Pour certaines personnes, les relations sociales ne sont pas choses faciles. Nous n’avons pas tous la même expérience, nous ne recevons pas non plus la même éducation et surtout, nous ne développons pas les mêmes stratégies adaptatives.
Lorsque nous devons intégrer une nouvelle équipe (sportive, professionnelle, amis…), nous devons faire des efforts cognitifs mi-conscients pour identifier et communiquer sur les mêmes codes de communication. Les individus de caractère bienveillant et sensible peuvent surréagir en positif ou en négatif s’ils pensent que leur intégration est difficile. Surtout si les autres individus ne se montrent pas très coopératifs et qu’ils ne verbalisent pas sincèrement leurs reproches.
Surréagir en négatif est tout simplement adopter une attitude de confrontation, sans consensus, sans vouloir dialoguer. C’est aussi amplifier les traits qui sont identifiés comme différents du groupe ou au contraire singer les comportements reconnus par le groupe.
Surréagir en positif est au contraire vouloir se dévoiler en toute transparence en misant sur la bonne intention du groupe.
Cependant, aujourd’hui, la société se trouve dans une logique où la confrontation bienveillante de points de vue différents est impossible. C’est une société d’égo, d’hyper narcissisme, de défiance envers celui qui ne partage pas les mêmes valeurs.
“Quand le déclin paraît inéluctable, la résignation prend le pas sur l’espérance. Lorsqu’on ne croit plus le progrès possible, chaque changement prend la direction du pire, chaque compromis est forcément une dépossession, et ce que gagnent les uns est nécessairement pris aux autres. (...) Un groupe social peut vouloir faire perdurer le conflit et refuser toute tentative de résolution, notamment parce que l’identification d’un ennemi lui permet de renforcer son identité” (Chloé Morin, “Le populisme au secours de la démocratie ?”).
Qu’est-ce qui fait l’inclusion ?
Il m’apparaît important d’éviter de confondre familiarité et confiance décidée. La familiarité est un haut degré de simplicité, d’intimité, dans les relations sociales ou dans les rapports particuliers qui unissent des personnes non apparentées (cnrtl - centre national de ressources textuelles et lexicales). La confiance décidée est une solution aux problèmes spécifiques posés par le risque (cairn).
Lorsque nous sommes enfants, nous débarquons dans un monde dans lequel nous devons faire des distinctions. Ce qui induit que nous devons nous situer par rapport à cette distinction. De quel côté nous situons-nous ? Pour indiquer ce que nous voulons dire, nous poussons la distinction, nous la développons, nous l’affinons pour distinguer ce qui est familier et ce qui ne l’est pas.
Quelle est la distinction entre une confiance assurée et une confiance décidée ?
Les deux concepts font référence à des attentes qui peuvent être déçues.
Pour la confiance assurée, vous pariez que vos attentes ne seront pas déçues, que la voiture que vous venez d’acheter ne tombera pas en panne, que la télévision 4K a la meilleure définition du marché. Au cas où vous seriez déçu, vous en attribueriez la cause à des éléments extérieurs. L’alternative est de vivre dans un état d’incertitude permanente et de renoncer à vos attentes sans avoir rien d’autre à mettre à leur place. Vivre sans risque.
Pour la confiance décidée, elle requiert un engagement préalable et l’évaluation d’un risque réel avec des dommages possibles plus importants que l’avantage recherché (Deutsch, 1958 ; 1962, p. 302 sq.). Par exemple, je décide de confier un secret intime à une personne sans être certain qu’elle tienne sa langue ; j’achète une voiture bon marché à un particulier sans être certain que le kilométrage affiché est le bon. Si vous êtes déçu, vous en serez la cause.
La distinction entre confiance assurée et confiance décidée dépend ainsi de la perception et de l’attribution. “Si vous n’envisagez pas d’alternatives, vous êtes dans une situation de confiance assurée. Si vous choisissez une action de préférence à d’autres, en dépit de la possibilité d’être déçu par l’action des autres, vous définissez la situation comme une situation de confiance décidée” (cairn).
Le développement de ce type de confiance (et de méfiance) dépend de l’environnement, de l'état physique, des ressources attentionnelles (disponibilité cognitives), de l’éducation ou encore de l’expérience personnelle. C'est également le cas lorsque nous choisissons un type de réaction plutôt qu'un autre. Le choix dépend de la façon dont nous percevons notre positionnement et ce que nous imaginons être le plus à même de protéger nos ressources.
L’inclusion grâce au symbole ?
“Les symboles présupposent la différence entre le familier et le non familier et ils opèrent de façon telle qu’ils permettent à cette différence de rentrer dans le familier. En d’autres termes, les symboles représentent la distinction entre le familier et le non familier à l’intérieur du monde familier. Ils sont les formes de l’autoréférence utilisant celle de la forme” (cairn).
Le malheureux exemple de Candice - cf Koh Lanta 2021 - qui a voulu établir une relation de confiance avec deux de ses coéquipiers, en leur dévoilant sa trouvaille : le collier d’immunité. Se sentant en difficulté au sein de son inclusion dans le groupe, elle a misé sur les risques encourus si elle confiait son secret. Loupé ! Pourquoi ? Parce qu’elle a abattu ses cartes sans préalable, de façon tout à fait candide, voire naïve. Elle a mal évalué les options qui pouvaient la rapprocher du groupe. Peut-être aurait-elle dû faire une introspection, une analyse des différentes situations et certainement qu’elle aurait ajusté certains de ses comportements. Alors, elle ne se serait pas fait éliminer du jeu, trahie par ses deux coéquipiers...
Réf. : “Confiance et inclusion” (Confiance et familiarite | Cairn.info)