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Narcisse ou Don Juan ? Perversion ou perversité ?
Le 30/12/2023
Nous sommes tous, à un moment donné, dans une dynamique de séduction avec l’autre et quelque soit l’environnement, le contexte et c’est normal, c’est bien, c’est la vie, c’est le jeu des relations sociales. Une fois cet apophtegme, ce précepte posé, il est important de ne pas sombrer dans l’excès.
Savoir analyser et reconnaître lorsqu’il y a un excès dans ce fonctionnement va vous permettre une meilleure maîtrise de la situation.
Voyons cela…
Une personnalité narcissique devient pathologique lorsque les traits du comportement altèrent le quotidien. Elle se classe en deux catégories :
- par excès d’amour de soi (mégalomanie),
- par insuffisance d’amour de soi.
Le narcissisme pathologique se caractérise par le besoin d’être admiré par les autres pour réparer une carence de son amour pour soi. Donc besoin de séduire l’autre mais ce qui ne veut pas forcément dire passage à l’acte, d’où la différence entre Narcisse et Don Juan.
Il y a donc une érotisation de l’autre d’un côté et une sexualisation de l’autre d’un autre côté. Narcisse est la duplication de l’image de soi dans l’autre pour se rassurer alors que Dom Juan accepte de passer par l’acte pseudo-sexuel pour satisfaire son besoin de maîtrise.
Cependant, ni l’un ni l’autre ne peuvent supporter l’idée que l’autre les asservisse à son propre narcissisme à elle. Ils veulent avoir la main sur l’autre, garder le contrôle.
A la suite de cette séduction narcissique, la personne “objet” peut être triple :
- la personne séduite n’a aucune “originalité” et peut se contenter d’une relation pseudo amoureuse. Elle ne tient pas plus que ça à cette relation et sait y mettre un terme le moment venu, laissant le séducteur libre de répéter son schéma avec une autre personne “objet”.
- la personne séduite est, elle aussi, une carencée narcissique. Lorsque la magie de la rencontre opère et qu’elle aura contenté les deux Narcisses alors chacun pourra reprendre son chemin. Mais chacun est aussi libre de conduire le même schéma parallèlement à la relation.
- enfin, il se peut que la personne séduite ait l’espoir d’une pleine relation et devienne ainsi exigeante d’un point de vue investissement personnel.
La personnalité pathologique narcissique se croit unique, spéciale, et a un besoin excessif d’être admirée et croit que tout lui est dû. Elle entretient des fantasmes irréalistes et idéalisés de pouvoir, de succès, d’amour ou de beauté.
Pour distinguer ces deux personnalités - lorsqu’elles sont à un niveau pathologique, j’insiste - et faire la différence entre la maladie (perversion) et le vice (perversité), il est nécessaire d’effectuer un examen complet de l’individu (anamnèse) et du mobile de son comportement. La recherche de cette différence est fondamentale en matière judiciaire parce qu’elle permet l’imputation des responsabilités. Seuls les professionnels de la santé mentale sont capables de le faire.
Mais brièvement, la perversité renvoie au plaisir de manipuler l’autre pour avoir une emprise. Il n’y a pas de satisfaction sexuelle dans la perversité.
La perversion, quant à elle, fait référence à une pathologie nommée paraphilie. Il s’agit d’une structure de la personnalité qui renvoie classiquement à des conduites sexuelles déviantes (je vous laisse le soin de rechercher ce qu’est une conduite sexuelle déviante).
Il est important pour tout à chacun d’avoir conscience du rôle qu’il joue dans sa relation avec l’autre et que l’autre joue avec soi. Analyser froidement la situation, en mettant de côté ses émotions, va permettre une meilleure authenticité et surtout de mener sa barque comme VOUS l’entendez.
A vous de jouer…
Je passe PAR l'acte !
Le 29/10/2023
La question de la responsabilité du criminel est centrale dans l’action judiciaire. L’article 64 de l’ancien Code pénal dit : « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’accusé était en état de démence au moment de l’action ».
Les travaux de psychanalyse mettent l’accent sur les motivations inconscientes du crime et les processus psychiques qui le sous-tendent. Ils postulent qu’il existe un lien entre le crime et le développement de la vie psychique de l’individu (Freud, 1916, « quelques types de caractères dégagés par la psychanalyse » ; Bonaparte, 1927, « le cas de Mme Lefebvre » ; Lagache, 1947, « Contribution à la psychologie de la conduite criminelle. Commentaire psychanalytique d’une expertise d’homicide »).
D’un point de vue phénoménologie clinique, le passage à l’acte est un fait d’expérience et d’une défaillance de la relation sociale.
Qu’est-ce qui peut nous permettre de distinguer un délinquant/criminel d’un individu lambda ? Selon Pinatel (1975, « traité de criminologie ») il existe des traits récurrents de personnalité qui forment une base. L’égocentrisme, la labilité, l’agressivité et l’indifférence affective. Précision importante, il s’agit d’une différence de degré pour chacun de ces traits. Ils sont présents chez chacun d’entre nous mais plus ou moins prononcés.
Selon Freud, c’est bien la pulsion qui est à l’origine de la violence. C’est elle qui représente le trait d’union, le point de rencontre entre la psyché (l’inconscient, les idéalisations, les envies, les peurs…) et la transformation en acte physique (la force motrice). Il y a donc une translation entre ce que pense l’individu et ce qu’il matérialise physiquement. La pulsion se définit selon la poussée (son élément moteur), son but (là où elle doit se réaliser, se purger), son objet (le moyen de la purger) et sa source (organe du corps d’où provient l’excitation).
Ainsi, la pulsion purgée de façon inadéquate, incontrôlée est une preuve d’immaturité émotionnelle et d’un déficit d’introjection. C’est-à-dire que l’individu n’est tout simplement pas capable de gérer ses émotions – parce qu’il n’a pas appris à le faire du fait d’un environnement familial inadapté et insécurisant – ni capable de « retravailler » les faits, les vécus pour les légitimer, les conscientiser, les symboliser, les rendre plus acceptables et surtout, savoir s’adapter. La réalisation de la pulsion permet à l’individu de « remettre les compteurs à zéro », d’abaisser le niveau d’insatisfaction, de frustration à un niveau plus acceptable pour lui. Mais la réalisation de la pulsion par un acte est une façon de « dire » en actes ce qu’il ne peut « dire » à haute voix.
Les travaux de Balier (1988, Psychanalyse des comportements violents, 1996, Psychanalyse des comportements sexuels violents) demeurent incontournables. Son expérience clinique en milieu carcéral auprès des auteurs d’agirs criminels le conduit à élaborer une métapsychologie du fonctionnement psychique violent. Balier relève chez ces sujets une pauvreté dans le sens de l’agressivité et de la destruction. Sa théorisation de la violence s’appuie sur un moi facilement débordé par des pulsions agressives désintriquées qui vont se tourner vers l’utilisation et la possession de l’objet externe comme solution économique à ce débordement. Les processus de déliaison, responsables d’une « agressivité libre », créent une tension et appellent à la décharge. L’agressivité libre est le résultat de la désintrication des pulsions, « aucune tension ne peut être contenue (…), la moindre frustration déclenche une décharge de colère avec des gestes agressifs contre des objets, des personnes, ou soi-même. Dans ces conditions, l’acte se substitue entièrement à la pensée dont les contenus sont particulièrement pauvres (Manuel de psycho-criminologie clinique, S. Harrati, D. Vavassori, Dunod, 2022).
Il est donc important de considérer l’individu selon 3 axes : l’individu auteur, l’individu victime et le contexte situationnel.
Voici un exemple intéressant de profils de délinquants qui vient illustrer mon propos.
Selon la « mission d’analyse des profils et motivations des délinquants interpellés à l’occasion de l’épisode de violences urbaines (27/6 au 7/7/23 en France), voici le profil général des 395 individus définitivement condamnés au 31/7/23 :
91% sont des hommes dont 75% sont nés en France et issus de l’immigration (algérien, tunisien).
23 ans de moyenne d’âge pour les hommes, 24 ans pour les femmes.
Les 18-22 ans sont concernés pour 70% des atteintes aux biens publics et 63% des atteintes à l’ordre public.
87% sont célibataires, sans enfant à charge, hébergés à titre gratuit essentiellement chez leurs parents.
29% ne détiennent aucun diplôme, 38% sont titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat, 23% ont le baccalauréat, 4% ont bac+2, 0,5% ont un niveau supérieur à bac+2.
18% sont étudiants, 30% sont employés, 9% sont ouvriers, 14% sont chômeurs et 25% se déclarent inactifs.
57% n’ont aucun antécédent judiciaire.
Pour les individus non encore identifiés et ceux qui seront jugés ultérieurement, ce sont des délinquants plus chevronnés ayant commis des infractions plus graves.
Le crime est un acte humain
Le 14/10/2023
« Le crime est un acte humain. Il engage la personnalité du coupable, il en révèle certaines intentions. Mais la collectivité ne peut rester indifférente, devant cet acte qui constitue, en même temps qu’un fait personnel, un fait social. Ce sont là des données évidentes du problème criminel, celles que les sociétés les plus primitives aussi bien que les plus évoluées perçoivent clairement » (E. Degreef, Introduction à la criminologie, 1946).
Mesurer la témébilité d’un individu, sa redoutabilité ou sa périculosité (danger représenté) c’est-à-dire la capacité d’un délinquant à tirer profit de l’expérience, notamment de sanctions pénales, c’est analyser sa capacité à s’adapter aux exigences de la vie sociale, ce qui induit la prise en compte de sa responsabilité.
Il s’agit donc de décrypter le fonctionnement historique de l’individu, son vécu, son passé qui l’a amené à devenir un être antisocial, à devenir un délinquant voire un criminel.
Mais cette analyse doit être portée par la société et non par la psychiatrie qui ne doit qu’accompagner si nécessaire. Pour De Greef, « il importe de se débarrasser de l’insoluble question de la responsabilité en n’en parlant plus et en supprimant l’expertise mentale qui, (…), oblige le médecin à prendre une décision dont les conséquences sont extrêmement graves et dont la brutalité contraste avec les difficultés et les hésitations du diagnostic. »
L’erreur est d’imaginer que la pathologie se traduit par un passage à l’acte alors qu’il est le résultat d’un choix délibéré commis par son auteur.
Cet acte repose, éventuellement, sur une réalité faussée, biaisée. Il n’en demeure pas moins que l’acte est commis et que les conséquences doivent être assumées par son auteur et non par la société civile. De Greef ajoute que « toute tare qu’elle soit héréditaire ou qu’elle soit accidentelle, reste soumise au jeu de la personnalité du coupable, et par l’intermédiaire de cette personnalité, reste capable d’être ou bien renforcée par l’ambiance ou inhibée par l’atmosphère dans laquelle il vit » (Pathologie et criminalité, 1937).
Dans la droite ligne de De Greef, l’individu est soumis à une pression sociétale ainsi qu’à une pression individuelle instinctive qui implique désir, peur et pulsion. La pression sociétale, de par ses lois, joue un rôle de cadrage afin de forcer l’individu à restreindre et à contraindre ses instincts. Le besoin d’identification finit de manipuler cette personnalité fragile et labile. Cette éternelle pulsion qui pousse à l’inclusion à n’importe quel prix force à adopter des valeurs qui, à la base, ne sont pas les autres. Le temps faisant son affaire, la personnalité manipulable en oubli ses propres valeurs au profit de celle du groupe, et tant pis si c’est au détriment des autres. Après tout, s’ils sont étrangers à nos valeurs, ils sont nos ennemis, et que faisons-nous à nos ennemis…
Nous pouvons donc considérer qu’un individu aux prises avec ses instincts puisse résister un temps, mais si cette lutte égocentrée devait s’éterniser ou s’accentuer du fait d’éléments extérieurs, la résistance serait sapée et les fonctions de défense voleraient en éclats avec pour conséquence le passage à l’acte. Pour Platon, le criminel est souvent un malade ; il doit être guéri ou éduqué si possible ; expulsé du pays ou supprimé s'il est incurable.
Le milieu est souvent criminogène mais en tout état de cause, les dégâts commis par un délinquant et un criminel doivent être réparés, qu'il soit responsable ou non.
La société civile se doit de lutter, de maintenir ou de placer ce type de personnes dans des endroits fermés qui ont pour fonction de contraindre l’individu. Cela ne veut pas dire que celui-ci ne doive pas bénéficier d’un accompagnement spécifique et pluridisciplinaire pour l’aider à lutter contre ses pulsions, voire à se réintégrer au terme de sa sentence. Au contraire, ainsi cloîtré, confiné, il sera engagé dans un processus réducteur et contraint qui évitera toute conséquence sur la société. Faire sa peine du début à la fin lui permettra de prendre conscience de ses actes. Il va s’en dire que dans un milieu fermé, il y a nécessité de le séparer de son groupe de référence afin qu’il ne retrouve pas à l’intérieur ceux pour qui il s’est battu à l’extérieur.
En France en 2023, il y a 79 maisons d’arrêts, 39 établissements pour peines, 54 centres pénitentiaires, 6 centres pénitentiaires pour mineurs (source : Statista). Les centres éducatifs fermés pour mineur n’en ont que le nom puisque c’est la parole du juge plus que les murs de l’établissements qui fonde la privation de liberté. Ces centres dépendent de la catégorie des établissements sociaux et médico-sociaux, et non celles des établissements pénitentiaires (source : rapport d’information du Sénat n°759 (2010-2011), Enfermer et éduquer : quel bilan pour les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs ?). Cette mission d’information a rédigé 25 propositions très intéressantes (ont-elles été suivies ?). Combien existe-t-il de casernes ou de bâtisses abandonnées à réhabiliter. Peut-être serait-ce une solution que d’employer ces détenus à reconstruire.
Chaque pays possède son droit pénal dont l'origine remonte à Mathusalem, se continuant avec des coutumes et des usages non écrits et en perpétuelle transformation en lien avec tous les soubresauts culturels du moment. « Il est raisonnable de supposer qu'au moment où les premières codifications eurent lieu, une évolution s'était déjà opérée et que ces premiers codes représentaient déjà une sélection de comportements possibles devant l’activité antisociale. » Expulser d’un groupe (ou d’un pays) une personne qui ne souhaite pas se soustraire à ses lois, qui ne souhaite pas s’intégrer en apportant une compétence ou qui ne souhaite pas acquérir une compétence, est ce que fait tout groupe animal depuis la nuit des temps. Il est primordial, et même vital pour le groupe, de ne pas laisser quelques étourdis fanatiques de politique sociale naïve interférer. Comme il est incompréhensible qu’un détenu ne fasse pas entièrement sa peine.
On ne sait pas encore lequel des termes : redoutabilité, témébilité ou périculosité l'emportera dans l'avenir. Ce sont les termes par lesquels, parlant d'un délinquant ou d’un criminel, on s'efforce de traduire le danger social qu'il représente. Ce sont aussi les termes par lesquels on veut exprimer la mesure dans laquelle la société pour avoir à s'occuper légitimement de lui et s’en préserver. Si la peine de mort, abolie le 9 octobre 1981, ne peut revenir dans le débat national – encore que pour certains crimes (attentats, actes de barbarie), cette sanction devrait être à nouveau réfléchie – il est important que les peines soient réellement effectuées et sans remise possible, dans des lieux fermés et accompagnés, cadrés, loin de leur groupe de référence.
Pourquoi le passage à l'acte délictueux ?
Le 21/02/2023
"L'avenir n'est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire." Henri Bergson, philosophe français (1859-1941).
Les statistiques de l’insécurité et de la délinquance en France pour 2022 (vs 2021) viennent d’être publiées, et elles ne sont pas bonnes (source : Insécurité et délinquance : les premiers chiffres 2022 | vie-publique.fr) :
- Coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus : +15%
- Vols sans violence contre des personnes : +14%
- Usage de stupéfiants : +13%
- Violences sexuelles : +11%
J’ai précédemment abordé l’importance de l’environnement et de l’éducation parentale. La préoccupation parentale n’est jamais mise sur le devant de la scène depuis Dolto et son “enfant est un sujet à part entière.” Malheureusement, les parents post 1968 ont gardé ce qui les arrangeait dans la théorie novatrice de Dolto. Ils ont omis la partie “l’enfant est un être en construction, mais qui ne peut pas se développer sans l’éducation des adultes - donc sans leur autorité” mais ont gardé la partie “enfant roi.”
Ce qui vaut pour les parents post 1968 vaut également pour les familles qui ont un fonctionnement de type clanique. “Le projet parental a une importance majeure pour la construction du destin d’un enfant. Il passe par une attention prêtée aux devoirs et aux résultats scolaires même si les parents n’ont pas pu faire d’étude (Rapport Dr M. Berger, 2021).” Ce défaut éducatif va avoir des conséquences importantes sur le développement psychologique de l’enfant. Absence d’empathie, construction d’un monde où il se voit omnipotent, pauvreté imaginaire, insensibilité, impulsivité, absence de sens critique.
Dans l’analyse comportementale, cet aspect environnemental est très important à analyser parce que c’est dans la petite enfance que se construit le faux-self (faux-soi). Selon D. Winnicott, le vrai self désigne l’image que le sujet se fait de lui-même et qui correspond effectivement à ce qu’il est et perçoit à travers une réaction adaptée.
Le faux-self désigne une instance psychologique et comportementale qui se sont constituées pour s’adapter à une situation plus ou moins contraignante. L’image de soi est alors défensive et fonction des réactions inadaptées de l’environnement.
Observer un groupe d’individus c’est prendre de la hauteur sur la situation, sur les interactions mais sans faire de focus sur une seule personne.
Axer son observation sur une personne serait une erreur car l’acte intentionnel n’est qu’une partie du comportement, ce n’est pas la cause. Il est donc nécessaire d’analyser l’environnement, le contexte pour apprendre à prévoir les comportements sur la base des informations que fournit le contexte et non pas seulement à partir de l’intention inférée des individus. C’est ce que fait d’ailleurs, de façon inconsciente, chaque membre d’un même groupe d’individus. Il analyse l’interaction au regard des règles sociales induites de ce même groupe de façon à prévoir à très court terme le prochain mouvement, la prochaine parole, le prochain geste, la prochaine réaction…
Une interaction ne se résume pas à un échange d’actions et de réactions entre deux ou plusieurs personnes, c’est aussi un moment d’échange de règles sociales et chacun vient avec les règles qu’il a apprises, avec toutes les différences que cela induit également (culturelles, statut socio-économique, familiales…). Ce moment d’échange revêt un aspect subliminal et seule l’information de faits nouveaux fait l’objet d’un processus autoréflexif.
Si nous identifions les conditions du passage à l’acte en général et criminel en particulier, il est alors possible de recenser les faisceaux d’éléments qui doivent nous alerter sur la probabilité d’un passage à l’acte délictueux.
Le passage à l’acte est la partie visible de l'iceberg de par sa soudaineté. C'est un long cheminement quotidien, souvent inconscient du criminel, et d’une conjonction de circonstances qui, mises bout à bout, aboutissent à un acte délictuel. « Le crime est la réponse d’une personnalité à une situation ». Égocentrisme, labilité, agressivité, indifférence affective, tels sont les quatre caractères fondamentaux de la personnalité qui sous-tendent le passage à l’acte (Pinatel).
Les criminologues font une distinction entre le « milieu du développement », qui influence la formation et l’évolution de la personnalité (la famille, les groupes sociaux, etc.) et le « milieu du fait », c’est-à-dire les situations dans lesquelles est placé le délinquant au moment de son crime. Ce "milieu du fait " est un facteur important dans le déclenchement du passage à l’acte.
Le processus qui conduit à l’accomplissement de l’acte comporte 4 phases (De Greef):
- la phase de l’assentiment inefficace,
- la phase de l’assentiment formulé,
- la phase de la crise,
- la phase du dénouement.
"L’étape initiale de l’assentiment inefficace est l’aboutissement d’un lent travail inconscient. Une occasion quelconque révèle au sujet « un état souterrain préexistant » : un rêve, la lecture d’un fait divers, une conversation, un film ou toute autre circonstance lui fait entrevoir par une sorte d’association d’idées ce que, sans le savoir encore clairement, il souhaitait vaguement depuis quelque temps, par exemple la disparition de son conjoint, dont il est las. Il accepte alors l’idée de cette disparition possible. Mais la mort de son conjoint est représentée dans son esprit comme un phénomène objectif dans lequel il ne prend personnellement aucune part. (...) Il imagine qu’elle puisse résulter de la nature des choses, d’un accident de la route, d’une maladie, d’un cataclysme, d’un suicide... Mais il envisage cette possibilité sans déplaisir : acquiescement encore inefficace, puisque le sujet ne se représente pas encore en tant qu’auteur de ce drame. Dans la plupart des cas, la velléité homicide très indirecte et très détournée s’arrête là, car l’équilibre est vite rétabli par une réaction morale. Mais quelquefois cela va plus loin.
L’assentiment devient ensuite un acquiescement formulé. Tout en continuant à s’efforcer de penser que la disparition pourra s’accomplir sans son concours, le sujet commence à se mettre lui-même en scène en tant qu’adjuvant de l’œuvre destructrice. Mais la progression de cette idée passe par des hauts et des bas. Le travail de dévalorisation de la victime alterne avec l’examen des inconvénients du crime. A ce stade, « un rien peut faire accomplir un bond prodigieux en avant ou susciter une fuite éperdue ». Le crime peut même survenir prématurément au cours de cette période, alors que la préparation du criminel n’est pas complète ou qu’il n’a pas eu le temps ou la hardiesse « de se regarder lui-même ». Une ivresse, une discussion, un événement hors série, une occasion exceptionnelle offerte par le hasard précipitent les choses. C’est ici que pourront se situer des actes mal exécutés ou dont l’éclosion apparemment soudaine trompera la justice sur leur véritable signification (De Greef). Mais, souvent, le dénouement est précédé d’une crise.
La crise est le signe que l’homme « marche à reculons » vers un acte aussi avilissant qu’un crime. Il ne s’y détermine qu’après une véritable agonie morale. Il faut qu’il se mette d’accord avec lui-même, qu’il légitime son acte. Plus il est « stabilisé dans des pratiques morales lui enjoignant la réprobation d’un tel acte, et plus il lui faudra de temps pour s’adapter à cette déchéance ». Quelques criminels cependant, pour surmonter cette pénible crise, s’imposent à eux-mêmes un processus avilissant « en se créant une personnalité pour que le crime ne soit plus une chose grave et tabou ».
Après le dénouement, on constate généralement un changement d’attitude. Le délinquant, qui se trouvait auparavant dans un état d’émotivité anormale, va manifester, selon les cas, un soulagement, des regrets, de la joie ou de l’indifférence. « Toute la personnalité du criminel se trouve condensée à ce moment-là. »
La réaction d’indifférence ou de désengagement se rencontre chez les criminels qui, ayant longuement vécu la préparation psychologique de leur acte, considèrent le résultat comme une conclusion logique de leur projet. Ils ont fait ce qu’ils voulaient accomplir et ils n’éprouvent pas le besoin de dramatiser davantage.
Pour aller plus loin : https://www.lesswrong.com/posts/CYN7swrefEss4e3Qe/childhoods-of-exceptional-people
Angelo Hesnard, Psychologie du Crime, La bibliothèque des introuvables, 2003.
Crédit photo : Depositphoto
Qui est l'auteur de violences conjugales ?
Le 14/01/2023
Immature, égocentré, paranoïaque, mégalomaniaque, instable, agressif, dysharmonie du caractère, jaloux, peur de l’abandon, conduites addictives, enfance dans un foyer insécure, tel est le profil de l’auteur de violences conjugales.
“Vendredi, aux alentours de 18 heures, la gérante d’un bar a été tuée de trois coups de feu, à deux pas des Champs-Elysées. Samedi, le site du « Parisien » a confirmé que son compagnon avait été arrêté par la brigade anticriminalité (BAC). Les officiers de la BAC étaient en effet en patrouille avenue de la Grande-Armée, à Paris, lorsqu’ils ont vu un homme sortir du bar-restaurant L’aiglon avec une arme à feu. La femme de 41 ans assassinée quelques secondes avant était en fait la compagne de l’homme. Selon le site du « Parisien », l’homme de 45 ans était sous l’effet de l’alcool lorsqu’il a été arrêté, et il répétait sans arrêt qu’il avait tué sa femme. « La gérante a été prise pour cible alors qu'elle se trouvait derrière le comptoir de son établissement. L'auteur présumé des faits n'a pas opposé de résistance au moment de son interpellation », a confirmé Christophe Crépin, porte-parole du syndicat de police Unsa.
La gérante de ce bar était une femme sympathique, toujours disponible et qui bossait dur », a témoigné auprès du « Parisien » une commerçante de l'avenue de la Grande-Armée. La victime était une mère de famille : elle avait quatre enfants, dont plusieurs en bas âge. La fleuriste a par ailleurs affirmé que la gérante du bar était « en instance de séparation et que son divorce s’annonçait difficile ». D’après le quotidien, le compagnon de la victime était connu des services de police pour « violences conjugales ». (source : Laura Boudoux, www.elle.fr)
Statistiques des féminicides en France en 2022 (source : www.feminicides.fr)
- par (ex)compagnons : 110 (+16 tiers dont 10 enfants)
* 94 tuées chez elles, 15 ailleurs, 1 non connue
* 58 en contexte de séparation et/ou de violences connues (peu renseigné)
* 69 étaient mères (dont 6 tuées avec leurs enfants) + 2 enceintes (5 mois et 8 mois)
- pas toujours renseigné
* 143 orphelins dont 38 témoins (34 présence, 4 découverte).
* 31 suicides du tueur + 12 tentatives + 2 en fuite
- par compagne : 0 (0 suicide, 0 tentative)
- par non conjugaux : 12 (dont 4 relations avec le tueur non renseignées, dont 0 personne trans, dont 1 féminicide prostitutionnel)
Selon une étude menée sur 558 articles, se rapportant à 337 crimes, ont été collectés et analysés, il ressort que 263 ont été commis par des hommes (78%) et 74 par des femmes. Ces crimes ont fait 458 victimes, dont 295 femmes, 149 hommes, 14 enfants. (source : “Psychosociologie du crime passionnel”, Houel, Mercader, Sobota, puf 2008)
Le rapport Coutanceau (source : VIOLENCES CONJUGALES (haut-conseil-egalite.gouv.fr) annonce qu’une femme tous les quatre jours et un homme tous les seize jours, en France, meurent victimes de leur conjoint et/ou à la suite de violences conjugales. Ce même rapport précise que la moitié de ces femmes subissent déjà des violences, qu’un décès sur dix résulte de coups portés sans intention de donner la mort, mais que là encore la violence préexistait dans deux cas sur trois.
A l’inverse, un homme meurt tous les seize jours et, dans la moitié des ces cas, la femme auteur de l’acte subissait des violences de sa part.
“Les modèles sociétaux, politiques, régissant les relations entre hommes et femmes sont intimement mêlés au sexual. Dans notre développement en tant qu’individu, nous sommes obligés de composer avec trois éléments à la fois :
- une différence des sexes réelle, à laquelle, dans les années les plus fondamentales de la construction de notre psyché, nous ne comprenons pas grand-chose, que nous interprétons en fonction de perceptions incomplètes et colorées par les mouvements affectifs qui nous traversent,
- l’interprétation politique de cette différence, inscrite dans les institutions, les discours et les pratiques de l’univers social où nous baignons et qui l’investit affectivement et sexuellement,
- et enfin la place que nos parents, dès leur enfance, nous ont préparée dans leur monde inconscient, sur la base de la façon dont eux-mêmes ont été exposés à la différence anatomique et à la distinction politique.
Le point nodal de ces processus est donc la famille : c’est là que nous intériorisons et actualisons les normes sociales qui régissent notre vie intime.”
Les psychiatres experts concluent assez systématiquement à la pathologie du narcissisme, sans démence au moment des faits. De façon générale, la comparaison entre le criminel passionnel et le tueur sexuel s’arrête sur la problématique de l’objet ; le ou la criminel(le) passionnel(le) a un objet, est en relation avec lui, avec celui qui est tué ; le pervers n’a pas cette reconnaissance de l’altérité, son acte étant tout entier négation de l’autre.
On retrouve très fréquemment une association d’emprise, d’autoritarisme rigide souvent, et de négligence, d’abandon, voire de maltraitances graves, qui peut effectivement conduire l’enfant ou l’adolescente à craindre pour sa vie physique et entraver gravement sa vie psychique. Ce sont des familles où l’on ne se parle pas.
Les capacités de symbolisation sont marquées par la socialisation sexuée du côté des hommes et mise à mal par la nécessité dans laquelle ils sont d’obéir aux canons de la virilité. Impossible accès à la culture, autoritarisme, vécu de danger qu’entraîne l’exposition aux violences paternelles subies notamment par la mère (mais aussi par l’enfant), la place donnée au travail qui vient comme colmater le déficit d’expression des affects, la relégation des femmes à la sphère domestique.
Avoir une femme, au sens le plus cru de l’appropriation, est le seul accès à une identité virile, et plus profondément à un sentiment d’existence : posséder “sa” femme est une question de vie ou de mort. Côté homme, c’est l’attachement extrême aux valeurs traditionnelles comme un mouvement défensif lié à l’angoisse de castration. La virilité mascarade peut se dévoyer en machisme, c’est à dire la terreur d’être assimilé à une femme, puisque le féminin ne peut être entendu que comme l’équivalent de “châtré”.
L’abandon associé à l’impensable de la séparation constitue le noyau central du processus à l'œuvre dans cette criminalité passionnelle. La perspective d’une rupture est synonyme d’anéantissement. Ce qui est menaçant, c’est l’objet prenant existence, du fait même du risque de le perdre.
Pourquoi je mens ?
Le 23/06/2022
Le 24 novembre 2016, dans la nuit, Sherri Papini est retrouvée au bord d’une route de Californie. Cette jeune femme est portée disparue depuis plus de 20 jours. Nez cassé, cheveux coupés, marquée par des brûlures, portant une camisole de force. Sherri Papini dit avoir été enfermée dans un placard durant tout ce temps et battue quotidiennement par deux femmes de type sud américain.
On est à Redding, Californie, USA.
Au cours de l’enquête, des doutes apparaissent dans le récit de la jeune femme. Mère de famille, mariée, deux enfants, elle part faire un jogging le 2 novembre et disparaît. Son mari, parti à sa recherche, ne retrouve que son téléphone avec ses oreillettes, des cheveux posés à côté.
Les enquêteurs ont l’intime conviction qu’il s’agit d’une mise en scène.
Une cagnotte en ligne est ouverte pour aider à trouver une piste qui permettrait de mener jusqu’à la jeune femme. Un site internet est ouvert et 24h après sa fermeture, Sherri Papini réapparaît. Elle ne donnera pas l’ombre d’une explication ce qui augmentera la suspicion.
Internet est un outil puissant et il existe une grande communauté d’internautes qui savent en tirer partie pour creuser, pour enquêter bien plus rapidement que les autorités.
Certains éléments vont desservir la jeune femme comme le fait que statistiquement, les enlèvements réalisés par des femmes sont rarissimes. On apprend que la mère de Sherri a décrit sa fille, lors d’un appel passé aux autorités en 2003, comme une mythomane qui a besoin d’être hospitalisée. A l’époque, elle se mutilait pour faire chanter sa mère.
En 2017, une nouvelle analyse ADN sur ses vêtements portées lors de l’enlèvement révèle un profil masculin, qui s’avèrera être le complice de Sherri Papini.
Le scénario machiavélique est avoué par la jeune femme, ses blessures elle se les ait infligées avec son complice... Son procès se tiendra cet été.
Après investigation auprès d’un expert psychiatrique - Dr Ian Lamoureux - Sherri Papini s’avère souffrir d’un désordre de la personnalité narcissique.
Pourquoi inventer des mensonges aussi énormes ? Le mensonge est un signe de détresse qu’envoie le menteur à celui qu’il veut berner. Mais pour quelles raisons ?
Le mensonge participe à l’organisation psychologique de l’enfant, ça le structure et il contribue (c’est contre intuitif) à faire le lien entre l’enfant et l’autre. Selon Winnicott, les enfants qui s’attendent à être persécutés tentent de résoudre leur problème par un mensonge subtil consistant à se plaindre sans que cette plainte soit l’objectif réel.
Lorsque l’enfant n’a pas pleinement profité du stade transitionnel, c’est-à-dire qu’il n’a pas su construire efficacement un espace psychique entre le dedans et le dehors. Cet espace transitionnel est là pour rappeler à l’enfant que la personne qui prend soin de lui est près de lui, quelque part, et ça le rassure. Ça fonctionne très bien avec le fameux ours en peluche, le doudou…
Sans cet espace transitionnel efficient, l’enfant conçoit le mensonge comme un facteur d’espoir. En mentant, il oblige l’environnement à le prendre en main pour le rassurer, lui montrer tout l’amour qu’il en attend, dont il a besoin impérieusement. Le mensonge a pour objectif de reconstruire l’aire transitionnelle. Le fait que l’autre tombe dans le panneau va créer le lien narcissique réparateur, ça va rassurer l’enfant menteur (ou l’adulte).
En réalité, c’est un jeu très enfantin comme Winnicott le décrit. C’est la nécessité paradoxale de se cacher pour être trouvé.
La question qui reste en suspens pour ma part est : quelle enfance Sherri Papini a-t-elle eue ?
Macron vraiment méprisant ?
Le 24/04/2022
“Posture familière, (...) surprenante, très sage du bon élève, (...) son attitude révèle un certain mépris pour la candidate, (...) cette position se mue en celle d’un professeur, (...) l’index sur sa bouche intime l’ordre de se taire, (...) désinvolture” sont autant de qualificatifs qui teintent, qui confèrent à l’analyse de la gestuelle d’Emmanuel Macron une certaine subjectivité.
Les quelques analyses que j’ai lues et entendues à propos de la gestuelle d’Emmanuel Macron, suite à son débat face à Marine Le Pen, m’interpellent. Soit elles sont très évasives, dans le ressenti, soit elles vont dans le sens du ressenti commun et retranscrites par les médias c’est-à-dire qu’Emmanuel Macron affichait une attitude méprisante. Mais c’est omettre un peu facilement le contexte, le profil et l’histoire de chacun. Il est nécessaire de qualifier les gestes avec des mots suffisamment précis et neutres pour ne pas céder au ressenti.
Dans ce que j’ai vu durant les trois heures de débat et en tenant compte du contexte… Emmanuel Macron a de l’expérience dans l’exercice du pouvoir. Il a du gérer la crise des gilets jaunes, le COVID, la guerre en Ukraine. Il connaît donc très bien les rouages et la technicité de son statut, que ce soit au niveau national qu’à l’international. Qu’il ait été très précis et très technique dans ses propos ne peut être qu’une évidence. Emmanuel Macron a un profil de dominant, analytique, pragmatique. Il a largement démontré qu’il aimait les échanges avec des personnes partageant ses opinions mais également ceux qui viennent l’interpeller de façon plus âpre. C’est un lettré, il connaît très bien l’économie, il aime expliquer, démontrer, convaincre. Il a été l’ami et l’assistant de Paul Ricoeur (!) ce qui lui donne une assise intellectuelle qui n’est pas à omettre.
Marine Le Pen quant à elle vient avec toute la charge psychologique qu’à imprimé son précédent débat avec Emmanuel Macron. Elle a envie de plaire, elle a un profil plus politique, elle est influente, démonstrative, instinctive, expansive mais elle est aussi la fille de Jean-Marie Le Pen… une personne dominante, imposante, envahissante, impulsive, égotique avec laquelle Marine Le Pen a dû se construire. Il est évident qu’elle ne possède pas les mêmes connaissances opérationnelles qu’Emmanuel Macron. Donc il est aussi normal qu’elle fut plus hésitante, plus approximative.
Durant le débat, le retrait du buste d’Emmanuel Macron avec les bras croisés et les gestes d’auto-contacts ont été largement commentés et phantasmés alors qu’ils participaient à une gestuelle analytique. Il écoutait et analysait les propos de Marine Le Pen et avancait à nouveau son buste pour contre-argumenter.
Je rejoins l’analyse d’Elodie Mielczarek (cf interview d’Apolline de Malherbe) pour qui, Marine Le Pen était comme prostrée face au danger, incapable de réagir. Elle avait une gestuelle de stress de fuite, bougeant beaucoup sur sa chaise, coupant la parole avec une voix montant dans les aigus. Elle a subi à la fois au niveau de la posture mais également dans la syntaxe de ses phrases.
L’arrogance est brandie en accusation devant l’impossibilité de réfuter des arguments difficilement opposables par la raison. Il y a un glissement sémantique de la réflexion vers l’émotion. Le contexte et l’histoire de chacun sont des éléments sur lesquels il faut compter et à ne surtout pas oublier tant ils sont la base d’une interprétation plus froide et plus juste.
Crédits : Charles Platiau, Julien de Rosa - AFP
Qui est Vladimir Poutine ?
Le 11/03/2022
Vladimir Poutine n’est pas un autiste - sa fréquence de clignements d’yeux est conventionnelle, il n’est pas non plus un psychopathe - son corps est mobile et en lien avec l'autre.
Il a un corps qui traduit une personnalité antisociale, assurément, et un fonctionnement comportemental de type “conquérant”. Sa tête est peu mobile lors des interviews et il affiche une posture assez rigide. Il fait peu de gestes inutiles.
Entre 2002 et 2022, en visionnant plusieurs interviews, on peut se rendre compte que sa posture ne varie pas. Son axe de tête est irrémédiablement le même, sur un axe latéral neutre, ou bien penché sur sa gauche avec son hémi visage gauche souvent plus visible que celui de droite laissant entrer les informations, à l’écoute, il fait preuve d’empathie cognitive. Il est dans une logique froide.
Ses coudes sont très souvent posés sur la table, le buste en avant illustre sa présence au niveau du discours et du lien, l’ego s’avance vers l’autre par intérêt.
Sa main gauche est posée sur sa main droite montrant ainsi qu’il se retient mais qu’il pourrait faire preuve de plus de spontanéité.
Souvent son sourcil gauche le place à distance des autres en s’élevant. D’ailleurs, on s’aperçoit qu’en 2002 le corps de Vladimir Poutine était plus mobile qu’aujourd’hui, plus souriant se prêtant au jeu social. Ce qui n’est plus le cas depuis quelques années.
VP ne fait pas preuve d'empathie émotionnelle, il est intransigeant, déterminé et n’affiche aucune culpabilité, aucun remord. Le mensonge fait bien sûr partie de son mode de communication tout comme l’intimidation. Il affiche une totale cohérence dans sa façon de faire, de gérer les conflits depuis qu'il est au pouvoir (exemple la prise d’otages dans un théâtre en 2002).
Le trouble de la personnalité antisociale se caractérise par un motif persistant de mépris pour les conséquences et les droits des autres.
Je trouve assez léger que certains semblent ne le découvrir qu'aujourd'hui.
Science décalée : on peut détecter un psychopathe grâce aux mouvements de sa tête (futura-sciences.com)
Trouble de la personnalité antisociale - Troubles psychiatriques - Édition professionnelle du Manuel MSD (msdmanuals.com)
Forcenés par imitation !
Le 03/06/2021
La “décharge à violence” ne cesse de se remplir. Forcenés, violences conjugales, féminicides… Comment expliquer cette violence au quotidien ? L’Etat régalien est-il impuissant ? La France s’ensauvage-t-elle ?
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales définit le forcené comme un trait physique ou psychologique qui rend une personne très violente. Selon M Réty, patron du GIGN, le profil des forcenés est bien connu et fait apparaître des problèmes familiaux, financiers, sociaux, d’addiction, passage à l’acte lié à l’impact de la crise du COVID-19 qui crée de l’anxiété dû au confinement. Le passage à l’acte ferait suite à une décompensation qui est une rupture de la structure physique. C’est une désorganisation d’un système qui n’arrive plus à rester en équilibre, à s’autoréguler par ses modes habituels de défense.
Je ne partage pas cet avis pour l’ensemble de ces violences abjectes qui ne cessent de s’additionner sans montrer de signe de faiblesse, d'infléchissement, pour la simple raison que tous ces individus qui passent à l’acte sont déjà dans un système personnel violent, depuis des années. Il n’y a pas à proprement parler d'événement déclencheur, c’est leur trait de caractère, leur fonctionnement. Ce sont des récidivistes de fait !
Le profil de ces individus est simple : ils aiment les armes (quelles qu’elles soient), sont peu empathiques, ils ont une faible résistance à la frustration, leurs valeurs sont très manichéennes, simplifiées, sans nuance et évidemment patriarcales jusqu’à l’excès ! Ils agissent par opportunisme et ne sont jamais sortis des clivages que fait vivre l'adolescence.
La faute à qui ?
Je vais tenter de simplifier ma vision des choses : violences intrafamiliales dans l’enfance (dans toute l’acception du terme) + intolérance à la frustration + immaturité + mauvaise gestion des émotions + manque de confiance en soi + environnement direct en vase clos + réactance + contribution des médias mainstream = passage à l’acte violent probable.
Je m’arrête sur la réactance
“On suppose que si la liberté de comportement d’une personne est restreinte ou réduite, cela déclenche une réactivité émotionnelle. Celle-ci va engendrer une motivation à défendre sa liberté. La peur de perdre de nouvelles libertés peut déclencher cette réactivité et motiver la personne à transgresser l’interdit pour rétablir sa liberté. Cet état de révolte comportemental est appelé “réactance psychologique”. (...) La théorie de la réactance suppose qu’il existe des “comportements libres” que les individus perçoivent et auxquels ils peuvent prendre part à tout moment. Pour qu’un comportement soit libre, l’individu doit avoir les capacités physiques et psychologiques pertinentes pour y participer et doit savoir qu’il peut s’y engager en ce moment ou dans un avenir proche. Le “comportement” comprend tout action, et inclut les comportements cognitifs (prises de décisions internes, et planification).
Il n’est pas toujours clair, pour un observateur ou pour les individus eux-mêmes, s’ils détiennent une liberté particulière de s’engager dans un comportement donné. Lorsqu’une personne souhaite accomplir un comportement perçu comme libre, elle est susceptible de ressentir une réactance chaque fois que ce comportement est restreint, éliminé ou interdit avec élimination. Plus un comportement libre est important pour un certain individu, plus l’amplitude de la réactance sera grande. La suppression d’une liberté pouvant déclencher la peur de perdre d’autres libertés, c’est la perte de liberté imaginée (et non réelle) qui prédit le degré de réactance de l’individu.”
La réactance est donc une tendance à se rebeller qui peut se poursuivre tout au long de la vie, même si c’est bien à l’adolescence que cette tendance est la plus marquée. Lorsqu’une séparation se passe difficilement et que l’un des deux ex-conjoints a refait sa vie, l’autre ne peut intégrer ni accepter cette nouvelle situation. Il va nourrir du ressentiment et considérer qu’il est privé de sa liberté de disposer de l’autre, voire de ses enfants. Chaque élément qui viendra renforcer cette impression sera un biais de confirmation pour l’individu qui nourrira cette passion destructrice. Plus il y a de pression autour d’une séparation, d’un divorce, plus ce ressentiment, cette réactance grossie.
Quand la liberté se trouve limitée dans un certain domaine, l’individu ressent un désir accru d’obtenir les objets qui lui sont devenus inaccessibles. On peut retrouver cette défense en éthologie canine où la protection des ressources est une importante source de motivation - nourriture, progéniture, reproduction, groupe. L’attention est tellement concentrée sur cette ressource que la conscience, le champ de vision s’en trouve étriqué. Lorsque le psychisme est emprunt à une agitation, à une préoccupation, à une frustration, il doit trouver une voie de décharge qui passera par un passage à l’acte. Alors au lieu d’aller taper dans un ballon ou dans un sac de frappe, ces individus immatures et incapables de gérer leurs débordements vont s’en prendre à l’objet (dans son acception psychologique) perdu.
Le rôle des médias
Je reprends un article de Bollen en 1974, qui a donné lieu à différentes études à propos des vagues de suicides qui font toujours suite, jusqu’à 10 jours après, à ceux rapportés par les médias. Cette étude appelle ces passages à l’acte : suicides par imitation.
Aujourd’hui, le parallèle avec notre actualité semble évident. Les histoires bien viriles - selon les radicalisés - relayées par les médias fournissent des exemples, un élan, une dynamique motivant les individus au bord de la rupture. Ils ne sont que des opportunistes et agissent comme tels.
Est-il possible de modifier l’approche de l’actualité dans les médias ?
Le profil de ces individus violents, criminels, est le même que les radicalisés islamistes, sauf qu’on ne traite la radicalisation en France que du point de vue de l’islamisme…
En prenant enfin en compte les violences sur conjoint - sur les femmes clairement - nous pourrions anticiper des passages à l’acte quels qu’ils soient.
Si en plus une autre solution plus restrictive, et plus sérieuse, que celle des bracelets électroniques était mise en œuvre...
Références :
cnrtl.fr
The behavioural immune system and the psychology of human sociality - Mark Schaller - Published :12 December 2011https://doi.org/10.1098/rstb.2011.0029
Cévennes, Dordogne: pourquoi les faits divers impliquant des forcenés se multiplient en France (bfmtv.com)
Déconfinement : le spectre d’une décompensation individuelle et sociétale – Libération (liberation.fr)
Théorie de la réactance - Institut Pi|Psy (pi-psy.org)
Brehm, J. W. (1966). A theory of psychological reactance. Academic Press.
Brehm, S. S., & Brehm, J. W. (1981). Psychological Reactance: A Theory of Freedom and Control. Academic Press.
Driscoll et al. (1972).
Imitative Suicides: A National Study of the Effects of Television News Stories - Kenneth A. Bollen and David P. Phillips, American Sociological Review, Vol. 47, No. 6 (Dec., 1982), pp. 802-809 (8 pages), Published By: American Sociological Association
Maintenir sa dignité, si possible...
Le 13/01/2021
Julia Minkowski, avocate pénaliste, s’est exprimée lors de l’émission “C à Vous” sur l’affaire qui avait provoquée le retrait de la scène politique de son compagnon Benjamin Grivaux.
Ce qui est terrible de mon point de vue, c’est qu’elle sort un livre sur la condition des femmes avocates et que sa participation à l’émission est suspendue à l’obligation de répondre à quelques questions qui relèvent de la sphère privée.
Voyons comment Julia Minkowski a tout fait pour masquer son dépit et rester digne :
A 11 sec. de la vidéo (lien ci-dessous), nous observons une certaine tension dans les lèvres de l’avocate, ce qui montre de la rigidité. Son port de tête témoigne d’une écoute attentive à l’argumentation et dans ces conditions, il est primordial de rester concentré. Nous ne savons pas comment les propos seront repris, déformés, décontextualisés.
“Je comprends tout à fait que des questions puissent se poser”, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille gauche, avec sa main droite, tout en baissant son regard vers sa gauche. De ce simple geste lourd de sens, non seulement Julia Minkowski se donne du temps pour se recentrer, mais elle se protège également en plaçant son bras en travers de son buste tout en se replongeant malgré elle dans la situation passée.
“Au-delà de ma propre épreuve”, fit-elle à 1 minute passée, début de phrase qui transpire la tristesse et le dépit. Pour preuve, cette lèvre inférieure côté gauche qui semble s’affaisser en laissant apparaître ses dents inférieures. Pas si simple de gérer cette histoire de façon banale, comme tout couple traversant ce genre de mauvaise passe.
Elle tente ensuite de donner plus de hauteur à son témoignage, un autre angle de vue, à la sauce américaine. Cette tentative se ponctue d’une belle langue de vipère à 1 minute 18 sec. Peine perdue puisqu’elle aura le droit à une dernière question, non sans avoir été rappelée à l’ordre sur le principe de sa participation à l’émission. Intervention d’E. Lemoine qui se fait recadrante, tellement mal approprié.
L’agacement de Julia Minkowski se traduit aussi par ce regard vers la caméra qui tente de prendre à témoin le téléspectateur à 1 minute 23 sec. Mi sourire également 20 sec. plus tard avec cette bouche qui remonte sur sa gauche, émotion travestie bien sûr.
Finalement, déshonneur et humiliation publique exprimés d’une main gauche très moïque à 2 minutes de la vidéo.
Comment rester digne lorsque nous sommes dépassés par la violence de la surexposition médiatique ? Tant que nous aurons une télévision, un média et des téléspectateurs pour ce genre d’interview, l’intelligence collective n’en sortira pas grandie.
Julia Minkowski, à Paris, le 6 janvier. Photo Samuel Kirzenbaum pour Libération
Violences policières ou débat tronqué ?
Le 22/11/2020
La cristallisation médiatique d’une part, et d’une partie de la population d’autre part sur les violences policières, n’est-elle pas une forme de fascination ?
Comment expliquer une contestation si significative, une remise en question des méthodes employées par la police pour rétablir l’ordre social ? Pourquoi une telle ambiguïté entre le “je t’aime moi non plus” alors que les forces de l’ordre ont œuvré non sans mal pour déjouer les attentats de Paris ? Pourquoi certains individus en viennent-ils à scander, lors de manifestations sur les Champs Elysées : “suicidez-vous !” ? Entre amour et haine, soutien aux forces de l’ordre et contestation, pourquoi une telle fascination ? Pourquoi une telle passion ? Cela ne dépend-il pas d’un certain point de vue ?
C’est le même processus psychologique qui se produit lorsqu’un accident de la route survient et que les automobilistes ralentissent par curiosité. Lorsqu’un fait saillant survient mais qu’il ne concerne en réalité que peu de personnes, d’autres individus viennent forcément se greffer pour observer voire y participer d’une quelconque façon que ce soit. Bien évidemment, que ce soit avec leur téléphone ou avec leur voix, ces mêmes individus vont rapporter leur propre vision de l’évènement à leurs proches, à leurs amis, à leur groupe social, et la diffuser sur les réseaux sociaux avec les conséquences qui peuvent être désastreuses. Leur réalité est-elle d’ailleurs partagée par d’autres qui ont également assisté à la scène ?
Les contes de Perrault exploitent ce processus psychologique de fascination, de même que les séries à succès The Walking Dead, Viking, The Punisher et autres… C’est cette notion de plaisir/déplaisir , identification/différenciation qui entre en jeu simultanément dans votre psychisme qui est exploitée. Ces contes et ces séries sont produits par l’inconscient collectif et contiennent des images très fortes en sensations comme peuvent l’être les images volées d’une manifestation. Les contes évoquent des histoires qui peuvent arriver à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ils n’indiquent aucune date, il n’y a pas de repère temporel et les protagonistes n’ont pas de nom.
Face à l’horreur, nous ressentons de l’empathie ou de l’antipathie (théorie de l’esprit) cependant, nous sommes extérieurs à la situation, ce qui contribue à emprunter une voie de décharge pour les angoisses générées. Parler de la situation, de ce qu’on a vu, de ce qu’on a ressenti, échanger des images nous permet de nous rassurer. Pour certains, il y a là un feedback possible de leur groupe social qui va exciter leur point de vue, leurs valeurs et les renforcer. Ces mêmes personnes peuvent ensuite vouloir rechercher des sensations identiques en participant à nouveau à ce même type d’évènements. En échangeant encore et encore sur les faits, nous renforçons notre sentiment d’appartenance à notre communauté, notre inclusion, nous nous rassurons sur notre normalité et peut être convertissons-nous des esprits dont l’adhésion est encore trop hésitante.
Regarder des faits violents et trouver des coupables, sans se remettre en question nous aide à comprendre et à maîtriser nos angoisses.
Cependant, ce qui est gênant dans ces images diffusées sans recontextualisation, c’est le point de vue qui se veut être celui de l’observateur. Il est généralement à charge. Force est de constater que même ceux qui devraient se positionner en tant qu’observateur sont surtout à l'affût d’un dérapage parce que cela va générer un certain public, une audience, de la publicité, des milliers d’euros à la clé… c’est le nerf de la guerre ! Pour d’autres, cela renforcera leur rôle social, leur ego, leur narcissisme.
Ainsi, ces observateurs vont traiter l’image avec un angle de vue biaisé.
Comme l’a démontré Yannick Bressan (“La particule fondamentale de l'Être", 2019, MJW-Fédition) les personnes qui vont visionner ces images vont en avoir une certaine perception qui correspond ou pas à leurs valeurs (empathie ou antipathie). Des images mentales vont être introjectées, c’est-à-dire que la perception de la situation va “créer une représentation mentale de la réalité à laquelle (l’individu) a immédiatement accès par ses sens et qui est ponctuée par son éducation, ses souvenirs et affects. Ce processus transforme une réalité objective en une réalité subjective”.
Ces images mentales peuvent également induire une dissonance cognitive, d’autant plus si la source de ces images a été manipulée, tronquée, scénarisée. Il s’agira alors d’une réalité fantasmée induite et prosélyte. Cette nouvelle réalité émergente va ainsi remplacer, se substituer à la réalité de l’individu. Celui-ci va l’intégrer si profondément que son attitude et ses valeurs actualisées en seront modifiées, qu’il adhère ou qu’il n’adhère pas à la situation perçue, pour retrouver enfin son homéostasie.
Selon le rapport de 2019 de l’IGPN, il y a eu +23% d’enquêtes judiciaires entre 2018 et 2019, +38 000 plaintes uniquement liées aux violences volontaires. Le Parquet de Paris ayant demandé à l’IGPN d’enquêter pour toutes plaintes relatives à l’usage de la force, quelque soit la gravité des faits (je n’ai pas réussi à obtenir le nombre de plaintes déposées par les policiers à l’encontre de citoyens, cependant elles existent).
En 2018, il y a eu 10 790 policiers et gendarmes blessés en mission (+15%), selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, 25 morts soit 10 de plus qu’en 2017, 54 suicides dans la Police Nationale en 2019, 33 militaires en 2018 (source : Sicop et Sirpa).
N’est-il pas possible d’adopter un point de vue de réel observateur afin de relayer les violences de l’une et l’autre des parties, pour que la réponse judiciaire soit transparente et le débat dépassionné ?
Affaire DAVAL : rappel de mon analyse comportementale
Le 20/11/2020
Je pense qu'il est intéressant de reposter mon article qui date de l'époque des faits. Article dans lequel j'analysais la gestuelle de l'accusé en mettant en exergue certains items non verbaux. Mon analyse était complétée par des éléments psychologiques qui aujourd'hui trouvent un fort écho par les révélations de l'accusé.
Je poste également les derniers échanges entre JD et sa belle-mère, Isabelle Fouillot, fait rarissime dans un procès. JD confirme la détresse psychologique dans laquelle il était, la force de caractère d'Alexia, la situation conflictuelle autour d'un couple en perdition, un enfant désiré par l'une et non par l'autre et malheureusement, la cocotte minute qui explose.
Le gendre idéal : Jonathann Daval !
Le 03/02/2018
Comment le gendre idéal a-t-il pu berner tout le monde ?
La question aurait pu se poser autrement : comment Jonathann Daval a-t-il pu mentir à tout le monde ? Mais d’ailleurs, a-t-il vraiment menti ? A-t-il caché une partie de la vérité ? A-t-il joué une sombre et cynique comédie ?
Se pose alors la question de l’authenticité et des signes qui permettent de la reconnaître. Lorsqu’une personne montre une émotion qu’elle ressent réellement, on s’attend à voir des épaules hypotoniques ou hypertoniques comme dans la tristesse ou la colère. On s’attend à une augmentation des clignements des paupières, des mouvements de bouche mais également à des gestes effectués avec les mains plus ou moins proches du corps.
Dans le cas de JD, seul le visage (d’après les vidéos que j’ai visionnées) nous apporte des éléments de réponse. Et au final, et évidemment renforcé par ses aveux, il s’agit d’un « mensonge vigilant », c’est-à-dire que JD doit en dire le moins possible afin que le peu d’informations verbales et non verbales extériorisées ne puissent lui être retournées. Il est donc confronté à une double contrainte : laisser s’extérioriser sa tristesse mais en en montrant le moins possible.
Avant d’analyser la vidéo et de vérifier s’il y a une émotion sous-jacente, il est important de rappeler les éléments connus.
Quels sont les éléments contextuels ?
D’abord JD affiche un physique petit, fluet, quelques rides sur le front, des sourcils peu mobiles, une coiffure branchée. JD apparaît comme une personne timide voire introvertie, il est informaticien, il est supporté par le père de sa femme lors des différentes sorties filmées. Il est à mille lieux d’un physique à la Charlton Heston et apparaît même efféminé…
JD a rencontré sa femme au lycée et il dit qu’ « elle a changé sa vie (…), qu’elle est une complice délicieuse » (Ouest-France). Elle avait 29 ans, était employée de banque, joggeuse donc active et énergique.
L’enquête a révélé une relation conflictuelle depuis quelques temps, avec des disputes que les voisins qualifient de crises hystériques, puis des échanges de SMS qui révèlent des propos violents de la part d’Alexia et enfin, une difficulté à concevoir un enfant (ce qui ne manque pas de créer des tensions, voire de les exacerber si elles étaient déjà existantes).
Meurtrier et triste à la fois ?
A l’analyse de la vidéo, il n’est vraiment pas aisé de se rendre compte que JD est l’auteur de ce crime sordide, cependant, quelques items peuvent être sujets à caution.
JD est authentique parce qu’il ne feint pas la tristesse. Elle est lisible sur toutes les images quand son hémi visage gauche est plus crispé que le droit (4 min. 05), avec les bords extérieurs de la bouche tombants, le menton qui se « froisse », ce ne sont pas des mimiques que l’on peut feindre facilement. Ses larmes sont bien là aussi. Les épaules sont hypotoniques, aucune des deux épaules n’est plus haute que l’autre donc il n’y a pas d’enjeu personnel, pas d’envie de performer. Les clignements d’yeux sont biens présents et même très (trop ?) appuyés, le chagrin éprouvé nécessite même l’ouverture de la bouche pour une meilleure oxygénation, on voit JD souffler souvent pour évacuer cette profonde tristesse. Son regard défocalise souvent mais de manière passive (4 min. 17 ; 4 min. 40 ; 5 min. 32), ce qui va dans le sens d’une authenticité. Par contre, nous ne voyons jamais de mouvement ni des bras, ni des mains, aucune micro démangeaison… mais JD est une personnalité timide et introvertie, voyez sa bouche souvent fermée (4 min. 17), son regard se baisse pour rentrer dans sa bulle (4 min. 44) ce qui est cohérent avec sa gestuelle économe.
Cependant, quelques items viennent parasiter le message…
A 4 min. 41, la bouche de JD se ferme en « huître » signifiant que des propos sont retenus, ce qui semble anachronique, d’autant que la langue sort pour rentrer immédiatement confirmant cette envie de ne pas dire.
A 5 min. 47, JD a une déglutition marquée alors que je n’en ai pas vu précédemment et à nouveau sa langue qui sort pour rentrer immédiatement.
Enfin, et c’est pour moi le moment « clé » de ces items, à 5 min. 48, JD a une moue d’agacement, de circonspection avec une mise à distance des autres sur la phrase prononcée par sa belle-mère : « cette marche que nous souhaitons silencieuse… ».
Comment expliquer ce hiatus ?
Je me permets une ou deux remarques qui pourront jouer un rôle dans l’explication. Le couple formé par JD et AD ressemble fortement à celui des parents d’AD. La mère est sur le devant de la scène, c’est elle qui parle, elle occupe une fonction de conseillère municipale, c’est donc une femme de pouvoir, alors que le père ne parle pas, il est effacé et soutient physiquement son gendre.
Le couple JD / AD habite dans la maison des grands-parents d’AD, ce n’est pas un bien acquis en commun (et alors me direz-vous ? J’y viens…).
JD a connu sa femme très jeune, au lycée, il dit qu’elle a changé sa vie, il est ainsi entré dans un processus d’idéalisation de sa femme, objet de son surinvestissement émotionnel. Le but étant de réparer évidemment un ego en berne, non valorisé et une faible estime de soi.
Cette idéalisation permet d’éviter la dépression mais qu’en est-il lorsque l’objet idéalisé souhaite vous quitter ? Si cela se réalisait, JD se serait retrouvé sans maison, sans femme, sans enfant promis et surtout, seul face à son narcissisme blessé et donc anéanti dans le sens le plus complet.
Malheureusement statistiquement, les hommes ont une fâcheuse tendance à passer à l’acte contre celle qui les menace de partir.
L’idéalisation fixe le couple dans un système non viable à terme, qui ne peut qu’imploser dès lors qu’un élément perturbateur vient mettre son grain de sable dans la machine d’un équilibre précaire. En particulier ici, le désir d’avoir un enfant est une difficulté dont, on peut facilement l’imaginer, chacun peut reprocher le tort à l’autre (je vous rappelle que AD est plutôt affirmée alors que JD est efféminé) et là, à chacun sa méthode… c’est ce qu’attestent les crises d’hystérie relatées par les voisins.
A mon humble avis, et là où JD ne pourra pas faire croire à la thèse de l’accident (un étranglement ne prend rarement que quelques secondes…), c’est qu’il avait conscience de ses actes et que le déni affiché lors de la conférence de presse et lors de la marche blanche n’a pas tenu face à la cruelle et sordide réalité.
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Lien vers l'article du Figaro : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/tu-ne-l-entendras-plus-tu-as-gagne-elle-s-est-tue-a-jamais-le-dialogue-surrealiste-entre-jonathann-daval-et-la-mere-d-alexia-20201120?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign
«Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu» : les mots de la mère d'Alexia à Jonathann Daval
SUIVI D'AUDIENCE - Le président de la cour d'assises a laissé Isabelle Fouillot s'adresser directement à l'accusé.
Par Aude Bariéty
Le Figaro retranscrit le dialogue qui a eu lieu ce vendredi 20 novembre devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, qui juge Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse. Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, a longuement questionné son gendre. Un moment rarissime, les parties civiles ne s'adressant normalement pas directement à l'accusé lors d'une audience.
Isabelle Fouillot : Tu as regardé les images [de la confrontation, NDLR] ?
Jonathann Daval : Pas tout le temps.
Isabelle Fouillot : Pourquoi tu ne les as pas regardées ?
Jonathann Daval : Ça fait très mal.
Isabelle Fouillot :Tu as dit que tu as tout perdu, c'est quoi «tout perdu» ?
Jonathann Daval : Alexia, vous, mes parents, ma vie…
Isabelle Fouillot : T'avais peur qu'Alexia te quitte ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Alors pourquoi t'es pas venu nous voir nous dire «Ça va pas» ? On aurait pu faire quelque chose, on n'était au courant de rien.
Jonathann Daval : J'en ai parlé à personne. On ne pouvait pas parler de nos problèmes de couple.
Isabelle Fouillot : On était là pour vous deux de toute façon, j'arrive pas à comprendre encore aujourd'hui. On a encore que des bribes de vérité, s'il te plaît aujourd'hui lâche toi, s'il te plaît, tu sais que c'est la dernière fois que je te vois, qu'on se parle tous les deux. Écris-le moi si tu veux, mais j'ai besoin de savoir, tu peux comprendre ça, j'ai besoin d'avoir la vérité.
Jonathann Daval : C'est une dispute, la dispute de trop, les mots de trop… Les reproches, tout ce qui est accumulé…
Isabelle Fouillot : Alexia te demandait de revenir vers elle, c'était des appels au secours qu'elle te lançait.
Jonathann Daval : J'ai pas compris tous ses messages.
Isabelle Fouillot : On a l'impression que tu veux tout mettre sur Alexia!
Jonathann Daval : Non j'ai eu mes torts aussi.
Isabelle Fouillot : Dis nous la vérité !
Jonathann Daval : Eviter les conflits, éviter les disputes…
Isabelle Fouillot : Elle te demandait juste de parler !
Jonathann Daval : Il y avait des reproches, plein de choses.
Isabelle Fouillot : Tu te rends compte que tu nous as pris Alexia, que nous on t'a donné notre amour, on t'a toujours aimé et tu nous as tout pris, tu nous as accusés de meurtre. Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ?
Jonathann Daval : Je voulais fuir la situation, encore fuir.
Isabelle Fouillot : Tu te fichais d'Alexia ?
Jonathann Daval : Non on s'aimait, je l'aimais...
Isabelle Fouillot : Ne me dis pas que tu l'as tuée pour quelques mots, c'est pas possible ?
Jonathann Daval : Elle m'a retenu, j'ai pas pu partir, j'ai pas pu m'enfuir, j'ai perdu pied.
Isabelle Fouillot : Un être raisonné aurait repris ses esprits après un premier coup…
Jonathann Daval : Tout est ressorti, ces années de colère, tout ce que j'ai emmagasiné...
Isabelle Fouillot : C'était quoi la finalité de la tuer ?
Jonathann Daval : Qu'elle se taise.
Isabelle Fouillot : T'es heureux maintenant qu'elle se soit tue ?
Jonathann Daval : Non.
Isabelle Fouillot : Tu ne l'entendras plus, tu as gagné. Elle s'est tue à jamais. Il y a une petite fille dans la famille maintenant, qui ne connaîtra jamais sa tata. Quel gâchis...
Jonathann Daval : J'ai tout détruit.
Isabelle Fouillot : Je voudrais la raison!
Jonathann Daval : C'est une dispute Isabelle, il faut le croire.
Isabelle Fouillot : Pourquoi vous avez pas divorcé?
Jonathann Daval : C'était pas concevable, on n'en a jamais parlé.
Isabelle Fouillot : Est ce que t'as quelque chose à me dire?
Jonathann Daval : Je suis désolé pour tout.
Isabelle Fouillot : C'est bien peu, Jonathann, j'en attendais plus... Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu.
J'ai le pouvoir sur ma vie ! Ou pas... ?
Le 07/11/2020
Les Théories de l’Action Raisonnée et du Comportement Planifié (Fishbein et Ajzen 1975 ; Ajzen 1991) sont des théories dominantes dans l’étude de la relation entre les attitudes et les comportements sociaux. Elles permettent à la fois d’expliquer, de prédire et de modifier les comportements des individus.
La TAR postule que le comportement dépend de l’intention qui elle même dépend de l’attitude envers le comportement et de la norme subjective. Cette dernière représente la pression sociale perçue par l’individu à effectuer ou non le comportement.
La TCP y ajoute un élément : le control comportemental perçu. Celui-ci n’est pas sans rappeler le “locus of control” de Julian Rotter (1954) et le “sentiment d’efficacité personnel” d’Albert Bandura.
L’intention, c’est l’évaluation d’un individu qui considère les implications que pourrait avoir son action avant d’adopter ou non un comportement (théorie de l’attente-valeur de Martin Fishbein, 1970). L’intentionnalité, point de départ de l’agir, rejoint l’agentivité issue de la théorie sociale cognitive de Bandura.
Avec l’intentionnalité et la norme subjective, nous retrouvons les espaces intime et social de l’individu et par extension, l’endogroupe et l’exogroupe lorsqu’elles s’appliquent à un groupe restreint de personnes partageant les mêmes valeurs. Cette notion est importante pour l’analyse de la communication non verbale (Synergologie, P. Turchet).
Dans la TCP, la réalisation ou non du comportement dépend également de facteurs non motivationnels l’opportunité ou les ressources à disposition.
Dans le prolongement de ces quelques lignes sur la prédictivité des comportements, l’application de ces théories sur des évènements qui nous touchent tous est très intéressante.
C’est le cas pour la COVID-19 avec cet article que je vous invite à lire : aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle.
Lien internet : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7270071/
Cit. : Naviaux, A. F., Janne, P., & Gourdin, M. (2020). Aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus (Covid-19) : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle [Medico-psychological aspects relating to the coronavirus epidemic (Covid-19): The contribution of the theory of signal detection and the concept of place of control]. Annales medico-psychologiques, 178(3), 223–225. https://doi.org/10.1016/j.amp.2020.03.001
Monde virtuel, hyper nihiliste et violences urbaines
Le 23/08/2020
Le constat quotidien depuis des années est éloquent : des actes de violences sont de plus en plus commis contre les personnes, les institutions avec cette espèce d’impunité et d’irrespect qui semblent animer leurs auteurs.
Comment, dans une société laïque et démocratique, une telle situation s’impose et semble faire tâche d’huile ?
Statistiques selon l’INSEE (source : “les statistiques de la délinquance”, Aubusson-Lalam-Padieu-Zamora, France, Portrait social 2002/2003)
Tout d’abord, les “infractions avec victimes sans violence” (vols sans violence) reculent pour passer de 87% en 1975 à 82% en 2000. Cependant, les “faits constatés” étaient de 1 300 000 en 1975 et sont de 3 000 000 en 2000. En nombre, ils restent significatifs.
Les “majeurs mis en cause” étaient 200 000 en 1975 et sont 250 000 en 2000. L’augmentation n’est pas énorme.
Les “mineurs mis en cause” étaient 60 000 en 1975 puis 100 000 en 2000 avec une nette augmentation en 1993… nous y reviendrons plus loin.
Ensuite, les “victimes directes avec violence” (atteintes physiques caractérisées, agressions sexuelles, vol avec violence) sont passées de 6% du total des faits constatés en 1975 à 10% en 2000 avec une augmentation significative en 1988, et encore plus sensible pour les “mineurs mis en cause” à partir de 1995… Ils étaient 15 000 en 1975 sur 240 000 faits constatés contre 40 000 (+37%) en 2000 sur 400 000 faits constatés (+60%). L’INSEE donne une interprétation en page 8/18.
Enfin, les victimes les plus exposées sont les plus jeunes et celles qui habitent dans les grands ensembles ou un tissu urbain composé d’immeubles collectifs. Près d’1 victime sur 2 a subi au moins 1 agression durant les 2 années précédentes et 1 sur 3 au moins 2 autres (survictimisation).
Sur 4 600 000 affaires traitées par les Parquets, seules 28% réunissent une infraction constituée et un auteur présumé dont 19% feront l’objet de mesures alternatives aux poursuites (médiation, réparation, rappel à la loi).
Sur les 9 premiers mois de 2019, 14% d’augmentation des violences faites à l’encontre des policiers, une centaine de faits par jour (source : France Info, 4/11/2019, “violences : hausse des agressions contre les policiers”).
“Au sein du couple en 2018 : 121 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, 28 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire, 21 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.
81 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 39 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 31 femmes auteures d’homicide, 15 d’entre elles avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire, soit 48 %.” (Source : « Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2018 », ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes)
Impatience + éducation sans cadre = violence potentielle
L’équation paraît simpliste mais regardons quand même un peu plus dans le détail.
L’impatience aujourd’hui est générée par internet, l’immédiateté, une intelligence émotionnelle faible ainsi qu’une faible tolérance à la frustration.
L’éducation sans cadre tient de l’échec de la mixité sociale, d’un regroupement ethnique avec une différenciation entre pratiquant et non-pratiquant d’une religion, d’un mode d’éducation parallèle et non formel dont les résultats ne sont pas ceux escomptés, avec un abandon prématuré de la scolarité qui débouche sur une éducation non formelle, l’école de la rue (source : unilim.fr).
Il y a un regroupement entre ethnies parce qu’elles partagent des facteurs de cohésion qui ne sont pas sans rappeler celles des tribus. Facteurs socio affectifs parce qu’elles confèrent au groupe toute son attractivité, ses valeurs, ses motivations, ses émotions, ses valeurs communes. Facteurs opératoires et fonctionnels parce qu’ils permettent au groupe de satisfaire ses propres besoins et de poursuivre ses buts (source : “la dynamique des groupes”, Jean Maisonneuve).
Que dit l'évolution des jeux FPS aujourd’hui TPS (third person shooter) ?
Pour mémoire, voyons quelques dates du jeu vidéo dans lequel une personne a la possibilité d’en tuer une autre :
1973, 1er first shoot person (fps) “Maze War”,
1983, “3 demons”,
1991, “Catacomb 3D”,
1992, “Wolfenstein 3D”,
1993, “Doom” avec un mode multijoueurs type deathmatch qui permettait à chacun d’affronter 3 autres joueurs (source : dailygeekshow.com),
1994, internet est utilisé par le grand public en France… vous pouvez relire maintenant les statistiques concernant les mineurs impliqués dans les faits d’agressions avec violence…
1997, le fameux “Grand Theft Auto” (littéralement : vol de voitures) dans lequel le personnage principal peut tout se permettre, même tuer un policier.
Cette évolution montre qu’il y a une perméabilité entre l’utilisation du monde virtuel et le monde réel. Il y a un rapport évident entre l’Avatarisation© (cf. Nadine Touzeau), la zone transverse© (cf. Nadine Touzeau) et ce qu’il se passe dans le monde réel.
L’Avatarisation© c’est la personne qui se crée un profil sur n’importe quel site internet. Vous et moi, mais aussi biensûr l’auteur de faits de violences et c’est bien lui qui nous intéresse. Il n’assume pas qui il est dans la vie réelle mais il assume son avatar parce qu’il ressemble à l’image qu’il se fait de lui-même. C’est une transposition de son Moi idéal, il a développé un faux self hyper puissant et il est incapable de la moindre remise en question. Il le rend réel au travers de son avatar, ce qui va aussi modifier son comportement dans le monde réel en fonction de ce qu’il va vivre dans son espace virtuel. Augmentation de sa confiance, de son assurance suite à la reconnaissance par l’objet de son avatar et par l’échange avec sa communauté qui va le conforter dans ses actes et ses comportements.
La Zone transverse© est ce qui correspond à la sphère d’intimité selon Edward T. Hall et sa théorie de la proxémie. La transposition des actes de violences effectués dans la sphère virtuelle dans la vie réelle est une importation des comportements liés à l’avatar. Ce qui est novateur, c’est que cette zone transverse© se transpose dans la réalité dès lors qu’il y a utilisation d’un objet connecté. Cela induit une importation des comportements relatifs à la zone virtuelle dans la vie sociale réelle. Comportements que les personnes n’avaient pas sans l’utilisation d’objets connectés. Comportements plus osés, plus risqués issus d’une zone virtuelle hors du temps, malléable, modifiable, adaptable et mobile, répétés dans une zone réelle, sociale, régie par des lois et donc par essence : pouvant générer des frustrations.
Il faut considérer le monde réel en lien étroit avec le monde virtuel. Dans le monde réel, nous avons pu observer une éducation permissive de toute une génération d’enfants roi, immatures, incapables de gérer la frustration, impatients et égoïstes dans les relations professionnelles et sociales, ne sachant absolument pas accepter qu’on leur dise “non”, mais sachant parfaitement le dire. Ils sont revendicatifs et sûrs de leur bon droit.
Concomitamment, la société est régie par un ensemble de règles, de lois qui apparaît comme un carcan institutionnel à l’opposé de l’éducation reçue qui elle, trouve écho dans le monde virtuel régi par aucune règle. Dans celui-ci, les auteurs de faits de violence volontaire, imbus de leur avatar, retrouvent un comportement hyper nihiliste dans un environnement créé pour eux.
Ainsi, l’éducation permissive, l’éducation non formelle (de la rue), le regroupement tribal et le caractère immature vont être le terreau des comportements virtuels répétés dans le monde réel, en toute occasion. Le clivage entre ces avatars-hyper-nihilistes-importés (des fakes en vrai) et les citoyens dits classiques ne cesse de se creuser… jusqu’où ?
Redouane Faïd condamné à 28 ans de réclusion : retour sur mon analyse
Le 14/08/2020
Le vendredi 13 mars dernier, le braqueur multirécidiviste Redouane Faïd a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Pas de Calais. L’occasion pour moi aujourd’hui de revenir sur l’analyse que j’avais faite en 07/2018, dans laquelle je pointais quelques marqueurs gestuels révélants son caractère manipulateur.
Ce même mois de juillet, Redouane Faïd s’était évadé de façon spectaculaire de la prison de Réau (77) par hélicoptère. Il ne fut arrêté qu’en octobre suivant.
Rappel de mon analyse du 05/07/2018 :
Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !
3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.
« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »
Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !
Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.
Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.
La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.
« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »
Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.
Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contrebalancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.
« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »
Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.
Criminel un jour, criminel toujours !
Liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9doine_Fa%C3%AFd
https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs
http://www.ds2c.fr/blog/analyse-flash-redouane-faid-braqueur-un-jour-braqueur-toujours.html
Crédit photo : Redoine Faïd - Brightcove
Ancien combattant de l'EI : analyse comportementale !
Le 10/02/2019
Ils sont un nombre important de jeunes adultes et d’adultes à avoir souffert d’une non-reconnaissance de la société. Que ce soit pour des raisons de cellule familiale défectueuse ou d’une situation économique précaire, ils n’ont pas su investir leur déception/désillusion/rancune vers des voies socialement plus acceptables. Pourquoi ? Parce qu’ils tiennent les institutions pour responsables de leur situation et que, le cerveau étant un adepte de l’économie d’énergie psychique, la victimisation les renforce dans leur comportement.
Donc la voie la plus rapide à emprunter pour la reconnaissance de leurs pairs, et la plus rémunératrice dans un temps très court, c’est la délinquance. Et la voie la plus simple et aussi la plus rapide pour conforter leurs valeurs patriarcales, archaïques et machistes, c’est le salafisme.
Lorsque l’Etat Islamique entre en guerre, c’est alors la solution toute trouvée qui s’offre à eux. Mais aujourd’hui, ces guerriers opportunistes ont été faits prisonniers par les kurdes et ce n’est pas la même chanson, ce qui les poussent à vouloir demander, avec une espèce d’évidence, à retourner dans le pays (qu’ils ont combattu soit dit en passant).
Pour quelles raisons ? Ont-ils soudainement retrouvé le chemin des valeurs démocratiques et républicaines ? Envisagent-ils réellement que la femme est l’égale de l’homme ? Que la laïcité passe avant la religion ?
Dans ce témoignage, nous pouvons voir l’ancien combattant islamique assis naturellement sur sa chaise, bien appuyé contre le dossier. Nous n’observons aucune tension musculaire dans les épaules, il est donc apparemment détendu, sûr de lui et de son discours, de ses intentions. Ses mains sont confortablement posées sur ses cuisses, les doigts entrelacés toujours sans raideur. Notons que ses jambes sont largement écartées illustrant une posture archaïque du « dominant » et une estime de soi très affirmée. Comprenez « dominant » dans le sens animal du terme bien sûr !
A 28 sec., il parle de ses anciens amis mais les places à sa droite avec sa tête, donc en dehors de son cercle intime. Il parle de la religion qu’il place à sa gauche, c’est donc toujours un élément fondamental dans sa vie. L’injustice est également une valeur importante pour lui, ses pouces s’élèvent lorsqu’il l’évoque à 41 sec. avec un léger sourire ironique/sarcastique/cynique. Dans ces échanges, l’ancien combattant de Daech est dans le lien tout en gardant un certain sens critique, sa tête penche sur sa gauche mais il parle avec l’hémi visage droit, le menton bien relevé confirmant la haute estime qu’il se porte. C’est un homme fier.
Ça se gâte…
« Vous avez tué des gens pendant que vous étiez combattant ? » L’axe de tête de l’homme passe de gauche à droite, ce qui traduit un changement émotionnel… là, il y a matière à creuser la question ! Toujours avec sa tête, il confirme le « non » mais en débutant le mouvement par sa droite, c’est un « non » pour faire plaisir, empathique.
A nouveau, lorsque le journaliste lui demande : « comment on fait pour être combattant et ne jamais tirer sur des gens ? » Le regard se baisse sur sa gauche, se remémorant certains événements, puis « pourquoi tu veux tirer sur des gens ? (…) J’ai tué personne » avec un « non » empathique et sa main gauche qui recouvre sa main droite, signifiant que si le sujet l’implique bien personnellement, il ne doit pas céder à la spontanéité. C’est aussi une question à approfondir : quelle a été sa réelle implication en tant que combattant dans les rangs de Daech ?
Un peu de sincérité
Parce qu’il y en a à la question : « aujourd’hui, regrettez-vous d’avoir rejoint les rangs de Daech ? » le « oui » effectué avec le mouvement de tête est sincère, cependant les raisons de ce regret ne sont pas celles que l’on pourrait croire, c’est-à-dire la recherche d’un Etat où la religion est au-dessus de tout. D’autant qu’à 2 min. 44, sur comment va se sentir sa femme sans lui, c’est bien avec l’avant-bras gauche élevé qu’il assène : « elles sont faibles les femmes ! »
Par ce nouveau témoignage et de ce que j’en ai encore observé, lorsque certaines valeurs, certains comportements sont si profondément ancrés dans la personnalité, il est vain de vouloir changer les choses. Malgré la communication qui est faite, le corps ne ment jamais, il est alors temps que la justice passe.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=8dwxl7kiVlM
Analyse de la gestuelle du Président Macron - voeux 2019
Le 01/01/2019
Les vœux du Président Emmanuel Macron étaient très attendus, s’inscrivant dans un contexte particulier pour lui et certainement pas à son avantage. Cependant, il ne faut pas oublier que c’est un exercice qu’il affectionne, pour autant qu’il délaisse certains mauvais conseils de communication.
Le corps parle bien avant que les mots ne le fassent. Alors quels ont été son attitude, son style ?
Déterminé et combattif
La détermination ne peut être feinte si elle est enrichie de gestes qui marquent son engagement. En dépit de toutes les critiques que ses opposants pourront faire au Président Macron sur le contenu de son discours, ses gestes d’affirmation de soi assurés, voire agressifs attestent de son investissement.
Regardez ses gestes fréquents et simultanés effectués avec ses 2 mains. Ils traduisent un désir d’unir mais ce qui est plus intéressant encore, ce sont les pouces qui se lèvent, qui l’affirment dans sa fonction mais également dans sa détermination à titre personnel.
Cet investissement est également perceptible lorsque ses mots s’accompagnent de mouvements de sa main gauche, alors que la droite reste en retrait. C’est bien lui, à titre personnel, en tant qu’individu, qui s’affirme.
A 1 minute 45 : « pour changer en profondeur les règles d’indemnisation du chômage, afin d’inciter davantage à reprendre le travail », ça lui tient à cœur.
A 2 minutes 49 : « notre pays veut bâtir un avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d’être ensemble », ses doigts sont en pince (l’extrémité de l’index et du pouce se touchent) relevant ainsi son désir de précision, de justesse, d’importance. Ce geste reviendra souvent dans le dernier tiers de l’allocution.
La détermination s’illustre encore davantage lorsque le Président Macron pointe le sol avec ses 2 index pour souligner l’urgence à agir immédiatement : « alors même qu’il nous faut bâtir aujourd’hui de nouvelles réponses à ce phénomène. (…) Je suis intimement convaincu que nous avons à inventer une réponse, un projet, profondément français et européen (à 3 minutes 50). »
Enfin à 8 minutes 31, la détermination peut tourner à une marque d’agressivité lorsqu’il frappe sa paume droite de son poing gauche, geste qu’il exécutera plus d’une fois sur le dernier tiers de son discours : « on peut débattre de tout mais débattre du faux peut nous égarer, surtout lorsque c’est sous l’impulsion d’intérêts particuliers. »
Dynamique et authentique
Le Président Macron use d’une gestuelle économe, simple, pas trop stéréotypée mais plus dans un souci de ne pas trop en faire.
Comme vu plus haut, les mouvements de sa main gauche attestent de son implication personnelle. C’est bien le cas à l’évocation des « victoires sportives », de la « célébration de l’armistice. » C’est également le cas à son axe de tête qui tend légèrement sur sa gauche et qui n’a d’autre objectif que celui d’adoucir son discours. Il se veut empathique. Ses mains restent très majoritairement à l’horizontal, il se met au même niveau que son public. Ses doigts ne montrent pas de tension particulière, ses sourcils s’élèvent régulièrement pour marquer certains mots.
Le Président peut également se montrer agacé en tirant subrepticement sa langue, comme c’est le cas sur la « colère contre les changements profonds » (à 2 minute 49), ironique par certains petits sourires en coin qu’il affectionne, ou encore chafouin lorsqu’il tire rapidement une langue de délectation avant d’aborder son 3ème vœu, celui de la vérité.
Froideur et distance
Certaine personne ont cette faculté à mettre une distance entre eux et les autres. Ça tient à peu de choses, peu de gestes, cependant le ressenti est bien là. Certains vont la nommer snobisme, sentiment de supériorité, alors que pour d’autres ce sera de la pudeur. En tous les cas, il s’agit bien d’une adaptation comportementale pour se protéger du monde extérieur, perçu comme trop agressif.
Son illustration est très simple, c’est la main droite qui vient couvrir la main gauche pendant le discours, c’est mettre en avant son hémi visage droit pendant qu’on parle.
Voyez Laurence Ferrari qui présentait le journal avec le même hémi visage face caméra. Elle garde une image froide alors que Claire Chazal qui présente systématiquement son hémi visage gauche est bien plus dans le lien avec les téléspectateurs. Ca fait toute la différence et ça ne se contrôle pas, sauf à prendre des cours de théâtre pour se réconcilier avec son corps et apprendre à laisser sortir ses émotions.
Les gestes sont révélateurs de l’état émotionnel sur l’instant, du degré d’implication de la personne et si les mots qui viennent suppléer ces gestes sont concordants, alors la communication est réussie. De ce point de vue, c’est bien le cas.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=iIS9JatcYeU
Portes Ouvertes des Artistes de Ménilmontant
Le 08/09/2018
Du 27 au 30 septembre, de 14h à 20h (nocturne jusqu'à 22h le 28), les Artistes de Ménilmontant organisent des Portes Ouvertes !
Je vous invite à venir découvrir les différentes activités qui y sont pratiquées, notamment le CERCE.
Le CERCE est un collectif regroupant 3 artistes art-thérapeutes, Véronique TAT (violoncelliste concertiste, enseignante et musicothérapeute) - Alessandra LANEVE (peintre, art-plastique, calligraphe japonaise, graphiste et art-thérapeute) - Patrick LAURIN (peintre, art-thérapeute, formateur et superviseur en art-thérapie) qui ont la gentillesse de m'accueillir pour débuter mon activité de psy en libéral dès le mois d'octobre.
La complémentarité entre la psychothérapie et l'art-thérapie n'est plus à démontrer... lorsqu'en plus cela se pratique dans un cadre doté d'une âme bienveillante !
Venez donc nombreux nous rencontrer et nous nous ferons un plaisir de vous présenter nos activités.
https://ateliersdemenilmontant.org/adm/portes_ouvertes/portes_ouvertes.htm
Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !
Le 05/07/2018
3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.
« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »
Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !
Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.
Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.
La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.
« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »
Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.
Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contre balancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.
« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »
Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.
Criminel un jour, criminel toujours !
Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs
Affaire de 8 infanticides : Dominique Cottrez
Le 11/06/2018
Le fait divers criminel est toujours/souvent l’occasion d’un débat/intérêt passionné et fascinant. L’amour peut y côtoyer la mort et certains crimes peuvent rester incompris du grand public, à cause de la nature même du crime, du scénario joué ou encore de l’auteur(e) et des victimes.
C’est le cas de l’infanticide. C’est un crime à traiter à part des autres, qui eux, sont souvent la conséquence de frustration, de jalousie, de haine. Mais qu’en est-il lorsqu’il est la conséquence de l’amour sur fond de crypte ? Comment comprendre cet acte d’une mère à l’encontre de son nouveau-né ? Pour tenter de comprendre ce passage à l’acte, il faut faire preuve d’une profonde et réelle empathie cognitive (et non émotionnelle).
Rappel des faits
Les acquéreurs d’une maison découvrent, en réalisant des travaux dans leur nouveau jardin, deux sacs en plastiques contenants les cadavres de deux bébés. Cette maison appartenait au père de Dominique Cottrez, qui reconnaîtra être la mère des bébés, de même qu’elle reconnaîtra la présence de six autres corps dans son garage et sa chambre à coucher.
Aucun des corps ne porte de trace de violence. Dominique Cottrez (DC – je n’y peux rien…) explique au juge avoir été victime d’inceste pendant très longtemps (propos niés par la suite, cependant il ne faut pas oublier l’état de sidération que peut provoquer un traumatisme psychique, et donc la possibilité d’état de confusion dans lequel se trouve la victime, même des années après les faits) et avoir agi par crainte que les enfants ne soient de son propre père.
Après deux ans de détention provisoire, DC a été remise en liberté et placée sous contrôle judiciaire.
De l’économie psy
Chaque affaire d’infanticide ne doit pas faire appel à des statistiques, parce qu’elle est empreinte d’un contexte familial lourd et propre à chacun.
Ainsi, le profil de la mère infanticide (meurtre d’un bébé de moins de trois jours) concernerait des femmes jeunes, célibataires, sans antécédent psychiatrique et accouchant seules suite à un déni de grossesse. Le profil de la mère liberticide (meurtre d’un enfant âgé de un à onze ans) concernerait des femmes plus âgées, qui passent à l’acte dans un contexte pathologique dépressif sévère (Besnier, 2004).
Ces profils ne s’appliquent pas à DC. En premier lieu parce qu’il ne s’agit pas d’un déni de grossesse mais d’une dissimulation de grossesse. DC reconnaît et a conscience de ses grossesses mais elle est incapable d’en parler à quiconque. Dans le cas de DC, le passage à l’acte est un aveu de ne pas pouvoir établir de lien primaire, propre à la mère et à son nouveau-né. Elle aime trop ses enfants, même si cela semble paradoxal, pour les laisser exister/vivre en tant que conséquences de viols.
Au même titre qu’il existe des suicides altruistes, il existe (et c’est ici le cas) des meurtres altruistes. Ils sont la conséquence de carences affectives importantes et mortifères, d’un sentiment d’abandon profond et vraisemblablement de traumatismes qui datent de l’enfance et non traités. Traités suite à une résilience ou par une intervention extérieure. Il a été impossible à DC d’extérioriser/verbaliser ses épisodes traumatiques. La seule voie d’expression fut la somatisation dans le meurtre, somatisation paroxysmique des traumas subis.
Le refoulement peut avoir des effets délétères si l’évènement n’est pas pris en charge. Pour DC, accoucher et tuer ses enfants seraient comme taire ses mots/maux révélateurs du trauma. Elle est dans l’impossibilité de nommer ses enfants victimes parce qu’ils sont la représentation insupportable de la mauvaise mère, l’incarnation du mauvais sein, d’où une image de soi fortement dégradée, insupportable, confortée par un physique qui n’est plus une représentation féminine.
Le silence tue !
Garder les corps à proximité d’elle était comme se donner la possibilité de hurler ses mots/maux quand nécessaire, en posant simplement un regard sur les cadavres gardés à demeure et à l’insu (déni ?) de sa famille, son mari en particulier.