L’action personnelle l’emportera toujours sur une action poussée par autrui, que le contexte soit celui de la réinsertion, la sortie d’une relation toxique, l’abandon d’une addiction ou d’une idéologie ou encore dans le cadre d’une thérapie comportementale et cognitive.
L’homme est heureux quand il décide de faire, d’autant plus qu’il a besoin de communiquer sur ce qu’il fait. Pour cela il recherche des personnes qui partagent certaines de ses valeurs et qui sont susceptibles de lui faire un retour positif, source de valorisation. C’est le processus d’inclusion de Will Schutz dans « L’élément humain », ce désir de faire partie d’un groupe pour y être reconnu en tant qu’individu.
Il est donc nécessaire de faire prendre conscience à la personne son intérêt à changer et à se mettre en action. Gustave Le Bon, dans « psychologie des foules », avançait que la foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. L’individu a besoin d’être valorisé et respecté mais il est important de recadrer cette valorisation dans un autre contexte plus positif, ouvert et constructif que celui qu’il a connu jusqu’à maintenant (cf. Paul Watzlawick).
Mais comment faire comprendre à une personne qu’elle a tout intérêt à changer de perspective ?
Selon le domaine d’activité, il sera nécessaire soit de réunir des personnes qui ont des connaissances spécifiques, comme des scientifiques, des sociologues, des psychologues et autres synergologues… soit de collecter préalablement des informations qui seront utile pour offrir d’autres champs de vision à la personne.
Ensuite, la recherche des signes non verbaux de l’authenticité est une posture primordiale et respectueuse versus la recherche du mensonge. C’est une posture parce qu’à trop vouloir rechercher les signes du mensonge, on en voit partout (!) et notre langage non verbal va trahir nos intentions, qui seront interprétées inconsciemment par le vis-à-vis comme une menace. La suggestion ne prendra pas.
Lorsqu’un signe non verbal laissera à penser qu’il y a un hiatus de communication, l’interrogatoire devra être suffisamment souple pour aller tirer le fil de la pelote et mettre à jour les non-dits.
Mais comment reconnaître l’authenticité ?
Gardons bien à l’esprit que lorsqu’une personne bouge (en situation de communication bien sûr), elle change d’état d’esprit. C’est à ce moment qu’elle est la plus lisible.
Une personne qui n’est pas authentique surjoue en termes de gestes, voire de paroles (Fabrice Luchini en est un bon exemple). Elle veut contrôler son corps et son discours. Son attention sera focalisée sur cet objectif de ne rien laisser paraître quoique ce soit de pensée personnelle.
Son regard sera ainsi quelques fois concentré sur un point inexistant, donnant à la personne l’impression qu’elle s’est réfugiée dans son monde. Or, c’est à la meilleure façon de tisser son histoire qu’elle réfléchit. Posez-lui des questions précises et vous observerez que son buste va passer de l’avant vers l’arrière, afin de prendre un temps de réflexion, puis revenir vers l’avant pour vous « servir la soupe ». Prenez de la hauteur à cet échange et vous remarquerez que la personne agit en rythme (cf. « corps de bois » d’Elodie Mielczarek) et que c’est ce rythme qui trahit son désir contrôle.
Des yeux pas très ouverts et peu de clignements de paupières sont également de très bons indices. La personne n’enregistre pas ce que vous lui dites, ça entre par une oreille et ressort par l’autre. Trouver un autre angle d’approche pour que son cerveau soit étonné, soit diverti, voire déboussolé. Faites preuve de créativité et n’hésitez pas à être paradoxal dans votre argumentation.
L’amplitude de la gestualité est aussi un bon paramètre et raccord avec l’exemple de Fabrice Luchini. Les gestes seront faits avec grande amplitude lorsque la personne se déconnecte de son discours, sans affect. En revanche, ils sont réalisés proche du corps lorsque la personne se projette et s’associe à son discours.
Ces clés devraient vous aider à discerner les différentes phases du changement d’état d’esprit de la personne et ainsi, vous pourrez orienter votre questionnement de façon à renforcer la suggestion et faire que la personne y adhère.
« Le point de départ de la suggestion est toujours l’illusion produite chez un individu au moyen de réminiscences, puis la contagion par voie d’affirmation de cette illusion primitive ». G. Le Bon