masques faciaux a été l'un des moyens essentiels pour prévenir la transmission du COVID. Il est évident que ça a affecté nos interactions sociales que ce soit dans le cercle privé, public et professionnel. Tout comme il a affecté les enfants qui ont eu du mal à lire les émotions sur le visage de leurs parents.
Nos visages fournissent des informations clés de notre identité, des informations socialement importantes comme la fiabilité, l'attractivité, l'âge et le sexe, des informations qui soutiennent la compréhension du discours, ainsi que des informations détaillées qui permettent de lire l'état émotionnel de l'autre via l'analyse de l'expression. La qualification des émotions par la lecture des expressions faciales est prépondérante pour pouvoir ajuster sa communication. C’est particulièrement vrai en entretien de recrutement en face à face, pire en visio, tout comme c’était le cas en réunion d’équipe où chacun doit redoubler d’attention et de concentration afin de ne pas faire de mauvaises interprétations.
Des chercheurs de l’Université de Bamberg (Allemagne) ont mené une expérience pour tester l'impact des masques faciaux sur la lisibilité des émotions. Les participants (N=41, calculé par un test de puissance a priori ; échantillon aléatoire ; personnes en bonne santé d'âges différents, 18-87 ans) ont évalué les expressions émotionnelles affichées par 12 visages différents. Chaque visage a été présenté au hasard avec six expressions différentes (en colère, dégoûté, craintif, heureux, neutre et triste) tout en étant entièrement visible ou partiellement couvert par un masque facial. Les résultats ont fait ressortir une précision moindre et une confiance moindre dans sa propre évaluation des émotions affichées.
La lecture émotionnelle était rendue très compliquée à cause de la présence du masque. Les chercheurs ont en outre identifié des schémas de confusion spécifiques, principalement dans le cas de l’expression du dégoût, de la colère, de la tristesse à l’exception des visages craintifs ou neutres.
Déjà que nous ne sommes pas forcément très bons pour qualifier correctement les émotions…
“En ce qui concerne l'analyse de l'expression, différentes études ont montré que nous sommes loin d'être parfaits dans l'évaluation de l'état émotionnel de notre vis-à-vis. C'est particulièrement le cas lorsque nous nous appuyons uniquement sur des informations faciales pures sans connaître le contexte d'une scène. Un autre facteur qui diminue notre performance à lire correctement les émotions des visages est la vue statique sur les visages sans aucune information sur la progression dynamique de l'expression vue ou une occlusion partielle du visage.”
Mais alors quelles actions compensatoires peuvent maintenir l'interaction sociale efficace (par exemple, le langage corporel, les gestes et la communication verbale), même lorsque les informations visuelles pertinentes sont considérablement réduites ?
C’est oublier un peu vite que nous disposons d’autres options tout à fait efficaces, comme observer le langage corporel… la personne a-t-elle recours inconsciemment à des micro démangeaisons, sur quelle zone ? La posture, les épaules sont-elles voûtées, tombantes, l’une plus haute que l’autre ? Le ton de la voix, l’inclinaison de la tête, vers la droite qui trahirait une certaine rigidité dans l’écoute, vers la gauche qui indiquerait une certaine confiance ? La gestuelle des mains qui accompagne le discours est-elle ample, contenue au niveau du tronc, inexistante, rigide, souple ? Est-ce que les mains tiennent un stylo, sont-elles posées sur la table, se raccrochent-elles à la table ?
Tous ces marqueurs gestuels (mi)-conscients permettent de qualifier l’état émotionnel de la personne. Votre expérience et la connaissance du contexte viendront valider votre analyse.
Frontiers | Wearing Face Masks Strongly Confuses Counterparts in Reading Emotions (frontiersin.org)
Bruce, V., and Young, A. (1986). Understanding face recognition. Br. J. Psychol. 77, 305–327. doi: 10.1111/j.2044-8295.1986.tb02199.x
Derntl, B., Seidel, E. M., Kainz, E., and Carbon, C. C. (2009). Recognition of emotional expressions is affected by inversion and presentation time. Perception 38, 1849–1862. doi: 10.1068/P6448
Aviezer, H., Hassin, R. R., Ryan, J., Grady, C., Susskind, J., Anderson, A., et al. (2008). Angry, disgusted, or afraid? Studies on the malleability of emotion perception. Psychol. Sci. 19, 724–732. doi: 10.1111/j.1467-9280.2008.02148.x
Bassili, J. N. (1979). Emotion recognition: the role of facial movement and the relative importance of upper and lower areas of the face. J. Pers. Soc. Psychol. 37, 2049–2058. doi: 10.1037/0022-3514.37.11.2049
Blais, C., Roy, C., Fiset, D., Arguin, M., and Gosselin, F. (2012). The eyes are not the window to basic emotions. Neuropsychologia 50, 2830–2838. doi: 10.1016/j.neuropsychologia.2012.08.010
Blais, C., Fiset, D., Roy, C., Saumure Régimbald, C., and Gosselin, F. (2017). Eye fixation patterns for categorizing static and dynamic facial expressions. Emotion 17, 1107–1119. doi: 10.1037/emo0000283
Do Masks Impair Children's Social and Emotional Development? | Psychology Today
Macron vraiment méprisant ?
Le 24/04/2022
“Posture familière, (...) surprenante, très sage du bon élève, (...) son attitude révèle un certain mépris pour la candidate, (...) cette position se mue en celle d’un professeur, (...) l’index sur sa bouche intime l’ordre de se taire, (...) désinvolture” sont autant de qualificatifs qui teintent, qui confèrent à l’analyse de la gestuelle d’Emmanuel Macron une certaine subjectivité.
Les quelques analyses que j’ai lues et entendues à propos de la gestuelle d’Emmanuel Macron, suite à son débat face à Marine Le Pen, m’interpellent. Soit elles sont très évasives, dans le ressenti, soit elles vont dans le sens du ressenti commun et retranscrites par les médias c’est-à-dire qu’Emmanuel Macron affichait une attitude méprisante. Mais c’est omettre un peu facilement le contexte, le profil et l’histoire de chacun. Il est nécessaire de qualifier les gestes avec des mots suffisamment précis et neutres pour ne pas céder au ressenti.
Dans ce que j’ai vu durant les trois heures de débat et en tenant compte du contexte… Emmanuel Macron a de l’expérience dans l’exercice du pouvoir. Il a du gérer la crise des gilets jaunes, le COVID, la guerre en Ukraine. Il connaît donc très bien les rouages et la technicité de son statut, que ce soit au niveau national qu’à l’international. Qu’il ait été très précis et très technique dans ses propos ne peut être qu’une évidence. Emmanuel Macron a un profil de dominant, analytique, pragmatique. Il a largement démontré qu’il aimait les échanges avec des personnes partageant ses opinions mais également ceux qui viennent l’interpeller de façon plus âpre. C’est un lettré, il connaît très bien l’économie, il aime expliquer, démontrer, convaincre. Il a été l’ami et l’assistant de Paul Ricoeur (!) ce qui lui donne une assise intellectuelle qui n’est pas à omettre.
Marine Le Pen quant à elle vient avec toute la charge psychologique qu’à imprimé son précédent débat avec Emmanuel Macron. Elle a envie de plaire, elle a un profil plus politique, elle est influente, démonstrative, instinctive, expansive mais elle est aussi la fille de Jean-Marie Le Pen… une personne dominante, imposante, envahissante, impulsive, égotique avec laquelle Marine Le Pen a dû se construire. Il est évident qu’elle ne possède pas les mêmes connaissances opérationnelles qu’Emmanuel Macron. Donc il est aussi normal qu’elle fut plus hésitante, plus approximative.
Durant le débat, le retrait du buste d’Emmanuel Macron avec les bras croisés et les gestes d’auto-contacts ont été largement commentés et phantasmés alors qu’ils participaient à une gestuelle analytique. Il écoutait et analysait les propos de Marine Le Pen et avancait à nouveau son buste pour contre-argumenter.
Je rejoins l’analyse d’Elodie Mielczarek (cf interview d’Apolline de Malherbe) pour qui, Marine Le Pen était comme prostrée face au danger, incapable de réagir. Elle avait une gestuelle de stress de fuite, bougeant beaucoup sur sa chaise, coupant la parole avec une voix montant dans les aigus. Elle a subi à la fois au niveau de la posture mais également dans la syntaxe de ses phrases.
L’arrogance est brandie en accusation devant l’impossibilité de réfuter des arguments difficilement opposables par la raison. Il y a un glissement sémantique de la réflexion vers l’émotion. Le contexte et l’histoire de chacun sont des éléments sur lesquels il faut compter et à ne surtout pas oublier tant ils sont la base d’une interprétation plus froide et plus juste.
Crédits : Charles Platiau, Julien de Rosa - AFP
Les clignements de paupières : un élément gestuel important
Le 01/02/2022
En 1965, Jeremiah Denton, officier dans la Navy, est capturé par les nord-vietnamiens. Un an plus tard, il est forcé de participer à une interview de propagande destinée à être diffusée aux Etats-Unis.
Lors de cette interview, il prétexte les lumières aveuglantes pour cligner des paupières de façon anormale. Lors de la diffusion, la Navy comprend rapidement que ses prisonniers détenus au Vietnam sont torturés. Jeremiah Denton, par ses clignements de paupières, avait transmis un message en morse : T.O.R.T.U.R.E.
Le clignement des paupières est un élément essentiel pour confirmer qu'une personne ressent effectivement une émotion, positive ou négative. Son intensité sera plus grande encore si l'émotion est spontanée que celle liée à un souvenir.
Il a plusieurs fonctions :
- Spontané, la fermeture est fugace et ne gène pas la vision. Elle assure la redistribution du film lacrymal et débarasse le film des impuretés.
- Réflexe, il s'agit de protéger l'oeil. On distingue le réflexe sensitif, à la percussion, optico-palpébral, auriculo-palpébral.
- Volontaire, plus long que le clignement réflexe, les causes sont variables selon les personnes et le contexte (A. Faucher - Univ. Sherbrooke).
Ce dernier est intéressant à observer. Dans un environnement relativement neutre, dénué de toute charge émotionnelle, il est admis qu'une personne cligne en moyenne 15 à 20 fois par minute (Univ. College of London - Current Biology, 2005).
Etre attentif à cet élément gestuel permet d'adapter notre communication pour apaiser l'interlocuteur, lui permettre de se recentrer pour retrouver ses moyens. Cela peut également nous permettre de postuler que notre interlocuteur masque ou modifie une partie de la véracité de son discours. Dans ce cas, il clignera moins parce que cela nécessite beaucoup de ressources cognitives. La personne sera donc concentrée à travestir son discours et l'absence, ou une baisse du nombre de clignements, l'isole du monde extérieur lui permettant ainsi de se focaliser sur son discours.
Lien :
Jeremiah Denton — Wikipédia (wikipedia.org)
Dominance perçue sur le visage : un avantage ?
Le 14/09/2021
L'apparence, la structure d’un visage peut traduire de la dominance ou de la soumission (Collins & Zebrowitz 1995 ; Keating et al. 1981b ; Mazur et al. 1984 ; Mueller & Mazur 1996 ; Zebrowitz & Montepare 1992 ; Zebrowitz et al. 1993). Lorsqu’il est perçu comme dominant - je préfère l’adjectif “assertif” pour ma part - le visage est un prédicteur fiable et constant pour prédire la réussite d’une carrière.
Dans une étude conduite par Mueller & Mazur sur une cohorte de cadets de la promotion d’officiers de 1950 de l’école militaire de West Point (USA, 1998 - “Facial dominance in homo sapiens as honest signaling of male quality”), il ressort que le sentiment de dominance véhiculé par le visage revêt une dimension cruciale du potentiel de statut élevé. Les chercheurs n’ont en revanche pas trouvé de corrélation avec le critère “beauté”.
Mueller et Mazur ont défini la dominance faciale comme “le degré auquel une personne est jugée en fonction de son apparence faciale en tant que dominant, autoritaire et leader, comme opposé à quelqu’un qui est subordonné, obéissant et suiveur” (trad. P. Gouillou).
Le visage joue un rôle crucial dans la cognition sociale humaine (Morris et al. 1996). Chez tous les primates, les expressions faciales sont des signaux importants des états internes : émotions et intentions. C’est d’ailleurs également le cas dans l’éthologie canine.
Des relations positives ont été observées, dans cette étude, entre le statut élevé et les caractéristiques physiques ostensibles comme la taille, un physique athlétique et l’attractivité.
L’assertivité dégagée par le visage peut signaler des intentions (Harper 1991 ; Maynard Smith & Harper 1988) ainsi qu'un potentiel d'action ; par exemple, des mâchoires fortes ou des pommettes larges - caractéristiques qui contribuent à la dominance faciale perçue (Cunningham et al. 1990) - peuvent indiquer une force physique supérieure (ex. : Sébastien Chabal).
À l'inverse, les personnes ayant un visage poupin comme de grands yeux, des sourcils hauts et fins, un visage rond, de petites arêtes nasales sont perçues comme plus enjouées, plus faibles et plus soumises (Berry 1990) et se décrivent comme moins agressives (Berry 1991) (par exemple : Carlos pour ceux qui connaissent).
Il faut par ailleurs distinguer le comportement dominant, qui vise à obtenir et à maintenir un statut élevé d’un comportement qui vise à un plus grand contrôle des ressources sur un congénère. Le comportement dominant peut être utile pour quelqu'un qui aspire à une carrière dite “verticale” (en termes de motivation), cependant cet objectif n'est généralement atteint que si la personne possède d'autres compétences sociales et cognitives nécessaires pour obtenir des autres une certaine forme d’aide. Sans ces compétences sociales, le comportement dominant sera perçu comme un comportement antisocial et contre-productif. C’est le cas pour les criminels, les pervers narcissiques, les manipulateurs, les harceleurs... Les synergologues reconnaîtront la posture “positive” et “négative” du profil “conquérant”.
Le comportement dominant, assertif, est une attitude sociale élémentaire et importante dans toutes les sociétés humaines et animales. Dans l’étude de Mueller & Mazur, si les personnes interrogées classent de manière fiable les visages selon une dimension de dominance-soumission, il faut bien avoir en tête que leurs réponses correspondent à leur expérience personnelle, individuelle (apprentissage vicariant de Bandura).
Compte tenu des aptitudes cognitives, empathiques, sociales et sportives requises, la dominance faciale perçue semble être un facteur supplémentaire crucial pour la réussite professionnelle.
Un geste ordinaire
Le 04/09/2021
« Émettre l’hypothèse que la personne est curieuse lorsqu’elle applique sa main sur le haut de son nez pour le caresser ou le gratter, est l’explication la plus logique en l’état des connaissances. Dans la zone du nez, huit microdémangeaisons font ainsi l’objet d’horizons de sens différents ; chaque zone touchée, grattée ou caressée inconsciemment exprime un non-dit. Lorsque la personne se gratte à l’aide de la pince pouce-index sous le nez en l’obturant, ce mouvement traduirait un malaise : il y a un problème. Et bien évidemment ce geste est inconscient. La proposition consistant à comprendre qu’il y a un problème lorsque la personne effectue ce type de microdémangeaison, constitue aujourd’hui l’explication la plus plausible » (P. Turchet).
Ce mouvement peut s’observer assez fréquemment et ce qui est intéressant, c’est de le confronter aux propos de cette même personne, voire son sourire social…
Dans les vidéos suivantes, ce geste est effectué pour masquer l’émotion négative ressentie par son auteur. Un geste qui se veut fait en catimini, l’air de rien...
Rencontre entre E. Macron, Mc Fly et Carlito
Le 12/06/2021
Analyse de la communication non verbale entre Emmanuel Macron, Mc Fly et Carlito.
L’exercice est bon enfant, détendu entre le Président de la République et les 2 Youtubers.
Pour rappel, il s’agit d’un concours d’anecdotes entre EM et les Youtubers. L’enjeu est une photo des Youtubers visible lors de la fête nationale du 14 juillet prochain et le vol avec la patrouille de France pour les Youtubers.
Je ne connais pas du tout leur baseline respective, c’est à dire que ne les ayant jamais regardés, ni analysés, je ne connais pas leurs “gimmick”, leurs “tics” d’expression non verbale. J’ai regardé la vidéo en une seule fois, m’autorisant uniquement des pauses sur image. Pas de ralenti, pas de visualisation image par image. Du live, uniquement du live.
Voyons ça…
Tout d’abord, EM affiche un sourire narquois, railleur devant Mc Fly et Carlito. C’est le côté droit de la bouche du Président qui sourit, Dominique Strauss-Kahn est aussi adepte de cet item. Comprenons qu’il s’agit d’une émotion positive liée à l’autre mais travestie car non verbalisée.
EM est moqueur, en témoigne sa “langue de vipère” qui sort subrepticement à 2 min. 57 de la vidéo. Il se réjouit d’avance de l’exercice et c’est une attitude authentique, non feinte.
Anecdote EM : je ne m’attarde pas, Kilian M’Bappé ne signera jamais à l’Olympique de Marseille, trop évident, point facile.
Anecdote Mc Fly : les gestes sont amples, ils miment et illustrent le discours. Le Youtuber Mc Fly s’associe à ce qu’il relate, l’anecdote est vraie.
Anecdote EM : la main droite du Président est active, il se dissocie du discours qui se veut analytique, descriptif. L’environnement dépeint est très formel. La paume de sa main est tournée vers son corps lorsqu’EM évoque la culture de l’afrobeat à Lagos. Il semble bien connaître et apprécier. EM a souvent ce geste du poing avec la paume tournée vers lui. Une mauvaise gestuelle apprise mais trop systématique qu’elle en perd tout son sens.
2 items retiennent mon attention : EM se mordille la joue et ses mains sont jointes, les index tendus dans un axe descendant, en “pistolet”.
Le mordillement de la joue se fait normalement dans un contexte négatif et les mains en “pistolet” pour prévenir que la personne a un argument qui, s’il est utilisé, va faire mouche.
Seulement, EM se mordille très souvent l’intérieur de la bouche dans un contexte autre qu’un discours récité. Il ne faut donc pas en tenir compte pour l’analyse.
De plus, il a très souvent les mains basses en "pistolet" lors de cette demi heure. Il ne faut pas en tenir compte, je pense qu'EM est un compétiteur.
En revanche, il faut être attentif à son regard qui se porte vers le bas, sur sa droite. C’est un item qui nous indique qu’il est en construction de ce qu’il va dire.
Anecdote Carlito : les gestes effectués miment, reproduisent la scène. La main droite de Carlito vient frotter son genoux exprimant une envie de fuir la scène remémorée.
Cependant, Carlito a mélangé des faits réels à son discours, ce qui pollue la gestuelle. Les menteurs invétérés utilisent le même procédé et ça fonctionne très bien. S’il avait dit la vérité, les 2 mains voire uniquement la gauche auraient été en mouvement.
Anecdote EM : encore une fois ses mains sont en “pistolets” descendants, sa main droite est active, les 2 miment les tenues de sport et illustrent le chemin qui monte, elles nous montrent la grandeur de la Commanderie. Son anecdote est vraie.
Anecdote Mc Fly : il pose la question directement en effectuant un mouvement de tête vertical qui part immédiatement vers le bas. Il n’y a pas de pré-mouvement vers le haut. Le mouvement est franc, direct, ce qui contribue à la véracité du discours.
Anecdote EM : peu de gestes qui illustrent le propos, ceux qui sont effectués sont rectilignes sauf lorsqu’il évoque son bureau. Normal, il s’agit d’un lieu qui connaît parfaitement et qu’il peut décrire sans problème. Main gauche active lorsqu’il dit que Trump a raccroché, il a déjà vécu ce type de scène. Cependant, son regard est soit dans les yeux de Carlito pour tenter de lui faire croire à ce qu’il dit, soit dirigé vers le bas, devant lui pour construire son discours. L’anecdote est fausse.
Anecdote Carlito : très court, “vrai” ou “faux” avec main droite active… mais elle n’illustre pas le propos de façon analytique ou descriptive, elle situe où se trouve le groupe de Métal, elle nous montre où il est : dans le jardin de l’Elysée !
Lien vers la vidéo : (1) CONCOURS D'ANECDOTES vs LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE - YouTube
Le corps parle... confirme... affirme... : Richard Malka
Le 19/02/2021
Richard Malka est avocat, enseignant à Paris Nanterre, spécialiste des questions de liberté d’expression et de laïcité. Il était l’invité d’Eli Chouraqui le 19/02 (aujourd’hui en fait…) sur i24 News dans son émission “Eli sans interdit.”
Richard Malka aborde la question de la situation aux USA, au sujet justement de la liberté d’expression et certains items non verbaux étaient tellement congruents avec son discours que je ne pouvais que partager mon analyse avec vous.
Voici la vidéo que j'ai enregistrée : richard-malka.avi (9.13 Mo)
Ce qui frappe, lorsque l’avocat parle, c’est qu’il le fait avec la tête qui penche à droite… et qu’en plus il regarde avec son œil droit… alors qu’est ce que tout ça veut bien dire ? Finalement, c’est une posture que vous-même pouvez voir pour autant que vous vouliez le voir. Avec un peu de concentration, tout le monde y arrive.
Richard Malka semble d’une nature assez vigilante, alors il ne peut que classer les informations qui lui arrivent de l’autre et ainsi montrer de la rigidité. C’est ce que traduisent ces axes de tête.
“Ils veulent nous imposer ça”, dit-il à la 14ème seconde de la vidéo avec son index droit pointé face à lui, désignant le “ça” qui part de sa gauche vers sa droite.
En faisant cela, il place à l’extérieur de son monde et de ses valeurs ces USA qui veulent imposer au monde leur vision de la culture alors que la leur est en train d’exploser.
“C’est le pays de la liberté d’expression qui est en train d’y renoncer,” poursuit-il.
Juste après avoir prononcé le mot “renoncer”, à la 21ème seconde, Richard Malka pointe sa langue de vipère, satisfait de sa pique. Il insiste sur son point de vue, pour que chacun puisse l’intégrer et y réfléchir. D’ailleurs, son regard vient prendre à témoin le téléspectateur.
Enfin, un dernier geste vient réaffirmer sa position et confirmer son total désaccord avec cette culture américaine que certains importent, copient, singent, c’est à la 25ème seconde lorsque son index droit vient effectuer quelques va et vient sous son nez.
Preuve en est, le corps parle bien à notre insu !
Crédit photo : JF Paga
Un geste peut-il sous-tendre un passage à l'acte passé ou futur ?
Le 07/02/2021
Participer de façon anonyme à ce questionnaire rapide dont l'objectif est d'identifier s'il existe un lien entre le geste illustré sur l'image ci-dessous et un passage à l'acte ?
Pour cela, il vous suffit de cliquer ou copier/coller le lien ci-dessous :
https://forms.gle/GeuestVG5TsmcYrm9
Maintenir sa dignité, si possible...
Le 13/01/2021
Julia Minkowski, avocate pénaliste, s’est exprimée lors de l’émission “C à Vous” sur l’affaire qui avait provoquée le retrait de la scène politique de son compagnon Benjamin Grivaux.
Ce qui est terrible de mon point de vue, c’est qu’elle sort un livre sur la condition des femmes avocates et que sa participation à l’émission est suspendue à l’obligation de répondre à quelques questions qui relèvent de la sphère privée.
Voyons comment Julia Minkowski a tout fait pour masquer son dépit et rester digne :
A 11 sec. de la vidéo (lien ci-dessous), nous observons une certaine tension dans les lèvres de l’avocate, ce qui montre de la rigidité. Son port de tête témoigne d’une écoute attentive à l’argumentation et dans ces conditions, il est primordial de rester concentré. Nous ne savons pas comment les propos seront repris, déformés, décontextualisés.
“Je comprends tout à fait que des questions puissent se poser”, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille gauche, avec sa main droite, tout en baissant son regard vers sa gauche. De ce simple geste lourd de sens, non seulement Julia Minkowski se donne du temps pour se recentrer, mais elle se protège également en plaçant son bras en travers de son buste tout en se replongeant malgré elle dans la situation passée.
“Au-delà de ma propre épreuve”, fit-elle à 1 minute passée, début de phrase qui transpire la tristesse et le dépit. Pour preuve, cette lèvre inférieure côté gauche qui semble s’affaisser en laissant apparaître ses dents inférieures. Pas si simple de gérer cette histoire de façon banale, comme tout couple traversant ce genre de mauvaise passe.
Elle tente ensuite de donner plus de hauteur à son témoignage, un autre angle de vue, à la sauce américaine. Cette tentative se ponctue d’une belle langue de vipère à 1 minute 18 sec. Peine perdue puisqu’elle aura le droit à une dernière question, non sans avoir été rappelée à l’ordre sur le principe de sa participation à l’émission. Intervention d’E. Lemoine qui se fait recadrante, tellement mal approprié.
L’agacement de Julia Minkowski se traduit aussi par ce regard vers la caméra qui tente de prendre à témoin le téléspectateur à 1 minute 23 sec. Mi sourire également 20 sec. plus tard avec cette bouche qui remonte sur sa gauche, émotion travestie bien sûr.
Finalement, déshonneur et humiliation publique exprimés d’une main gauche très moïque à 2 minutes de la vidéo.
Comment rester digne lorsque nous sommes dépassés par la violence de la surexposition médiatique ? Tant que nous aurons une télévision, un média et des téléspectateurs pour ce genre d’interview, l’intelligence collective n’en sortira pas grandie.
Julia Minkowski, à Paris, le 6 janvier. Photo Samuel Kirzenbaum pour Libération
Affaire DAVAL : rappel de mon analyse comportementale
Le 20/11/2020
Je pense qu'il est intéressant de reposter mon article qui date de l'époque des faits. Article dans lequel j'analysais la gestuelle de l'accusé en mettant en exergue certains items non verbaux. Mon analyse était complétée par des éléments psychologiques qui aujourd'hui trouvent un fort écho par les révélations de l'accusé.
Je poste également les derniers échanges entre JD et sa belle-mère, Isabelle Fouillot, fait rarissime dans un procès. JD confirme la détresse psychologique dans laquelle il était, la force de caractère d'Alexia, la situation conflictuelle autour d'un couple en perdition, un enfant désiré par l'une et non par l'autre et malheureusement, la cocotte minute qui explose.
Le gendre idéal : Jonathann Daval !
Le 03/02/2018
Comment le gendre idéal a-t-il pu berner tout le monde ?
La question aurait pu se poser autrement : comment Jonathann Daval a-t-il pu mentir à tout le monde ? Mais d’ailleurs, a-t-il vraiment menti ? A-t-il caché une partie de la vérité ? A-t-il joué une sombre et cynique comédie ?
Se pose alors la question de l’authenticité et des signes qui permettent de la reconnaître. Lorsqu’une personne montre une émotion qu’elle ressent réellement, on s’attend à voir des épaules hypotoniques ou hypertoniques comme dans la tristesse ou la colère. On s’attend à une augmentation des clignements des paupières, des mouvements de bouche mais également à des gestes effectués avec les mains plus ou moins proches du corps.
Dans le cas de JD, seul le visage (d’après les vidéos que j’ai visionnées) nous apporte des éléments de réponse. Et au final, et évidemment renforcé par ses aveux, il s’agit d’un « mensonge vigilant », c’est-à-dire que JD doit en dire le moins possible afin que le peu d’informations verbales et non verbales extériorisées ne puissent lui être retournées. Il est donc confronté à une double contrainte : laisser s’extérioriser sa tristesse mais en en montrant le moins possible.
Avant d’analyser la vidéo et de vérifier s’il y a une émotion sous-jacente, il est important de rappeler les éléments connus.
Quels sont les éléments contextuels ?
D’abord JD affiche un physique petit, fluet, quelques rides sur le front, des sourcils peu mobiles, une coiffure branchée. JD apparaît comme une personne timide voire introvertie, il est informaticien, il est supporté par le père de sa femme lors des différentes sorties filmées. Il est à mille lieux d’un physique à la Charlton Heston et apparaît même efféminé…
JD a rencontré sa femme au lycée et il dit qu’ « elle a changé sa vie (…), qu’elle est une complice délicieuse » (Ouest-France). Elle avait 29 ans, était employée de banque, joggeuse donc active et énergique.
L’enquête a révélé une relation conflictuelle depuis quelques temps, avec des disputes que les voisins qualifient de crises hystériques, puis des échanges de SMS qui révèlent des propos violents de la part d’Alexia et enfin, une difficulté à concevoir un enfant (ce qui ne manque pas de créer des tensions, voire de les exacerber si elles étaient déjà existantes).
Meurtrier et triste à la fois ?
A l’analyse de la vidéo, il n’est vraiment pas aisé de se rendre compte que JD est l’auteur de ce crime sordide, cependant, quelques items peuvent être sujets à caution.
JD est authentique parce qu’il ne feint pas la tristesse. Elle est lisible sur toutes les images quand son hémi visage gauche est plus crispé que le droit (4 min. 05), avec les bords extérieurs de la bouche tombants, le menton qui se « froisse », ce ne sont pas des mimiques que l’on peut feindre facilement. Ses larmes sont bien là aussi. Les épaules sont hypotoniques, aucune des deux épaules n’est plus haute que l’autre donc il n’y a pas d’enjeu personnel, pas d’envie de performer. Les clignements d’yeux sont biens présents et même très (trop ?) appuyés, le chagrin éprouvé nécessite même l’ouverture de la bouche pour une meilleure oxygénation, on voit JD souffler souvent pour évacuer cette profonde tristesse. Son regard défocalise souvent mais de manière passive (4 min. 17 ; 4 min. 40 ; 5 min. 32), ce qui va dans le sens d’une authenticité. Par contre, nous ne voyons jamais de mouvement ni des bras, ni des mains, aucune micro démangeaison… mais JD est une personnalité timide et introvertie, voyez sa bouche souvent fermée (4 min. 17), son regard se baisse pour rentrer dans sa bulle (4 min. 44) ce qui est cohérent avec sa gestuelle économe.
Cependant, quelques items viennent parasiter le message…
A 4 min. 41, la bouche de JD se ferme en « huître » signifiant que des propos sont retenus, ce qui semble anachronique, d’autant que la langue sort pour rentrer immédiatement confirmant cette envie de ne pas dire.
A 5 min. 47, JD a une déglutition marquée alors que je n’en ai pas vu précédemment et à nouveau sa langue qui sort pour rentrer immédiatement.
Enfin, et c’est pour moi le moment « clé » de ces items, à 5 min. 48, JD a une moue d’agacement, de circonspection avec une mise à distance des autres sur la phrase prononcée par sa belle-mère : « cette marche que nous souhaitons silencieuse… ».
Comment expliquer ce hiatus ?
Je me permets une ou deux remarques qui pourront jouer un rôle dans l’explication. Le couple formé par JD et AD ressemble fortement à celui des parents d’AD. La mère est sur le devant de la scène, c’est elle qui parle, elle occupe une fonction de conseillère municipale, c’est donc une femme de pouvoir, alors que le père ne parle pas, il est effacé et soutient physiquement son gendre.
Le couple JD / AD habite dans la maison des grands-parents d’AD, ce n’est pas un bien acquis en commun (et alors me direz-vous ? J’y viens…).
JD a connu sa femme très jeune, au lycée, il dit qu’elle a changé sa vie, il est ainsi entré dans un processus d’idéalisation de sa femme, objet de son surinvestissement émotionnel. Le but étant de réparer évidemment un ego en berne, non valorisé et une faible estime de soi.
Cette idéalisation permet d’éviter la dépression mais qu’en est-il lorsque l’objet idéalisé souhaite vous quitter ? Si cela se réalisait, JD se serait retrouvé sans maison, sans femme, sans enfant promis et surtout, seul face à son narcissisme blessé et donc anéanti dans le sens le plus complet.
Malheureusement statistiquement, les hommes ont une fâcheuse tendance à passer à l’acte contre celle qui les menace de partir.
L’idéalisation fixe le couple dans un système non viable à terme, qui ne peut qu’imploser dès lors qu’un élément perturbateur vient mettre son grain de sable dans la machine d’un équilibre précaire. En particulier ici, le désir d’avoir un enfant est une difficulté dont, on peut facilement l’imaginer, chacun peut reprocher le tort à l’autre (je vous rappelle que AD est plutôt affirmée alors que JD est efféminé) et là, à chacun sa méthode… c’est ce qu’attestent les crises d’hystérie relatées par les voisins.
A mon humble avis, et là où JD ne pourra pas faire croire à la thèse de l’accident (un étranglement ne prend rarement que quelques secondes…), c’est qu’il avait conscience de ses actes et que le déni affiché lors de la conférence de presse et lors de la marche blanche n’a pas tenu face à la cruelle et sordide réalité.
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Lien vers l'article du Figaro : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/tu-ne-l-entendras-plus-tu-as-gagne-elle-s-est-tue-a-jamais-le-dialogue-surrealiste-entre-jonathann-daval-et-la-mere-d-alexia-20201120?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign
«Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu» : les mots de la mère d'Alexia à Jonathann Daval
SUIVI D'AUDIENCE - Le président de la cour d'assises a laissé Isabelle Fouillot s'adresser directement à l'accusé.
Par Aude Bariéty
Le Figaro retranscrit le dialogue qui a eu lieu ce vendredi 20 novembre devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, qui juge Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse. Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, a longuement questionné son gendre. Un moment rarissime, les parties civiles ne s'adressant normalement pas directement à l'accusé lors d'une audience.
Isabelle Fouillot : Tu as regardé les images [de la confrontation, NDLR] ?
Jonathann Daval : Pas tout le temps.
Isabelle Fouillot : Pourquoi tu ne les as pas regardées ?
Jonathann Daval : Ça fait très mal.
Isabelle Fouillot :Tu as dit que tu as tout perdu, c'est quoi «tout perdu» ?
Jonathann Daval : Alexia, vous, mes parents, ma vie…
Isabelle Fouillot : T'avais peur qu'Alexia te quitte ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Alors pourquoi t'es pas venu nous voir nous dire «Ça va pas» ? On aurait pu faire quelque chose, on n'était au courant de rien.
Jonathann Daval : J'en ai parlé à personne. On ne pouvait pas parler de nos problèmes de couple.
Isabelle Fouillot : On était là pour vous deux de toute façon, j'arrive pas à comprendre encore aujourd'hui. On a encore que des bribes de vérité, s'il te plaît aujourd'hui lâche toi, s'il te plaît, tu sais que c'est la dernière fois que je te vois, qu'on se parle tous les deux. Écris-le moi si tu veux, mais j'ai besoin de savoir, tu peux comprendre ça, j'ai besoin d'avoir la vérité.
Jonathann Daval : C'est une dispute, la dispute de trop, les mots de trop… Les reproches, tout ce qui est accumulé…
Isabelle Fouillot : Alexia te demandait de revenir vers elle, c'était des appels au secours qu'elle te lançait.
Jonathann Daval : J'ai pas compris tous ses messages.
Isabelle Fouillot : On a l'impression que tu veux tout mettre sur Alexia!
Jonathann Daval : Non j'ai eu mes torts aussi.
Isabelle Fouillot : Dis nous la vérité !
Jonathann Daval : Eviter les conflits, éviter les disputes…
Isabelle Fouillot : Elle te demandait juste de parler !
Jonathann Daval : Il y avait des reproches, plein de choses.
Isabelle Fouillot : Tu te rends compte que tu nous as pris Alexia, que nous on t'a donné notre amour, on t'a toujours aimé et tu nous as tout pris, tu nous as accusés de meurtre. Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ?
Jonathann Daval : Je voulais fuir la situation, encore fuir.
Isabelle Fouillot : Tu te fichais d'Alexia ?
Jonathann Daval : Non on s'aimait, je l'aimais...
Isabelle Fouillot : Ne me dis pas que tu l'as tuée pour quelques mots, c'est pas possible ?
Jonathann Daval : Elle m'a retenu, j'ai pas pu partir, j'ai pas pu m'enfuir, j'ai perdu pied.
Isabelle Fouillot : Un être raisonné aurait repris ses esprits après un premier coup…
Jonathann Daval : Tout est ressorti, ces années de colère, tout ce que j'ai emmagasiné...
Isabelle Fouillot : C'était quoi la finalité de la tuer ?
Jonathann Daval : Qu'elle se taise.
Isabelle Fouillot : T'es heureux maintenant qu'elle se soit tue ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Tu ne l'entendras plus, tu as gagné. Elle s'est tue à jamais. Il y a une petite fille dans la famille maintenant, qui ne connaîtra jamais sa tata. Quel gâchis...
Jonathann Daval : J'ai tout détruit.
Isabelle Fouillot : Je voudrais la raison!
Jonathann Daval : C'est une dispute Isabelle, il faut le croire.
Isabelle Fouillot : Pourquoi vous avez pas divorcé?
Jonathann Daval : C'était pas concevable, on n'en a jamais parlé.
Isabelle Fouillot : Est ce que t'as quelque chose à me dire?
Jonathann Daval : Je suis désolé pour tout.
Isabelle Fouillot : C'est bien peu, Jonathann, j'en attendais plus... Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu.
Jeffrey Epstein : portrait d'un prédateur
Le 22/09/2020
Jeffrey Epstein est né le 20/01/1953 à Brooklyn, New-York et il a été retrouvé pendu dans sa cellule le 10/08/2019. Issu d’une famille juive de classe moyenne, son père était agent municipal des espaces verts. Je n’ai pas trouvé d’information relative à sa mère. Son enfance s’est déroulée à Sea Gate, le quartier de la classe ouvrière à Coney Island.
Après des études à l’Université Courant Institute of Mathematical Sciences de New York, dont il est ressorti sans diplôme, il est néanmoins devenu professeur à la Dalton School de Manhattan (1973-1975) après avoir menti sur l’obtention de son diplôme.
Il a fondé son entreprise de gestion d’actifs basé sur le modèle pyramidal de Ponsi. Après une longue enquête, il fut inculpé pour trafic sexuel en bande organisée de mineures.
Epstein avait mis en place une structure pyramidale d’abus sexuels sur mineures. Environs 80 jeunes filles victimes, entre 2001 et 2006, furent agressées sexuellement ou forcées à avoir des rapports sexuels avec des hommes influants selon plusieurs témoignages, dont celui de Virginia Roberts Giuffre, 17 ans à l’époque des faits.
Jeffrey Epstein était un self-made-man intelligent, vif d’esprit, sérieux mais un vrai manipulateur charismatique. C’était un introverti dénué d’empathie, incapable de gérer la colère et intolérant à l’angoisse. Il avait du mal à situer la frontière entre le bien et le mal. Sûr de lui, il savait aussi se faire craindre.
Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=I6cDF9nSYaU on peut voir Jeffrey Epstein se gratter la mâchoire inférieure avec sa main droite, après avoir jurer de dire la vérité. Avec ce geste effectué sur “yes I do”, il masque son agressivité.
Sur “is it true sir that…”, il affiche un mépris (à 20 sec.) avec son regard qui s’abaisse, le coin extérieur droit de sa bouche remonte alors que sa main droite vient gratter sa gorge côté droit. Ce geste traduit une envie de ne pas trop en dire.
Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=PeGMzQ1bRyo après avoir invoqué notamment le 5ème amendement (à 3 min. 28) pour ne pas répondre à la question “avez-vous été abusé sexuellement lorsque vous étiez enfant ?”, Jeffrey Epstein se pince les narines de la main droite et passe son index sous son nez. C’est certainement un moment important dans la mesure où l’on sait que bon nombre de pervers narcissiques ont eux-même été abusés durant leur enfance. Mais Jeffrey Epstein ne veut pas répondre.
Du point de vue de la dynamique psychologique, Jeffrey Epstein avait un profil typique du pervers narcissique, du prédateur sexuel.
Un individu qui n’a pas accès à la symbolisation ira chercher ceux qui sauront nourrir son narcissisme blessé. Que ce soit par la prédation, l’effraction ou l’intimidation.
Dans des conditions normales, la mère attentionnée vient rassurer son nourrisson des agressions extérieures qui le persécutent. Sa mère lui permet de distinguer le bon du mauvais. Le pervers est à l’origine un enfant insécure qui n’a pas la capacité à créer des représentations psychiques, à symboliser, à fantasmer.
Afin de gérer/diminuer son angoisse d’anéantissement, il va se doter de “prothèses fétichiques”. L’autre est utilisé comme un fétiche et participe à l’auto-érotisme du pervers. Il est donc le garant de l’intégrité narcissique du pervers à condition qu’il soit inanimé et immuable (“objet non objet”, Racamier).
Le prédateur sexuel a un manque de contrôle pulsionnel, une pauvreté du monde fantasmatique, il se croit omnipotent avec un fantasme de toute puissance et une recherche de contrôle sur l’autre (emprise). Il a également un sens du grandiose, absorbé par des désirs de pouvoir et de grandeur, il a un besoin excessif d’être admiré et il est certain que tout lui est dû. Peu, voire pas d’empathie, il fait preuve d’un comportement hautain, arrogant, noyé dans son égocentrisme.
Jeffrey Epstein s’est donc a priori pendu avec des draps dans sa cellule, l’os hyoïde brisé, ce qui est rare dans le suicide par pendaison, moins pour l’étranglement.
Ses dizaine de victimes (connues) doivent survivre et se reconstruire en faisant le deuil d'un procès qui aurait été le premier pas vers la résilience.
Redouane Faïd condamné à 28 ans de réclusion : retour sur mon analyse
Le 14/08/2020
Le vendredi 13 mars dernier, le braqueur multirécidiviste Redouane Faïd a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Pas de Calais. L’occasion pour moi aujourd’hui de revenir sur l’analyse que j’avais faite en 07/2018, dans laquelle je pointais quelques marqueurs gestuels révélants son caractère manipulateur.
Ce même mois de juillet, Redouane Faïd s’était évadé de façon spectaculaire de la prison de Réau (77) par hélicoptère. Il ne fut arrêté qu’en octobre suivant.
Rappel de mon analyse du 05/07/2018 :
Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !
3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.
« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »
Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !
Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.
Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.
La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.
« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »
Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.
Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contrebalancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.
« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »
Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.
Criminel un jour, criminel toujours !
Liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9doine_Fa%C3%AFd
https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs
http://www.ds2c.fr/blog/analyse-flash-redouane-faid-braqueur-un-jour-braqueur-toujours.html
Crédit photo : Redoine Faïd - Brightcove
Ely-Killeuse : analyse des gestes 2 ans après
Le 05/08/2020
En août 2018, j’analysais une vidéo d’Ely Killeuse : “la force d’un témoignage investi et authentique”. Ely Killeuse est une blogueuse ambassadrice du Body Positive.
L’objectif de mon analyse était d’identifier les marqueurs gestuels qui illustrent la véracité d’un témoignage. En l’occurrence, la blogueuse s’exprimait pour un trouble du comportement alimentaire. Au cours de ce témoignage, j’ai mis en évidence l’évocation inconsciente d’une information connexe : le lien mère-fille dans l’enfance.
Dans sa gestuelle, la blogueuse montrait une certaine rigidité liée à elle, à son histoire mais également une gêne, un mélange de peur et de dégoût que j’interprétais comme une répulsion ressentie face à sa maladie et un sentiment de culpabilité qui imposait de ne pas en dire davantage.
Aujourd’hui, Ely Killeuse témoigne pour Brut des tabous autour de la grossesse.
Depuis 2 ans, quel a été son parcours personnel ? Est-ce que son cheminement a été bénéfique ? Est-elle parvenue à passer outre son sentiment de culpabilité ?
Globalement et sans rentrer dans les détails, la blogueuse est toujours aussi authentique, le regard alternant entre passé et futur émotionnel, les sourcils sont mobiles et viennent ponctuer certains mots ou phrases. Ely Killeuse est dans le lien mais avec un esprit analytique, son axe de tête en témoigne et c’est tout à fait logique vu le contexte.
Cela étant, ce qui est intéressant à l’analyse de cette nouvelle vidéo ce sont les gestes parasites et les “non” qu’elle fait de la tête alors que les propos qu’elle tient ne sont pas négatifs. Pourquoi son corps dit “non” alors que ses propos parlent de choses positives ? Pourquoi des gestes qui viennent contrarier son discours ?
“La question que tout le monde te pose quand tu es enceinte : combien t’as pris ?” ; “on va se peser : sujet qui fâche”
A 1 min. 51, son index gauche vient micro-démanger l’arc de Cupidon : “la Yasmine d’avant, j’ai eu beaucoup de témoignages, elle n’aurait jamais voulu être enceinte en étant grosse.” Ce geste illustre la relation de dépendance qui existe entre elle et ses followers. Une relation d’influence sans laquelle elle n’aurait pu faire ce travail sur elle. Mais comme toute influence, c’est aussi un signe d’addiction à l’autre dont on se sert pour nourrir son narcissisme blessé.
A 3 min. 04, “(mon corps) il est juste en train de remplir sa fonction” et sa tête fait “non”. Cette sentence n’implique pas de forme négative pourtant...
A 3 min. 10, “j’ai fait une fausse couche avant cette grossesse et aujourd’hui tout ce qui m’importe, c’est que mon bébé aille bien” et sa tête fait “non”. Là non plus, aucune raison pour que son corps dise “non”.
A 3 min. 36, son index gauche vient micro-démanger sa narine gauche, ce qui illustre que quelque chose dans son image lui est encore dérangeante. Il s’agit bien évidemment de son rapport à son corps et par extension, l’image qu’elle véhicule auprès des autres et celle qu’ils lui renvoient. Il y a bel et bien une distorsion dont elle semble toujours sensible.
La question aurait mérité d’être posée au moment même où elle a fait ces gestes. A quoi pensait-elle à ce moment là ? Ce qui se passe réellement mais dont elle n’a pas conscience, c’est que son corps réagit à ces 2 propos précédents : “combien t’as pris ?” et “Sujet qui fâche !”
Finalement, le corps d’Ely Killeuse ne fait que répondre à ces 2 questions qui ont été posées 2 minutes avant. Son esprit conscient verbalise et construit un discours pour la caméra, il est bien présent alors que son corps ne l’est plus depuis qu’il est resté bloqué sur ces 2 sujets.
Pourquoi ? Parce que ça la dérange toujours, parce qu’elle n’est pas d’accord, parce que ça la touche encore, parce que c’est un sujet… tabou. Un parallèle est possible entre les troubles des conduites alimentaires (qu’Ely Killeuse a vécu) et le sadomasochisme qui ont de nombreux points communs. Notamment dans la description symptomatique du recours à un rituel avec investissement du geste et de l’objet. Toutes les étapes du rituel doivent être respectées pour se dégager de la tension créée par l’angoisse et l’excitation. Ce sont des rituels obsessionnels et immuables qui revêtent une nécessité pour accéder à un plaisir dominé par l’autoérotisme et la relation d’emprise sous-jacente. Le corps devient le fétiche mais la compulsion de répétition perd ses effets de maîtrise et de réparation narcissique. Le corps est vu comme un objet d’excitation et persécuteur et à ce titre, il doit être puni. L’objet est la cible des attaques et dans le cas des troubles du comportement alimentaire, c’est le corps lui-même et c’est en cela qu’il y a une analogie avec la structure perverse et la destruction de l’autre comme sujet désirant.
Tout cela a construit et façonné Ely Killeuse, ça fait partie de son histoire. Donc, la blogueuse a fait et elle a réussi en partie un travail personnel de longue haleine mais elle n’en a pas tout à fait terminé avec l’image d’elle-même et celle que les autres lui renvoient. Image dont le symbole, le vecteur est son corps. Le jugement de cette image ne devrait plus lui importer mais on ne se débarrasse pas d’une addiction comme ça, surtout lorsqu’on ne l’a pas supprimé totalement de sa vie, de sa façon de fonctionner… le rituel se perpétue par la proxémie créée et entretenue avec son public.
Pour conclure, le corps d'une femme ne devrait être un sujet pour personne. Personne ne devrait poser une main sur le ventre d'une femme enceinte sans son approbation.
Tout le monde devrait faire montre d'un peu de psychologie, d'empathie mais malheureusement, l'empathie (cognitive et émotionnelle) a été mise au second plan depuis très/trop longtemps. Mais ça, c'est un autre débat...
Le lien vers la vidéo pour cette nouvelle analyse : https://www.brut.media/fr/health/elykilleuse-brise-les-tabous-autour-de-la-grossesse-205b0c2b-0c3a-4f95-89df-78e1b40eaaf8
Lien vers le site d’Ely Killeuse : http://elykilleuse.fr/ (dernière mise à jour en 12/2018)
Lien vers mon analyse : http://www.ds2c.fr/blog/la-force-d-un-temoignage-investi-et-authentique.html
Photo : profil instagram ely-killeuse
Comment identifier la couleur d'un échange ?
Le 18/05/2020
Comment identifier la couleur d’une conversation ?
L’appel à l’aide de Thierry Beccaro pour les enfants victimes de violences
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PNiXy_uCDLM&t=18s
Le sujet de la communication est passionnant et il concerne chacun d’entre nous. Que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle, nous sommes amenés à échanger avec des personnes avec lesquelles nous avons des intérêts communs, des sentiments, des liens.
Lorsque nous devons prendre une décision, nous pouvons nous montrés rationnels ou instinctifs. Une prise de décision rationnelle est un processus lent, cognitif, abstrait et déconnecté des émotions alors qu’une prise de décision instinctive est un processus rapide, non conscient et qui repose sur sa propre expérience, les feed back et ses émotions (https://www.cairn.info/revue-management-2009-2-page-118.htm).
En communication non verbale, il y a un item très intéressant et très rapide à s’approprier pour percevoir l’état émotionnel d’une personne. Cet item identifié sur l’instant est déterminant pour pouvoir adapter sa communication. Selon sa juste interprétation, le manager qui reçoit un collaborateur pourra questionner de façon plus précise, le thérapeute pourra utiliser plus volontier l’écoute active, le négociateur saura si l’autre s’inscrit dans la bonne dynamique, ou encore si nous plaisons à la femme que l’on aimerait séduire.
Cet item est l’axe de tête. Je devrais d’ailleurs dire LES axes de tête puisqu’il y en a 3 :
- l’axe sagittal représente symboliquement la hiérarchie selon que nous nous situons au dessus de l’autre ou en dessous de l’autre. Nous montrons ainsi un visage qui se dresse au dessus de l’autre, au même niveau ou en dessous du visage de notre vis à vis.
- l’axe rotatif nous permet de comprendre avec quel oeil l’autre nous regarde. S’il nous regarde avec son oeil droit, alors notre interlocuteur fait entrer l’information pour l’intégrer, l’analyser, la classer. Il n’est pas dans le lien, il est dans le contrôle, il y a une distance. S’il nous regarde avec son oeil gauche, il établit un lien émotionnel avec nous.
- l’axe latéral, est l’axe empathique et s’apprécie à la manière dont la tête penche à droite ou à gauche. Si c’est à droite, la personne est dans le contrôle alors qu’à gauche, elle est plutôt dans l’instinctif.
Vous avez bien compris que ces axes de tête permettent instantanément de percevoir de façon claire, la couleur de l’échange. Leur lecture nous donne l’occasion d’ajuster notre communication en fonction de notre objectif final.
Un exemple simple, pratique et touchant est le témoignage de Thierry Beccaro en faveurs des enfants victimes de violences familiales. Nous savons aujourd’hui que l’animateur fut lui-même victime de son père. Durant la crise sanitaire, les violences familiales ont augmenté :
Le témoignage de Thierry Beccaro nous permet d’identifier les moments où il se place en contrôle, à distance et le moment où il crée du lien.
Dès les 10 premières secondes nous pouvons constater sa tristesse et son dépit lorsqu’il nous montre sa photo de lui, enfant (sourcils relevés au centre et descendants à leur extrémité, coin extérieur gauche de la bouche descendant).
A la 18ème seconde, l’animateur a du mal à verbaliser des propos difficiles, il les retient avec une bouche dite “en huître”. Ses lèvres rentrent dans sa bouche.
Lorsqu’il établit un pont entre lui et les enfants qu’il souhaite toucher par cette vidéo, son axe de tête penche sur sa gauche : “... je pouvais m’évader…”, “... c’est parce que je suis passé par là…”, “... je sais qu’il faut faire les devoirs, qu’il faut faire du télétravail…”.
Mais lorsque la maltraitance est verbalisée, lorsqu’il aborde le risque de violence, alors sa tête penche sur sa droite : “... je suis passé par cette phase de maltraitance…”, “... mais là, les enfants ne peuvent pas s’évader…”
Vous pouvez regarder à nouveau cette vidéo en prêtant une attention spécifique à son regard, notamment en vous demandant avec quel oeil l’animateur nous regarde/parle. Vous saurez ainsi si Thierry Beccaro renforce le lien émotionnel qu’il essaie de créer, ou s’il accentue la distance qu’il place inconsciemment entre lui et la violence faite aux enfants.
En cette période difficile psychologiquement, même si le déconfinement se fait, il est important de faire attention aux violences familiales, sur un adulte (une femme dans la majeure partie des cas) ou sur un enfant.
Voici le process mis en place par le gouvernement, au cas où… :
Photo : https://unmuseepourlemime.com/2019/04/23/corps-parle-compagnie-mouvement-yves-marc/
Eléments gestuels d'une interview à charge : Juan Branco vs Apolline de Malherbe
Le 23/02/2020
Quels sont les éléments contextuels non verbaux qui accréditent la thèse selon laquelle l’interview d’Apolline de Malherbe était à charge contre l’avocat Juan Branco ?
Pour rappel, l’interview se déroule sur BFM le 17/02 février dernier. Apolline de Malherbe reçoit l’avocat Juan Branco, qui défend Piotr Pavlenski, l’activiste politique qui a diffusé les vidéos privées de Benjamin Griveaux.
Cette interview s’est déroulée durant une vingtaine de minutes dans un climat assez tendu, voire accusateur de la part de la présentatrice. Ce qui est intéressant, c’est la posture de chacun des protagonistes. S’ils sont tous les deux avec le buste bien en avant pour Juan Branco illustrant sa volonté d’échanger, Apolline de Malherbe est également avec le buste en avant mais surtout avec son épaule droite plus en avant que la gauche. C’est une posture qui induit une certaine agressivité dans la communication, la personne a totalement confiance en ses arguments et les défendra avec ardeur.
Si l’on observe un peu plus en détail l’hémi visage avec lequel la journaliste regarde l’avocat, avec quel oeil elle le regarde, on s’aperçoit que c’est avec le droit. Elle est donc dans une écoute vigilante, elle analyse. Elle n’est pas dans le lien.
Alors que Juan Branco reste maître de son discours, c’est sa main droite qui l’illustre et ses doigts qui ne montrent aucune tension. En revanche, la journaliste illustre son propos avec sa main gauche, des mains jointes (11 sec., 5 min. 34 sec.), a priori dirigées vers son invité, donc horizontales. Ce geste traduit en principe un désir de rassembler les parties en se plaçant au même niveau. Malheureusement, avec une observation plus fine, on s’aperçoit que les avant bras de la journaliste sont ascendants et non horizontaux, ce qui nous permet de nuancer cette volonté de faire consensus. Au contraire, ce geste vient accréditer la thèse de l’agressivité dans un désir de trancher (3 min. 15 sec.).
Si l’attitude d’Apolline de Malherbe se veut empreinte d’intention combative, la dimension affective vient adoucir son intention et illustrer un stress mal contenu qui, en général, se veut contre productif.
On peut le voir dans le clignement des paupières de la journaliste. Ils sont nombreux comparativement à ceux de l’avocat, qui lui est dans l’analyse, la gestion. L’émotion est donc palpable et mal maîtrisée.
Également, Apolline de Malherbe se réfugie fréquemment dans une bulle qui fait figure de pare excitation. Son regard s’abaisse vers sa gauche (passé émotionnel) pour se donner de l’allant, mais aussi pour gagner du temps dans la réflexion qui se trouve perturbée par le niveau émotionnel. C’est un item de réassurance.
Si l’on ne prête aucune attention au contenu verbal de cet échange, posez-vous la question de savoir si celui sort grandi de cette joute n’est pas celui qui maîtrise ses émotions ?
N’est-ce pas dans cet objectif que les formations d’intelligence émotionnelle connaissent (à raison pour autant qu’elles ne soient pas d’anciennes formations remises au goût du jour et simplement rebaptisées) un certain succès ?
Lien Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=dR5kBhNdj5I&t=1s
Instant Popcorn : le comportement agressif est-il précurseur de l'issue d'un combat ?
Le 06/11/2019
Dans un combat ritualisé, l’agressivité est-elle précurseuse de son issue ? Est-il possible de prédire le vainqueur d’un combat futur ?
C’est l’instant Popcorn qui peut vous faire gagner quelques paris en Martial Mixed Art, puisqu’il s’agit là d’analyser la séance de pesée qui se déroule 24h avant le combat.
Pratiquant de Self Defense et de boxe française depuis de nombreuses années, fan également de boxe anglaise et de MMA, je me suis demandé s’il était possible de deviner le vainqueur d’un combat sans le regarder. Pour cela, je me suis intéressé à ce moment particulier qu’est la pesée. Chaque combattant se retrouve en caleçon/shorty/slip sur la balance pour vérifier qu’il est bien au poids de sa catégorie.
C’est aussi un moment de tension où les combattants se retrouvent face à face pour la photo qui annonce leur affrontement. Un moment de tension donc, qui sert à faire le show pour les médias et autres sites de paris.
Sur cette adresse internet, j’ai analysé rapidement les boxeurs et leurs gesticulations :
https://www.youtube.com/watch?.v=K97F666aORU
Sur ces 10 pesées, vous pouvez remarquer immédiatement et sans équivoque, celui qui se montre plus agressif. Pour autant, a-t-il été celui qui est ressorti vainqueur du combat ?
Dans l’ordre de la vidéo, voici les résultats :
- Duffy vs Madady, 2017 : Madady est le plus agressif mais perd aux points,
- Bisping vs Leites, 2015 : Bisping est le plus agressif et remporte le combat aux points,
- Allen vs Amirkhani, 2017 : Amirkhani est le plus agressif mais perd le combat aux points,
- Diakese vs Pachalen, 2017 : Diakese est le plus agressif et remporte le combat par KO,
- Lawler vs Macdonald, 2019 : Lawler est le plus agressif et remporte le combat par KO,
- Lee vs Mustafaer, 2016 : Lee est le plus agressif et remporte le combat aux points,
- Mendes vs McGreggor, 2019 : McGreggor est le plus agressif (pléonasme…) et remporte le combat par KO,
- Jedrzejczyk vs Penne, 2015 : jedrzejczyk est la plus agressive et remporte le combat par arrêt de l’arbitre,
- Madadi vs J. Silva, 2017 : Madadi est le plus agressif mais perd le combat aux points (ça fait 2 fois quand même…),
- Bisping vs A. Silva, 2016 : Bisping est le plus agressif et remporte le combat aux points.
A la lumière de ces constatations, je peux dire que lors de la pesée, le combattant qui se montre plus agressif que l’autre a 7 chances sur 10 de remporter le combat ! Ce qui est tout de même significatif.
Quelles attitudes agressives ont-été observées ?
La gestuelle est ample, large, saccadée. Le combattant occupe un large espace et semble vouloir se donner plus de largeur physique, un peu comme le paon le fait avec sa roue (pour un autre but) ou le porc-épic pour se défendre. Le corps est mobile avec une amplification de la colère, elle est surjouée et s’autoalimente pour croître encore. Celui qui vocifère et gesticule est toujours dans le spectaculaire, alors que l’autre est plus dans une attitude spéculaire (« je suis présent dans la relation et plus authentique ») voire spéculatif (« je suis dans mon monde et je me concentre sur l’objectif de demain »).
Pourquoi vouloir montrer autant d’agressivité ?
Agressif signifie « aller vers, s’approcher, aborder, entreprendre quelqu’un, attaquer ». L’agression et la recherche d’occuper un espace au dépend d’un autre (en l’occurrence l’octogone) est une recherche de reconnaissance (être déclaré vainqueur). Là où il y a violence verbale, il y a combat territorial, de l’espace.
En éthologie, l’agression a 3 fonctions : la répartition des êtres vivants semblables dans le territoire, la sélection entre rivaux et la défense de la progéniture (Lorenz). Si le taux de testostérone joue un rôle important dans le comportement agressif, le système nerveux central peut produire lui-même des stimulis et s’autoalimenter (Lorenz).
Je précise que la testostérone joue également un rôle pro-social, voire altruiste mais qui n’est pas dénué d’intérêt (de conquérant), le but étant d’atteindre ou de maintenir un statut social ou une position dominante.
Qu’en est-il de l’analyse comportementale selon mon schéma intégratif ? (cf. mes derniers articles)
- Environnement : choisi, le MMA est un sport de combat multidisciplinaire qui demande un réel investissement physique et mental,
- Facteurs de régulation : cognitif, il requiert une préparation physique et mentale poussée et stratégique ; affectif, il fait appel à ses instincts grégaires et ne requiert que peu d’intelligence émotionnelle ; biologique, il fait appel à des qualités physiques indéniables.
- Intentionnalité : combat planifié, structuré avec la recherche d’une stratégie adaptable,
- Pensée anticipatrice : but proximaux, gagner le combat en vue d’un meilleur classement dans la Fédération et accéder au Top 1 pour être déclaré meilleur que les autres,
- Auto-réactivité : autorégulation en mode inhibiteur si défaillance de l’auto-observation et de la réaction corrective, en mode proactif si les actions correctives se montrent efficaces,
- Auto-réflexion : la croyance d’efficacité personnelle est également un point important de la motivation, mais qui s’arrête au moment de monter sur le ring. Sans elle, le boxeur ne sort pas du vestiaire.
En conclusion de cet Instant Popcorn, léger a priori, il en ressort néanmoins une analyse précise sur les éléments de la motivation qui vont jouer un rôle concomitant quant à l’issue du combat. Par extension, quelque soit la personne que vous avez en face de vous et quelque soit la situation, si elle est plus agressive que vous ne l'êtes, alors il est plus sage de rompre le contact ou de le différer. Parce qu'elle aura toujours une intention délétère qui par son intensité vous dépassera, ce ne sera jamais du ressort cognitif et vous en ressortirez grandi !
Alors à vos paris en ligne ! Prêt ? Pariez !
Sources :
- « mécanisme de l’agressivité liée à la testostérone », J Hanoune, G Pinna, E. Costa, A Guidotti (2005),
- HAL – archives ouvertes, « de l’agression à la violence verbale, de l’éthologie à l’anthropologie de la communication », B Fracciola (2013).
Instant popcorn : analyse comportementale de Jean-François, prétendant dans l'Amour est dans le pré 2018
Le 06/10/2019
Pourquoi Jean-François vous semble bizarre ?
Je me suis étonné de façon candide que Jean-François, prétendant dans l’émission « l’amour est dans le pré » (2018), vous apparaisse bizarre voire limite psychopathe. A-t-il eu une attitude si déroutante et peu engageante au speed dating ? Pas pour tous puisque Aurélia a choisi de le revoir :
Avant d’analyser rapidement ces quelques instants éprouvants pour le candidat, je pense important de repréciser les définitions du stress, de la peur et de l’angoisse.
Le stress
C’est une réaction d’adaptation de l’organisme qui sert à maintenir l’équilibre physiologique et psychologique d’un individu qui se trouve confronté à un élément/situation/évènement stresseur. Le stress devient un risque pour la santé lorsqu’il est éprouvé dans la durée.
La peur
C’est un sentiment éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace réel ou supposé. Elle est immédiate et spontanée.
L’angoisse
C’est un sentiment de l’ordre du vécu mais sans objet face à laquelle il semble ne pas y avoir de solution. L’esprit se fige, l’individu a l’impression de ne pas pouvoir la maîtriser (vs l’anxiété).
Une fois ce rappel fait, penchons-nous sur la situation !
L’émission diffusée sur M6 connait un certain succès. Les candidats sont mis en situation dans le cadre de rencontres scénarisées. Sur le plateau ou en extérieur, ce sont des caméras omniprésentes, des sources de lumière pour mettre en valeur les candidats et un certain nombre de techniciens également présents. Nous pouvons donc dire qu’il s’agit d’une situation qui n’est pas habituelle pour chacun d’entre nous. Ainsi, face à une situation exceptionnelle et inconnue, le corps et l’esprit doivent s’y adapter pour faire redescendre le niveau de stress à un niveau acceptable.
Je précise que chaque personne possède un niveau d’acceptabilité qui lui est propre. Un individu peut très mal gérer son stress tandis qu’une autre saura le transformer en un stimulant.
Le prétendant
Jean-François, la 30aine, ébéniste vivant chez sa mère avec laquelle il a tissé des liens « indestructibles » depuis la mort de son père lorsqu’il était âgé de 14 ans.
Il n’a pas connu ses grands-parents.
Qu’observons-nous factuellement ?
Lors du visionnage de la scène, au cours du speed dating qui dure environs 1 minute 30, nous pouvons mettre en exergue plusieurs marqueurs gestuels qui ont tous un horizon de sens spécifique.
La position assise est dite neutre. Il est au milieu de son siège et semble indécis sur l’attitude, la position à tenir. Il y a donc une certaine ambiguïté qui est déjà observable. Nous pouvons déjà dire qu’il y a un « conflit » intra psychique qui tient de l’ordre de l’intentionnalité : « dois-je y aller et m’investir, ce qui revient à me découvrir dans cet environnement inconnu et donc potentiellement hostile ? »
Nous observons également que ses mains sont jointes, doigts repliés, entre ses jambes et sous la table. Elles sont en position basse, ce qui traduit d’emblée une émotion négative. Cette position des mains marque un retour sur soi, une certaine protection face à un danger potentiel et ainsi, une implication mesurée dans la scène.
Nous constatons que Jean-François frotte ses mains paumes contre paumes, comme s’il se les lavait. Ce geste traduit un mal être, un malaise. En psychologie, nous dirions qu’il s’agit d’un geste contra phobique, c’est-à-dire qu’il vient atténuer l’angoisse ressentie (en Synergologie, nous pouvons faire un parallèle avec la goutte de malaise).
JF souffle fort à plusieurs reprises pour se donner du temps, pour améliorer aussi physiologiquement l’apport en oxygène. En psychothérapie, pour gérer son stress, je vais vous inviter à inspirer sur 4 temps et à expirer sur 6 temps de façon à solliciter le système parasympathique qui vous aidera à vous relaxer : http://www.psychomedia.qc.ca/neurologie/2009-07-26/qu-est-ce-que-les-systemes-nerveux-sympathique-et-parasympathique
Il se mord également la lèvre inférieure, un geste qui ne se fait que dans des situations anxiogènes, pour ensuite se gratter de la main gauche le côté gauche de sa tête, puis enfin le côté gauche de sa nuque. Ces gestes illustrent la réflexion mais également que quelque chose énerve la personne qui fait tout pour tenter de maîtriser la situation mais sans trop savoir comment communiquer.
Nous pouvons observer ses jambes qui remuent, signe d’un désir de se mettre en marche/en action, signe que la personne subit la situation mais qu’il serait très mal interprété de partir sur le champ.
Enfin, avant dernier marqueur gestuel qui traduit l’authenticité, c’est la défocalisation passive du regard. C’est-à-dire que JF, à certains moments, laisse partir son regard dans le vague de façon inconsciente.
Mais quel est ce marqueur gestuel qui vous semble inquiétant ?
Finalement, c’est bien là la question. Pourquoi, après cette analyse froide et distanciée, optez-vous pour la crainte de lui ? Vous n’aimeriez pas le croiser dans la rue !
C’est le regard et les clignements des yeux !
Jean-François est victime de son anatomie. Il a des petits yeux noirs enfoncés dans ses orbites, ce qui donne une certaine étrangeté/importance à ses arcades sourcilières.
Il a de plus des lèvres fines, ce qui, dans l’inconscient collectif, est une caractéristique physique des gens nerveux, impulsifs.
En psychologie évolutionniste, nous dirions que ce sont des traits qui représentent un danger potentiel qu’il vaut mieux fuir.
Ensuite, il ne cligne des paupières que lorsque sa tête bouge. On dit qu’il a des clignements psychomoteurs, c’est-à-dire qui ne véhiculent pas d’émotion. Ce qui renforce cette perception de danger potentiel.
Dès lors que vous observez un trait que vous assimilez à un danger, même s’il est minime, c’est bien lui qui donnera la teinte du rapport interindividuel. Ce n’est que dans la discussion que vous vous apercevrez que finalement, le doute du danger potentiel peut être levé… ou pas !
Ainsi, Jean-François est angoissé par la situation, vite débordé par le trac, hypersensible et empathique, il ne sait pas comment gérer ses émotions.
PS : merci à Stéphanie pour la vidéo et à vous, faites attention au biais de confirmation et à votre première impression.