Salah Abdeslam a été remis ce matin aux autorités françaises. Il sera défendu par Franck Berton, avocat pénaliste qui a choisi de représenter le terroriste présumé.
En Belgique, ce fut Me Sven Mary, l’une des stars pénalistes Bruxelloise.
Quelle sera la méthode de Me Berton ? L’avenir nous le dira. Quelle a été celle de Me Mary ?
Faisons un focus sur « la méthode Mary » et analysons sa légendaire rigueur au travers d’une récente interview.
Comment Salah Abdeslam a-t-il réagi lorsque vous l’avez informé des évènements de Bruxelles ?
L’avocat de Salah Abdeslam vient gratouiller l’aile gauche de son nez avec son pouce droit, son image publique d’avocat d’un terroriste le dérange. Nous pouvons également poser comme hypothèse qu’il aurait aimé en apprendre plus dans un contexte où l’autre se tait désormais.
Dans le même temps, nous observons son sourcil gauche levé, il se met à titre personnel à distance de l’événement pour mieux s’en préserver et cherche à construire une réponse acceptable.
Une moue d’agacement, d’impatience côté gauche sur « cette situation (parlant des tragiques événements de Bruxelles) n’allait pas avantager sa situation… » Ni sans doute celle de son avocat…
Est-ce que comme nous, vous êtes persuadé qu’il avait connaissance du projet de ces attentats ?
La tension monte, laissant apparaître une langue de vipère. Les choses sont dites dans un contexte très difficile.
Beaucoup de haussements d’épaule droite, ce qui traduit une gêne ressentie quant au sujet évoqué. L’avocat fait un effort pour répondre avec les mots les plus justes et forcer un peu l’adhésion du journaliste (et téléspectateurs), alors que sa moue dubitative indique spontanément qu’il n’a pas les éléments pour penser que son client était au courant de Bruxelles, la contradiction est à jour.
Il connaissait ces personnes, donc on ne peut imaginer qu’il ne pouvait ignorer ce projet.
L’avocat place sa main devant lui, paume dirigée vers l’extérieur pour rejeter ces propos.
On note également un axe de tête penché sur sa gauche, empathique mais qui semble également s’adapter aux situations.
Est-ce que Salah Abdeslam entend toujours collaborer avec les enquêteurs ?
C’est un « oui » hésitant avec la bouche qui se tord vers la gauche, cherchant les mots pour dire les choses correctement. L’avocat marche sur des œufs dans tous ses propos placés sous le signe de la vigilance ; puis sa langue sort à droite, manifestant une volonté d’attaquant, et comme par hasard, la phrase commence par « mais »…
L’avocat n’apprécie pas que les déclarations de son client aient été divulguées par le procureur Molins, la langue de vipère ressort.
Ce n’est pas les attentats de mardi qui ont changé son état d’esprit ?
L’avocat cache son nez donc son image, on peut penser qu’il en a désormais un peu assez de cette interview.
Qu’est-ce que Salah Abdeslam est prêt à dire aux enquêteurs, qu’ils soient français ou belge ?
Belle moue dubitative, l’avocat ne sait pas ce que son client est prêt à dire. Faire un arrêt sur image pour y voir un sourire d’agacement, il a déjà eu la question.
Quelqu’un qui collabore, on peut imaginer qu’il aurait dit « attention, il y en a encore d’autres à venir » ?
A nouveau le sourcil gauche qui le met à distance des propos. Les lèvres s’avancent avec une certaine tension et mettent en doute les arguments : « l’évolution dans sa collaboration à quelque peu changé (…). Rien ne laisse supposer aujourd’hui qu’il était au courant. » L’avocat ne se croit qu’à demi moitié…
Avant que vous soyez son avocat, vous m’aviez dit que la seule ligne de défense possible c’est qu’il soit repenti. Est-ce que c’est encore tenable aujourd’hui ?
A nouveau cette langue de vipère et la petite pique ne tarde pas : « je regrette même de penser que ce n’est qu’un début (les attentats). (…) Ca, c’était la ligne de défense que je pensais être la meilleure »… source d’un désaccord avec son client ? « Mon rôle se limite à ce qu’il s’est passé en Belgique… ».
Est-ce que les attentats de Bruxelles vous font regretter d’avoir accepté d’être son avocat ?
Il a beau savoir s’adapter aux situations, cette question touche personnellement l’avocat. Observer sa bouche qui reste ouverte devant la nécessaire justification, les dents du bas apparentes (peur) et de nombreux clignements de paupières qui attestent de la charge émotionnelle.
La langue balaie l’intérieur gauche de la bouche, les mots voudraient sortir, ça lui pèse.
Nous voyons ainsi que la rigueur et la faculté d’adaptation sont des pièces maîtresses de Me Mary. Cependant, défendre un terroriste crée une dichotomie observable entre l’image professionnelle qu’il souhaite véhiculer et ses propres valeurs.
Article co-rédigé par Stephen BUNARD et Frantz BAGOE
Lien : http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/enquete-sur-les-attentats-de-paris/video-salah-abdeslam-est-un-tresor-en-informations-confie-son-avocat-a-france-2_1374177.html